CHAPITRE 2

« Belle maîtrise. »

▫️

Il lance subitement le ballon en hauteur, je prétends qu'il attend de moi que je le rattrape avec une précision irréprochable. Je me mets promptement en position, petit pas vers la gauche, en avant, je tente de parfaitement bien calculer l'endroit potentiel où la balle retombera à son arrivée. L'instant se produit à la suite et cette dernière se redirige manifestement vers moi. Je fléchis des genoux, amenant mon torse en avant afin qu'elle puisse échouer sur celui-ci. Elle rebondie et j'entame un léger jonglage à l'aide de mes membres inférieurs avant de la faire tomber par terre, l'immobilisant de mon pied droit.

Belle maîtrise, il semble étonné.

Étant une technique plutôt basique, je doute quelques instants de sa remarque. Toutefois, s'il est réellement honnête, il n'y a vraiment pas de quoi être surpris, mais cela fait toujours plaisir.

Montre-moi un peu encore ton jonglage.

En une fraction de seconde, le ballon se retrouve déjà en l'air. J'alterne entre mes pieds et mes genoux, prenant le soin de bien me concentrer sur mon pied d'appui. Je me positionne de manière à ce que le ballon ne m'échappe pas bêtement, ce serait relativement gênant. Très vite, voyant le fait que je sois plutôt à l'aise, il m'arrête.

Excuse-moi, tu peux me rappeler ton prénom ? me demande-t-il fronçant subtilement des sourcils.
Diane.
Diane, très bien. Ça fait longtemps que tu pratiques le foot ? Il m'interroge à nouveau à la quête d'informations.
Depuis que j'ai six ans, je comptais m'arrêter, j'en ai vingt, ajouté-je finalement.
Attaque, défense...
Attaque, je l'interromps .

J'ai l'impression d'être un tantinet froide. Il me met extrêmement mal à l'aise, à vrai dire. J'ai tout de même du mal à croire qu'Antoine Griezmann soit debout en face et qu'il s'adresse en plus à moi. D'autant plus que j'adopte très certainement une expression stupidement admirable envers ce dernier.

Je vais essayer de te donner quelques conseils, histoire que tu puisses... il agite ses bras, tu m'as compris.

J'agite ma tête en signe d'approbation.

Déjà, sache que tu as toujours l'avantage si tu bouges constamment, ne te laisse pas marquer, tu auras peu de temps pour jouer avec le ballon.

Effectivement, il a raison, la vitesse déstabilise l'adversaire.

De plus, il faut que tu essayes de ne pas courir dans une seule direction et privilégiez les zig-zags, ça t'évitera les meilleures pièges d'hors-jeu.

Il continue à me donner de multiples conseils que j'essaye de visualiser dans ma tête de manière à les mémoriser. Pendant les matchs, je pense que ce sont des petites choses indispensables à savoir et qui peuvent complètement changer la qualité du jeu. C'est toujours bien de recevoir ces conseils de la part d'un joueur professionnel.

Cela doit faire déjà une vingtaine de minutes que l'on est en entretien, si je peux dire ça, avec notre partenaire. Entre techniques, conseils et recommandations afin d'améliorer notre pratique, on ne peut qu'enrichir nos connaissances. Je ne vois même pas le temps passé tellement je me plonge dans la voix d'Antoine. D'autant plus que je me suis légèrement relâchée, même si je ressens toujours une petite sensation de gêne et de timidité envers lui. En fin de compte, il m'a énormément aidé à me mettre à l'aise au fil des minutes qui se sont écoulés.

En tout cas, j'espère avoir dit le maximum de choses, conclue-t-il à la fin de son discours.
C'est déjà pas mal, je suis contente d'en avoir appris autant.

Il sourit et son bref silence se brise quand il reprend subitement la parole.

Je peux te poser une question ?
  Oui, je t'en prie.
  Tu as déjà reçu des propositions pour des clubs ? M'interroge-t-il curieusement.
  C'est ce que j'ai cru comprendre de la part de mon entraîneur, j'admets étrangement mal à l'aise.
Le contraire m'aurait étonné, le futur te réserve bien des surprises, il agite son doigt.

Je roule des yeux, toussote légèrement en pressant mes lèvres l'une contre l'autre. Le futur me réserve bien des surprises, il faudrait peut-être que je sois sûre du futur que je souhaite.

J'ai dit un truc qu'il ne fallait pas ?
Non, non, c'est un reflex, je me force à émettre un rire faux.

Un reflex, mais bien sûr Diane.

En plus, quel coach ne voudrait pas d'une fille aussi belle dans son équipe.
N'exagérons pas non plus, répondis-je en haussant les sourcils.
Je n'exagère pas. Une chevelure blonde, des yeux bleus, un teint hâlé, on dirait moi dans une vie antérieure, blague-t-il le rire aux lèvres.

Mais qu'est-ce qu'il raconte celui-là, une vie antérieure dit-il. Je retiens mon rire dans ma gorge, mais celui-ci est incontrôlable. Mes joues sont littéralement en feu.

Plus sérieusement, il se contient, je pense que tu as toutes tes chances en professionnel.

Un coup de sifflet retentit.

Oh non, déjà ? Soufflé-je de mécontentement.

Il me sourit et hoche la tête tristement. On se rejoint tous aux côtés du coach et du nôtre également.

J'ai la vague impression que le temps a filé bien vite pour vous.

« Si que...Je commençais tout juste à m'amuser...C'est dommage...Ouais vraiment...J'ai adoré » On chuchote toutes entre nous.

Pour conclure, je vous propose de constituer deux groupes entre vous mesdemoiselles, et vous aurez l'opportunité de vous affronter sur cette pelouse dans cinq minutes, vous pouvez donc aller vous rafraîchir le temps que l'on débarrasse le terrain.

Jouer sur la pelouse du Stade De France ? Je peux à peine déposer mon pied dessus par peur de l'abîmer. Non, sérieusement, c'est énorme ce qui nous arrive. Je n'arrive nullement à m'en rendre compte, c'est complètement fou. Le guide étant d'ores et déjà parti depuis un certain moment, Didier confie à Griezmann le soin de nous guider jusqu'aux vestiaires afin que l'on puisse boire et rincer nos visages. « Suivez-moi » nous dit-il le sourire aux lèvres avant de s'engager devant nous. Je suis étonnée de la convivialité de cette équipe, ils ont l'air vraiment coopératif avec nous et font tout pour nous mettre à l'aise. C'est plutôt sympathique de leur part, je n'aurais probablement imaginé une telle serviabilité venant d'eux. Je me retrouve considérablement surprise et ravie d'ailleurs. Marchant dans ce couloir que je ne me lasserais d'emprunter, on retourne dans les vestiaires que nous avions déjà aperçu auparavant lors de la visite.

Les toilettes sont au fond.

Les filles, un peu gênées, n'osent pas trop s'avancer. Je décide de prendre soudainement les devants et de m'y aventurer. Après tout, ce ne sont que des toilettes, pas de quoi s'affoler. Je sors, sans grande surprise, la première, le visage trempé d'eau. J'attrape le bas de mon t-shirt que je relève jusqu'à ma figure afin d'y éponger l'excès dégoulinant sur celle-ci. Plongée dans le noir, j'entends une voix qui semble s'adresser à moi en un chuchotement.

Je suis toujours là.

Dans un geste rapide et subit, je remets mon t-shirt en place immédiatement.

Pas mal les abdos, ajoute-t-il d'une voix toujours à peine audible.
Je n'ai pas d'abdos, rétorqué-je en tapotant mon ventre.
Ah bon, tu en es sûr, relève pour que je vérifie, il rigole en voyant mon expression ironiquement offensée, je t'embête.

Je pouffe de rire avant que les autres n'arrivent derrière moi. On se redirige hâtivement sur le terrain, prête à s'affronter après avoir constitué très rapidement nos deux groupes. L'équipe adverse enfile des chasubles orange afin de pouvoir les différencier de mes coéquipières. Les bleus assis, d'autres debout, ils vont devoir scruter nos moindres faits et gestes. Quel stress, seigneur. J'ai plutôt intérêt à assurer. Le coup d'envoi est lancé, c'est parti pour trente minutes de jeux.

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