Chapitre 5
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandé-je à Darel.
- Aucune idée. Mieux vaut que j'aille vérifier.
Il se tourne alors vers moi.
- Restez ici, me dit-il sur le même ton auquel on parle à un enfant. Je ne serai pas long.
- Mais...
- Les criminels qui ont fait cela sont peut-être encore sur place, alors ce peut être dangereux.
- Pourquoi seraient-ils restés ?
- Ils aiment bien voir l'étendue des dégâts. Je dois aussi m'assurer qu'il n'y ait pas de victimes. J'espère seulement qu'ils ont eu le temps de sortir avant l'incendie.
Moi également.
Darel stationne la voiture derrière les arbres à l'abri des regards et ouvre sa portière. Il disparaît ensuite sans ajouter quoi que ce soit. Super ! Me voilà seule dans les bois. Je décide de verrouiller la voiture par précaution et me ronge les ongles en attendant le retour de l'agent.
Le temps passe.
Encore.
Encore
Et encore.
Cela fait maintenant une demi-heure que Darel est parti et aucun signe de lui. Lui a-t-on tendu un piège ?
J'hésite entre rester dans la voiture et aller le rejoindre. Si je sors et qu'il l'apprend, il va me tomber dessus. Toutefois, s'il est en mauvaise posture et que je lui sauve la vie...voyons, Sarah, arrête de faire comme si tu te trouvais dans un film !
En plus, je ne sais même pas me battre, alors je ne vois pas comment je pourrais aider Darel.
Je cherche une occupation, mais à l'exception de compter mes grains de beauté, je ne trouve rien d'autre.
Il n'y a que des arbres aux alentours, alors rien qui puisse me désennuyer.
Tiens ! Une épinette ! Oh ! Un sapin !
Je pourrais piquer un petit roupillon, même si je n'ai pas vraiment sommeil. En fait, j'ai trop d'adrénaline pour avoir le goût de dormir. Ma vie n'a jamais été aussi trépidante auparavant. C'est tout de même excitant de songer qu'un jour, il pourrait y avoir un film sur mon histoire. La virée de Sarah. Ça sonne plutôt bien...
Je suis en train de rêvasser lorsque je vois les branchages s'agiter à une dizaine de mètres de la voiture. Soulagée que Darel revienne enfin, je me dépêche de sortir de la voiture.
- Ce n'est pas trop tôt ! lançé-je en voyant apparaître sa silhouette.
Sauf que ce n'est pas Darel.
Darel est moins costaud. J'ai l'impression qu'il s'agit d'un yéti !
Je n'ai toutefois pas le temps de réfléchir que l'individu braque une arme sur moi.
Merde ! Il veut ma peau !
Je me cache derrière la portière au moment où il fait feu. Je compte cinq détonations et je ferme les yeux en paniquant.
Oh mon Dieu ! Je vais mourir. J'ai une dernière pensée pour Darel. Il aura fait tout ces efforts pour rien.
Alors que je fais une prière, j'entends d'autres détonations puis...plus rien.
Je réalise que je suis toujours vivante, accroupie derrière la portière. Je me suis presque pissé dessus tellement j'ai eu peur. Je tremble au point où je suis incapable de bouger.
Le silence est revenu, enfin presque. J'entends des voix masculines que je ne reconnais pas. L'individu a-t-il appelé des renforts ? Ont-ils décidé de m'égorger ?
Je tente un discret coup d'œil et j'aperçois un corps étendu dans une marre de sang. Trois personnes sont penchées sur lui et parlent ensemble. Je profite du fait qu'ils ne portent pas attention à moi pour me remettre sur pieds et je cours dans la direction opposée.
- Hey ! crie un homme à mon encontre.
Je ne réponds pas et je continue de sprinter le plus loin possible. Tant pis pour Darel. Je veux d'abord sauver ma peau. Je cours à travers les arbres en direction de la route. Au pire, je ferai du pouce pour rentre chez moi.
J'entends alors un bruit de pas derrière moi. On me suit. Et, apparemment, on me rattrape. Je zigzague entre les arbres afin de le semer, mais malheureusement, je ne suis pas très bonne à la course.
On empoigne tout à coup mon coude et je tombe par terre tandis qu'on me retient les deux bras derrière le dos.
- Lâchez-moi ! hurlé-je en essayant de me débattre.
- Ma foi ! Tu es une vraie furie, toi ! me hèle mon agresseur.
- Lâche-là, Derek, fait une voix que je reconnais aussitôt.
Le soulagement est de courte durée, car je suis si furieuse que j'ai envie de buter moi-même l'agent.
- Désolé, me dit Darel en m'aidant à me relever. La mafia a tendu une embuscade à mon équipe et j'ai dû les libérer avant de revenir vous chercher. Malheureusement, l'un d'eux vous a trouvée avant que je ne revienne.
Je croise les bras sur ma poitrine en fixant les trois inconnus qui me dévisagent.
- Les gars, voici Sarah, la sœur d'Ethan.
- C'est elle ? fait un type qui parait avoir la petite trentaine.
Il est assez grand et costaux, a les cheveux courts châtain clair, un nez aquilin et un menton plutôt pointu. Il a un petit sourire en coin en me fixant et a l'air plutôt sympathique, si on enlève le fait qu'il a manqué me déboîter l'épaule lorsqu'il m'a attrapée.
- Je l'aurais parié, dit le type. Ils ont les mêmes sourcils !
Hein ! Qu'est-ce que c'est que cette remarque ? Les mêmes yeux, d'accord. Le même nez ou la même bouche, ça passe, mais les sourcils ?
- Qu'est-ce qu'ils ont, mes sourcils ? lui lançé-je, piquée.
- Ils sont aussi fournis que des chenilles.
Finalement, je retire ce que j'ai dit. Ce mec n'est pas sympathique.
- Ne te braque pas, ajoute-t-il avec un petit air narquois. C'est mignon, une chenille. En plus, ça devient un beau papillon. C'est juste un peu poilu.
J'ouvre la bouche, outrée.
- C'est tendance de donner à ses sourcils un look naturel, rétorqué-je. Et au moins, je n'ai pas le nez de Pinocchio, moi !
Les autres éclatent de rire, mais je n'ai vraiment pas le goût de ma joindre à eux.
- Tu l'excuseras, me dit un autre mec. Il ne sait vraiment pas parler aux femmes.
Je l'aime bien, lui. C'est toujours plaisant de se faire comparer à une femme, et non à une gamine.
- Je m'appelle Jaime, se présente-t-il en me tendant la main, que je m'empresse de serrer.
Son regard doux et amical me met immédiatement à l'aise. Il possède un teint des pays du Sud, des yeux noisette, des cheveux coupés mi-longs qui lui donnent du style et il est aussi grand que Darel.
- Et je suis Nathan, se présente le troisième gars.
Il est noir de peau, a le crâne rasé et est immense. Il doit mesure presque deux mètres.
Je recule d'un pas, apeurée par l'allure de prisonnier du mec. En plus, il est tatoué sur l'intégralité de ses bras.
- Ne t'inquiète pas, je ne mors pas, rigole-t-il.
- Désolée, m'excusé-je, gênée.
- Tout le monde a cette réaction en le voyant, me dit Jaime. D'autant plus que Nathan est comme un gros nounours, les poils en moins.
Cette fois-ci, je ris avec les autres. Seul Darel reste sérieux.
- Cet enfoiré a détruit la voiture, remarque-t-il.
- Ne t'inquiète pas, mec, le rassure aussitôt Derek. Le garage est intact. Il y a une petite Mercedes qui n'attend que toi.
Darel grimace, signe qu'il n'apprécie pas cette voiture. Il parait difficile pour les bagnoles. L'est-il autant pour les femmes ? Et pourquoi je pense à ça, moi ?
Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Je suis encore sous le choc, alors mes pensées sont déviantes.
Darel m'examine de la tête aux pieds.
- Je vous avais dit de rester à l'intérieur de la voiture, me reproche-t-il. Si vous n'étiez pas sortie, il ne vous aurait pas vue.
- Je pensais que c'était vous, craché-je, offusquée.
- Pourtant, je ne lui ressemble pas du tout, rétorque-t-il.
Je lâche un long soupir.
- J'ai hâte que cette fichue journée soit terminée, dis-je plus pour moi-même.
- Malheureusement, les plans ont changé, m'informe Darel. Vous n'êtes plus en sécurité nulle part. La mafia vous suit à la trace et ils ont même anticipé nos démarches.
- Il y a une taupe parmi nous, annonce Nathan. Sinon, ils n'auraient pas trouvé notre repaire.
- Tout le monde sait qu'il ne faut jamais rester longtemps au même endroit, dis-je alors.
Les quatre hommes se tournent vers moi, ce qui me fait rougir. Je n'ai pas l'habitude de susciter l'attention d'autant de mecs à la fois.
- Explique-toi, me dit Derek.
- Bien...j'écoute plein de séries télévisées, alors je sais qu'il faut changer continuellement d'endroit afin que les ennemis ne nous trouvent pas, répondis-je. Et il faut fonctionner par code entre agents, de cette façon si quelqu'un s'introduit par effraction, il ne comprendra pas...
- Elle me plaît, rigole Jaime.
Lui aussi. Son t-shirt assez ajusté laisse deviner ses tablettes de chocolat. Hum...du chocolat. Il me donne encore plus encore d'en manger. Au lait...mon préféré.
Tandis que je fantasme sur les friandises, les agents parlent ensemble d'un nouveau plan. Mon attention revient sur eux lorsque j'entends les mots « Nouvelle identité ».
- C'est décidé, annonce alors Darel. Il faut nous éloigner pour quelques temps. Nous quittons le pays aussitôt que nous aurons le nouveau passeport de Sarah.
Il me fixe alors.
- À part de maintenant, vous vous nommerez Sonia Well, me dit-il. Vous devrez modifier votre apparence.
Les quatre mecs me regardent comme s'ils avaient une idée derrière la tête.
- Quoi ? demandé-je.
- Du blond, disent d'une même voix Derek, Nathan et Jaime.
Ne me dites pas qu'ils veulent me transformer en Barbie !
- Au boulot ! s'exclame Darel. Nous devons quitter le continent demain à la première heure.
Alors, que pensez-vous de l'histoire jusqu'à présent ? Elle vous plaît...ou pas ?
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