5,
𝐒𝐞𝐨𝐣𝐮𝐧
Le décalage horaire nous donne une allure de zombie à Misul et moi. À New York, il est 11h du matin, nous venons de nous lever pour manger le petit-déjeuner. Par chance, la voix suppliante de Misul a convaincu la dame de la restauration de nous faire monter un plateau. Nous le contemplons, avec de petits yeux fatigués, en attendant qui va se servir le premier.
— Je suis si fatigué que mes membres refusent de coopérer, se plaint mon ami.
— Mhhh. Et moi, je n'ai pas la force de me servir un thé.
Misul se laisse tomber en arrière, sur son lit, en râlant que c'était une mauvaise idée de faire un si long voyage.
— C'était ton idée. Et tu m'y as forcé ! Dis-je en trouvant la force de me servir un thé.
— Et dire que j'ai un shoot mardi... Quelle galère !
— Allez, lève-toi, bois un café et on sort de cet hôtel. J'étouffe !
— Je vais d'abord prendre une douche froide, ça va me réveiller, annonce-t-il en quittant son lit pour se rendre dans la salle de bain.
Les minutes suivantes, je prie pour que personne n'entende ses plaintes sous l'eau froide.
En milieu d'après-midi, Misul et moi nous promenons dans les rues de New York comme si je n'étais pas une star internationale. Je crois m'être fait repérer à quelques endroits, puisque mon manager m'envoie des photos prises par des paparazzi postées sur internet. Au fond, je suis conscient que ça vient d'une bonne intention. Mais parfois, Yoo-Joon est trop sur mon dos, ce qui a le chic de m'énerver. Nous nous entendons plutôt bien, malgré les règles strictes de l'industrie de la Kpop, de notre différence d'âge ou encore ses avis aux miens. Néanmoins, Yoo-Joon veut mon bien et respecte mes décisions. C'est même lui qui m'a autorisé à faire mon premier tatouage, lorsque j'étais encore mineur.
J'essaie alors de ne pas trop attirer le regard de N.Y sur moi afin d'éviter d'inquiéter mon manager qui semble connecté à Instagram depuis que je suis parti. Il fait d'ailleurs très chaud comparé à Séoul. Ma veste, ma casquette, mon masque et mes lunettes me donnent l'impression d'étouffer. J'intime Misul de me suivre dans une boutique où il devrait y avoir la climatisation.
— Ouah, mec ! Je cherchais justement un truc dans le genre, me dit-il une fois dans le magasin.
Et merde... Mauvaise pioche !
— Calme-toi, je n'ai pas prévu d'acheter quelque chose, c'est juste-
— Mais moi, si ! Allez, viens, tu vas me donner tes avis, s'exclame-t-il en se dirigeant vers le côté « homme » du magasin.
Après un long moment à le suivre dans les rayons et à tenir ses fringues, Misul se décide enfin à aller en cabine. Je m'installe seulement sur le sofa qu'il tire déjà les rideaux d'une manière théâtrale :
— On voit tellement bien mes muscles dans ce polo ! Tu aimes ? Demande-t-il en contractant ses biceps.
— Si tu aimes, c'est le principe. Et oui, il te met en valeur, fis-je sans vraiment prêter attention à son défilé.
— Tu me dragues là, frérot. Arrête, je vais rougir ! Raille-t-il en retournant en cabine pour essayer d'autres choses.
En attendant, j'allume mon portable pour répondre à certains mails en rapport avec les prochaines auditions. J'espère sincèrement ne pas être déçu, mais il s'agit des artistes de ma chorégraphe, je ne devrais pas me faire de soucis. J'ouvre ensuite Twitter et constate en effet m'être fait repérer aux alentours de 13h, mais rien d'inquiétant. Une fan à republier en tweetant : « Dommage, j'étais exactement ici hier à la même heure... J'aurais pu le croiser ! #minseojun #inanotherlife #kpop ».
— Ta-daaaam ! Comment tu trouves ce pantalon à pinces ?
Misul tourne sur lui-même avant de faire une pause digne d'un mannequin. Je pète de rire, mais lui assure que j'aime bien avant qu'il ne se vexe. Le problème avec lui, c'est que tout lui va, sauf que l'avis des autres est plus important que le sien. Parfois, je le trouve bizarre et parfois, je me rappelle que c'est un point que nous avons en commun. Mes musiques sont belles, elles me plaisent, mais si mes amis ne les aiment pas, je les verrai sous un autre angle (ce qui n'est jamais arrivé).
Nous sortons enfin du magasin après deux bonnes heures d'essayage, mais au moins, je me sens mieux. Misul m'a forcé à essayer une tenue et malgré le fait que j'en ai déjà une pour ce soir, il m'oblige tout de même à la porter. Je ne m'intéresse pas vraiment au monde de la mode comme mon ami s'y intéresse, mais étant une célébrité, je me dois de porter des vêtements qui me mettent en valeur. C'est même une clause qui est inscrite dans mon contrat tellement c'est important aux yeux de tous. Certaines fois, j'aimerais être une célébrité américaine pour pouvoir dire que je chante pour les oreilles et non pour les yeux, comme l'a dit Adele, la chanteuse anglaise, lors de ses débuts. Mais bon... On ne peut pas tout avoir !
Nous retournons à notre hôtel pour prendre une douche et nous préparer pour ce soir. Une part de moi a hâte de pouvoir replonger dans l'univers de mon frère, tandis qu'une autre part appréhende les émotions qui vont circuler au fond de mon cœur. Parce qu'après tout, un cœur est comme un meuble où nos souvenirs s'entassent dans chaque tiroir. Il suffit d'un son, d'une image ou d'une odeur pour qu'un tiroir s'ouvre sans prévenir. Pour ne pas gâcher le moment, j'essaie de ne rien laisser paraître à Misul. Je n'aimerais pas qu'il s'en veuille de m'avoir invité. D'ailleurs, j'en suis même très reconnaissant. Comme on dit : le meilleur ami de la mémoire est le rappel, alors ça ne me fera vraiment pas de mal à assister à cette pièce.
★★★
J'ai bien cru que nous allions arriver en retard au Metropolitan, Misul et moi. Pourquoi ? Tout simplement parce que mon meilleur ami est indécis et insatisfait. Le premier qui me dit que les femmes sont longues pour se préparer, je lui présente Misul ! On va voir qui bat le record (je mettrai ma main à couper que Misul le remporterait).
Le Metropolitan est un océan de gens soif d'art, de tragédie et de passion. J'aime voir que le monde porte encore des esprits qui s'intéressent aux choses culturelles et artistiques. Ce sont de bons vivants ! La passion est un sentiment qui tient éveillée. Sans elle, vivre ne sert à rien ! Voilà pourquoi je suis si heureux de voir une aussi grande foule à cette pièce. Les Hommes d'aujourd'hui réaniment la passion d'hier pour la rendre encore plus belle, plus grande et vivante. La foule n'a jamais été aussi belle qu'aujourd'hui. Mon frère aurait été heureux, épanoui. Je suis ici pour lui. Si je le pouvais, je marquerais ce moment dans un des tiroirs de son cœur, là où les souvenirs se rangent. Malheureusement, la passion ne réanime pas.
Nous atteignons assez rapidement nos places VIP, malgré les bousculades et la chaleur qui émane de la foule. Nous sommes si bien apprêtés pour cet évènement que le décor nous accepte sans rechigner. Ici, personne ne peut entrer en jeans ! J'essaie tout de même de me faire petit, je sais que beaucoup de personnes pourraient me remarquer ici. Je pourrais également croiser d'autres célébrités qui séjournent ou vivent à New York. C'est rassurant de penser que je ne suis pas la seule étoile à vivre ainsi.
Peu à peu, les chaises se remplissent et les lumières se tamisent, laissant le silence reprendre le contrôle. J'échange quelques paroles murmurées avec Misul et nous nous tûmes lorsque les rideaux daignent enfin s'ouvrir.
Les premiers actes de la pièce sont incroyables. Les acteurs semblent insouciants du rideau de personne qui les contemple, au contraire, cela paraît les rassurer. C'est drôle, passionnant, mais surtout dramatique. J'imagine que le drame rend les choses plus réelles, pour sortir de l'ordinaire ou du domaine fictif. Tout être humain dans cette salle peut s'identifier à un de ces personnages, parce que le drame fait partie de la vie. Il endurcit et affine les cœurs par la même occasion. Ensuite, les rideaux se ferment, annonçant l'entracte. Nous nous levons d'un seul homme et Misul ne perd pas de temps pour nous entraîner jusqu'au buffet.
— Je meurs de faim, dit-il. T'a aimé la première partie ?
— Les actes, corrigeais-je, oui, c'était génial. J'avais déjà lu le livre pour apprendre l'anglais.
— La pièce, tu veux dire ?
— Non, le livre. Ce n'est pas une pièce de théâtre, à l'origine.
Misul fait la moue, déçut de ne pas avoir eu l'occasion de me corriger comme je venais de le faire.
— Tiens, mange ce truc ! C'est hyper b-
— Gras ? Non, merci. J'ai déjà mangé assez de cochonnerie aujourd'hui, réponds-je en me saisissant d'un verre d'eau.
— Tu ne rigolais pas quand tu as dit que ton manager te pèsera à ton retour ?
Je souffle en voyant l'air souciant de Misul. Voilà qu'il se reproche de m'avoir proposé des fast-foods.
— Tu connais les règles... Mais je suis un grand garçon, ne t'inquiète pas pour moi. Fait attention, toi aussi. Je ne suis pas le seul à être pesé, l'informais-je lorsqu'il se servit d'un amuse-bouche à la crème.
Pour réponse, il hausse les épaules et marmonne :
— Carpe Diem, frérot ! Tu n'as rien appris de ces premiers actes ? Raille-t-il, fier d'avoir le bon mot.
Il s'éloigne en direction d'une serveuse qui sert des coupes de champagne. Pendant ce temps, je mange des fruits, une brochette de bœuf et une sorte de gâteaux salés aux olives. C'est la première fois que je me trouve au Metropolitan et la beauté du monument me laisse sans voix jusqu'aux arrières des carrés VIP. Même l'odeur m'est inconnue. Je comprends les sentiments de Jinwoo lorsqu'il me détaillait les théâtres qu'il visitait ou ceux dans lesquels il travaillait. J'entends des murmures dans mon dos, mais n'y prête pas attention jusqu'à ce que j'entende mon prénom. En me retournant, j'aperçois qu'une femme murmure dans l'oreille d'une autre, puis un cri s'élève dans la salle lorsque l'une d'entre elles croise mon regard. L'attention leur est soudainement portée, je n'attends pas de prévenir Misul pour m'en aller dans un lieu plus tranquille.
— C'est lui ! C'est lui ! Entendis-je au loin.
Une sueur froide me parcourt. Je n'aime pas esquiver mes fans, mais j'avoue que parfois, elles ne me lâchent plus et ça cause des problèmes. Et je n'ai pas envie d'en causer. Je sors de la salle et rejoins une sortie de secours. Aucun agent de sécurité ne semble s'en inquiéter et tant mieux. Quand je pense les avoir semées, l'écho de leurs pas me parvient encore. Je ne réfléchis pas, j'ouvre la première porte qui s'offre à moi et m'y engouffre. Le silence m'enveloppe soudainement. Mes épaules se relâchent, me faisant comprendre à quel point ces situations me rendent anxieux. Je souffle et prends deux secondes pour faire le point avant de me rendre compte que je me trouve dans les toilettes du Metropolitan. Ils sont tout aussi luxueux que le reste du bâtiment. Je vois dans la glace le reflet d'un gars qui fait pitié de se cacher dans les toilettes. Je l'ignore, réarrange ma chemise et ma cravate, puis ce que j'entends me fait comprendre que je ne suis pas seul. Là, derrière moi, une personne renifle dans une cabine des toilettes. Malgré la grande porte luxueuse qui nous sépare, j'entends des gémissements de panique.
Une panique dont je saurais reconnaître n'importe où.
Une personne sensée aurait frappé en demandant si tout va bien, tandis qu'une célébrité aurait quitté les lieux pour ne pas être mêlée à un quelconque drame. Le choix s'offre alors à moi : suis-je une personne sensée ou suis-je la célébrité en question ?
Je sers la mâchoire et m'apprête à sortir de la pièce lorsque la porte des toilettes s'ouvre. Ne voulant pas la confronter, je reste de dos. Je veux juste m'assurer que cette personne va bien, puis je m'en vais. L'entracte doit certainement déjà être terminé.
— Bonsoir, dis-je de dos.
J'attends une réponse, mais rien ne vient. Une sueur se déverse le long de mon échine, ce qui me force à me retourner.
Ce que je perçois me laisse sans voix. Ma première réaction, tout comme la personne qui me regarde, est que je me trouve dans les toilettes des femmes. Ma deuxième réaction est de constater qu'elle a peur de moi. La bombonne de poivre qu'elle tient dans ses mains tremblantes en est la preuve.
— Qu- Qu'est-ce que vous faites là ?
Je lève les mains pour lui montrer que je ne veux rien lui faire et la rassure en faisant un effort sur mon accent américain :
— Wouah ! C'est la première fois qu'on a peur de moi. J'évite juste mes fans, pas la peine de vous armer !
Elle fronce les sourcils en reculant :
— Vos fans ?
Un rire jaune la secoue lorsqu'elle croise son reflet dans le miroir, puis détourne rapidement le regard. Je crois qu'elle vient de me reconnaître.
— Oui, mes fans. Un problème ?
Je souris et m'approche d'elle d'un air nonchalant, comme si elle ne tenait pas une bombe de poivre dans ses mains.
— Arrêtez de vous moquer de moi et sortez d'ici !
Elle me menace avec sa bonbonne, mais semble encore plus nerveuse. J'ai un mouvement de recul. Elle est censée me demander un autographe ou une photo, non ?
— Attendez... Quoi ?
— Je vous en supplie... Sortez !
Elle paraît manquer d'air. Je me souviens soudainement des bruits de panique que j'avais perçus quelques secondes plus tôt. La jeune femme s'accroche désespérément au meuble, tentant de reprendre contenance.
— Vous allez bien ? Demandais-je.
Elle remue la tête, incapable de répondre. Je comprends qu'elle est en train de faire une crise d'angoisse. Je panique, par peur d'être à l'origine de tout cela.
— Je dois sortir... Gémit-elle.
Je n'attends pas pour réagir. J'ouvre la porte des toilettes, qui donne au couloir, et m'empresse de l'emmener à l'extérieur. Par chance, la pièce a repris et donc plus personne n'est là pour me poursuivre. Rapidement, l'air frais de la soirée enveloppe l'anxiété de cette inconnue qui a failli m'entraîner dans un drame. Vous vous imaginez en Une de journal : « Seojun, le chanteur international agresse une jeune femme dans les toilettes du Metropolitan ! » ? Non, merci ! J'éprouve assez de honte puisqu'elle ne semble pas me reconnaître, alors qu'aurais-je ressenti une fois dans la presse ? Je préfère ne pas y penser.
— Ça va mieux ? Lui demandais-je tout de même.
Son regard est rivé au sol lorsqu'elle acquiesce. Je ne suis probablement pas le seul à éprouver de la honte.
— Désolé... J'ai eu peur et...
— Ce n'est pas grave, la coupais-je. Ce n'est pas tous les jours que l'on me croise dans les toilettes !
Le regard qu'elle me lance m'affirme qu'elle ne me connaît vraiment pas. C'est une douche froide et un énorme coup dans mon égo.
— Je m'excuse. Vous loupez la pièce...
Le ton qu'elle emploie me dit qu'elle s'en veut réellement. Mais pourquoi ? C'est normal !
— Comment vous appelez-vous ?
Wouah. Je crois que c'est la première fois que l'on me demande mon prénom. Je suis si sidéré que je mets du temps à lui répondre.
— Je m'appelle Hana, avance-t-elle en me tendant sa main.
— Seojun, réponds-je en répondant à son geste.
Son regard se perd dans les étoiles lorsqu'elle murmure :
— Et bien, merci Seojun.
Puis, elle plonge son regard dans le mien :
— Sincèrement.
Je reste sans voix. Son regard brille comme une bougie au fond d'une grotte. Comme une étoile au beau milieu d'un trou noir. Elle me désarme et me laisse comme ça, sans prévenir. Son sourire timide a un impact vraiment étrange sur moi, comme si elle me voyait, moi. Pas Min Seojun, le chanteur international. Non, juste Seojun. Moi et uniquement moi. C'est aussi étonnant qu'exaltant. C'est la première fois que ça m'arrive, que l'on me voit ainsi. Puis je me souviens de la douleur de perdre un proche, du travail qu'une personne doit faire pour se relever après une perte, une trahison ou un départ. Du long chemin que l'on doit parcourir pour tisser des liens, apprendre ou connaître une personne. Non, ce n'est pas pour moi... Je dois m'éloigner d'elle et de l'opportunité qui se présente à moi.
Une opportunité pour souffrir.
— Vous comptez y retourner ?
— Non, mais vous pouvez y aller. Je vais appeler mon ami et...
Elle se rend compte qu'elle n'a ni de sac, ni de téléphone.
— Je lui ai laissé mon sac lorsque je suis parti aux toilettes...
— Vous voulez l'appeler ? Demandais-je en lui tendant mon portable. Si vous connaissez son numéro, bien sûr.
Elle accepte avec une grande timidité avant de m'épeler le numéro qu'il faut composer.
La scène qui se déroule est marquée en deux temps, d'une prise de conscience et d'une rapidité sans nom. Le premier temps, c'est qu'il s'agit d'un numéro coréen, ce qui aurait certainement pu être une coïncidence, mais le deuxième temps, c'est le nom de Suwon qui s'affiche lorsque je termine de composer le numéro qu'Hana me dicte. Je lui tends mon portable, incapable de regarder ailleurs lorsqu'elle parle à Suwon. Ma gorge devient étroite. Suwon va forcément décrocher en disant : « Allô, Seojun ? » ou un truc dans le genre !
Hana ne doit pas savoir. Ni qui je suis, ni qui sont mes amis. J'espère que Suwon fera preuve d'intelligence !
— Suwon, c'est Hana... Dit-elle dès que notre ami répond. Désolé, j'ai eu besoin d'aller prendre l'air et un inconnu m'a gentiment prêté son portable pour que je puisse te prévenir.
Je suis rassuré qu'elle ait pris la parole avant lui. Je n'entends pas ce qu'il répond, mais Hana semble désolée de rompre la soirée.
Pendant sa conversation, je ne peux pas m'empêcher de la fixer. L'amie anonyme de Suwon, celle qui passe avant tout le monde, est juste là : devant mon nez. J'ai son prénom, son visage, désormais gravé dans ma mémoire et j'ignore de quoi en faire. Oublier ? Impossible. Pas un visage comme le sien. Le regret me poignarde en pleine poitrine : j'aurais dû partir. Mais elle est si frêle, si douce que ça me retourne l'estomac. C'est rageant. Rageant de savoir que je la connais sans la connaitre. Rageant parce qu'elle restera l'amie anonyme de Suwon. Pour me protéger, moi. Parce que je ne veux personne dans ma vie, pas une de plus.
Quand elle raccroche, je me promets de l'oublier dès que je lui aurais tourné le dos. Elle se tourne vers moi en me tendant mon portable.
— Merci, il va venir.
Je m'accorde quelques secondes supplémentaires pour la regarder une dernière fois.
— OK, tant mieux...
Hana joue nerveusement avec ses mains lorsqu'elle m'assure :
— Vous pouvez y retourner... Je vais l'attendre ici.
Je plonge mon regard dans le sien en lui adressant ma dernière parole :
— Bonne soirée, Hana.
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