Chapitre Dix-huit
Lalisa est encore penchée sur mon épaule qu'elle suture, le tout dans un silence si pesant qu'il aurait pu me faire étouffer. Malheureusement le silence est brisé par un son encore plus déchirant ; en effet Daeho est assis sur mes cuisses, le visage caché contre ma poitrine, où il pleure sans retenue. Toute la meute lui a sans cesse répété que son papa était parti et qu'il avait sauvé la meute, mais l'enfant n'était pas capable de comprendre cela et n'entendait que le fait que son père ne reviendrait pas. Moi, je ne me prononçais pas de peur d'effrayer les miens. En effet, tous me disaient qu'ils ne sentaient plus la présence de mon compagnon, qu'il était parti pour la meute, mais moi, qui était lié à lui, j'entendais encore son cœur battre, son nez frémir et son loup s'affoler. Oui je sentais encore toutes ces choses et ceux qui disaient qu'il n'était plus ne le sentaient plus car il était loin de nous, et que la vie commençait à lui manquer. Mais il était toujours là et cela j'en étais certain, mais comme je ne voulais pas perturber le petit je ne faisais que le réconforter d'une main posée sur son dos frêle. Il s'animait dans des sanglots violents et ce même s'il ne connaissait pas vraiment ce que signifie la mort. Il savait juste qu'il ne reverrait plus son papa et c'est cela qui le tuait. Il se sentait abandonné et totalement désarmé, alors il pleurait et se laissait aller dans mes bras.
Lorsque la suture fut terminée je remerciai Lalisa et quittai son cabinet sans un mot. Je tenais d'un bras Daeho, gardant l'autre le long de mon corps en attendant que la cicatrisation se fasse. L'entendre couiner contre mon oreille me fis frémir de désespoir. A moi aussi il me manquait mais si je me mettais à pleurer j'allais très certainement me laisser sombrer dans dépression, et cela aurait été très mauvais pour la meute. Ils avaient déjà perdu un chef, alors si maintenant le second perdait tout son sens de meneur ils n'avaient plus aucunes chances. J'avais donc prit avec moi Daeho chez sa tante et l'avais allongé dans le canapé. Ses petits yeux gris s'étaient rougis alors que du bout de ses minuscules poings blancs il essuyait ses larmes qui brûlaient sa peau encore fragile. Il reniflait et toussait chaque fois qu'il prenait une trop grande inspiration, alors pour le calmer je m'étais mis à lui caresser l'arête du nez. Depuis tout petit il avait démontré que si nous caressions cet emplacement il se calmait. D'ailleurs peu à peu son chagrin s'était calmé et il avait pu poser son regard sur mon visage attristé. Il avait son petit menton tout tremblant mais ses larmes s'étaient arrêtées pour une petite durée.
Délicatement j'avais reporté mes doigts sur ce menton que j'avais immobilisé avec douceur. Il avait mal, je savais ce qu'il ressentait, mais moi j'avais encore de l'espoir, lui n'en avait plus. Je m'étais alors persuadé que j'avais pour mission de lui ramener son papa, coûte que coûte. D'un côté j'avais peur de l'abandonner, après tout je risquais sûrement ma vie, mais je ne voulais pas laisser tomber si facilement. Ainsi, j'avais embrassé le bout de son nez gelé de larmes et l'avais couvert avec le plaid que ma sœur gardait sur son canapé. D'une main je caressais sa main fermée sur le plaid blanc tandis que de l'autre je caressais ses longs cheveux gris. Il fermait doucement les yeux mais je savais bien qu'il se battait contre le sommeil pour me sentir encore à ses côtés.
« Namjoon, tu vas aller le chercher ? Tu sais bien qu'il ne mérite pas que tu abandonnes Daeho. »
« Je n'abandonne pas mon fils, je vais simplement lui ramener son père. Ramener celui dont je suis fou amoureux. Tu ne comprendras surement jamais pourquoi je suis fou de lui mais c'est ainsi, je l'aime et je vais aller le chercher. D'ailleurs je sais qu'il est en vie et je sais que tu le sens aussi. »
Chaerin ne répondit pas, sachant pertinemment que j'avais raison sur toute la ligne. Si elle avait trouvé son alpha elle aurait elle aussi tout tenté pour le sauver, et ce même si elle avait un petit qui l'attendait à la maison. La famille sans Yoongi ce n'était plus rien, nous avions besoin de lui, il était le pilier principal de cette famille et sans lui je n'étais plus. J'avais aussi besoin de lui pour diriger la meute, besoin de le voir me sourire pour que je puisse continuer à marcher. Son sourire était tout à mes yeux et même si j'étais malheureux le voir rire et esquisser un simple sourire me faisait un bien fou. Mes soirs d'insomnie je me voyais encore le regarder endormit et paisible, je le voyais encore lorsqu'il était arrivé dans mon village, et qu'il était paniqué d'apprendre qu'il devait se lier à un mâle. Je me rappelle la joie qui m'avait prise lorsque sa mère m'avait autorisé à l'approcher, lorsqu'elle m'avait donné la chance de devenir son héros. C'était sûrement égoïste de ma part, sachant que je voulais lui prouver qu'il devait m'appartenir, et je n'avais pas pris en compte son avis car il était omega. A présent, celui qui menait le plus ma vie et celle de la meute c'était lui. Il s'en sortait au moins dix fois mieux que moi et au final il avait été celui qui n'avait pas fui. Il aurait pu prendre ses jambes à son cou lorsque j'avais pris une balle, mais il m'avait soutenu jusqu'au bout et était resté quitte à perdre la vie.
C'était décidé j'allais aller le chercher, je n'avais pas d'autre choix que de le retrouver, je n'étais pas capable de passer à autre chose comme l'avait fait Jungkook après la mort de Taehyung. Je ne pouvais imaginer meilleur père pour DaeHo et meilleur compagnon dans mon quotidien ainsi que dans celui la meute. Ainsi, j'avais fait dormir le petit, caressant doucement ses cheveux et ses paupières closes. Une fois que son sommeil enfantin l'eut emporté je m'étais dirigé vers la porte, les yeux encore larmoyants et les doigts tremblants. J'avais peur de ce que je pouvais bien trouver mais j'étais sûr qu'il n'y avait pas meilleure solution, de plus je savais mon fils entre de bonnes mains avec sa tante.
J'avais directement prit la route vers la forêt pour retrouver l'emplacement de l'attaque. Ce ne fut pas dur tant l'endroit mêlait des odeurs de sang, de lutte et d'humains. Mais, étrangement, il n'y avait pas que cela et lorsque j'avais pénétré dans l'excavation rocheuse où tous ces hommes avaient trouvé refuge, j'avais senti cette odeur encore plus. Parmi eux il y avait une femme, une femme dont l'odeur avait pressé mon cœur. C'était difficile à croire mais mon loup sentait bien la présence de la mère de Yoongi. J'avais un instant pensé que je m'étais trompé et que sa mère n'avait pas pu être là, à lui faire du mal, mais non, je connaissais cette odeur pour l'avoir longuement côtoyée mais aussi car ses phéromones se rapprochent de celles de mon fiancé. Un long frisson parcouru mon corps lorsque je senti par-dessus tout cela l'odeur de mon compagnon. Le vent passait dans mes cheveux dans une caresse tandis que je serrai mes bras autour de ma poitrine. Je ne le sentais qu'à cet emplacement et je n'avais pas l'impression qu'ils l'aient déplacé vivant. Ils avaient sûrement emporté son corps mais cela je ne le sentais qu'à peine. Même mon loup avait l'air de s'être caché pour mieux se laisser emporter dans la dépression.
J'avais levé les yeux vers le ciel nuageux me laissant retomber sur la mousse au sol. Mon corps était totalement contracté à force de retenir mes larmes tandis que je regardais avec insistance une touffe de poils noirs voleter au vent. J'avais attrapé cette fourrure noire et l'avais postée devant mes yeux. Ils avaient dû glisser le corps de mon amant contre la roche ainsi un petit morceau de sa fourrure s'était piégée dans la roche brunâtre. Mais ce qui m'intriguais était le fait qu'il s'agissait d'une touffe de poils et non d'une mèche de cheveux. En effet si l'on y réfléchit, si Yoongi était parti son corps serait redevenu celui d'un homme et la touffe de poils serait redevenue une mèche de cheveux. Ravalant mes sanglots je m'étais relevé et avait fouillé des yeux alentours. Je devais au plus vite trouver où ils l'avaient emporté tout simplement car s'il restait sous sa forme lycante trop longtemps nous risquions de le perdre. En effet, le fait que j'avais entre les doigts un résidu de sa fourrure prouvait que Yoongi maintenait avec ses dernières forces sa forme de loup. Je ne savais dire pourquoi il restait sous cette forme plutôt que de redevenir humain mais cela signifiait sûrement qu'il était en compagnie de personnalités dangereuses.
J'avais rapidement prit la direction de la route martelant le sol humide de la forêt de pas rapides tout en emplissant mes poumons de grandes quantités d'air frais. Mes yeux s'humidifiaient d'espoir tandis que j'accélérais encore ma course. Le vent fouettait mes oreilles que je sentais rougir de froid, mais ce que j'entendais surtout étaient les battements frénétiques de mon cœur affolé. C'est alors qu'un long frisson parcouru mon échine. Je savais que je pouvais me transformer en plein jour si cela était nécessaire et mon instinct avait décidé qu'il était temps pour moi d'utiliser cette faculté. Ainsi, tout en courant à toute vitesse je m'étais dévêtu et avait laissé mon loup prendre le dessus. La douleur de la transformation me toucha à peine et j'avais repris ma forme animale. J'avais ainsi pu prendre encore plus de vitesse, ne faisant pas attention au fait que je courais sur ma patte blessée. Je sentais la terre s'écraser sous mes pattes, tâchant ma fourrure d'une couleur brune provenant de la terre sur laquelle je courais.
Je ne m'étais arrêté dans ma course seulement lorsque je vis la route se profiler face à moi. J'avais levé le nez, reniflant d'abord l'air qui m'entourait, avant de poser ma truffe sur le sol. Les phéromones et les odeurs des pins se mêlaient si bien qu'il était difficile de tracer un chemin parfait vers l'emplacement où se trouvait Yoongi. Fort heureusement j'avais encore ma conscience humaine qui me guidait et j'avais pu me rendre compte que la terre avait été retournée par une voiture. En effet, j'avais retrouvé de profondes tranchées dans la terre causées par les roues d'une voiture. Celle-ci devait être d'une certaine taille au vu de la profondeur des traces de pneus. J'avais prudemment suivit ces traces qui s'étaient directement dirigées vers la grande route rocailleuse. Là, les seuls indices de passages étaient des traces de terre et quelques roches retournées. Ainsi, j'avais suivit la piste le tout en restant caché entre les arbres. Après tout j'étais très facilement repérable avec ma fourrure trop claire et mes yeux qui reflétaient la lumière du jour. J'avais la chance qu'il n'y avait aucunes voitures qui empruntaient cette route, ou seulement très peu. En effet, je n'avais vu qu'une seule voiture et elle était conduite par une femme au téléphone. Pour ne pas me faire repérer je m'étais rapidement enfoncé entre les arbres même si de toutes manières je savais qu'elle ne m'avait pas vu, étant trop occupée à téléphoner au volant.
Après une longue piste je m'étais retrouvé à un carrefour où les traces s'étaient effacées car d'autres voitures étaient passées. Je me sentais désespéré si bien que je m'étais allongé, les pattes croisées pour y laisser reposer ma tête qui se faisait lourde. J'avais trop de pensées, trop de questions qui tournaient dans mon crâne, mais aucunes réponses ne se profilaient. Je ne pensais qu'à mon amant surement blessé et en danger de mort. Je me promettais de le retrouver et de tout faire pour lui s'il revenait en vie. Je m'étais même promis d'officialiser notre relation, de le laisser participer un peu plus aux devoirs de la meute, d'arrêter de lui hurler dessus lorsque DaeHo faisait quelque chose, et arrêter de l'accuser pour tout et rien. J'aurais dû lui dire que j'étais fier de lui, de ce qu'il avait fait du petit, fier qu'il ait sut donner la vie en étant un mâle omega de naissance, fier de l'avoir à mes côtés pour diriger une meute, et encore plus fier qu'il montre un caractère d'alpha. Aucuns loups n'avaient osé posé un doigt sur lui et par le simple fait qu'il était très dominant. Mais à présent j'étais allongé à même la terre laissant le vent agiter mes poils sous son assaut, incapable de continuer la piste. Les odeurs s'étaient envolées, les traces effacées et la seule forme de vie à des kilomètres était à la ville...
C'est alors qu'un éclair de géni passa dans mon esprit et je m'étais lancé dans la forêt. Je courais à toute vitesse vers la grande ville que l'on pouvait atteindre par cette petite route de forêt. J'étais persuadé d'y trouver Yoongi alors je m'étais élancé entre les arbres, éternuant lorsque j'inspirais un peu trop les pollens qui se trouvaient dans l'air. Le printemps était sur nous, mais le ciel était si gris que j'aurais cru que le temps reflétait mon état psychologique...
Mais, faisant fit du temps et des premières gouttes de pluies qui tombaient sur mon nez je m'étais précipité jusqu'à l'entrée de la ville au cœur des arbres de la forêt. Face à cet endroit mon nez s'emplit des phéromones qui se dégageaient des hommes présents et j'avais pu sentir la présence de mon compagnon. Mes pupilles se dilatèrent considérablement tandis que je fouillais l'air pour trouver dans quelle direction je devais me diriger, le tout en restant caché entre les arbres. C'est alors que je vis un père et son fils pénétrer dans la forêt, leurs mains posées sur des armes à feu. Le père était un homme plutôt grand à la carrure d'un pilier de bar. Son fils, lui, avait l'air plutôt calme. Il avait des yeux bleus en amande ainsi que des cheveux blonds posés sous une casquette de baseball. Il avait retiré sa veste ; qui était au nom des Buffalo Bills, une grande équipe de football américain ; qu'il avait nouée autour de sa taille fine.
« Papa, je ne suis pas sûr que l'on doive se lancer à la recherche de la meute. Certes le maire a trouvé un couple de loups mais cela ne veut pas dire qu'ils sont une meute. »
« Au vu de leur comportement on en a déduit qu'ils protégeaient une meute, ou peut-être des petits. Il faut qu'on les retrouve tous. Ils mettent en danger notre ville, les enfants, et même les adultes. Imagine que tu sortes de l'école et que l'un d'eux se jette sur toi car il mourrait de faim. En plus, ils sont immenses. Je ne sais pas de quelle espèce il s'agit mais ils sont monstrueux. Deux fois plus gros qu'un chien. Aussi gros qu'un petit ours. »
« Papa moi aussi je l'ai vu le loup quand vous l'avez ramené, il avait juste l'air effrayé, blessé, et il était plutôt chétif... »
« Il était juste plus mince que l'autre. Mais le mâle qui l'accompagnait était immense, et blanc comme la neige. J'espère l'avoir celui-ci et récupérer sa peau. »
Le garçon plissa les yeux et regarda de mon côté. J'étais caché dans un fourré en fleur mais je savais bien qu'il avait vu ma fourrure blanche en dépasser. Mais il ne fit rien et détourna le regard pour montrer à son père la direction opposée à la mienne. Il venait de me sauver et avait hurlé à son père qu'il avait vu du mouvement plus loin dans la forêt. Ce gamin m'avait souri avant de se mettre à courir après son père qui s'était précipité vers l'emplacement désigné par le garçon. Je ne sais pourquoi il avait eu si confiance en moi, surtout qu'il n'est pas un loup et qu'il n'avait pas ressenti le fait que je sois un alpha. Il m'avait juste aidé, sauvé pour ne pas que son père ne mette fin à mes jours. Je détestais les humains pour leur cruauté, mais celui-ci était d'une douceur qui je savais apprécier. Il ne me manquait plus de trouver un moyen d'entrer dans la ville avant que le soleil ne se couche et que mon compagnon ne tombe de fatigue. Quoi de plus simple qu'entrer dans une ville qui veut tuer tous les loups ? En effet soit j'entrais sous cette forme, soit complètement nu... Que faire ?...
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Annyeong! J'écris actuellement le chapitre 26 et j'approche de la fin! :3 yas! Apres cette histoire je continuerai mes ff en cours et je finirai pas poster un nouveau projet sue j'écris en ce moment :3 ♡
Gros bisous!
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