72. Allergie
En la cabeza de Catalina
Je regarde l'heure sur mon portable et je constate qu'il est très tard. 22:05. Assez tard pour que Nathaniel doive dormir et assez tard pour que Théo ne vienne pas. Où est-il bon sang ?
Depuis que nous sommes revenus au Mexique, c'est très rare que je vois Théo. Il est tout le temps occupé par-ci par-là. Je l'ai vu que ce matin, quand il m'a surpris la tête dans un pot d'hibiscus.
Après, je pense qu'il doit bien s'amuser avec ses amis or que moi, je suis là à résoudre un énigme.
Enfoiré.
Pendant la matinée, beaucoup de proches venant de très loin sont arrivés chez nous. Alexandre est à la maison, Alesia et compagnie. Si j'étais de bonne humeur, c'était sûr que j'irai les embrasser mais là, je suis rongée par l'inquiétude.
Je jette un coup d'œil sur Nathaniel qui semble concentré à manger ses chips sur le lit. Il est très solitaire comme enfant, il ne parle que très rarement. Je pense que je n'étais pas ainsi à son âge mais son docteur m'a informé qu'il a du retard pour parler. Si j'avais le temps, c'était sans hésiter que je passerai mon temps avec mon fils.
Mais hélas, je suis prise par ces foutues caméras.
— Je suis désolée que tu aies pas une enfance comme les autres, chuchoté-je, triste.
Je me retourne sur mon siège et tape légèrement ma tête pour m'encourager à cette deuxième nuit blanche.
J'ai passé toute la journée à la chasse des caméras. Maximum, j'ai retrouvé plus qu'une vingtaine et j'étais drôlement surprise qu'ils en avaient plus dans les chambres d'ami. Celle d'Alba était truffée de ces saloperies de trucs.
Je me mets au travail en démontant délicatement une des caméras. Seul mon père sait ce «secret». Il m'a confirmé que ces caméras ne lui appartiennent pas, donc cela conclut qu'un espion des ennemis est bien rentré chez nous. La caméra démontée comme une pute, j'inspecte minutieusement les composants.
D'après mon diagnostic cette caméra peut qu'enregistrer les images et non le son. De plus ces gadgets sont très difficiles à trouver, l'ennemi a dû sûrement les voler à une organisation. Mais il est très futé. Je ne peux pas les tracer, fait chier !
Nous avons un adversaire de taille.
Je dépose rageusement mes lunettes sur le bureau avant de me diriger vers Nathaniel. Je le trouve allongé et bizarrement calme.
Intriguée, je me baisse jusqu'à lui et regarde ses gestes. Son teint est plus pâle que d'habitude et son torse baisse et remonte rapidement. Comme s'il est essoufflé. Comprenant rapidement la situation, je prends le sachet de chips et lis les ingrédients avant de jurer.
— Merde !
En un geste vif je prends Nathan dans mes bras avant de courir au salon.
— Putain Nathaniel, sois fort ! Ne sois pas un lâche comme ton enfoiré de père, l'encouragé-je.
Et pour moi non plus je ne dois pas tomber. Si je chiale, je ne vais plus rien contrôler. Mais cette inquiétude, cette peur acide monte en flèche en moi. Je ne dois pas ciller. Pour Nathaniel. Mes gestes sont tellement rapides et impulsifs que ma clé de voiture se glisse entre mes mains.
Je me m'abaisse pour les attraper mais mes yeux se portent sur mon petit blond tout faible. Je sens mon cœur se briser devant son visage aussi blanc qu'un linge. Les larmes menacent de couler. Je n'aurai pas le temps d'y arriver à temps à l'hôpital. Nathaniel... Non ! Non !
Je m'accours vers le salon, la respiration rapide à cause de cette peur. Les conversations se font arrêter quand ma voix cassée dit :
— Nathaniel... Nathaniel a mangé de la moutarde ! Et il est allergique. Je ne sais pas quoi faire, aidez-moi !
J'explose en sanglots devant ma famille qui se presse vers moi. Ma vue est trouble, j'ai peur. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure, j'ai mes tripes qui me serrent fortement jusqu'à me faire mal. J'entends des voix, mais mon angoisse me fait perdre mes sens. Je n'arrive pas à stopper ces stupides larmes, je suis comme paralysée sur place, figée par ce cauchemar.
Je sens qu'on enlève mon enfant dans mes bras, j'ai toute la confiance en eux. C'est comme si je donne un bout de ma vie entre leurs mains et que j'ai espoir en eux.
Je sens quelqu'un me secouer les épaules.
— Catalina ! Ne t'inquiète pas, ta mère occupe Nathaniel, parviens-je à entendre.
Tous mes souvenirs partagés avec cet enfant me torturent l'esprit jusqu'à me faire mal au ventre. Je dois prévenir Théo impérativement ! J'ai besoin de lui.
— Appelez Théo, dis-je d'un chuchotement.
Je me laisse tomber dans le fauteuil mélancoliquement. Je retrouve mes sens peu à peu mais cela n'aide pas à débarrasser cette anxiété. J'essuie mes larmes d'un geste vif en perdant mon regard sur le tapis rouge royal.
— Il ne répond pas, soupire Alba. T'as besoin d'un verre d'eau ? Tu veux quelque chose ?
Je secoue négativement ma tête. Si j'avais encore assez de force, je la remballerais mais aucun mot ne veut sortir. Je ne veux pas parler. Je dois calmer cette peur en moi.
— Putain quand ce con rentrera à la maison, il va voir comment je me chauffe ! s'énerve mon père. Qu'est-ce qu'il fout encore ?! Il faut peut-être un couvre-feux ?! On doit faire comme si vous étiez des adolescents !
— Papa il doit être probablement occupé, dit Jayleen pour calmer notre père. D'après Ruben, ils ont une nouvelle sœur...
— Ce n'est qu'un égoïste, un con et un vaurien, cite mon père. Je vais le démonter ce soir, il ne va plus rien comprendre ce bâtard !
Je sens l'atmosphère de la pièce devenir pesante.
D'un geste lent je tiens le bras de mon père, les yeux sur son visage déformé par la colère.
— Laisse-moi gérer ça, soufflé-je.
— Non. Il n'a pas à faire ça...
— C'est ma vie, papa, rétorqué-je sèchement.
Il se met à soupirer fortement avant de hocher la tête. Je lâche son bras et ma mère et Alex font apparition dans mon champ de vision. Tous les deux ont un air soulagé.
— Tu t'es mise dans cet état pour rien. Nathaniel va bien, sa tension a juste un tout petit peu augmenté mais il va bien maintenant, s'exclame ma mère doucement. T'avais aussi ce genre de réaction quand tu mangeais quelque chose qui n'est pas bon pour ta santé comme les cacahuètes.
Un soupir de soulagement sort de ma bouche. Mes épaules se détendent et cette anxiété se dissipe en moi. On pourrait dire qu'il y avait une tempête qui ravageait en moi.
— Tout va bien, cousine. La prochaine fois vieille bien ton gosse, sourit Alex en posant une main sur mon épaule.
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