CHAPITRE 10

« Dis-moi un truc sur toi. »

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« Je préviendrais l'accueil, tu auras juste à te présenter et ils appelleront ma chambre pour confirmation » Telle était sa réplique exacte avant de mettre fin à la conversation téléphonique d'hier. D'ailleurs, depuis jeudi, autrement dit le jour où j'étais sur le point de faire un arrêt cardiaque lors de ma fameuse découverte, je lui parle un peu plus souvent que d'habitude. Bon, j'avoue être toujours sous le choc, et je ne vous explique même pas la réaction de Marine quand je lui ai appris la nouvelle. Evidemment, je n'allais pas laisser ce deuxième billet sans propriétaire, il fallait absolument que j'emmène Marine à ce match.

Mise à part cela, j'étais donc au téléphone avec lui la veille, dans la soirée, et je ne sais comment, une idée lui est venue à la tête. Je cherche toujours à savoir si j'aurais aimé qu'il n'y pense pas, ou si je suis totalement ravie qu'il y est songé.« La veille du match, je serais à l'hôtel, tu pourrais passer me voir » Quand il me l'avait dit, honnêtement, j'étais tellement contente de pouvoir le revoir. Mais ce flot de bonheur n'était que de courte durée, puisque l'angoisse de devoir me présenter à son hôtel m'envahissait. Comment allais-je y aller, comment expliquer à l'accueil que je dois accéder à la chambre d'un joueur des Bleus. Je suppose qu'il a forcément dû sentir dans ma voix, l'inquiétude qui planait. Il m'a tout de suite rassuré en m'expliquant très simplement que j'aurais accès à sa chambre sans problème, vu qu'il allait prévenir la réception. Sauf que, m'y voici. Devant son hôtel « Pullman, Paris Bercy Centre », le nom me met déjà dans tout mes états. Diane, tu n'as pas le choix. Je suis sur le point de rentrer et j'ai beau me rassurer avec les dires d'Antoine, ça n'agit pas vraiment sur mon stress.

Bonjour, Mlle Trevis Diane, je...
Oh oui, n'en dites pas plus ! Elle affiche un grand sourire.

Après un rapide coup de fil, elle m'indique très rapidement où se situe la chambre d'Antoine. J'avoue avoir même été effrayé de cet accueil chaleureux. Je m'élance face à la sécurité qui me construit un petit passage afin de me laisser le champ libre et qui m'escorte jusqu'à sa chambre. Eh bien, c'était moins dur que ce que je pensais. Je monte jusqu'à son étage, émerveillée par l'architecture ainsi que la décoration de ce bâtiment. J'arrive devant sa porte et je suppose qu'il faudrait que je me décide de toquer à celle-ci. Des bruits de pas retentissent à l'intérieur et Antoine fait subitement apparition.

Bonsoir, m'accorde-t-il, toujours en arborant son magnifique sourire.
Bonsoir, lui répondis-je adoptant la même expression.
Entre, je t'en prie.
Merci.

Il referme la porte et se redirige vers moi.

Alors, à la réception ?
Je n'ai même pas eu le temps de finir ma phrase que j'étais déjà en route, rigolé-je.
Tu vois, je te l'avais dit !
Alors, sinon, comment ça va ? Je vois que tu es plutôt à l'aise, dis-je remarquant la beauté de sa chambre.
Ça va plutôt bien, même très bien et toi ?
Super bien également, y a de quoi vu le trésor que j'ai trouvé. C'est terminé, je ne te laisse plus seul dans une seule pièce de ma maison.
M'ouais, je crois que tu vas plutôt en profiter pour que je puisse déposer d'autres petits cadeaux en douce.
Tu as une manière bien originale d'offrir des cadeaux, vu que c'est à moi de les trouver toute seule.
Justement, ça surprend encore plus !

Je suis complètement d'accord sur ce point. En aucun cas je ne m'y attendais. Cependant, un cadeau offert en face à face n'est pas non plus une option à exclure, tout de même.

J'ai tellement hâte d'être demain, ça doit être incroyable de voir ça en vrai.
C'est surtout l'ambiance qui est incroyable, je suis content que tu puisses y aller.

Si mes souvenirs sont bons, le dernier match auquel j'ai assisté c'était en 2009. J'y étais allée en famille, je me remémore ces instants comme si c'était hier. On avait donné tellement, qu'en arrivant à la maison, on ne s'était posé aucune question. En même pas deux minutes, la maison dormait déjà profondément. Quelle soirée inoubliable.

Alors, qu'as-tu de bon à me raconter ? me demande-t-il en s'allongeant.
Laisse-moi réfléchir, je prends place et m'appuie sur la tête de lit, pas grand-chose à vrai dire
Que s'est-il passé depuis la dernière fois qu'on s'est vu ?
Eh bien, j'ai jonglé entre entraînements, matchs amicaux et petites soirées, tu vois un peu le délire.
Vu ta tête, ça devait être passionnant, se moque-t-il en s'esclaffant.
Disons que je me débrouille pour ne pas rester cloîtrer à rien faire.
J'ai eu raison de t'inviter dans ma demeure alors, il ouvre ses bras en démontrant la pièce.
Ta demeure, mais oui bien sûr !
C'est un bel hôtel, faut l'avouer.
Franchement, si ce n'est pas un bel hôtel, je ne sais vraiment pas ce que c'est.
Voilà, exactement !

En y repensant, il est vrai que cet hôtel est un réel bijou. Cela m'étonnerait que n'importe qui puisse accéder aux services de celui-ci. Pour vous dire, je n'oserais même pas savoir le prix d'une chambre.

Diane ?
Oui ?
Dis-moi un truc sur toi.
Un truc sur moi ?

Il insiste d'un mouvement de tête. Un truc sur moi ? Que vais-je bien pouvoir lui raconter. J'ai horreur de ce genre de questions, mais pour lui, je ferai bien un effort.

Ça va sûrement paraître un peu spécial, mais je suis capable de passer des heures sur Football Manager. Être dans la peau d'un entraîneur, choisir les joueurs, je ne sais pas, j'aime vraiment ça.

Encore du football. Je vous ai déjà expliqué que c'est toujours la première chose qui me vient à l'esprit.

Sérieusement ? Il écarquille ses yeux.
Oui, sérieusement, j'acquiesce.

Il se redresse, se baisse du côté du lit et attrape son ordinateur. Il le pose en face de moi et l'allume. Sur le coup, je ne comprends pas trop pourquoi il le sort, mais je finis par comprendre quand il entre son code et que la première chose que j'aperçois est la fenêtre de Football Manager.

Ce n'est pas vrai, tu y joues aussi ?
Tout le temps, les mecs n'en peuvent plus ! Éclate-t-il de rire.

Il s'adosse tout comme moi sur la tête du lit.

Rapproche-toi, je vais te montrer.

Je m'exécute. Il rapproche ses jambes des miennes et dépose l'ordinateur sur ses cuisses.

Dis-moi ce que tu en penses.
Vraiment ce que je pense ?
Oui, en toute honnêteté.
Tu devrais échanger lui, je pointe du doigt, avec lui
C'est une blague ?
Fais-moi confiance, je sais ce que je dis.

Il me fixe, le sourire aux lèvres.

Arrête de me regarder comme ça, tu me stresses !

Il insiste encore plus son regard.

Je t'aime bien, tu sais.
Concentre-toi sur l'équipe, lui souris-je gênée, échange d'abord ces deux joueurs.

Il détourne le regard vers l'écran, mais je distingue tout de même de furtives attentions du coin de son œil. « Je t'aime bien, tu sais » C'est toujours sympathique d'entendre ça de la part de quelqu'un. Oui, ça me fait énormément plaisir et j'avoue que mes battements de cœur se sont accélérés. Je ne suis pas du genre à me faire des idées ou à deviner les sentiments des gens envers moi. Je n'arrive pas trop à expliquer la sensation que cela me procure, mais en tout cas, ça me fait énormément de bien.

Moi aussi, répondis-je le bousculant de l'épaule.

Ça te dérange si on arrête un instant.
Non du tout, je ne vais pas tarder de toutes les manières.

Cela doit faire bien deux heures que l'on est concentré dans notre petit monde, mais je dois quand même éviter de rentrer tard. Même si j'aurais été plus que ravie de rester encore avec lui.

Bon, je sais que tu ne vas pas apprécier que je remette le sujet sur la table.
Non, vas-y, je l'interromps.
Je voulais juste savoir si tu comptes toujours partir à Saint-Sébastien.
Certainement, oui.

En effet, j'en avais parlé avec Marine le lendemain de son anniversaire. On a passé près de deux heures au téléphone à discuter à ce propos. Sachant que depuis que je connais Marine et sa sœur, Margaux, on a pour habitude de partir en vacances toutes les trois, chaque année. Elle m'a donc proposé que l'on puisse d'autant plus profiter de la chance que j'ai de pouvoir me rendre en Espagne pour en faire notre destination cet été. J'ai trouvé cette idée utile, compte tenu du fait que cela m'oblige coûte que coûte à découvrir la Real Sociedad et d'explorer en plus le pays qui pourrait potentiellement m'accueillir.

C'était juste pour être sûr que je puisse te revoir à mon retour en Espagne, répond-t-il.
On dirait que tu ne peux plus te passer de moi, rigolé-je arrangeant quelques mèches de cheveux derrière mon oreille.
Ouais, on peut dire ça comme ça. Tu veux bien te marier avec moi ?
Mais tu vas arrêter oui, m'esclaffé-je en lui tapant la cuisse, faut vraiment que j'y aille.
Pourquoi tu fuis en pleine demande de mariage, tu ne me respectes pas.

J'attrape l'oreiller et lui balance à la figure, mais par reflex, il s'empare de celui-ci et compte me le renvoyer en pleine face.

Non, pardon, pardon. Ma main a trébuché, vilaine main, pourquoi as-tu envoyé un oreiller sur Antoine.
Et après tu diras que c'est moi le taré dans l'histoire !

Il se plie de rire et je finis par en être contaminé. Impossible de s'ennuyer avec lui, vraiment. Toujours le sourire aux lèvres, ça en est constamment contagieux. J'apprécie énormément ce type de personnes, qui ne se prennent pas la tête pour de petites choses futiles, qui aiment partager leurs rires avec autrui et qui sont surtout pleines de vie. Et quand j'y repense, c'est exactement comme cela qu'il était. Son attitude était tellement hilarante et puis, son sourire pouvait carrément illuminer une salle entière. Un sourire dont je ressens énormément le manque au quotidien.

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