CHAPITRE 15

« Reprends-toi. »

▫️

Bien dormi ? M'accorde Antoine quand j'apparais dans le salon.
Oui, et toi ? Je m'approche de lui et lui frappe dans la main.
Plutôt confortable ce canapé, mine de rien.
Encore heureux !

J'ai également trouvé le lit étrangement confortable. Rien ne détrônera mon propre lit, néanmoins je me suis retrouvée assez surprise à mon réveil, remarquant à quel point j'avais passé une excellente nuit. Je me dirige donc vers l'espace cuisine, me serre un jus d'orange et j'attrape dans la même lancée, un yaourt. Le frigidaire n'est peut-être pas rempli à ras bord, cependant pour le week-end, je pense que ça suffira amplement. D'ailleurs, heureusement que le personnel fournit quelques produits alimentaires, ça m'aurait un peu embêté de devoir aller faire des courses. J'ai horreur de ça, vraiment. Je rejoins Antoine qui s'est installé sur la terrasse.

C'est vraiment tranquille et paisible ici, ça change complètement de Paris, avoué-je entamant mon produit laitier.
Oui, c'est un beau petit coin, répond-t-il après avoir pris une gorgée dans un récipient qui m'intrigue.
Tu bois quoi  ?
Alors ça, c'est du maté.
Je vais peut-être paraître inculte, mais qu'est-ce que c'est ? L'interrogé-je curieuse.
Ne bouge pas, je reviens.

Il se précipite hors de sa chaise en direction du salon et sort de nouveau en un rien de temps, un thermos à la main.

Je t'explique, il se rassoit. Tu as le thermos rempli d'eau chaude, la gourde qui est une calebasse creuse ainsi que la bombilla, je fronce les sourcils, ça équivaut à une paille.
Jusque-là, tout va bien.
À l'intérieur, tu as les herbes et en fait, tu vas avoir le tas de feuilles et un espace vide. Tu vas venir verser l'eau chaude dans celui-ci et tu vas tout simplement boire à l'aide de la bombilla, il démontre. Goûtes, il me tend la gourde.
C'est un peu comme un thé, remarqué-je avalant une gorgée.
Ouais, voilà. J'en bois assez régulièrement, ça me réveille vraiment bien le matin.
J'ai l'air tellement original à côté de toi avec mon verre de jus d'orange, rigolé-je.
— Chacun prend des forces au moins, répond-t-il le sourire aux lèvres.
D'ailleurs, quel est donc le programme de la journée ?
Justement, je voulais te poser une question. Tu voudrais bien venir déjeuner avec moi chez mes parents, ça leur ferait plaisir d'avoir une personne en plus à table, surtout si c'est toi.
Sans hésitation, oui, avoué-je tout de même un peu stressée.
Et puis ce soir, je t'emmènerais à un endroit qui compte énormément pour moi.
Qu'est-ce que ça peut bien être, je réfléchis à voix haute.
Surprise, tu verras bien.

Dis-moi que je ne vais pas devoir te servir d'Uber pour la semaine qui suit, je t'en prie, dit Théo une fois arrivés.
Théo, laisse-le respirer un peu. Tu vas bien Antoine ? Lui demande son père.
Oui, super. Je profite des vacances ! S'exclame-t-il.
Comment vas-tu Diane ?

Je suis plus que surprise qu'il se souvienne de mon prénom.

Je vais très bien, merci. Et vous ?
Tu peux me tutoyer, il n'y a aucun soucis. Je me porte bien, merci. Entrez donc, on a installé la table dans le jardin.

Je suis tout particulièrement rassurée qu'il n'y ait que ses parents et son frère à ce déjeuner. Par contre, j'aurais bien aimé revoir Maud. Je m'étais si bien entendue avec elle lors du match, c'est bien dommage qu'elle ne soit point présente. En entrant d'un pas timide, je reconnais sa mère qui quitte la cuisine pour nous accueillir.

Tu vas bien Antoine ? Lui demande-t-elle.
Oui, maman.
Je suis très contente que tu sois là Diane, elle s'adresse ensuite à moi.
De même pour moi, je suis ravie d'être ici.
Vous pouvez déjà aller vous installer, tout est prêt.
Un peu d'aide pour le transport ? Lui proposé-je pendant qu'ils se précipitent tous dehors.
Oh oui, merci. Ce serait sympathique.

Elle me rappelle tellement ma mère. Ses cheveux courts de couleur blond platine, son teint hâlé et sa mine toute fraîche et radieuse. Qu'est-ce qu'elle est belle, c'est fou. On comprend immédiatement en rencontrant les parents d'Antoine qu'une bonne ambiance familiale l'entourait depuis son plus jeune âge. Cela devrait expliquer à quel point il aime répandre sa bonne humeur à l'heure d'aujourd'hui. On se dirige toutes les deux vers l'extérieur, les plats en mains que l'on dépose sur la table. Après quelques allers-retours, le repas peut officiellement commencer. Antoine me fait signe de prendre place à ses côtés. En même temps, c'est bel et bien la seule chaise de libre.

Bon appétit ! Nous exclamons-nous en cœur.

Quelle maison splendide, je suis littéralement bouche bée. D'une part, arrivant à l'entrée, je n'aurais jamais pu penser que cette demeure cachait un magnifique jardin de l'autre côté. Une pelouse tondue verdoyante, parfaitement bien entretenue. Un aménagement extérieur me laissant sans voix. Je n'ose même pas parler de l'intérieur qui lui, spacieux et contemporain, regorge de merveilleux souvenirs familiaux. J'ai redouté cet instant de partage en compagnie de la famille d'Antoine et pourtant, j'ai l'impression de les connaître depuis bien plus longtemps que ça. Ils sont incroyablement aimables, accueillants et si avenants. On a réellement le sentiment de faire partie de la famille, c'est ce qu'il y a de plus magique.

Diane, tu viens ?
Je suis légèrement occupée, répondis-je alors en train d'aider Isabelle à faire la vaisselle.
Non, vas-y Diane, tout est presque fini.
Vous en êtes sûre ?
Oui, vraiment ! Insiste-t-elle, un sourire illuminant son visage.

Antoine me tend la main, j'attrape celle-ci et il m'emmène à l'étage. Il se dirige au fond du couloir et ouvre la porte d'un geste délicat.

C'était ma chambre, déclare-t-il, elle n'a pas changé d'un poil depuis que je suis parti.

Je scrute les moindres recoins de cette pièce, essayant de m'imaginer une version d'Antoine enfant. Sans grande surprise, le football règne dans celle-ci. Des posters de footballeurs décorent la majeur partie des murs. Comme j'ai rêvé de pouvoir effectuer la même chose, cependant ma mère avait catégoriquement refusé. J'aperçois un ballon de foot qui m'a l'air d'avoir bien vécu. Selon moi, ce sont les meilleurs.

C'est le premier ballon de football que l'on m'a offert, dit-il voyant l'attention que je porte sur celui-ci.
Ça doit te faire bizarre de retourner ici et de voir que rien ne change, non ?
Oui, à chaque fois, ça me rend légèrement nostalgique.

Je sens une pression s'exercer sur ma main, je pose mes yeux sur celle-ci et je ne m'étais point rendue compte jusqu'à maintenant que nos mains sont toujours fermement entrelacées. Je n'ai aucunement l'envie de briser cet instant en me libérant de son emprise. Il s'en rendra certainement compte à un moment ou à un autre. J'aurais d'ailleurs apprécié que celui-ci n'arrive pas.

Enfin, bon. Il se détache. Je voulais juste te la montrer, je ne compte pas te garder planter ici non plus, rigole-t-il.

Une sensation étrange s'empare subitement de moi. J'ai comme l'impression d'avoir été précipitamment abandonné. C'est bien bête de ressentir cela uniquement pour une main qui tenait la mienne, sans possible arrière-pensée. Diane, reprends-toi. Et cette fois-ci, c'est bien moi qui le précise et non cette conscience de malheur. Reprends-toi.

Diane, ça va ? Me questionne-t-il.
Oui, oui. Ça va.

Fais attention à ma voiture Antoine, je te fais confiance, ne déconne pas, s'inquiète Théo.
Tu as le permis depuis un an et tu te prends déjà pour un pilote de course, répond Antoine ce qui déclenche un rire général. C'est toi qui devrait faire attention.

Le ciel s'assombrit et la nuit commence à tomber petit à petit. Antoine a décidé de s'emparer de la voiture de son frère, non seulement pour pouvoir me conduire vers cet endroit qui me turlupinait l'esprit depuis l'annonce de ce matin, mais également du fait que demain, je retourne à Paris. On quittera donc l'hôtel ensemble, il me déposera à la gare et il repartira ensuite chez ses parents pour la semaine qui suit. J'ai légèrement du mal à dire au revoir à sa famille avec qui j'ai passé un moment fantastique. Je doute de pouvoir les revoir d'aussitôt, c'est bien dommage d'ailleurs.

Bon retour à Paris, Diane. J'ai hâte de te revoir, admet Théo.
Merci énormément de m'avoir si bien accueilli, à très bientôt.

Je leur remets le signe de la main qu'il me décerne avant de nous mettre en route vers cette fameuse destination. Je suis curieuse de savoir où peut-il bien m'emmener. Cela m'étonne que ce soit à nouveau un restaurant. Honnêtement, je n'en ai pas l'ombre d'une idée. En même temps, peu importe l'endroit où nous nous rendons, à partir du moment que sa présence est à mes côtés, tout me va.

Je n'ai même pas droit à un indice. J'essaye de lui soutirer des informations.
Ce n'est pas si extraordinaire que ça.
C'était ça ton indice ?
Oui, acquiesce-t-il.
Un deuxième, s'il te plaît, le supplié-je.
Un dernier indice, alors. Ce n'est pas très loin.
Mais c'est quoi ces indices, il ne m'avance à rien !
C'est ça l'arnaque ! S'exclame-t-il d'un sourire narquois.
Tu te fiches de moi, je croise mes bras d'une mine boudeuse.

Il sourit avant de laisser place à un silence soudain. Cela va peut-être paraître potentiellement étrange, mais j'apprécie fortement rouler la nuit. Je ne saurais expliquer la raison, néanmoins c'est une sensation plutôt agréable. Les yeux rivés sur le paysage, je fais le vide dans mes pensées. En y repensant, ce petit voyage m'a fait énormément de bien. C'est relativement plaisant de s'échapper un peu de son quotidien de temps en temps.

Tu m'aimes ? Balance-t-il subitement sans que je m'y attende.

Sur le coup, je n'ose pas répondre et j'affiche une expression embarrassée.

Je te charrie, ne fais pas cette tête ! Rigole-t-il.

« Je te charrie. » Bien sûr, quelle idiote. Pour la énième fois, Diane, reprends-toi.

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