CHAPITRE 22

« Je pense avoir compris. »

▫️

Antoine, je sais faire rouler une valise, je lui dis en ne lâchant guère cette dernière.
Tu es fatiguée, ça se voit. Laisse-moi t'aider Dianounette.
Par pitié, pas cet ignoble surnom, désapprouvé-je en échouant ma tête dans mes mains.
Merci ! S'exclame-t-il en s'emparant promptement de ma valise.
J'en peux déjà plus de toi, soupiré-je en émettant un rire désespérant.

Quel joie de pouvoir enfin marcher sur le sol espagnol. Je ne voyais vraiment plus le bout du tunnel. M'étant réveillée relativement tôt afin d'enregistrer à l'avance, j'espérais finir paisiblement ma nuit dans l'avion. Cependant, il m'était strictement impossible de fermer l'œil une seule misérable fois puisqu'il a bien évidemment fallu que ma place soit à l'endroit adéquat pour profiter de l'agréable mélodie qu'émettait ces foutus réacteurs. Je ne serais nullement capable de décrire l'énorme sentiment de soulagement que j'ai éprouvé à l'instant de l'atterrissage après 5h25 de vol.

Antoine, étant rentré chez lui trois jours avant mon départ pour l'Espagne, était donc en mesure de me récupérer à l'Aéroport de Saint-Sébastien. D'autant plus qu'il m'avait offert l'opportunité de loger à son domicile durant mon séjour. En premier temps, j'ai refusé étant donné que j'étais particulièrement gênée de devoir m'incruster de la sorte. Néanmoins, Antoine est d'un caractère relativement convaincant et j'ai cédé à celui-ci en acceptant.

Tu peux déjà rentrer dans la voiture, je mets ta valise dans le coffre, déclare-t-il en ouvrant celle-ci à distance.

Dis donc, il y en a qui sont plutôt bien sur cette planète. Une Maserati GranTurismo, je l'ai de suite reconnu. J'ouvre la portière et m'installe délicatement sur ces sièges qui ma foi, sont d'un confort exquis. Il a plutôt l'air d'en prendre soin étant donné la surprenante propreté de cette dernière ainsi que la douce odeur de propre qui la parfume. Le coffre fermé en un claquement, Antoine me rejoint précipitamment et prend place au volant. Il s'engage sur la route et je prie afin que le trajet soit d'une courte durée.

« Allo, bébé comment tu vas. Oui allo, chérie comment tu vas. » Il chante au rythme de la musique.
Tu comptes vraiment chanter jusqu'à ce qu'on arrive ? Lui demandé-je.
Comme je vois que ça te plait, évidemment ! « Mes affaires sont dans la poubelle. »
Oui effectivement, elles vont l'être si tu n'arrêtes pas, affirmé-je le rire aux lèvres.
« Pour elle, j'ai tout donné... » Il hausse la voix.
Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de venir chez toi. Tu m'as drogué ? Avoue-le.
Ecoute, j'y suis pour rien si tu ne peux plus te passer de moi.
Excuse-moi ? C'est toi qui m'as supplié pour que je vienne.
Accepte ma demande en mariage et je t'embête plus, balance-t-il.
Antoine, conduis, je me retiens d'éclater de rire.

Je dois dire que je me retrouve assez stupéfaite du domicile d'Antoine. Une maison moderne splendidement spacieuse qui me laissait d'ores et déjà sans voix vue de l'extérieur. Alors rien qu'en posant la pointe du pied sur ce beau parquet noir en entrant dans cette dernière, je n'arrivais absolument pas à croire ce qu'il m'arrivait. Les couleurs noir, taupe et blanc règnent principalement et me rappelle fortement l'ambiance cosy de mon appartement à Paris. La première chose que j'ai en premier lieu aperçue est le salon qui se trouve directement sur la droite. Un magnifique canapé blanc qui attire rapidement l'attention dans la pièce, une table basse noir mate ainsi qu'un meuble de même couleur sur lequel est posé un grand écran plat. Sur la gauche, une immense cuisine qui abrite également la salle à manger. Cette maison est relativement bien illuminée grâce aux grandes fenêtres qui dominent chaque pan de mur, donnant une vue extraordinaire sur l'extérieur. Le tout apporte une atmosphère attrayante à la demeure. Rien qu'avec une brève visite du rez-de-chaussée, je ne regrette finalement pas d'avoir accepter de loger ici.

Franchement, il n'y a rien à dire, j'admets stupéfiée les sourcils haussés.
Tu veux peut-être voir ta chambre ?
Oui, avec plaisir ! M'exclamé-je d'un ton hâtif. Si tu veux prendre ma valise, je ne te retiens vraiment pas cette fois-ci.
On se demande pourquoi.

Nous nous engageons tous les deux dans l'escalier avant d'entrer dans la première pièce du couloir sur la droite. Cette fois-ci, je reste bouche bée. Rien qu'en apercevant la porte entrouverte sur ma gauche, je me permets de la pousser légèrement et je découvre une somptueuse salle de bain. Je n'ose m'y aventurer plus et je préfère avancer dans la chambre en elle-même. Un lit visiblement king size qui domine la pièce, un placard spacieux que je prendrais soin de remplir par la suite, ainsi que de multiples rangements qui ne me serviront peut-être pas tous dans leur intégralité. Dans tous les cas, c'est la définition conforme de la chambre parfaite.

C'est magnifique, j'avoue en remarquant la présence d'un balcon ainsi qu'une vue remarquable sur le paysage.
Je t'avais dit que ça valait le coup de rester chez moi.
J'ai accepté uniquement parce que tu es un forceur de première classe.
Je ne suis pas du tout un forceur, j'incline ma tête sur le côté d'une expression hypothétique. Très bien, je suis peut-être un tantinet forceur, finit-il par admettre.
N'empêche, je ne m'attendais pas à une maison aussi, je cherche mes mots, parfaite.
Tu exagères, rigole-t-il, elle n'est pas si parfaite que ça.
Antoine, ne bouge plus. Il serait possible que tu puisses répéter ce que tu viens de dire, j'ai absolument besoin de l'enregistrer.
Pourquoi donc ? Il me regarde suspicieux.
Antoine Griezmann connaît la modestie. C'est un grand événement auquel je viens d'assister, je mime un essuyage de larmes.
Dis-donc que ta valise est belle. Ce serait dommage qu'elle tombe accidentellement du balcon.
Oh oui, ce serait encore plus dommage si celui qui l'a tient y passe aussi.
Dis-moi, c'est quand que tu repars en France déjà ? Il m'interroge d'un air drôlement arrogant.
Tais-toi ! M'exclamé-je un éclat de rire aux lèvres.
Bon, son rire s'estompe, je te laisse t'installer.
Merci encore pour tout, le remercié-je.
Mi casa es tu casa, il sourit en me décernant un clin d'œil.

Il doit être aux environs de 16h20 et le soleil brille de mille feux. La plage de la Concha, Antoine voulait absolument que je puisse la découvrir le jour-même. S'étendant sur un kilomètre de sable blanc, elle se trouve dans le centre-ville de Saint-Sébastien et est par conséquent considérée comme l'une des meilleures plages d'Europe situées en ville. Etant donné la beauté ainsi que l'ambiance chic urbaine qu'elle dégage, je ne doute pas une seconde de ce titre. Cependant, avant de nous aventurer sur ses grains, nous décidons de marcher le long de la promenade de la Concha. Bordée par un admirable garde-corps blanc, nombreuses sont les personnes qui profitent placidement du paysage.

On peut boire quelque chose si ça te dit, me propose-t-il en désignant un resto bar.
Bien sûr, allons-y, j'accepte sans hésitation.

Nous traversons prudemment la rue en mesure d'accéder à cet endroit particulièrement chaleureux. On s'installe à l'extérieur afin de ne perdre aucunement la vue sur la Baie. Un serveur ne tarde pas à nous remarquer et s'avance hâtivement à notre service. Je contemple les propositions de boissons qu'ils fournissent et me retrouve plutôt surprise du large choix. Notre commande est rapidement prise et il ne reste plus qu'à patienter quelques instants.

C'est bientôt le grand jour, me rappelle Antoine.
Oui. J'essaye de ne pas trop y penser, je croise juste les doigts.
Ne t'inquiète pas, tout va très bien se passer. Je suis certain que tu réussiras le test, aucune raison de stresser, me rassure-t-il.
J'ai comme un mauvais pressentiment, je lui fais part de mes inquiétudes. J'ai plein d'interrogations qui sautillent dans ma tête.
Qu'est-ce qui te turlupine comme ça ?
Je ne sais pas. J'ai peut-être peur de ne pas être à la hauteur des attentes de ce club, je baisse le regard.
Ecoute, il s'appuie sur la table et me regarde droit dans les yeux, si tu y vas avec cet état d'esprit, ça ne va pas le faire. Sois confiante et tout se passera bien.
Je l'espère en tout cas. Après tout ce que j'ai traversé pour en arriver jusque-là, ce serait une fierté.

J'ai beau avoir accepté de me rendre en Espagne afin de passer le test, cela ne m'a absolument pas changé les idées. Mes angoisses et mes craintes n'ont guère disparu pour autant et se manifestent progressivement au fil des jours. En effet, je me rapproche considérablement de cet événement qui m'attribue une boule au ventre et le stress est fort difficile à gérer. Je parais probablement calme et sereine, cependant une fois que le sujet est amené sur la table, mon attitude n'est incontestablement plus la même. Malgré cela, j'essaye tout de même de positiver afin de mettre toutes les chances de mon côté. Pour l'instant, c'est la seule chose que je suis en mesure de faire afin de me rassurer un minimum.

Je viendrais avec toi, déclare-t-il de manière spontanée.
Vraiment ? Je lui demande pour en être assurée.
Oui, je vais t'accompagner, il insiste d'un mouvement de tête vertical.
C'est extrêmement sympa de ta part, je me sentirais déjà moins seule.

Je suis fortement soulagée qu'Antoine m'ait annoncé cela. Devant récupérer ma voiture de location demain, j'aurais été en mesure de m'y rendre seule. Néanmoins, le fait qu'il puisse m'accompagner à ce fameux test que je redoute tant, m'apaise et me satisfait énormément.

Excuse-moi, je vais rapidement aux toilettes, je reviens.

Il acquiesce d'un hochement de tête tandis que je rentre doucement à l'intérieur du restaurant. Je jette de maints coup d'œil dans la salle, toutefois je n'arrive pas à discerner un panneau qui serait en mesure de m'indiquer où se trouve ces satanées toilettes. Je dois réellement être miro, je suis certaine que je paraîtrais bien sotte une fois que j'aurais remarqué leur présence devant mon propre nez.

Je peux t'aider ? Entendis-je soudainement derrière moi.
Oui, je me retourne, je pourrais savoir où se trouve les toilettes ?
C'est indiqué, juste là, au fond, il pointe du doigt.

Bien sûr que j'avais pensé à regarder par ici. Ils ont dû changer de place entre temps, les petits coquins.

Quelle idiote, merci énormément.
De rien. Attends, il me retient, je pourrais savoir comment tu t'appelles ?

Jusque-là, je n'avais nullement fait attention à qui j'avais affaire. Toutefois, lorsque sa main s'était glissée imperturbablement autour de mon avant-bras, j'ai ressenti quelque chose de plutôt inattendu. Le monde autour se fige littéralement et je prends le temps de contempler le personnage. Un grand jeune homme relativement mince, des cheveux certainement mi- long relevés en un chignon, de somptueux yeux verts qui tirent subtilement vers le gris, ainsi qu'un regard perçant qui ne me laisse étrangement pas indifférente. Je ne serais capable de dire que je suis tombée sous le charme, mais il est vrai que ce garçon est plutôt charmant. Sans plus. Enfin, je suppose.

Diane, je réponds après une analyse précise.
Ethan, enchanté, il me tend sa main que je serre à la suite. Ça fait toujours plaisir de croiser des français par ici.

Disons que pendant l'espace de quelques instants, j'avais perdu mon signal de géolocalisation et entendre un français m'aborder en Espagne m'a paru totalement banal. En même temps, je doute qu'il ne soit le seul, cependant, je suppose que cela aurait dû légèrement m'interpeller.

Tu es en vacances ici, j'imagine ?
Hum, j'hésite sur ma réponse. Oui, on peut dire ça comme ça, finis-je par dire.

Je n'ai en aucun cas envie d'étaler ma vie, pour le coup.

J'ai emménagé ici il y a environ deux ans, je suis de Bordeaux, déclare-t-il.
Je viens de Lyon, précisé-je. Saint-Sébastien est une ville magnifique, tu dois vraiment t'y plaire.
Enormément. On peut dire que j'ai un cadre de travail relativement plaisant, c'est vrai, il échappe un rire léger.
Je ne veux vraiment pas couper la conversation, mais je dois vraiment..., j'essaye de lui faire comprendre d'une gestuelle plutôt abstraite.
Oui bien sûr, désolé. On pourrait continuer notre discussion plus tard, il sort délicatement son téléphone de sa poche. Si tu le veux, bien évidemment, il sourit timidement.
Oui, sans soucis, j'entre mon numéro et le lui rend.

Je m'éloigne de lui en direction des toilettes. Je n'ai pas l'ombre d'une idée qui pourrait me certifier que ce que je viens de faire est une bonne initiative. Seulement, il m'a l'air relativement sympathique et en connaître davantage sur lui, ne me dérangerait en aucun cas. Ma brève escapade achevée, je rejoins immédiatement Antoine qui semble m'attendre avant d'entamer sa boisson.

Ça m'a l'air délicieux, dis-je en découvrant la mienne. Tu m'attendais ?
Oui, je ne voulais pas commencer sans toi.
Tu aurais pu, ça ne m'aurait pas du tout dérangé, je précise avant de prendre une légère gorgée. Je me suis arrêtée en chemin pour demander où étaient les toilettes et j'ai sympathisé avec un serveur.
Je vois, il répond de façon particulièrement étrange. Il est bon ton cocktail ? Il change subitement de sujet.
Oui, extrêmement.

Il commence à descendre, annonce Antoine désignant le soleil.

Après ce délicieux cocktail, nous avions continué notre marche le long de la promenade. Au bout d'un certain moment, remarquant la luminosité qui s'estompait à petit feu, on s'était finalement arrêté afin de pouvoir profiter du coucher de soleil. Un spectacle qui est apparemment extrêmement attendu. Adoptant la même position que la population présente, on s'appuie mutuellement sur le garde-corps admirant cet impressionnant paysage. Mêlant maintes couleurs entre elles, le ciel n'est désormais plus qu'une somptueuse œuvre d'art. La lumière diffuse illumine la plage, rendant la mer luisante et éclatante. Ce décor me rend tout simplement bouche bée. Nos téléphones à la main, on se permet d'en tirer quelques clichés.

Je n'ai vraiment pas les mots, avoué-je éblouie.
Je ne viens pas souvent à l'heure du coucher de soleil. Il est réellement impressionnant, ajoute Antoine tout aussi surpris.
Mademoiselle, vous voulez peut-être que je vous prenne tous les deux en photos ? Propose un touriste.

J'hésite quelques secondes avant de finalement lui tendre mon téléphone. Il se positionne face à nous et j'ai légèrement du mal à me trouver une position aux côtés d'Antoine.

Ne soyez pas timide ! S'exclame-t-il chaleureusement.

Je me détends irrémédiablement et m'approche considérablement de lui. Collés l'un à l'autre, il passe son bras autour de mes épaules tandis que le mien contourne ses côtes. Nos regards se croisent et un sourire instinctif s'empare de nos lèvres.

Ne bougez pas, c'est parfait, nous balance-t-il soudainement. Voilà pour vous, je reprends possession de mon cellulaire.
Merci beaucoup, on répond ensemble.
Fais voir, il la contemple en silence avant de reprendre, elle est magnifique.
Je suis d'accord.
En même temps, c'est normal. Je suis dessus, il tire son t-shirt d'un air prétentieux.
Tu ne vas jamais arrêter toi ! Je le bouscule de l'épaule.
Je déconne, il reprend son sérieux, c'est toi qui la rend parfaite.
C'est déjà mieux, je rougis d'un sourire flatté.
C'est déjà mieux, il répète bêtement en me pinçant la joue.

Je viens à peine de m'installer dans ce lit extrêmement confortable. La couverture me recouvrant jusqu'au menton, mes yeux n'arrivent drôlement pas à se fermer. J'ai plutôt apprécié cette première soirée en compagnie d'Antoine. Il a été d'une gentillesse incroyable et a préparé un remarquable dîner qui me donne l'eau à la bouche une nouvelle fois rien qu'en y repensant. J'ai pourtant douté sur ces capacités en cuisine et il se trouve que j'ai eu réellement tort. Nous avions par la suite décidé de s'installer tranquillement devant un film de comédie qui nous avaient rendu littéralement hilare. Celui-ci achevé, les douze coups de minuit avaient déjà retentis et on s'était souhaité bonne nuit avant de rejoindre nos chambres respectives. Toutefois, le seul petit problème est que la fatigue peine à vouloir s'emparer de mon corps. Alors que je me bats pour garder mes yeux fermés, je sursaute brutalement lorsqu'un bruit terrible et soudain retentit soudainement dans la pièce. Ma porte vient de s'ouvrir de manière brusque, une silhouette court jusqu'à mon lit et saute précipitamment sur celui-ci.

Antoine, tu m'as fait une frayeur, tu n'aurais pas pu rentrer plus normalement ?
J'aime les entrées remarquables, il allume la lampe de chevet. Je ne te dérange pas, j'espère.
Tu as plutôt de la chance, je ne m'étais pas encore endormie. Qu'est-ce qu'il se passe ? Lui demandé-je m'installant accoudée sur le côté.
Comment ça qu'est-ce qu'il se passe ? Il fait de même.
Eh bien, que me vaux ta visite ?
J'avais envie de te voir, c'est tout.
On s'est quitté il y a à peine dix minutes, je lui rappelle.
Très bien, je m'en vais alors, il est sur le point de se lever.
Non, tu restes ici, je le force à regagner sa précédente position.
Si tu insistes, il émet un petit sourire en coin.

La sonnerie de mon téléphone retentit. En attrapant celui-ci, le nom d'Ethan est affiché. Je raccroche instinctivement et active le mode avion. Ce n'est probablement pas le meilleur moment de discuter avec ce dernier. Je prendrais soin de le rappeler à mon réveil, rien ne presse. Antoine ne se préoccupe pas plus de cette interruption et enchaîne directement la conversation.

J'ai peut-être envie de te parler de quelque chose au final.
Je t'écoute, je dépose mon téléphone sur la table de chevet.
Tu te souviens durant le week-end à Mâcon, le soir où je t'ai emmené sur le terrain.

Comment oublier cette soirée. On s'était littéralement noyé dans un intense fou-rire incessant qui peinait à vouloir s'arrêter. J'ai la vive impression que ce n'était pas plus tard qu'hier et pourtant cela doit faire plus de deux semaines. N'empêche, le temps passe relativement vite cette année, c'est insensé.

Oui, je m'en souviens complètement, affirmé-je sûrement.
Juste avant, dans la voiture, je t'ai posé une question.
Certainement, je ne m'en souviens plus.
Je t'ai charrié en te demandant si tu m'aimais.

Ma mémoire me revient brutalement et je m'y revois encore. Plongée une fois de plus dans un océan d'embarras, je crains la suite de la discussion et ne risque nullement de la poursuivre de moi-même.

Voilà, il me désigne du doigt, c'est exactement comme ça que tu as réagis.
Réagir comment, je ne vois pas de quoi tu parles, je nie totalement les faits.
Tu restes complètement silencieuse et tu ne me regardes même plus.
Ça ne veut rien dire, je m'efforce de paraître insensible.
Le jour où je suis venu chez toi après l'entraînement, je t'ai dit que l'on n'abandonne pas une personne qui compte pour soi et que c'est ce que l'on est censé faire quand on aime quelqu'un.
Oui, j'ai bien compris que tu parlais de mon frère cette fois-ci, je réponds plus détendue.
Et si je ne parlais pas que de lui.

Ce court moment de détente prend rapidement fin et me laisse indubitablement crispée.

Ecoute, je ne veux vraiment pas que les choses puissent devenir gênantes entre nous. Mais, je veux juste savoir si je me fais simplement des idées sur notre situation.
Et bien, je, comment, je bafouille maladroitement.
Je vais tester quelque chose, tu n'auras juste à m'arrêter et je saurais à quoi m'en tenir.

Je n'ai le temps d'intervenir que la scène se met d'ores et déjà en route. Son regard se défait brusquement du mien avant qu'il ne puisse contempler agréablement mes lèvres que je mordille d'appréhension. Ces dernières finissent par se détendre une fois que la chaleur de son souffle vient délicieusement les caresser. La distance entre nous se réduit à petit feu tandis que mes yeux sentent désormais le besoin de se clore à la suite des siens. Bouffées de chaleurs soudaines, poils brusquement hérissées et respiration considérablement saccadée, je perds incontestablement le contrôle de mon corps qui enchaîne diverses réactions à la chaîne. Je m'abandonne définitivement à l'instant où ses douces lèvres viennent s'échouer onctueusement sur les miennes. Une houle de frissons s'empare sans grande surprise de ma personne alors que notre baiser s'anime harmonieusement sur une cadence sensuellement mélodieuse.

Je pense avoir compris, il sourit son front collé au mien.

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