Une demi heure de terreur
Vigilance orange dans 5 départements annonçaient les radios et les habitants de ma Drôme natale. Le ciel devenait de plus en plus gris tandis que la journée avançait, midi, treize heure, rien que le ciel menaçant mais muet. Quatorze heure, premiers coups de tonnerre, non pas des coups, un grondement de fond incessant et terrifiant, quatorze heure vingt, premiers éclairs déchirant le ciel de plomb à tout va et le vent de plus en plus présent, fouettant les arbres et tout ce qui se dressait sur son passage. La luminosité qui diminuait au fur et à mesure que notre tension augmentait, les premières manifestations grêleuses plus loin, les balles de glace annoncées par les personnes sur place et la peur qui se frayait son chemin glacé dans mon corps. 14h 32 La lumière qui faiblissait, les prises débranchées en toute hâte, coupant presque toute communication possible, 14h 34 dernier message, suivi du néant électrique et de la frénésique recherche de la lampe torche. Seule. La pluie bat la terre et le vent claque quand ma mère arrive enfin. L'essai de protection des plantes, la fermeture des fenêtres, des portes, rentrer les chiots dans la maison en toute hâte, calmer le chat, essuyer l'eau qui s'infiltre, se calmer. Puis se remettre à courir pour vérifier si l'eau ne pénétre plus. La grêle tombe en morceaux impressionnants, le vent et la pluie, des rideaux impénétrables de pluie qui entourent tout, créant des rivières de glaçons dans l'herbe [il est 15h 32, l'orage recommence, la pluie revient, les éclairs fusent et le tonnerre fait trembler le sol]. La tempête se calme pour mieux recommencer puis enfin ça y est, c'est terminé, le demi heure de terreur est passée, enfin je n'en suis pas sûre car il est 15h 34 et l'orage revient à grands coups de tonnerre. Vous ai-je déjà dit que j'ai peur de l'orage ? Je vais rentrer les chiots dans la maison une deuxième fois, les ténèbres entourent une fois de plus le ciel et la bougie allumée près de moi ne fait que me rappeler que je suis à nouveau terriblement seule. La pluie calme est apaisante après ce capharnaüm qu'était la grêle et le déluge d'avant. Dans la cour les feuilles déchirées et les glaçons qui n'ont pas encore fondu jonchent le sol et sont à nouveaux emportés par l'eau qui tombe du ciel au milieu des éclairs. Ils sont proches je le sais. 3 secondes sont égales à un km me séparant des griffes de lumière céleste, je le sais pas cœur. Ma mère rentre une seconde fois. L'orage se calme. Les récoltes sont détruites jusqu'à la dernière framboise, les arbres sont couchés, l'électricité coupée et le téléphone hors service. La pire tempête que j'ai connue est passée. Mais ce ne sera sûrement pas la dernière. La flamme de la bougie est la seule lumière encore debout dans ce monde d'obscurité et de chaos. Demain sera un nouveau jour et l'été sera une catastrophe. La cire fond tandis que l'orage s'éloigne, laissant derrière lui les vestiges d'un printemps agréable et annonçant ce que tout le monde devrait redouter.