CHAPITRE 14
« Là où tout a commencé. »
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Je ne m'étais pas réellement rendue compte dans quoi je m'embarquais en acceptant la proposition d'Antoine, sans même y réfléchir. Je suppose qu'en préparant mon sac pour le week-end, c'est à cet instant précis que je me suis demandée clairement si j'avais réellement bien fait de me rendre à Mâcon avec lui. Après tout, il m'était catégoriquement impossible de devoir lui annoncer, une seconde fois, que j'avais osé changer d'avis. Suite à l'histoire dramatique en rapport avec la Real Sociedad, je me devais d'accepter une bonne fois pour toute ce séjour. Et puis, ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de quitter mon petit nid parisien. Malheureusement, je vais devoir repartir pour Paris dans la plus grande solitude étant donné qu'Antoine reste une semaine de plus avec sa famille. En effet, je dois absolument rentrer pour les entraînements ainsi que les matchs que je n'oserais guère rater.
— Théo, tu es sûr que tu ne préfères pas que je prenne le volant, se moque Antoine.
— Contente-toi de monter dans la voiture, sinon tu rentres en taxi mon pote, répond Théo.
Quand ils se retrouvent ces deux-là, je les trouve hilarant à se taquiner de cette manière. Théo ouvre la portière de derrière et me fait signe de prendre place. J'essaye de garder mon sérieux, mais l'expression qu'Antoine arbore sur son visage en assistant à la scène manque de me faire éclater de rire.
— C'est gentil, merci, dis-je.
— Théo, ma portière s'il te plaît.
— Ouvre-la toi-même, ricane-t-il.
Je ne retiens pas mon rire qui se lâche en même temps que le leur. Ils sont tellement comiques, c'est plus qu'incroyable. J'avoue quand même être particulièrement gênée et intimidée de me retrouver dans la ville natale d'Antoine. De plus, je vais très certainement être amenée à revoir sa famille. J'ai peur de devoir m'incruster parmi eux et de paraître telle une tâche sur un vêtement blanc. De toutes les manières, au point où j'en suis, il ne me reste plus qu'à suivre le mouvement.
— Antoine, tu es sûr que ce n'est qu'une amie footballeuse. Ce n'est pas n'importe quelle amie qui t'accompagnerait voir de la famille, déclare Théo d'un regard malicieux.
— Je ne l'ai pas invité pour qu'elle puisse revoir ta tronche de guignol, rigole-t-il. Ce n'est vraiment qu'une amie, tu vas la mettre mal à l'aise, il se retourne pour jeter un coup d'œil.
— Ça va, je mime sur mes lèvres.
— Du coup, vous dormez à la maison ?
— Non, on dormira à l'hôtel. Je viendrais à la maison dimanche soir après son départ.
Effectivement, je n'avais même pas pensé à l'endroit où l'on aurait passé le week-end. Automatiquement dans ma tête, je m'étais dit que cela devait certainement être chez sa famille, mais d'entendre que ce sera finalement à l'hôtel me rassure énormément. Je suis une fille plutôt réservée et retirée, ça m'aurait tellement gênée de devoir dormir sous le toit des Griezmann. Rien que le fait d'y penser me rend vraiment mal pour le coup.
— Heureusement que je t'ai posé la question, j'étais censé le deviner ?
— La moindre des choses c'est que je te l'ai dit, alors pleure pas.
— Je t'assure, si je n'étais pas au volant, je...
— Moi aussi je t'aime, conduis, l'interrompt-il
Un éclat de rire se manifeste dans la voiture. Le week-end s'annonce plutôt bien.
— Antoine, je l'appelle en me dirigeant vers le salon, il n'y a qu'une chambre ?
— Oui, ne t'inquiète pas, je prends le canapé.
— N'exagère pas, je peux prendre le canapé, ça ne me dérange pas.
— Il faudra que tu te battes avec moi pour l'avoir, sourit-il, je te laisse le lit.
— Tu es sûre ? Insisté-je.
Il hoche la tête. Je suis sur le point de repartir dans la pièce précédente.
— Tu es déjà venu à Mâcon ? Me demande-t-il subitement.
— Quand j'habitais à Lyon, j'ai dû y aller peut-être une fois étant petite.
— Tu n'en as aucun souvenir à ce que je vois. Je secoue la tête. D'ailleurs, je ne savais pas que tu venais de Lyon.
— Je suppose que maintenant tu es au courant, je souris.
— Si je comprends bien, tu es donc monté à Paris rien que pour ton club ?
— Oui, en 2013. Je venais d'avoir mes dix-sept ans.
— Tu es venu y habiter toute seule ? Il s'étonne.
— Oui, du moins, il y avait mon fr... ma tante qui passait fréquemment au début pour que je puisse m'adapter.
Par ailleurs, grâce à l'aide que l'on m'a procuré, j'ai pu m'habituer très rapidement à ma nouvelle vie si je puis dire. Trois ans après, je m'en sors relativement bien, malgré le fait que Lyon me manque plus que tout, Paris était ma seule chance de pouvoir pratiquer avec ma nouvelle équipe. En aucun cas je ne regrette ce déménagement, j'ai gagné énormément en maturité et en autonomie et je ne remercierais jamais assez mes parents qui m'ont fait tout de même confiance en dépit de leurs inquiétudes.
— Je me sens vraiment embêtée, tu sais, admets-je.
— Pourquoi donc ?
— La balade à vélo, les matchs, Mâcon. Je n'ai jamais rien pour toi.
— Tu ne me dois rien du tout, ta présence c'est tout ce qui compte pour moi. Je n'attends rien de toi, vraiment, il s'arrête et reprend, à part peut-être que tu acceptes la demande en mariage, mais c'est tout, il fait un geste brusque et sec.
— Dis-moi, qu'est-ce qui a déclenché ta folle envie de vouloir te marier avec moi, je mime des guillemets.
— Franchement, je ne saurais même pas te dire, s'esclaffe-t-il. Attends, avant que tu repartes dans la chambre, je peux te poser une question ?
— Bien sûr, vas-y.
— Ça te dérange si je t'emmène manger au restaurant ce soir ? Il a l'air de craindre ma réponse.
— Non, vraiment pas. J'adorerais ! Je m'exclame le sourire aux lèvres.
« Ouloulou, gros rapprochement ! » me crie ma conscience. Je ne m'en débarrasserais jamais de celle-là, c'est certain. Peu importe, je suis puisque ravie de pouvoir sortir ce soir. Etant arrivés un peu tard dans l'après-midi, nous n'avions réellement pas grand-chose à faire. Surtout que l'on a plutôt décidé de garder tout pour les deux prochains jours. Du coup, qu'il m'annonce que l'on ne restera point cloîtré entre les quatre murs de cette chambre d'hôtel me réjouit plus que tout.
Vêtus de nos plus belles tenues, nous étions arrivés depuis déjà un moment dans cette endroit si luxueux. Une idée m'avait bien dit d'emmener cette robe couleur bronze qui, selon la vendeuse, me va parfaitement au teint. Je crois que j'ai finalement bien eu raison. En ce qui concerne Antoine, j'ai été surprise de voir à quel point il pouvait être irrésistiblement élégant dans ce simple et beau costard.
— D'après moi, c'est le meilleur restaurant de Mâcon.
— Il y a vraiment de quoi.
En effet, ça ne m'étonnerait pas du tout. D'une part, le menu, composé de noms incompréhensiblement gastronomiques, qui m'a pris un temps fou à décrypter avant de pouvoir commander. Sans grande surprise, les prix atrocement onéreux ne dérangeaient guère Antoine. Disons qu'avec le prix d'une misérable salade, j'aurais probablement pu nourrir ma famille pour un mois entier. Ça fait cher la feuille de laitue, je vous le garantis. D'autre part, ce restaurant propose une terrasse parfaitement aménagée qui nous donne vue sur la Saône. Le serveur réapparaît, les assiettes en mains. Il ne pouvait pas mieux tomber, j'ai une faim de loup.
— Pour le prix de ce repas, il a plutôt intérêt à être bon, avoué-je m'emparant de mes couverts.
— Je suis certaine que tu vas aimer. C'est du poulet ?
Je hoche la tête en glissant la fourchette dans ma bouche. Une explosion de saveur s'empare de celle-ci subitement. Cela devrait être interdit de cuisiner des plats aussi alléchants, c'est exquis. Je ne cache pas l'émotion admirative sur mon visage.
— C'est délicieux ! Je déclare, haussant les sourcils.
— Tu vois, je te l'avais dit. Je peux ? Me demande-t-il dirigeant sa fourchette vers mon assiette.
— Oui, bien sûr, je fais de même et me permet de goûter également à la sienne.
— Tu as raison, c'est trop bon ! S'exclame-t-il plus qu'étonner.
— Bon appétit Antoine, je cogne sa fourchette qui tente de se procurer à nouveau ma nourriture.
— Une dernière fois, s'il te plaît, me supplie-t-il.
— Bon d'accord, je cède.
— Une toute dernière fois ? Il me fait la moue pour une autre fourchette. Je t'embête, rigole-t-il, bon appétit.
— Diane ?
J'ai les yeux rivés sur le paysage quand Antoine, alors parti aux toilettes, revient et me sort soudainement de ma rêverie.
— Ça va ? Me demande-t-il, se rasseyant.
— Oui, j'étais dans mes pensées.
— Tu pensais à quoi ?
— Rien de spécial, je faisais le vide.
— J'espère que tu as passé une bonne soirée.
— Oui, c'était fantastique, comme toujours. Merci encore, le remercié-je le sourire aux lèvres.
— Tout le plaisir est pour moi.
J'avoue avoir passé une fois de plus un superbe moment en sa compagnie, ça ne change réellement pas de d'habitude d'ailleurs. C'est toujours une joie de pouvoir partager des instants avec lui. Je ne referais un autre discours sur le personnage, mais en tout cas, je me rends vraiment compte à quel point celui-ci est pratiquement toujours la raison de mon sourire.
— Tu sais, j'ai toujours du mal à y croire, me dit-il.
— Tu as du mal à croire quoi ? L'interrogé-je, ne sachant pas de quoi pouvait-il bien parler.
— Que tu ais refusé.
— Antoine, je...
— Désolé, je n'aurais pas dû en reparler, il m'interrompt.
— Ce n'est pas grave, ne t'inquiètes pas.
— Je veux juste que tu sois heureuse, et si cela te permet de l'être, c'est ce qui compte pour moi.
À vrai dire, aucune des deux décisions n'auraient pu me rendre plus ou moins heureuse. Il fallait que je choisisse entre celles-ci et c'est ce que j'ai fait. Bonne ou mauvaise, il est trop tard pour y repenser.
— On devrait rentrer, il se fait tard, déclare Antoine. Demain est un autre jour.
La soirée a défilé si vite, je ne me suis même pas rendue compte à quel point l'heure avait avancé. Je me lève et me rend compte que quelque chose manque à l'appel.
— Attends, il est où mon téléphone. Je l'avais posé sur la table.
— Il ressemble à ça ? Il me le tend.
— Oui, merci.
Je suis sur le point de l'attraper, quand il le ramène derrière son dos.
— Antoine, à quoi tu joues ? Souris-je bêtement.
— J'aurais besoin que tu me promettes quelque chose d'abord.
— Tout ce que tu veux, mais donne-moi mon téléphone.
— Antoine, je suis désolée de ne pas avoir pu accepter ta demande en mariage.
— Je suis censée faire quoi ? Rigolé-je.
— Tu dois répéter la phrase Diane, c'est important ! S'exclame-t-il sur un ton ironique.
— Antoine, je suis désolée de ne pas avoir pu accepter ta demande en mariage. Maintenant, le téléphone.
— Tu es le plus grand, le plus beau, le plus fort, il enchaîne.
— C'est une blague. Tu es le plus grand, le plus beau, le plus fort.
— Et je te promets mon amour éternel.
— Et je te promets de te balancer dans la Saône si tu ne me rends pas mon téléphone, pouffé-je de rire cherchant une issue pour accéder à son dos.
Il se retient de rire afin de garder son sérieux.
— Il y a eu un énorme problème de synchronisation. Ce n'est absolument pas la même phrase, on reprend. Et je te promets...
— Et je te promets mon amour éternel, finis-je par dire.
Il me le rend finalement, mais le détient toujours entre ses mains alors que je peine à le libérer de son étreinte.
— Tu comptes le lâcher ?
— Maintenant, oui. Il s'exécute.
— On peut enfin y aller, on se met en marche.
— J'aime t'embêter Dianounette, blague-t-il passant son bras par-dessus mes épaules.
— Quel surnom horrible !
— Pardon ? Il bougonne.
— Quel surnom magnifique !
— Non, il était vraiment horrible, tu as raison, il éclate de rire.
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