56. Retrouvaille Originale 0.2
En la cabeza de Catalina
Mon cousin s'assoit à côté de moi sous mon regard pesant. Il regarde en face de lui, n'osant pas tourner sa tête dans ma direction car il n'a pas le courage de me regarder dans les yeux.
J'attends sa version avec impatience. Partir sans mot est inacceptable et revenir comme une fleur comme si rien ne s'était passé me met hors de moi.
Durant ces six mois, je pensais à Alexandre et des questions me torturaient l'esprit « Est-ce qu'il va bien ?» « Pourquoi a-t-il fait ça ? ». Je m'inquiétais beaucoup à son sujet mais là, quand il est devant moi, je pense que ce tout sang d'encre ne servait à rien. Après une bref observation, il pète la forme !
Et c'est ça qui m'irrite. Le fait qu'il va bien et fait comme si rien ne s'était passé pendant son absence.
- Il y a deux ans de ça, je traînais avec des gens de mauvaises fréquentations. On faisait tout ensemble. Braquages, vols, destructions de certains établissements... Et c'était moi qui sortait indemne. J'étais assez malin pour ne pas me faire choper par les flics...
- Et comment t'as fréquenté ces gens ? l'interromps-je.
Il se met à soupirer en passant une main sur son visage.
- Je ne sais plus Catalina... Je crois qu'ils sont venus vers moi. Bref. Il y avait une personne dans le groupe qui m'appréciait pas du tout. Jamil. Il montait la tête des autres derrière mon dos. Selon lui, je n'étais pas net et que j'avais l'intention de les faire descendre. Les gars alors n'étaient pas ravis des propos de Jamil, ils ont donc viré du groupe. Comme un chien...
« Mais j'avais déjà cerné comment fonctionne Jamil. Il avait une jalousie envers moi. Je me sentais en danger depuis le départ de Jamil, mais les autres ont tenté de me réconforter et tout. J'avais une confiance aveugle en eux, je croyais de tout ce qu'ils disaient. Mais un jour, alors que je rentrais à la maison, j'avais vu Jamil avec d'autres gars. Ils m'ont arrêté et m'ont amené dans uns ruelle et ils m'ont tabassés. »
Il joue nerveusement ses doigts. J'ai la sensation de lui faire reparler de ce moment douloureux. L'Alexandre du passé était naïf et trop gentil. Il gobait tous de qu'on lui disait et je le reprochais souvent de sa gentillesse. Un jour il regrettera d'être trop gentil et c'est le cas.
Je n'ouvre pas la bouche, car je sais qu'Alexandre va reprendre la parole, la voix plus grave que d'habitude :
- Ils ont tabassé un gosse de seize piges et ils n'ont pas passé de la main forte. Ils m'ont donné des coups de pied dans les côtes en rigolant, ils m'ont tabassé comme si j'étais un vulgaire animal, crache-t-il. Alors que je croyais que ceci a pris fin, avec le peu force que j'avais, je regardais Jamil dans les yeux. Il avait un canif. Il s'est abaissé à ma hauteur et m'a chuchoté que j'étais un sale emmerdeur et qu'il allait faire du mal à ma famille. Et... Et il m'a poignardé dans les côtes. Plusieurs fois sous mes hurlements déchirants. Il prenait un bien fou de me poignarder comme un bout de steak haché...
« Puis, il est parti avec ses amis et j'étais seul dans une ruelle et dans le noir. Il y avait beaucoup de sang qui coulait. Et je crois qu'on était en plein hiver. Mes plaies me faisaient super mal et à peine je bougeais, c'est comme si qu'on me brûlait la peau. Le froid me piquait les blessures et je crevais de froid aussi. Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'en sortir, j'étais très proche de la mort. Je respirais mal et pendant cette époque, je n'avais pas de téléphone. Je voyais le bout de nez du diable. »
À travers sa voix, je ressens ses sentiments. Le sentiment d'être impuissant. J'ai un nœud dans le ventre. Ce qu'il dit est comme si je ressentais ce qu'il avait éprouvé ce jour-là. Le pauvre, personne n'était là pour lui. Il était dans le froid et gravement blessé. Je commence à en avoir la peine pour mon cousin.
J'ai envie de poser une main sur son épaule mais je m'y retiens. Je veux tout savoir.
Il lève ses yeux vers moi et ses iris sont devenus sombres de honte que des frissons longent mon échine.
- Et puis, je me suis retrouvé dans un lit d'hôpital. Je me posais la question comment j'étais arrivé ici. Mes plaies étaient recousues et soignées. Et c'est là qu'un homme habillé en noir de la tête aux pieds est venu dans ma chambre. Au premier vu, il me faisait très peur mais quand il a enlevé ses lunettes de soleil je me suis fait ébloui par la beauté de ses yeux. Il avait des yeux vairons et je ne sais pas pourquoi mais je me sentais en sécurité avec lui. Il me paraissait ensuite à un gentil homme...
« Il m'a donc tout expliqué comment je me suis retrouvé ici. C'était lui qui m'avait emmené aux urgences. Selon lui, je suis un cas exceptionnel. J'ai resté agonisant toute la nuit car il m'a retrouvé à l'aube. J'avoue que j'étais assez fier. Il me complimentait et j'étais très flatté. Cet homme est Dieu incarné. J'étais un peu déçu de ne plus le revoir mais quelques jours plus tard je l'ai revu dans un parc. On a parlé et je lui ai expliqué comment je me suis retrouvé dans un piteux état. Je n'avais pas honte d'expliquer cela avec un étranger. Contrairement à ma famille, je sentais que mon père allait me critiquer de mauviette et que toi, tu éprouvais de la pitié à mon égard. Et moi je ne veux pas de pitié. »
Ce n'est pas pour rien qu'on est dans la même famille.
Je le comprends parfaitement. Si tu t'es fait violer, voler ou tabasser, un conseil d'une Gonzalez : Garde ça pour toi. Ce genre d'événement ne faut jamais le dire à la famille Gonzalez. Ma mère ou mon oncle te critiqueront et la douleur d'être violé ou tabassé n'est rien comparé aux répliques sanglantes des Gonzalez. Ils ont un truc pour te faire critiquer. Donc souffrir en silence est judicieux. Les seules personnes qui entendront tes pleurs c'est l'isolement et le silence. Souffrir en silence, pleurer en silence.
- Au bout d'un mois, il m'a proposé de me faire entraîner. Il m'a raconté que les personnes qui m'ont tabassé ne méritent pas d'être en vie. C'était inacceptable. J'étais indécis sur sa demande et je pesais le pour et le contre. Mais rapidement, j'ai fini par accepté. J'étais rongé par la haine contre Jamil et ses sbires. Ce qu'ils m'ont fait restera gravé dans ma tête, raconte Alex, mélancoliquement. Je me suis fait humilié en me laissant tabasser de cette sorte. Rafir m'a pris sous son aile et j'étais impressionné de ses techniques de combats. Ces techniques de combats ne sont pas similaires comme le nôtre. Il m'a appris beaucoup de chose, dit-il avec un petit sourire.
Ses yeux pétillent de l'admiration. Je suppose que Rafir est le mystérieux homme.
- Et quand je me sentais près de sauter dans la gueule du loup, j'ai tué Jamil et ces p'tits cons de merde, annonce-t-il soudainement. Je les ai tous tué.
- Et... Tu les as tué comment ? questionné-je, curieuse.
Ses yeux virent vers les miens et son visage prend un air grave.
- Le feu. Selon Rafir, le feu est la meilleure vengeance car tu meurs dans une lenteur. Tu te fais étouffé par la fumée, tu sens ta peau se cramer et la douleur... la douleur est imbattable, me répond-t-il d'un ton à donner les chocottes.
Je tente de garder un air neutre mais en vrai, il me terrifie. Je mets mes mains tremblantes sous mes cuisses. Une petite voix me dit d'aller, de fuir et d'être très loin de lui mais non. Je sais que mon cousin ne me ferait pas de mal.
- Jamil et ses sbires sont mes premiers meurtres. Jamil est mon premier meurtre, déclare-t-il avec la voix posée. Je ne me sentais plus à l'aise de rester au Mexique, j'ai décidé d'aller à Mandat Parrat et je me sens très bien là-bas. Je me fais respecter par les autres et je suis devenu le bras droit de Rafir. Je n'ai pas l'intention de rester ici éternellement car la mafia ne m'intéresse plus. C'est là-bas je veux continuer vivre ma vie et bientôt je serai le successeur de Rafir.
Il me tient désormais les mains avec un air désolé.
- Sache que je serai-là pour toi Catalina. Je resterai là-bas car c'est à Mandat Parrat je peux être qui je suis sans me cacher. Je suis un membre de la Ligue Des Assassins, ajoute-il.
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