8,
𝐒𝐞𝐨𝐣𝐮𝐧
La semaine suivante, la pluie s'acharne tellement sur Séoul que je ne serais pas surpris si l'on m'annonçait un second déluge. Petit problème : il y a eu des dégâts dans le hall du studio, donc nous sommes tous en suspens pour le moment. Avec tous mes rendez-vous des semaines passées, nous n'avons toujours pas terminé la chorégraphie du 10ᵉ clip, et je manque d'inspiration pour mes dernières chansons. Je passe la journée en compagnie de Misul, qui ne cesse de me demander s'il a pris du muscle.
— Je te jure que j'ai pris 3 kilos, mec ! J'espère que ma manager ne me fera pas de réflexion...
— Arrête de stresser, t'es très bien comme tu es, dis-je en tapotant nerveusement le clavier de mon ordinateur.
— Facile pour toi, tu manges pour sept et t'es toujours aussi sexy !
— Premièrement, c'est faux ! Je mange équilibré et ne me ressers jamais. Deuxièmement, tu veux bien te taire ? J'ai une chanson à écrire, mec !
Mon ami grimace en haussant les épaules.
— Je te permets pas de m'en vouloir ! C'est pas ma faute si la seule chose que t'as en tête, c'est cette fille...
— Ferme-la, tu sais très bien que c'est faux, dis-je.
Soudain, il se tait, se gratte l'arrière de la tête en bégayant :
— Comment t'as su que je savais ?
Je le fusille du regard en pointant ce qu'il tient en main :
— T'es en train de lire mon contrat devant moi, espèce d'idiot.
Pour autant, je ne lui en veux pas. Après tout, il sait toujours quand je mens et s'empresse de fouiner là où il ne devrait pas. Celui à qui j'en veux, c'est moi. Car si Misul est au courant, Suwon le sera aussi. Et contre qui Suwon sera en colère parce que ma relation est fondée sur un mensonge ? Hana. Et moi aussi, probablement. Ces derniers temps, Suwon semble prêt à m'étriper ou, au moins, à me faire passer un mauvais quart d'heure.
Une partie de moi soupçonne que Suwon est inconsciemment amoureux d'Hana. Ça ne m'étonnerait pas, vu qu'il la surprotège en permanence et reporte n'importe quel rendez-vous pour la voir dès qu'elle le souhaite. Certes, la mort de sa sœur ne le laisse pas indifférent, mais je pense que leur relation repose sur quelque chose de toxique. Maintenant qu'Hana peut s'appuyer sur d'autres personnes, Suwon perd la tête, au point d'en devenir jaloux. C'est un comportement que je n'arrive pas à comprendre. Si je savais que la personne que je chéris avait l'aide de quelqu'un d'autre, j'en serais heureux, soulagé. Pourquoi Suwon ne l'est-il pas ? Pourquoi s'acharne-t-il à garder Hana sous son aile et à lui priver ce monde qui lui tend les bras ?
Aucune idée. Cependant, je ne manquerai pas de le lui demander demain soir, quand nous nous verrons chez lui. Pour une fois que Suwon insiste pour qu'on dîne ensemble, je ne vais pas me faire désirer. Au contraire, il va entendre ce que j'ai à lui dire. En espérant que Misul ne me coupe pas l'herbe sous le pied en bavardant comme il sait si bien le faire !
— En quoi c'est si grave que je le sache ? demande finalement Misul en posant mon contrat.
Je soupire, passant une main dans mes cheveux, exaspéré.
— C'est comme ça, Misul. Il y a des choses qui devraient rester secrètes.
— Comme ton amour pour cette fille ?
Je le dévisage avec un regard que j'espère glacial.
— Qu'est-ce que tu racontes comme bêtises ?
Il hausse les épaules, mais l'éclat de son regard me donne envie de le frapper.
— Mec, on se connaît depuis tellement longtemps que j'ai l'impression de deviner chacune de tes pensées avant même que tu les exprimes. Alors, s'il te plaît, arrête de te voiler la face. Tu sais que j'écoute les chansons que tu écris, pas vrai ?
— Ouais, et alors ? Ce n'est pas la première fois que je parle de quelqu'un dans mes...
— Si, me coupe-t-il, et je le regarde de travers. Si, c'est la première fois que tu parles d'une fille avec autant de passion, de haine, de douleur, et de toutes les peurs que l'amour t'inspire. Ça me vexe de l'avoir deviné ; j'aurais voulu que tu m'en parles.
Sa main sur mon épaule est la goutte de trop. Je me lève, fou de rage.
— Arrête, putain ! Ce que les gens racontent dans les médias te monte à la tête ; tu devrais sérieusement arrêter de croire tout ce qu'on te dit ! Tu sais que ma relation avec Hana est fausse, alors pourquoi je devrais nier mon amour pour elle si j'avais la possibilité de faire l'inverse ? Maintenant, si t'es frustré parce que je sais exprimer ce que je ne ressens pas, peut-être que tu devrais arrêter de draguer toutes les nanas qui posent les yeux sur tes foutus abdos !
— Merde, mais quelle mouche t'a piqué ? Ta colère ne fait que montrer tes peurs. Parce que ouais, niveau relations, t'es une vraie mauviette. T'as peur de la perdre, alors tu t'obstines à vouloir la détester.
Essoufflé, Misul finit sa phrase en serrant les poings.
— Je n'invente rien. C'est ce que tu disais dans ta chanson, alors arrête de me prendre pour un idiot. Regarde-toi dans un miroir, et tu verras que le seul imbécile en face de toi, c'est ton propre reflet !
Je me mords la langue pour retenir toutes les méchancetés que j'ai envie de cracher à mon meilleur ami. Il a tort. Je ne suis que l'ami d'Hana, mais pour qui il se prend à penser que je l'aime ? Oui, j'ai fait semblant de la détester pour ne pas m'attacher. Maintenant que c'est fait, nous ne sommes que des amis. Il n'y a pas de place pour l'amour. Hana est bien trop brisée pour qu'il y ait une place pour moi dans son cœur. Et niveau souffrance amoureuse, j'ai eu ma dose.
— Ça veut dire que mon jeu d'acteur n'est pas si mauvais, dis-je finalement.
Je plante mes yeux dans les siens et articule :
— Je m'en fiche de cette fille. Elle est juste là pour me mettre en valeur.
★★★
Lorsque je rejoins Yoo-Joon à notre rendez-vous, il semble aussi anxieux qu'un prisonnier attendant son verdict. En me voyant, il se lève de sa chaise, s'essuie les mains – que je devine moites – sur son jean avant d'en tendre une pour me saluer.
— Salut, dis-je en regardant autour de moi. Qu'est-ce qui se passe ?
— Tu as un entretien, murmure-t-il comme si l'on échangeait des informations confidentielles. Tâche de te montrer à la hauteur, tu vas signer ton plus gros contrat.
Je peine à comprendre ce qu'il essaie de me dire.
— Tu pourrais être un peu plus précis ?
Une grande femme aux cheveux tirés s'approche de nous, un calepin coincé dans le pli de son coude et une tasse de café dans sa main libre.
— Bonjour, monsieur Min. Nous sommes ravis de votre présence. Malheureusement, nous vous demandons d'attendre encore quelques minutes. Minjae s'excuse par avance...
— Aucun souci, mademoiselle. Nous pouvons patienter, articule nerveusement mon manager.
La femme me tend la tasse de café avant de repartir d'où elle est venue. Je m'installe en interrogeant Yoo-Joon du regard.
— C'est qui, ce Minjae ? Dans quoi est-ce que tu m'embarques ?
Il se penche vers moi, un sourire plaqué sur le visage. Je connais trop bien ce sourire, me dis-je. C'est le sourire du succès.
— Minjae est le manager de ce bâtiment. Peut-être bientôt ton deuxième manager, dit-il en haussant un sourcil. Nous sommes dans son agence, « Eclipse Talent », et...
— Attends... Quoi ?
Mon exclamation résonne dans le hall d'entrée et Yoo-Joon en rit. Je ferme les yeux pour canaliser l'émotion qui me submerge.
— Il souhaite s'entretenir avec toi et potentiellement signer un contrat pour faciliter la promotion de ton album et de ta tournée en concert.
Il fait une pause pour me laisser le temps d'assimiler l'information.
— Ils savent pour Hana, ajoute-t-il, ils sont prêts à mentir au public et à faire de son nom une légende.
Je ne sais pas si je dois me sentir en colère, euphorique, ou totalement désemparé. Yoo-Joon a toujours le chic d'agir dans mon dos, mais si je lui demande pourquoi, il répondra qu'il n'a aucun compte à me rendre, car je suis censé suivre ses choix et ses idées.
— Je ne vois pas pourquoi je devrais m'inscrire dans une agence pour stars débutantes...
Mon manager secoue frénétiquement la tête.
— Non, non, mon grand, tu ne comprends pas. Cette agence, c'est le tremplin pour toucher les étoiles. Toutes les stars de K-Pop passent par ici. Tu vas signer le meilleur label de ta vie !
Plus, plus et toujours plus. C'est du Yoo-Joon tout craché. Je ne crains pas l'inconnu. Si je dois travailler davantage, alors soit. Si je dois prendre des cours pour m'améliorer, je signe les yeux fermés. Je ferais tout et n'importe quoi pour honorer la mémoire de mon frère et atteindre la renommée qu'il aurait souhaitée.
Mais une part de moi ne cesse de penser à Hana, à ses angoisses, son passé, et au fait qu'elle essaie tant bien que mal de se reconstruire toute seule. Est-ce qu'elle parviendra à endosser toutes ces responsabilités ? Sera-t-elle à la hauteur de ce monde parfois si rude et fatiguant ? Je devrais l'appeler, lui demander son avis, puis je repense à ma discussion avec Misul et à ce que je lui ai répondu...
— Alors, partant ?
J'attrape la main que me tend mon manager en répondant :
— Toujours, lorsqu'il s'agit de faire briller mon nom !
Je crois percevoir de la fierté dans son regard, mais préfère ne pas en être certain. Yoo-Joon peut être fier de moi, mais il pensera toujours à l'argent qu'il se fera en premier lieu. Je ne lui en veux pas, c'est son job. Mais parfois, un peu de reconnaissance ne ferait pas de mal.
— Messieurs, pouvez-vous me suivre ? Minjae est prêt à vous recevoir.
Quand nous sortons de l'agence, je me sens si vivant que je pourrais conquérir le monde. Yoo-Joon m'invite à dîner pour fêter la signature auprès de ce nouveau label, mais je dois décliner puisque Suwon m'attend chez lui. En y repensant, j'ai soudainement une boule au ventre. Je n'ai absolument pas envie de m'entretenir avec lui après une si bonne nouvelle.
Et avec qui penses-tu fêter ça, imbécile ? murmure mon subconscient en repensant à ce que j'ai dit et fait à Hana, et à ce que je m'apprête encore une fois à révéler en allant voir Suwon.
— J'ai déjà un rendez-vous, lui fais-je savoir, mais la prochaine fois avec plaisir !
— Pas de souci, mon grand. Profite de ta soirée !
Je me dirige vers ma voiture quand je l'entends préciser que j'ai droit à un verre d'alcool pour fêter ça, mais je ne me fatigue pas à lui répondre que je n'ai pas besoin de boire pour célébrer.
Environ une demi-heure plus tard, j'arrive devant l'appartement de Suwon. Le soleil décline doucement, projetant sa lumière dorée sur la tête des immeubles coréens entre deux nuages lourds de pluie. Je me demande quand il cessera de pleurer à nos pieds lorsque mon ami daigne enfin ouvrir.
— Salut ! Je suis en avance ?
Il m'invite à entrer en répondant :
— Hey ! Non, au contraire, je me demandais si tu avais une idée de repas. Je crois qu'il me reste du poisson au frigo.
— Ça me va, si tu veux je peux t'aider à préparer des légumes.
Suwon acquiesce, et je retire mes chaussures dans l'entrée. Il me demande comment je vais, précise que cela faisait longtemps que nous ne nous étions plus vus, et me sert un verre de rosé que je ne décline pas. Son appartement est assez sobre, presque ennuyeux. Suwon n'est pas fan des décorations ; il trouve même que c'est un nid à poussière. Pourtant, son cabinet comporte plusieurs couleurs vives et des fleurs que Suwon prend le temps d'arroser entre deux patients. D'ailleurs – en parlant de patients – je rumine longuement la meilleure façon d'aborder le sujet d'Hana. Je me dis qu'attendre n'est pas plus mal ; je n'ai pas envie de m'énerver si tôt avec lui.
— Tout se passe bien au travail ? je demande une fois que les légumes sont prêts.
— Ça peut aller. C'est fatiguant, mais c'est ma passion, tu sais, d'aider les gens.
Il me fixe intensément en coupant la tête de son poisson. OK, ce n'est pas Suwon qui me fait face, c'est le psy...chopathe.
— Ouais, je sais. Et c'est très honorable de ta part.
Ma voix tremble légèrement, mais j'essaie de me rappeler pourquoi je suis ici. Suwon s'attaque aux écailles du poisson et en ouvre le corps en deux.
— Et toi, quoi de neuf ?
Merde, pourquoi j'ai parlé du travail ?
— Je viens tout juste de signer avec un nouveau label.
Cette fois, son regard pétille de fierté.
— Ouah ! Je suis super content pour toi, mec. C'est génial !
Sa sincérité est profonde.
— Merci, tu es le premier à être au courant. J'espère que la promotion de ma tournée se déroulera comme prévu...
— Mais oui, ne stresse pas pour ça. Tu sais dans quel pays tu es censé commencer ?
J'allume mon téléphone pour retrouver le mail et le montre à Suwon.
— Je commence ici, à Séoul, puis Shanghai, Los Angeles, New York, Paris, Barcelone, et j'attends encore des réponses de mon nouveau manager.
— Comment il s'appelle ?
— Minjae, mais Yoo-Joon est toujours mon manager principal. Il a juste d'autres casquettes.
— Ah, je vois.
Il verse un filet d'huile d'olive dans un plat, puis l'enfourne. Suwon retire son tablier, le pose sur le plan de travail et me fait face.
— Viens t'asseoir au salon, j'ai enregistré un match de baseball qui passait sur une chaîne new-yorkaise cette semaine.
Quand je m'installe, je comprends que c'est le moment de lancer le sujet « Hana ». J'ai soudainement les mains moites et le cœur qui s'emballe.
— Suwon, il faut que je te parle de quelque chose à propos d'Hana.
Il met le match sur pause et lance :
— Je sais que tu sors avec elle. Tu sais, les nouvelles vont vite sur Internet.
Je me masse la nuque et bois mon verre d'une traite.
— Faut pas toujours croire ce que dit le web.
Cette fois, il me lance un regard interrogateur.
— Ne le nie pas, dit-il froidement, Hana ne l'a pas fait.
— Parce qu'elle n'a pas le droit de te le dire.
— Pardon ? Tu peux clarifier ?
Il décroise les jambes et se penche en avant.
— Yoo-Joon a eu l'idée de nous mettre ensemble pour de faux, étant donné que les fans aimaient notre alchimie.
Je laisse mes mots faire leur chemin dans l'esprit de mon ami. Quand il assimile, il semble abasourdi.
— Tu n'es pas sérieux ?
Je ne réponds rien.
— Seojun... Tu connais les antécédents d'Hana, pas vrai ?
J'acquiesce.
— Tu sais que tu as des fans toxiques, des gens qui rêvent de se marier avec toi et qui n'hésiteraient pas à harceler Hana par pure jalousie ?
Je ne pensais pas que le harcèlement serait la première inquiétude de Suwon. Mais étant donné qu'il la connaît probablement mieux que moi, ça ne m'étonne pas qu'il pense d'abord à sa santé mentale.
— Elle n'est pas harcelée.
— Pour l'instant ! crache-t-il.
J'inspire et fixe la télévision pour me contenir.
— De toute façon, tu n'as pas ton mot à dire. Hana sait dans quoi elle s'embarque, cesse de lui mettre des bâtons dans les roues.
Il est secoué d'un rire jaune.
— Tu penses sincèrement que je lui mets des bâtons dans les roues ? Je ne veux que son bien, Seojun. Après tout ce qu'elle a enduré, je...
— Arrête, coupais-je. Arrête de lui trouver des excuses, arrête de penser qu'Hana est une petite chose fragile qui risque de tomber du jour au lendemain !
— Ne dis pas ce que je n'ai pas dit ! Je connais la force d'Hana et ses limites. Je veux juste que tu en sois conscient. Si demain elle reçoit une mauvaise remarque d'un fan ou de quelqu'un d'autre, elle aura du mal à le gérer.
Il souffle, presque à voix basse :
— Cette fausse relation est-elle vraiment pertinente ?
Je hausse les épaules, pas vraiment certain d'avoir une réponse positive à lui donner.
— Si j'avais eu le choix, j'aurais refusé. Moi non plus, je n'ai pas toujours mon mot à dire.
— Trop souvent, même. Ils sont durs avec toi aussi, ajoute-t-il d'une voix adoucie.
Il n'a pas tort. Mais l'industrie de la K-Pop est ainsi avec la plupart des artistes. Quand j'ai débuté, ils voulaient que je perde 10 kilos, puis que je les reprenne en muscles. Pourtant, je n'ai jamais été en surpoids ni trop frêle. Mais si je ne rentre pas dans leurs critères, je suis rejeté. C'est pour cette raison que j'admire autant mes fans. Ils viennent de partout, sont uniques, de tous âges. Eux, ils m'aiment pour ce que je suis. Ils apprécient mes chansons, mes danses, ma personnalité.
— Je suis désolé de te l'avouer seulement maintenant, Suwon.
Il m'observe longuement, laissant un silence s'installer.
— Je m'inquiète pour Hana. Elle s'enflamme à la moindre remarque et ne se laisse rien dire.
Un sourire me chatouille les lèvres.
— Ouais... C'est tout elle.
Ma douceur brutale.
— Tu l'aimes, pas vrai ?
Voilà ce que j'appelle une question abrupte, une question qui m'agace au plus haut point. Je le dévisage.
— Encore quelque chose que tu vas nier, hein ? poursuit-il.
— Putain, mais vous vous êtes passé le mot ou quoi ?
À son air abasourdi, je comprends que non.
— Cette histoire ne me dit rien de bon, murmure-t-il. Est-ce qu'elle le sait ?
— Non, dis-je sèchement.
— Et est-ce qu'elle sait que nous nous connaissons ?
— Non, je répète. Tu sais pourquoi.
— Ah oui ? Et pourquoi ? Sanho te connaît grâce à Misul, pourquoi pas Hana ?
Je souffle, exaspéré par la tournure de la discussion.
— Je ne mélange pas le travail et le privé, moi.
Suwon reste interdit un instant, puis je réalise pourquoi il me fixe ainsi.
— Tu te fous de moi ?
— Arrête, c'est pas ce que je voulais dire...
— Tu te sers d'Hana juste pour afficher ta belle gueule d'ange sur tous les écrans, c'est ça ! Tu sais que tu l'aimes, mais tu refuses une vraie relation parce que tu as trop peur de souffrir !
Je reste silencieux, jouant nerveusement avec mon verre vide. Bien trop vide, à mon goût.
— Putain, mais quel connard ! fulmine-t-il. Tu transformes l'amour que tu lui portes en quelque chose de toxique ! Je comprends pourquoi elle se plaignait autant de ton comportement... tu as toujours voulu la faire fuir !
Mon estomac se tord. Il a raison, mais ça ne signifie pas que je l'assume pour autant.
— T'es incapable de l'aimer.
Oh, s'il savait...
— Et tu es tout aussi incapable de la faire fuir, conclut-il.
— Alors je vais te prouver le contraire.
Je tiens à préciser que ce que je m'apprête à faire est simplement le reflet de mes peurs et de mes blessures passées.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je vais te prouver que tu as tort à mon sujet.
Je me mords l'intérieur de la joue pour empêcher mon anxiété de déformer mes derniers mots. Une lueur étrange, presque horrifiée, passe sur le visage de Suwon.
Je pensais être le pire des êtres humains avant que Suwon n'acquiesce, murmurant que c'est une bonne idée – selon lui – pour tenir Hana loin de ce monde qui ne lui convient pas.
Me voilà piégé, condamné à souffrir, quoiqu'il advienne.
Et cette fois, j'entraîne quelqu'un d'autre dans ma chute.
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