28. Le danger c'est moi
En la cabeza de Alesia
Sans plus tarder, Catalina s'engouffre dans la chambre d'Alba me laissant en plan avec le docteur.
Je décide de suivre Catalina et la retrouve dans les bras d'Alba, qui a des larmes dévalant sur les joues.
Je reste en retrait, en regardant tristement ses deux filles qui viennent de se retrouver, après huit longues mois.
J'ai toujours été la roue de secours dans leur relation. Personne ne pouvait briser leur si belle amitié, ni même moi. Même si j'ai voulu que ses deux filles arrêtent d'être amie, cela est impossible. J'ai voulu les séparer en racontant des mensonges mais malgré tous mes efforts elles font la paix et me laisse de côté. Comme une vulgaire chaussette.
J'ai toujours été jalouse de leur amitié, d'Alba. Depuis qu'elle est entrée dans nos vies, elle m'a pris Catalina, elle m'a séparé de Catalina, elles ont crée une amitié soudée et personne ne peut la briser. Je la déteste un peu car elle m'a remplacée. Volée ma place...
Elle se rend peut-être pas compte mais voler une amie comme Catalina me brise le cœur. Les voir H24 ensemble, mange une partie de vôtre âme et cela me rends plus sombre avec des idées tordues.
Une partie de moi voulait qu'Alba reste dans son coma et qu'elle ne reviendrait jamais, mais d'un autre côté je suis contente que Catalina retrouve sa vraie amie. Sa vraie confidente et qu'elle soit heureuse.
Alba est désormais réveillée, elle va reprendre ma place. Et moi, je serai là, à en vouloir de leur amitié.
La voix de Catalina me fait sortir de mes pensées et me fait poser mes yeux sur elles.
- Je n'arrive pas à y croire, souffle-t-elle. Ça paraît tellement irréel !
- Et moi j'arrive pas à y croire que j'ai dormi pendant huit mois, s'esclaffe Alba.
Cette voix...
Cette voix que je déteste tant, cette voix agaçante.
Ses yeux noirs tombent sur moi et un sourire sincère s'installe sur ses lèvres.
- Tu as beaucoup changé Ale'. Tu m'as l'air plus mature, dit-elle.
Je lui rends son sourire et m'approche vers elle pour la prendre dans mes bras, sous le regard tendre de Catalina.
En la prenant dans mes bras, une boule se forme dans ma gorge et des insultes défilent dans ma tête.
Je n'aime pas faire l'hypocrite, et encore moins devant mon amie d'enfance. Mais si j'ose de dire que je n'apprécie pas sa BBF, c'est sûr qu'elle va me détester et qu'elle me mettra définitivement de côté.
Je n'ai jamais osé de révéler la haine que j'ai envers Alba. Cette haine me bouffe l'esprit, j'ai toujours cette impression qu'une partie de moi se transforme en une mauvaise chose. Parfois des idées malsaines passent dans ma tête, comme tuer Alba.
Je me détache de ses bras un peu trop rapidement.
- Tu t'es enfin décidée de te réveiller. Nous sommes tellement heureuses que tu sois parmi nous, dis-je dans une voix serrée.
- Dès que je me suis réveillée, j'ai pensé à vous, déclare-t-elle. Vous êtes mes seules meilleures amies.
Tu as pensé à Catalina, pas à moi.
Ne supportant plus de voir cette tête, je prétends que ma mère a besoin de moi et sors dans la chambre avec une grosse jalousie. Je sers mes poings pour refouler mes larmes et pars loin de ces deux filles qui se sont malheureusement retrouvées.
**
Deux jours qu'Alba s'est réveillée de son coma. La nouvelle est passée dans toute la ville, ce qui augmente mon agacement.
Sous le regard interrogateur de Ronan, je continue à me défouler sur le punching-ball. Il faut vraiment que je calme cette Alesia diabolique en moi.
- T'es sûre que ça va ? me demande Ronan.
J'ignore sa question et donne plus de puissance dans mon poing. Ma vitesse augmente et la puissante de mes coups s'accentuent.
Je mets dans ma tête que ce punching-ball est Alba et que je rêve de la défoncer. De la voir agonisante, à me supplier d'arrêter. La voir si vulnérable me fait sourire diaboliquement.
- Je t'avais bien dit de débrancher l'assistance respiratoire, mais mademoiselle ne voulait pas faire du mal à sa pseudo meilleure amie, ricane cette maudite voix dans ma tête.
Cette voix est revenue depuis que j'ai vu Alba réveillée. Cette voix me force à faire des choses abominables mais j'ai réussi à la résister grâce à l'aide de ma sœur.
Je me concentre sur le punching-ball mais quelqu'un m'attrape soudainement en arrière, me faisant sortir de ma rêverie.
Je retourne vers la personne, énervée.
- C'est quoi ton putain de problème, mec ?! craché-je en voyant Ronan me regarder.
Malgré ce gars a réussi à faire battre mon cœur, c'est-à-dire, de tomber raide amoureuse de lui – Enfin, je suis pas vraiment amoureuse de lui mais il est beau – Il ne peut pas m'arrêter, il ne peut pas me faire sortir de ma pseudo transe.
- Parle pour toi. T'as quoi en ce moment ? Depuis qu'Alba est réveillée, tu n'es plus de ton état normal, dit-il en plissant ses yeux.
- Laisse-moi tranquille, j'ai pas envie parler de ça avec toi.
Je me retourne et m'apprête à donner un coup de poing, mais Ronan décide toujours à m'agacer en prenant mon bras.
- Ah ah ! C'est Alba la source de ton problème ! crie-t-il, heureux d'avoir trouvé l'énigme. Je suis là si t'as envie de parler de ton problème.
Je baisse les yeux, gênée. Je décide de rien dire et pars vers les vestiaires pour aller me doucher.
- Alors, c'est comme ça tu décides de fuir tes problèmes ? Il y a une personne qui t'proposes de t'écouter, et toi, tu fais la meuf compliquée ?
Mais c'est quoi son problème ? Chacun a ses problèmes. Et mes problèmes le concernent pas. Je ne vois pas pourquoi je lui dévoilerai mon envie de meurtre envers Alba. Je me suis toujours débrouillée seule et je me débrouillerai pour calmer la Alesia diabolique.
- Je ne fuis pas mes problèmes, grincé-je.
- Si. Tu sais, garder ses problèmes sans raconter à une personne peut... te faire changer en quelqu'un de mal. Tu es quelqu'un de bien Alicia et je ne voudrai pas qu'une fille comme toi change.
Personne ne change. C'est juste la vraie personne en toi qui veut se manifester. Et ma vraie personne est diabolique.
- C'est Alesia déjà, rectifié-je. Si j'ai envie de raconter mes problèmes ça ne serait pas avec toi. Est-ce que moi je t'ai posé des questions sur ta vie personnelle ? Est-ce que moi, j'ai posé des questions sur ta mère ? Nooon. Tu vois, parler de ses problèmes à quelqu'un te rends plus en colère et t'as toujours cette envie de tuer. Donc arrête de remuer le couteau dans la plaie car j'ai envie de t'étrangler.
Ses yeux azurs deviennent sombres. Je le laisse dans sa colère et pars prendre une douche.
Cette personne sombre en moi prend peu à peu le contrôle de moi-même et cela m'effraie. J'ai peur si cette personne veut faire du mal aux autres.
Après m'avoir changé, je retrouve Ronan à côté de ma voiture. Il n'a plus l'air d'être en colère.
- Écoute Alesia, je te force pas de me livrer tes problèmes à moi mais au moins parle à quelqu'un ou soit va voir cette personne. Je sais que cette personne est Alba et si j'étais toi, j'irai voir cette Alba pour régler au moins le problème. Elle t'écoutera et peut-être ton problème sera réglé, me conseille-t-il.
Il se dirige vers sa belle moto noire sous mon regard sombre. Il se retourne vers moi avec son fidèle air enjôleur.
- Et tu me remercieras plus tard, ajoute-t-il avec un clin d'œil.
Je me mets à papillonner des yeux tandis qu'il enclenche le moteur de sa moto. Je le regarde partir et décide finalement d'entrer aussi dans ma voiture.
Sans surprise, je retrouve Théo sur le siège passager, me regarder en attendant mon rapport.
- J'arrête de surveiller les gestes de Ronan, soufflé-je. Il est clean et ne donne pas l'air de détruire la mafia.
- Mais ce mec est pas net, ok ?! Tu dois encore le surveiller ! aboie-t-il.
- Bah va demander une autre personne, alors ! Tu m'agaces avec tes fausses idées. Si t'as un problème avec lui, va le régler face à face avec Ronan et puis basta ! m'emporté-je. Après on dit que t'es un bad boy, tu fais peur à tout le monde et patati et patata... mais ce que je vois devant moi n'est qu'un pauvre type sans couille ! Le genre de mec qui me fait pitié. T'es qu'un pauvre idiot, un sombre idiot.
- C'était pas si difficile que ça, rigole cette voix dans ma tête.
Son rire diabolique résonne dans ma tête, me donnant un mal de chien. Je masse lentement ma tête en parlant seule, comme une grosse malade mentale.
- T'es une malade mentale, sombre idiote. D'ailleurs pourquoi on dit pas éclatante idiote ? me soûle la diabolique.
- Tais-toi bon sang, chuchoté-je.
- Éclatante idiote ! crie la diabolique suivit de son rire.
- Putain !
- Alesia, tu me fais peur, couine Théo.
- Il voit enfin ton vrai visage, tu es terrifiante. La terrifiante Alesia !
J'essaye de me concentrer sur Théo mais celui-ci recule dans son siège en mettant ses mains devant lui.
- Au viol ! Au viol ! hurle-t-il, les yeux exprimant sa peur.
Je souris légèrement. Je crois qu'elle s'est enfin calmée.
- Jimenez, dégage dans ma voiture.
- Avec plaisir ! Je te connais pas et je t'es jamais vu !
Avec précipitation il sort enfin de ma bagnole, sous mon regard ennuyé.
Désormais en route, je repense ce que Ronan a dit tout à l'heure. Il faut que je sois franche et je dois voir Alba et lui expliquer ce que je ressens. Peut-être nous deviendrons amie, enfin si elle m'accepte. Ou plutôt si c'est moi qui l'accepte.
Mais en y repensant à Théo, un frisson longe ma colonne vertébrale. Il m'a vu parlé toute seule, il va sûrement le répéter à tout le monde, ou soit il va le répéter à Catalina.
Catalina doit jamais savoir ce que je subis en ce moment, je souhaite que Théo ne le répétera pas.
Cette voix revient dans ma tête et me force de faire des choses horribles. Kidnapper Théo dit-elle.
Jamais je n'oserai faire cela. Catalina tient beaucoup à Théo et cela va probablement la rendre malade, je pense.
J'essaye de la mettre de côté et me gare sur le parking de l'hôpital. Je sors en trombe de ma voiture et pars vers la chambre d'Alba.
– Tu dois tuer Théo ou sinon ton secret sera dévoilé, chantonne-t-elle. Ta meilleure amie va te détester, tu dois le tuer.
De la sueur coule sur mon visage et je sursaute en voyant Catalina devant un distributeur. Elle donne des coups de pieds dans le distributeur, sûrement le produit ne veut pas descendre.
– Ce distributeur sera toi dans quelques heures si tu ne tues pas Théo...
Je détourne le regard et me faufile dans la chambre d'Alba.
Je la retrouve assise sur son miteux lit avec un magazine de mode entre les mains. Elle lève sa tête vers moi et sourit en déposant son magazine à côté d'elle.
– Elle est en face de toi, tu as le temps de la tuer.
Qu'elle taise, bordel !
– Alesia, que fais-tu là ? me questionne Alba.
– Tu as vu comment elle fait sa faux-cul, elle mérite d'être morte cette traînée, gronde-t-elle.
Je tripote mon bracelet et ouvre la bouche pour parler mais aucun son ne sorte.
– Blesse-la ! Blesse-la !
Je ferme mes yeux en craquant mon cou et regarde Alba.
– Je veux que tu me laisses Catalina, lâché-je fermement.
– Pardon ?
– Tu ne comprends pas ? Je veux que tu dégages de ma vie, de sa vie. Tu as pris ma place ! m'emporté-je en tenant ma tête entre mes mains.
– Continue ! me force-t-elle.
Je dois résister, je dois résister. Alba commence à stresser et elle a compris mon intention. C'est trop tard maintenant. Si je ne termine pas elle va le répéter à Catalina et je serai fichue.
– Ale' t'es sûr que--
– Ne m'appelle pas Ale, sale voleuse. Je te donne un avertissement. Tu dégages de notre vie, pars loin et laisse-moi reprendre Catalina !
Je m'approche lentement vers elle et prends son magazine. Je souris diaboliquement devant son minois effrayé.
- Si Catalina a décidé de te prendre sous son aile c'est parce qu'elle avait pitié de toi. Regarde-toi, tu me fais la peine. T'as plus parents, ta grand-mère est morte. T'es seule, maintenant. Ce que je demande est simple : parle loin de Monterrey sinon...
Un rire psychopathe sort entre mes lèvres. Avec une page de son magazine, j'effleure son cou tandis qu'elle respire fort. La page de magazine fait une simple égratignure et du sang commence à s'apparaître. Mon sourire s'agrandit.
- Sinon tu vas rejoindre ta chère grand-mère, terminé-je dans une voix mystérieuse.
Je lui jette son magazine en plein visage et sors de sa chambre avec satisfaction. Et avec les félicitations de la diabolique.
Au moins, elle partira.
Je hais cette fille. Je hais Alba.
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