Chapitre 1
" Break free from the voices in my head "
Voices
Les lumières de fête de fin d'année étaient déjà placées dans toute la ville. La fine couche de neige au sol, sur les habitations et la végétation, donnait un côté féerique à la ville de Séoul. Le chaud de l'été avait laissé place au froid de l'hiver. Les habitants avaient revêtu leur blouson, leur bonnet enfoncé sur leur tête, leur écharpe dans leur cou, leurs gants sur leurs mains. La lune venait de se réveiller de son long sommeil pourtant, les allées étaient animés. Les gens déambulaient joyeusement, jouaient un brouhaha harmonieux en complément des transports. Dans les rues, les petites boutiques chaleureuses de tous types renfermaient la joie et la gaieté de la population.
Minho regarda un instant par la fenêtre d'un petit restaurant traditionnel pour voir des parents et leurs deux enfants rire d'une grimace que faisait le plus jeune pour amuser la galerie. Minho sourit légèrement face à ce spectacle. Lui n'avait jamais eu le droit à ce bonheur simple. On le lui avait arraché dans son enfance. Un flocon se posa sur son nez et le fit frissonner. Le jeune homme n'était plus habitué au froid de l'hiver dans son pays. Passé, son temps dans des pays où il ne neigeait pas l'avait renforcé à supporter la chaleur, pas le froid. Il frissonna légèrement à nouveau et soupira de la fumée blanche, dans ses pensées. Pourrait-il un jour vivre la vie qu'il avait toujours voulu vivre ? Une vie simple fait d'un bonheur innocent ? Une main se posa sur son épaule et le sortit de son esprit.
- Tout va bien Minho ?
Il se tourna vers Changbin qui avait l'air inquiet. Il en aurait presque oublié la présence du jeune homme. Il hocha la tête simplement en détournant le regard.
- Ça fait longtemps que je n'étais pas revenu. Tu sais, je n'ai pas vraiment de famille ici. J'enchaîne les missions loin de la Corée sans pause depuis des années maintenant.
- Je vois... Mais tu sais, maintenant, ça sera moins dur qu'à l'armée. On va faire une sorte de baby-sitting pour un riche.
Minho ricana. Si seulement c'était le cas. Lui voyait plutôt tout ça comme le renouveau de l'enfer qu'il avait réussi à fuir. Il fixa un moment le sol. Ses pas écrasaient la neige au sol, dans un petit bruit étouffé. Il ne se rappelait plus de la dernière fois qu'il avait vu de la neige. Cela remontait à des années maintenant.
- Ce n'est pas le fameux Han Jisung qu'on doit protéger ? demanda le noiraud soudainement.
Le brun releva la tête. Les écrans géants diffusaient diverses pubs, passant de produits de beauté à de nouvelles technologies. Mais sur un écran, un visage apparu, chantant dans un micro. Le jeune homme avait les cheveux bleutés, un sourire arrogant sur le visage, un charisme naturel. Il avait beaucoup changé, du moins, c'était l'impression qu'il renvoyait. Puis un journaliste apparu à côté des images diffusées avec des sous-titres. Il se mit à les lire, intrigué par cette étrange publicité. Han était décrit comme la star montante de la K-pop, appartenant au label "The Quokka's Label". Puis, il parla d'un enlèvement, d'acte de torture, et d'une pause de ses activités qui durait depuis un peu plus d'un mois maintenant. Son cœur rata un battement. Un enlèvement ? Han avait été enlevé ? Ses mains se mirent à trembler, son cœur au bord des lèvres. Il ne s'était pas renseigner sur la mission. Comme à l'armée, il exécutait les ordres sans poser de question. Mais apprendre qu'il était revenu parce que Han avait été enlevé lui faisait un choc. Il s'arrêta net, incapable de regarder autre chose que le visage rayonnant de la jeune star. Son ami, qui n'avait pas encore lu les nouvelles, remarqua son trouble.
- Tu es sûr que tout va bien ? Depuis qu'on est arrivé, tu n'es pas du tout avec moi. Enfin plus que d'habitude. Tu le connais ou pas ?
Un silence s'installa. Bien sûr qu'il le connaissait, la question paraissait absurde. Enfin, plus maintenant. Il le reconnaissait à peine en réalité. Il était sûrement devenu un fantôme dans le passé du bleuté, un vague souvenir qui disparaissait de jour en jour. Pourtant, lui, n'avait jamais pu l'oublier. Il s'était gravé en lui. Que ce soit son sourire, son rire, son humour, ses joues rebondies, ses yeux rieurs, ses maladresses. Il se souvenait de tout, et de tous les petits détails à savoir pour rendre heureux le jeune homme. Et quand ça n'allait pas fort, il pensait à Jisung. Il devrait le détester, vouloir le faire disparaître de son esprit. Mais comme une boite à souvenir trop lourde pour une personne âgée, c'était trop lui demander. Il avait été en réalité sa seule source de joie durant toutes ces années. Même si physiquement, il ne l'avait pas vu, il avait été dans son esprit à chaque instant. Et même si parfois le jeune homme pouvait se comporter comme un véritable crétin égoïste, il avait fait partie de son enfance. L'avouer était douloureux, cela remuait un passé qui aurait mieux fait de rester enterré.
- Oui. J'ai vécu avec lui, lâcha le brun sans plus d'information.
Le noiraud, sous le choc, s'approcha, les étoiles pleins les yeux.
- Nan, tu déconnes ? Mais c'est incroyable comme histoire, raconte !
Le jeune homme soupira discrètement. Si seulement il savait... Quand il releva la tête, ils se dirigeaient vers un arrêt de bus. On leur avait donné rendez-vous ici. Il trouvait ça un peu idiot. Ce n'était pas du tout discret. Un écran se situait juste en face, montrant encore le bleuté en concert pour changer. Encore et toujours. Il devait avouer qu'il avait bien grandi. Il était devenu vraiment beau. Deux jeunes filles attendaient aussi à l'arrêt. Elles regardaient l'écran avec attention, presque hypnotisées. Minho les observa du coin des yeux.
- Tu penses qu'il va bien ? demanda la première.
- Mais oui ne t'inquiète pas ! Je suis persuadée qu'il reviendra bientôt. Roh la la, tu as vu comment il est trop beau ??? Il est si parfait !! J'aimerais tellement me marier avec lui !!!
Les deux filles soupirèrent rêveusement devant le visage numérique de la star. Le brun ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Des fans qui ne le connaissaient pas vraiment. Un fantasme crée à partir d'une image et d'une personnalité monté de toute pièces. Et soudain, une envie de s'exprimer monta. Non, il était loin d'être parfait. Il avait même de nombreux défauts. Il était capricieux, tête de mule, incapable de gérer ses émotions, et il en passait. Parce qu'il devait aussi se rappeler de ses défauts, et ne pas l'idéaliser.
- C'est qu'un crétin, lâcha t'il finalement.
L'une des filles se retourna, sourcils froncés, tandis que Changbin sourit en coin un peu en recul. Enfin, il retrouvait son Minho arrogant, sûr de lui. Son Minho capable de tuer d'un seul regard si on le cherchait. Depuis qu'ils étaient arrivés, il l'avait trouvé différent. Comme s'il s'était transformé en petit chaton égaré, apeuré par le monde extérieur. Rien à voir avec l'un des meilleurs soldats de l'armée, doué avec les armes et le combats au corps-à-corps, arrogant, froid, toujours sûr de lui.
Elle allait répliquer quand elle se figea. Le jeune homme en face d'elle fixait le sol. Les cheveux bruns court, un visage froid. Il portait une doudoune qui donnait l'impression qu'il pouvait disparaître à tout moment, main dans les poches. Changbin était presque entièrement caché derrière cette doudoune.
- Je... Je ne vous permets pas de le juger ! Jisung est parfait !
Un ricanement léger retenti entre ses lèvres, puis il tourna son regard glacial vers elle, sérieux.
- Parfait ? Nan, sérieusement, on ne parle pas du même type. fini-il par répondre sans sourire.
Les jeunes filles frissonnèrent. L'autre aurait voulu répondre mais une voiture noire vint se garer devant eux. La vitre teintée descendit. Un homme aux lunettes noires se tourna vers les deux garçons.
- Montez. Monsieur Han vous attend.
Sans plus discuter, les deux amis montèrent dans la voiture sans regarder derrière eux. Les filles ouvrirent de grands yeux. Han, comme Han Jisung ? La voiture redémarra ensuite rapidement, laissant les filles dans le plus grand des mystères. Un silence s'installa puis Changbin éclata de rire.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris, sérieux ?
- J..Je sais pas. Il est loin d'être parfait, c'est tout.
Son esprit néanmoins ne lui renvoyait que des images parfaites du jeune homme. Et il ne voulait pas se rappeler des mauvais souvenirs. Il savait qu'il était totalement illogique à raisonner comme ça. La voiture roulait dans les avenues de la ville. La lumière régulière des réverbères l'hypnotisait. Il finit par réaliser qu'il s'éloignait du centre de la ville. A chaque seconde qui le rapprochait de cette maison, Minho sentait l'angoisse monter. Lui qui n'avait pas peur de la mort, qui avait été parfois blessé grièvement, torturé, qui avait faillit mourir, avait peur d'une simple maison et des souvenirs à l'intérieur. Il se trouvait ridicule et il commençait sérieusement à appréhender les retrouvailles. Après tout ce qu'il s'était passé, il y avait de quoi avoir peur. Le noiraud voyait bien l'état de son ami, mais il ne savait pas quoi faire. Il avait combattu ensemble et pourtant, il ne l'avait jamais vu aussi perturbé de toute sa vie. Il lui poserait des questions plus tard pour comprendre. Pour l'instant, il sentait qu'il avait besoin de temps et d'espace.
La voiture finit par rentrer dans une grande cours. Elle s'arrêta et il fallut au jeune homme quelques secondes pour vérifier qu'il ne laissait transparaître aucune émotion. De manière robotique, il sortit de la voiture, le regard vide. Revenir dans l'enfer de son enfance ne l'enchantait guère. La devanture de la maison n'avait pas changé. Une immense demeure dans le style des vieilles maisons de maître, de couleur crème, avec tous l'équipement nécessaires pour les riches et les gosses de riches. Il remarqua un seul volet fermé, celui de la chambre de Jisung. Il frissonna, remit son écharpe correctement pour lui permettre de prendre le temps de contrôler le tremblement de ses jambes. Il sentait bien toutes les parcelles de son corps le supplier de repartir, de ne pas rentrer. Mais il n'avait pas vraiment le choix.
Changbin passa une main discrètement dans son dos pour l'encourager. D'un regard, le brun le remercia. Il ne se connaissait pas si bien que ça, mais le noiraud l'avait toujours supporté sans le juger. Ils montèrent l'escalier extérieur ensemble. Les portes étaient ouvertes, avec de chaque côté une rangée de majordomes et de domestiques. Tous s'inclinèrent quand ils rentrèrent à l'intérieur. Le regard de Minho passa rapidement sur chaque personne du personnel avant de remarquer une jeune fille brune aux cheveux longs. Il avait la sensation de la connaître. Et quand elle redressa légèrement la tête, il n'eut plus de doute. Yeji. Il la reconnaissait, même 12 ans plus tard. Il lui finit un clin d'œil discret puis regarda naturellement autour de lui, les murs, le plafond, le sol, comme si de rien était.
- Vos affaires ont été emmenées dans vos chambres respectives à l'étage, dit un majordome en s'inclinant.
Minho hocha la tête tandis que les domestiques se mettaient à nouveau au travail. Il plaça une main de sa poche, laissant 3 doigts sortir de sa poche, puis regarda Changbin.
- Je vais aller voir monsieur Han. Va voir si son fils va bien.
Il se tourna vers Yeji, sorti sa main de sa poche, l'invita à s'approcher. Elle s'inclina en baissant la tête avec respect.
- Que puis-je faire pour vous ?
- Emmenez monsieur Ceo voir monsieur Han Jisung.
- Entendu.
Elle épousseta sa robe avant de demander au noiraud de la suite, puis elle disparue. Minho sourit légèrement. Elle avait reçu le message. La jeune femme avait tellement grandi. Il avait du mal à se dire qu'elle était devenu aussi belle. Mais elle n'était pas la seule à avoir changé. Il remarqua aussi que le hall avait été modifié. Des couleurs lumineuses avaient absorbé les décorations ternes de son enfance. Ce qui était étrange. Le père n'était pas du genre déco et sa femme n'avait le droit de ne rien faire, de ne rien toucher.
Maintenant, il devait aller voir le maître de la maison. Le brun se donna intérieurement du courage avant de monter à nouveau des escaliers pour aller à l'étage. Malgré le renouveau de couleur, il restait toujours la même ambiance angoissante dans les murs. Il avait l'impression de redevenir cet enfant martyrisé, apeuré qu'il était autre fois. Un instant, il fut pris de vertiges, s'appuya contre un mur. Son corps commençait à se braquer. Il ne voulait plus avancer. Trop de souvenirs venaient le bombarder de souffrance endurée qui remontait à la surface. Il soupira sous le coup de l'émotion vive qu'il venait de ressentir. Malgré les années, certains traumatismes ne voulaient pas disparaître. Minho se redressa en ravalant ses sentiments, comme il l'avait toujours fait. Il continua d'avancer, plus lentement cette fois-ci, pour se donner un peu de temps, de répit. Ces couloirs avaient l'air infinis et pourtant si rapides à traverser. Il se retrouva presque soudainement devant deux énormes portes en bois foncé. Elles étaient sculptées magnifiquement avec des reliefs. Deux poignées dorées servaient de sonnette. Les battements de son cœur s'accélérèrent. Pourquoi tout devait toujours le ramener à cette porte ?
Toute sa vie en dehors de ses murs, il avait tenté d'oublier, de passer à autre chose. Mais tout le ramenait à cette porte, c'était le destin qu'on lui avait imposé. Il n'avait plus le choix, il ne l'avait jamais eu. Même à l'autre bout du monde, il se serait à nouveau retrouvé devant cette porte qui enfermait tant de souffrance. Il prit la poignée et la frappa contre la porte deux fois, sans faire trop de bruit. Les codes de la maison revenaient rapidement dans sa mémoire, comme si elle avait été gravée au fer rouge. Une voix gronda un "entrée", ce qui fit frissonner le jeune homme. La guerre aurait dû le forger à traverser cette épreuve. Néanmoins, rien n'avait changé. Il était toujours ce petit garçon de 12 ans, la boule au ventre de savoir ce qui allait se passer derrière cette séparation en bois. Alors sans plus réfléchir, il ouvrit la lourde porte de Pandore.
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Voici le premier chapitre, j'espère que l'histoire vous plaira ! A nouveau, n'hésiter pas à commenter et à faire des remarques constructives.
J'ai attendu deux semaines parce que j'ai énormément de chose à faire et que je n'ai pas beaucoup d'avance ! Mais je vais essayer de rattraper tout ça pendant les vacances.
A bientôt !
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