66. Faire face


Dans le monde dans laquelle on vit est si étrange. Il y a à peine trente minutes, le temps était magnifique... Maintenant, le temps est très mauvais. Le vent semble être assez fort pour réussir à faire bouger la voiture de mon frère, la pluie s'abat dans un bruit agaçant contre les fenêtres et les éclairs dansent dans le ciel et font des formes plus ou moins terrifiantes. La météo nous a pas informé quelconque orage au Mexique. Étrange.

— Bon, quelqu'un a-t-il le courage de m'expliquer de ce qu'il vient se passer ? demande mon père.

Légèrement trempée, je me retourne sur mon siège et regarde mon père à côté de ma mère. Les lèvres immobiles, je n'ose point d'expliquer la cause de cette dispute car c'est de ma faute si les deux hommes se sont battus.

Théo qui est assis juste en face de moi est tétanisé. Le visage aussi blanc qu'un linge, la peur qui se voit dans ses prunelles bruns, il tremble de peur. Il est carrément en train de pisser sur lui. Bordel, il n'a pas intérêt de pisser sur ce cuir rouge qui doit sûrement coûter une fortune.

— Catalina !

Je sursaute brusquement en ancrant mes yeux sur ma mère qui ne comprend absolument rien.

— J'te jure que je n'ai pas fait exprès ! J'ai giflé Josh et... Et il s'est évanouie...

— T'es pas ma fille toi, me coupe-t-elle, soucieuse. Depuis quand tu te dénonces toi-même ? Avant que tu quittes le Mexique, t'étais la reine des menteuses.

— LOL ! Elle ment encore à Los Angeles, pouffe Jee-Hee en provoquant un silence gênant.

— D'ailleurs, cet enfant ressemble drôlement à Catalina... Non ! Impossible, surprend mon père, choqué.

Et voilà le moment venu. Le moment que Théo et moi craignons le plus dans notre foutue vie.

Je pince mes lèvres en empoignant mes cuisses.

— Catalina ? Tu... Tu peux m'expliquer c'est quoi ce délire ? dit maman, sceptique.

— Hum... Tada, dis-je timidement.

L'atmosphère du salon est pesant. Il fait soudainement chaud. Je sens tous les regards sur moi et cela ne m'aide pas à retrouver ma respiration. Je m'étouffe ! Je déteste ce genre de scène, ce moment m'effraie. En plus, j'ai envie faire pipi.

— C'est à cause de moi ! rugit la grosse voix de Théo. Ce soir-là, j'ai oublié de me protéger et bordel de merde ! Nous avons aucune raison de vous donner le pourquoi Nathaniel est ici ! On ne vous demande pas votre avis si Catalina et moi voulons un gosse !

— Espèce d'enfoiré ! Depuis tout ce temps, t'as même pas osé de nous révéler que je suis... grand-père. Grand-père si jeune... Oh mon Dieu, je plains déjà la vie de p'tit, ça sera la galère, soupire papa.

Je décide finalement de dire :

— Si nous avons rien dit pendant ce temps, c'est que nous étions effrayés de vos réactions. C'est vrai, vous avez toujours voulu que votre fille aînée sois parfaite et gnagnagna...

— Mais là, c'est la vie d'un enfant. Je suis mamie sans le savoir, se défend ma mère.

— C'est pas comme si ça va changer quelque chose pour toi. Grand-mère ou pas, t'auras rien à foutre ! tranché-je en donnant un coup de pied dans la table basse.

Le grincement fait sursauter les autres. Maman ouvre grand ses yeux, comme si elle était horrifiée de mes propos. Ahah, cela n'est qu'une comédie, je sais comment est ma mère. Dans sa tête elle se dit que Nathaniel est un enfant non voulu et elle n'a pas à cirer d'sa vie. Bref. Je ne veux pas déclarer une autre guerre.

Je lâche mes cuisses en soupirant avant que la voix débile de miraculeux Josh s'étonne :

— Entre nous... Catalina n'est pas votre fille biologique ? Il y a aucune ressemblance avec vous.

Ma main frappe le haut de mon front d'un air désespéré. Bon au moins, il a réussi à dissiper cette barrière invisible.

Mon frère rigole et du coin de l'œil, ma sœur cache son sourire derrière le dos de sa main. Cette question va finir par me tuer, un jour...

— On aurait adopté une meilleure gamine si c'était le cas, soupire mon père.

Éh oh, je suis là, petite mais je suis bien présente.

Je me sens tellement ridicule.

— Mais, reprend-t-il en posant sa main sur l'épaule de mon copain. Tu m'as trahi Théo. Je croyais trouver un vrai pote. Comment... Comment as-tu pu me caché l'existence de mon premier petit-enfant ? C'est mon cœur qui subit le choc, termine-t-il d'un air théâtral.

Il fait semblant d'essuyer une larme avant de s'en aller, n'oubliant pas de faire un clin d'œil à mon fils qui ne comprends absolument rien. Non... Il préfère jouer avec les longs cheveux de Jee-Hee. Wesh, il a une obsession pour les cheveux ou quoi ?

— Beau-papa ! J'avais une bonne raison ! crie Théo aussi triste que mon père. Attendez, avec votre âge, j'ai peur si vous ratez une marche d'escalier !

Il part à la poursuite de papa sous nos soupirs.

Damn, c'est pas trop dur pour toi ? me demande Liam, intrigué de ma situation familiale.

— Oh, tu me reparles maintenant ? lancé-je sarcastiquement avant de me lever à mon tour.

Une envie de fou rire me prend quand je remarque la forme de ma main ancrée dans la joue de Josh. Nan, je suis partie aussi loin que ça ? Peut-être c'est lui qui est fragile... Aussi fragile qu'un verre.

Brefons, ça fait plus de je-ne-sais-pas combien d'heures que je me retiens à pisser.

Quatre heures plus tard, je sors de la salle d'eau, vêtue en pyjama. Je découvre ma génitrice dans ma chambre avec le gosse dans ses bras. Un grand sourire sur les lèvres, les yeux qui pétillent semblablement de bonheur, elle regarde Nathaniel jouer avec ses cheveux coupés jusqu'aux épaules.

Je m'adosse contre le mur, les bras croisés contre ma poitrine.

— Il te ressemble vachement. C'est assez perturbant, souffle-t-elle en levant ces yeux verts forêts dans ma direction.

— Ouais mais c'est un mec.

— Pourquoi tu es revenue ? En plus avec tes amis. Tu as déjà entendu que Monterrey est une des villes la plus dangereuse du continent Américain, rétorque-t-elle. Tu n'as pas peur qu'il n'arrive quoi que ce soit à tes amis ?

Je fronce mes sourcils.

— Je le sais, je le sais... Mais c'est eux qui voulaient faire les vacances ici. On va sortir très rarement. Je sais ce que tu vas me dire, annoncé-je en voyant ma mère ouvrir sa bouche. Même si je voudrais revivre à Monterrey, je ne peux pas. Non seulement cette ville est peuplée de tocard qui traîne dans les parages, mais Théo et moi avons promis de rester à L.A, enfin quelque part aux États-Unis. Dis, Alba est au Mexique ?

— Cette garce est au Mexique depuis vendredi. On l'héberge mais cela dit, c'est très rare qu'on se croise. Elle passe son temps à faire visiter son trou comme une grotte à n'importe qui. C'est sûr qu'un jour elle chopera le Sida ou un truc comme ça, raille ma mère.

— Maman ! cris-je, horrifiée.

Elle me fait un clin d'œil avant de sortir de la chambre toujours Nathan dans ses bras. Celui-ci est vraiment concentré sur sa tâche ; faire un nœud dans les cheveux de ma mère.

Oui, je sais... La relation entre ma mère et moi est compliquée. Il y a aucune façon de vous le décrire. Dans tous les cas, j'aime ma mère.

Bref, je crève la dalle, là.

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