50. la vérité
EN la cabeza de Catalina
Je ne perds pas une seconde de plus et descends rapidement et maladroitement les escaliers. Grand papa Jason me regarde, d'un air interrogateur mais ma grand-mère me répond à la place :
— Son petit ami est venu.
Rectification : il n'est pas mon petit-ami.
J'ouvre la porte à la volée et retrouve Théo à trois mètres de moi.
— Qu'est-ce que tu fous ici ? demandé-je en m'avançant de trois pas.
Le chilien s'élance vers moi, un bouquet de fleurs dans la main droite.
Arrivé devant moi, nous nous mettons à nous regarder attentivement. Comme si c'était la première fois que nous nous rencontrons. Il... m'a beaucoup manqué. Rien n'a changé sur son visage. Ses yeux noisettes ont retrouvé leurs petites étincelles de bonheur. Ça me fait un bien fou de le revoir. Et mon cœur peut le prouver. Il s'emballe trop vite.
— Je suis nul en pardon, ok ? Mais si j'ai dit tous ces conneries, il y a une bonne raison, s'exclame-t-il avec la douceur dans sa voix.
Théo qui parle comme un sage... C'est nouveau ça.
Il me tend le magnifique bouquet de fleurs que je prends lentement.
— Je vais faire quelque chose dont je rêvais depuis longtemps. Ferme tes yeux et s'il-te-plaît, ne me frappe pas, ajoute-t-il me faisant froncer les sourcils.
— Théo si tu oses de faire du--
— Ferme les yeux ! me coupe-t-il brusquement.
Je le mire en plissant les yeux, tandis qu'il fait un grand sourire. Peut-être il m'a manqué, beaucoup même, mais n'oublions pas son côté fou...
Finalement, j'exécute son ordre, les sens aux aguets. S'il ose me faire du mal, je prépare toujours mon poing et mon pied...
Il y a une barrière invisible entre nous. Je me concentre sur les bruits qui m'entourent. Les cigales, les cris du paon, les vaches... Rien d'alarmant.
Mais je sens une odeur masculine s'approcher lentement de moi, et instantanément, mon corps se raidit et mes bras se placent devant moi. J'ai envie d'ouvrir mes yeux, mais j'ai peur. Et d'un côté il me l'a demandé...
Les grandes mains de Théo prennent les miennes après qu'il dépose je-ne-sais-où le bouquet de fleurs.
— Je ne te ferai pas de mal... soupire-t-il.
— Bah tu as intérêt avant que mon talon se retrouve dans tes bijoux de famille !
L'haleine mentholée de Théo s'intensifie, puis un souffle se fait sentir sur mon visage. Une boule se serre dans ma gorge et mon cœur ne s'arrête pas de s'emballer. Sans ouvrir les yeux, je sais qu'il est proche de moi, très proche, voire nous sommes collés, ne laissant aucune espace entre nous. Il fait lever en douceur ma tête et un frisson parcoure sur tout mon épiderme. Ses lèvres scellent avec les miennes et des milliers feux d'artifices explosent dans mon ventre. Je reste pétrifiée avant de me laisser emporter par la douceur de ses lèvres.
Ce n'est pas la première fois que Théo et moi embrassons. Mais les baisers précédents étaient dépourvus de sentiments. Mais celle-là, il est différent des autres. Il est plus passionné et désiré. Nos lèvres bougent dans la même synchronisation et tendrement. Dès lors notre baiser devient langoureux, un clic d'un appareil photo nous interrompt de notre petit moment. Nous tournons la tête vers la source du bruit et ma grand-mère tient son appareil photo, avec un sourire innocent.
— Vous me remercierez plus tard, dit-elle. Maintenant, oust ! Il y a une fête qui vous attende.
Grand papa me balance ma pochette de soirée et je réussis à la prendre en plein vol.
Théo ne me laisse pas l'occasion de rouspéter et me prend ma main avant de nous faire diriger vers la sortie du jardin.
— Mais le bouquet de fleurs ! m'écris-je.
— Tu le reprendras ce soir. Dépêche-toi, je ne veux pas arriver en retard à la fête.
Mais je nous fais arrêter. Je dégage ma main de la sienne et croise mes bras contre ma poitrine et le mire avec détermination.
— Je n'irai nul part avant que tu me dises pourquoi tu as dit tout cette méchanceté de l'autre soir, déclaré-je, dominée à avoir ma réponse.
Il y a quelque chose qui l'a dû le mettre en rogne pour ensuite m'insulter de cette sorte.
— Tu tiens vraiment à savoir ? me demande-t-il en soupirant.
J'acquiesce vigoureusement la tête.
Il reprend sa marche, les yeux viré devant le couché du soleil.
— Quand j'étais au Chili, j'étais un gros emmerdeur. Et un jour on m'a arrêté pour possession de drogue, dit-il. À cette époque on avait des problèmes financiers. On m'a mis dans une cellule en attendant que mes parents payent ma caution. Elles ont réussi à me libérer et on fait un marché avec le shérif de la ville. S'il me fait sortir avant, elles paieront ma caution. Mais on avait pas l'argent nécessaire. Il fallait qu'on trouvait la somme avant qu'il me reprenne et me mettre en cellule...
J'essaie tant bien que mal de suivre sa vitesse, mais marcher sur des cailloux en talon, c'est pas terrible.
— Il y avait un groupe qui nous terrifiait dans la ville. Et Bellamy faisait partie de ce groupe, il était le chef du groupe. Ils étaient comme le diable. Tu peux demander tous ce que tu veux mais en échange, tu dois lui rendre un service. Je savais les risques que j'allais prendre mais j'avais besoin d'argent. Je suis donc parti voir Bellamy, Klaus et Dash. Dans le groupe, c'était eux les plus terrifiants. J'ai raconté mon problème et ils m'ont demandé ce que je voulais. Ils m'ont pas tout de suite dit ce qu'ils voulaient. Mais bref, ça on s'en fiche. Ils m'ont donné la somme que je voulais et c'était deux mois plus tard que c'était devenu assez complexe...
— C'était quoi l'échange ? questionné-je en même temps que Théo s'arrête.
Nous sommes sur une autoroute déserte, entouré de brousse. Un endroit où tu peux te faire violer tranquillement.
Le chilien se tourne vers moi, avec un regard peiné.
— Tuer un grand mafieux au Chili. On est entré chez lui et c'est là que tout est parti en vrille. On dirait que le mafieux savait notre plan. Des centaines d'hommes nous ont attaqués. J'ai réussi à m'en fuir et laissé le groupe derrière moi. Je savais les conséquences qui se dressaient devant moi. J'ai convaincu à mes parents de sortir du pays. Une semaine plus tard j'ai appris que Klaus et Dash sont mort et seul Bellamy a survécu et il en a à ma peau. Je sais comment fonctionne Bellamy et dès qu'il a posé ses yeux de merde sur toi, il savait que... tu es ma faiblesse. Il allait t'en prendre à toi et la seule idée qui est passé dans ma tête c'est de t'insulter pour t'éloigner de moi...
Je ne sais pas quoi dire. Je reste marbre devant lui.
Il a voulu me protéger de cet infâme homme. Je le savais ! Je sentais que Bellamy n'est pas net !
Mais n'empêche qu'il soit pardonné, les insultes resteront bien ancrées dans ma tête.
Je reprends mes esprits et hésitante, je le serre dans mes bras. Ses bras m'entourent et il pose sa tête sur la mienne.
— Merci Théo... Mais je pouvais me défendre seule, murmuré-je.
— Tu ne comprends pas... ce mec est un grand malade.
Nous restons quelques secondes de plus ainsi avant que je décide de terminer l'étreinte.
— Je suis désolée aussi pour les--
— Tu n'as pas à te pardonner. Tu étais en colère après moi. Et puis ce que j'avais dit, n'étais pas sympa, soupire-t-il.
— On enterre tout, d'accord ? dis-je.
Il hoche la tête avec un petit sourire.
Nous reprenons la route, direction le bal.
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