Fourmis

Ses yeux verts presque réduits à deux fentes, son petit nez plissé, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents, une mèche de son carré roux repoussé par un souffle de temps en temps. Cela faisait 5 minutes que Gallia fixait cette colonne de fourmis, du haut de ses 6 ans. Allongée dans l'herbe jaunie par le soleil d'août, elle guettait ces petites créatures fascinantes.
D'un coup, la boite en plastique attendant depuis longtemps dans la petite main chauffée par les doux rayons s'abattit sur un groupe de petite travailleuses, rompant la file régulière. La petite fille fit passer une feuille sous le récipient et se releva, un grand sourire étirant ses fines lèvres roses. Elle en était certaine, elle avait attrapé la plus courageuse et la plus forte de toutes les fourmis. Pour cause, celle ci transportait un morceau de feuille faisant 2 fois sa taille. Gardant ses petits doigts fixés sur la boite, craignant pour la sécurité de son butin, elle se releva. Ses pupilles rivées sur son trésor, elle se dirigea, de plus en plus vite vers sa mère, qui lisait paisiblement sous son grand chapeau de paille. Elle ne vit pas son pied s'approcher de la racine, le bout de sa sandale se coinça contre et, prise dans son élan, elle tomba.
Les fourmis volèrent, déjà libres et ses genoux raflèrent l'herbe, verdissant sa peau. Ses billes vertes se remplirent de larmes et ses cordes vocales tremblèrent au son de son cri aigu.
Les bras maternels virent bien vite entourer Gallia et les maux s'envolèrent, chassés par l'appel de son frère, qui l'appelait pour partir a la pêche. Elle se releva fièrement, prit son filet et partit a la suite des hommes de la famille, sa casquette vissée de justesse sur sa tignasse feu.

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