71. Bombe.





THÉO

Je prends une grande inspiration avant finalement toquer sur la porte. J'avoue que le message de ma mère m'a laissé un peu sceptique. Venant d'Ava c'est normal qu'elle ne met pas de smileys dans ses messages mais j'avais sa voix froide et stricte qui retentissait dans ma tête et de suite, j'ai sauté dans ma caisse. Quand c'est Ava qui parle, il vaut mieux l'obéir qu'ignorer. Elle est capable de me tuer sur place avec ses armes dangereuses.

Je vérifie ma tenue souhaitant qu'il n'y ait aucune gaffe et boutonne les premiers boutons de ma chemise blanche jusqu'à m'en étouffer. Je suis si serré.

J'esquisse un mini-sourire et la porte s'ouvre brusquement pour laisser mon frère qui a vraiment grandi. Crotte, la dernière fois que je l'ai vu il m'arrivait à peine aux coudes ! Là, il me semble qu'il fait la même taille que moi et je remarque aussi qu'il s'est mis au sport. Il était en surpoids quand il avait quatorze ans.

— Ça fait cinq jours que t'es à Monterrey et ce n'est rien que là tu viens nous voir ?! Salopard ! s'exclame-t-il avant de me faire une accolade.

Sa manière de dire bonjour est incroyable.

— Je suis grave occupé chez les parents de Catalina ! Mais j'avais l'intention de venir vous rendre visite ! souris-je, heureux. C'est bien, tu t'es mis en sport.

— Ouaip ! Grâce à ce changement, j'attire beaucoup de filles et tu sais quoi ? Je ne suis plus puceau depuis plus que cinq mois ! annonce-t-il avec un grand sourire.

Nous faisons un high five, vraisemblablement très heureux de cette nouvelle. Voilà, mon frère est devenu un homme ! J'avais toujours cru qu'il serait puceau jusqu'à ses quarante ans mais Brefons. Ça mérite de boire de la vodka. Mon frère était si coincé dans sa vie mais grâce à ce changement physique il a plus de confiance en lui. À ce moment même, je me retiens à pleurer.

Notre discussion s'interrompt subitement quand la voix de Mallory s'étonne :

— Arrêtez de parler la taille de votre queue ! Venez au salon !

Bruh.

Je ferme la porte derrière moi et m'élance vers le salon suivi de mon petit frère.

Légèrement inquiet, je lui chuchote :

— C'est grave ?

Il me lance un regard en faisant une grimace avec sa bouche.

— Alors là, ça dépend que de toi, me répond-il. Mais je penche plutôt que ça ne va pas te plaire. T'as beaucoup de chance.

Chance ?

Il pose sa main sur mon épaule avant de rentrer au salon. Après un soupir, je m'engouffre dans le salon pour découvrir mes parents debout côte à côte avec une jeune fille qui me fixe bizarrement. Mon regard se scotche sur un homme aux cheveux poivre et sel assis sur le canapé jaune canari. Sa tête se retourne rapidement vers moi et un sourire se dessine sur ses lèvres fines.

Qui est cet homme ?

— Wesh ? fais-je, gêné que tous les yeux sont sur moi.

— Théo, je ne sais pas comment te le dire, débute Mallory le visage triste.

— Bah vous allez commencer à me dire l'identité de cette psychopathe qui n'arrête pas à me regarder et celle de ce vieux croûton, dis-je la voix posée.

La psycho me tue des yeux et je fais un sourire provocateur, accentuant la colère qui danse dans ses iris.

— Je me présente, s'exclame le vieil homme en se levant. Je suis Alan Da Costa. Toi, tu dois être certainement Théodore Jimenez.

Il me présente sa main que je la sers un peu hésitant. C'est étrange tout ça. C'est un flic ? Bordel de shit, qu'est-ce que je fous encore ici ?!

— C'est quoi le problème ? demandé-je à Ava.

Celle-ci passe une main sur son visage grave avant de me regarder intensément.

— Théo, cet homme est ton père biologique. Il vient tout juste du Brésil, avoue-t-elle comme une bombe qu'elle vient de lâcher.

Mon regard se fixe à nouveau sur Alan qui me sourit. Je ne vois rien qui puisse faire le lien entre lui et moi à part la couleur de ses yeux qui est d'un brun glacé. Rien qui puisse nous lier, enfin physiquement. Si j'étais l'ado d'avant, c'était sûr que j'éclaterai de rire mais là, rien n'est de rigolo. J'ai sûrement mon père devant moi. Un des enfoirés qui m'a abandonné.

— Il y a des preuves ? questionné-je, indécis.

Mon frère me tend un dossier. Je commence à feuilleter les pages en lisant rapidement les lignes. Les gènes, le groupe sanguin... Tout est semblable au mien. Putain, j'ai mon père biologique devant moi !

J'ai... J'ai un papa ?

Mon organe vital cogne dans la cage thoracique face à cet événement non attendu. Alors depuis tout ce temps, c'est que là il revient ? J'ai à peine vingt-quatre ans et c'est là que je rencontre un de mes parents biologiques ? J'ai arrêté de penser à mes géniteurs dès qu'Ava et Mollory m'ont adopté. Mais le rêve d'un orphelin c'est de découvrir ses vrais parents ? Moi, personnellement, je suis perdu dans le néant. Je suis mélangé entre le bonheur, la tristesse et la colère. Je ne sais pas quoi faire pendant ce genre de situation. Je suis perdu dans mes émotions.

Je vacille un peu, sous l'effet surpris. Mon frère m'attrape juste à temps avant que je m'étale comme une merde sur le parquet.

Je n'y arrive pas à y croire. Réveillez-moi de ce cauchemar !

— Je vais y aller, déclare Alan. Quand tu seras prêt à me parler, rejoins-moi à cette adresse.

Il me tend un post-it jaune fluo que mon frère le prend à ma place. Alan me fait un salut avant de déguerpir après avoir mis le chaos dans ma tête.

— S'il-te-plaît, ne meurs pas ! On a encore quelque chose à te dire ! me crie Ruben dans mes oreilles.

— Je souhaite que c'est une bonne, chuchoté-je, encore sous le choc.

Je prends place sur le canapé en attendant le pire.

— Aller, crachez-moi le morceau. Ma journée vient tout juste d'être foireuse.

Mallory retrouve son sourire et pousse légèrement la fille devant elle.

La brune aux yeux bleus me juge du regard en croisant ses bras contre sa poitrine. Non seulement elle est sous mon toit et elle ose faire l'intéressante ! Non mais je rêve.

Ça doit être probablement être une stagiaire...

— Présente toi, ordonne Ava.

La jeune fille souffle d'un air lassé.

— Bonjour Théo, je m'appelle Raffaela et... Je suis ta petite soeur, se présente-t-elle, forcée. Je souhaite qu'on s'entendra bien.

Tant d'hypocrisie dans sa voix. Ça se voit qu'elle est déçue de faire partie dans cette famille, on l'a forcé. Mais je ne l'aime pas et ne comptez pas sur moi que je vais être le grand frère le plus cool avec elle. Pour moi c'est une étrangère, un parasite qui dort chez mes parents. Et ce genre de parasite faut les buter, les tuer sans le moindre scrupule.

— Bref. Je vais y retourner chez moi. La seule personne qui peut me remonter le moral c'est mon gamin. Sur-ceux, bonne mauvaise journée, annoncé-je en ignorant Raffaela.

Je me lève du canapé et me dirige vers la sortie en arrachant le post-it dans la main de Ruben.

— Faites attention. Je ne veux pas qu'on vous abuse dessus comme l'autre fois, ajouté-je en foudroyant l'autre conne.

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