Chapitre 19

-       Ta sœur ? je répète, incrédule.

-       Oui, me répond-il. Elle avait huit ans de plus que Mickael et moi. J'ai toujours eu une belle relation avec elle, un peu comme Ethan et toi. Elle s'occupait souvent de moi, m'emmenait au parc, me cuisinait de bons petites plats quand maman n'était pas là.

-       Et avec ton frère ?

-       Ils passaient leurs temps à se chicaner. Mickael la poussait toujours à bout ; pour cela, il n'a pas changé. Je m'entendais même mieux avec Isabelle qu'avec mon jumeau.

-       Je vois. Et vous a-t-elle accompagnés, ta mère et toi, lorsque vos parents ont divorcé ?

-       Oui.

Les traits de Darel s'affaissent.

-       Et où est-elle, présentement ?

Je redoute sa réponse, craignant le pire.

-       En toute honnêteté, je l'ignore.

-       Quoi ? 

-       Elle détestait notre beau-père. Puisqu'elle était plus âgée, elle avait connaissance de plus de choses que moi. Je crois qu'elle l'a tout de suite cerné et qu'elle a vu à quel point c'était un arnaqueur.

-       Et qu'a-t-elle fait ?

-       Elle est partie lorsqu'elle a eu dix-huit ans. J'ignore où. Jamais elle n'a redonné de nouvelles. Je ne sais même pas si elle est morte ou encore vivante. Elle a sans doute voulu repartir à zéro ailleurs mais ça me tue de ne pas savoir où

Je le comprends. À sa place, j'aurais également voulu savoir.

-       Je crois qu'elle me cachait des choses sur notre beau-père. J'ai fait une enquête sur lui et j'ai pu débusquer ses méfaits, mais je crois qu'il lui a fait quelque chose...quelque chose qu'elle n'a jamais voulu révéler.

-       Comment le sais-tu ?

-       Je connaissais ma sœur. Lorsque notre mère s'est remariée, elle a changé du tout au tout. Elle ne riait plus, ne passait plus de temps avec moi et surtout, sortait toujours hors de la maison.

-       Penses-tu qu'il abusait d'elle ? je lui demande.

-       Peut-être...jamais je ne le saurai puisqu'Isabelle a emmené ses secrets avec elle.

C'est tellement triste que j'ai une boule dans la gorge. La mort de mon frère m'a beaucoup chagrinée mais, au moins, je sais qu'il ne reviendra jamais. Darel, lui, doit vivre chaque jour en se demandant si sa sœur se trouve peut-être quelque part sur Terre...ou sous. La perspective de l'ignorer doit le tuer à petit feu.

-       Ethan connaissait les risques de travailler comme agent secret, me dit alors Darel. Sa mort est une tragédie, mais tu vas devoir faire ton deuil. Isabelle, elle, n'est qu'une victime de mon beau-père. Je me suis juré de la retrouver un jour et je n'abandonnerai pas jusque ce que ma tâche soit accomplie.

En d'autres termes, il n'a pas de place pour moi dans sa vie. Ce constat m'attriste, mais j'essaie de ne pas le laisser paraître. À la place, je serre l'agent dans mes bras, ce le surprend puisqu'il se crispe légèrement.

-       J'espère que tu la retrouveras, lui dis-je avec franchise.

-       Moi aussi, répond-il quelques secondes plus tard en me rendant mon étreinte.

Comme une amie.

Je m'endors dans ses bras, le seul endroit au monde où je me sens en sécurité.

...

Le lendemain, je me sens pathétique. Qu'est-ce qui a pu se passer pour que je perde ainsi les pédales ? Suis-je en train de devenir cinglée ? La première fois que ça m'est arrivé, j'ai failli me tuer et la deuxième, j'ai failli tuer une télévision. Quoique ce qui m'embête le plus, c'est le spectacle que j'ai offert aux agents et à Mickael. Comment me verront-ils par la suite ? Vont-ils me conseiller d'aller voir un psychologue ? De toute façon, j'en ai consulté un pendant un an et pour ce que ça a donné !

De plus, je rougis chaque fois que je pense à l'épisode du bain. Quelle gourde je suis ! Je passe mon temps à me ridiculiser devant Darel. J'aimerais qu'il me voie autrement qu'une petite maladroite.

Autrement qu'une amie.

Hélas, la chance n'est pas avec moi. Elle ne l'est jamais, de toute façon.

En ce dimanche matin, j'ai envie de me changer les idées, alors j'attrape ma guitare mais, cette fois-ci, je ne joue pas. Je compose. J'ai envie d'exprimer mes émotions (en ne cassant rien), alors j'écris tout ce qui me passe par la tête. Je joue quelques notes et trouve une mélodie qui m'inspire.

Je ne vois pas le temps passer et lorsque Darel m'appelle de la cuisine, je me rends compte que c'est déjà l'heure du midi.

L'agent a préparé des hamburgers et nous les mangeons en silence. Du moins, jusqu'à ce que Darel ouvre la bouche.

-       Mickael veut savoir si tu vas mieux, me dit-il.

La bouchée ne passe pas très bien et je dois boire de l'eau pour être enfin capable de répondre.

-       Qu'est-ce qu'il veut ? je lui demande, suspicieuse.

-       Étrangement, rien. Il a seulement dit que vous vous verriez bientôt.

Ça ne me rassure pas du tout. 

-       En attendant, ça te dirait, un petit jogging ? me propose Darel.

-       Où ?

-       Dans les rues de New York.

-       Je croyais que...

-       Mon frère nous faire suivre par ses hommes. C'est un enfoiré, mais un enfoiré qui gère bien ses affaires.

-       Je suis son affaire ? 

-       Il veut être certain que tu sois en sécurité. Ne crache pas sur sa protection.

Je lève les yeux au ciel, mais accepte tout de même sa petite sortie. Nous nous engageons dans les rues achalandées new yorkaises. Je dois regarder où je vais, car les gens ont le nez dans leur téléphone et foncent droit devant eux. C'est ce qui me déplait le plus des villes ; tous ces piétons qui se fichent des autres. En campagne, tout le monde se saluent chaleureusement en se croisant. Ici, c'est chacun pour soi.

Darel reste à mes côtés, même s'il doit presque marcher. Je vois qu'il s'efforce de ne pas me distancer, car il ne veut pas que le scénario du parc se répète.

J'aimerais qu'il me parle, mais il n'en fait rien. Il semble loin de moi.

Je finis par m'arrêter. J'ai de la difficulté à respirer.

-       Huit minutes, me dit l'agent. Tu peux faire mieux, Sarah.

Il se prend pour mon entraîneur, maintenant ?

-       Je t'emmerde, Darel, lui dis-je en soufflant.

-       Si tu y mettais du tien...

-       La ferme, m'écriai-je.

-       J'essaie juste de te motiver.

-       Eh bien, trouve une autre façon.

Je fais demi-tour. Si je m'éloigne trop de l'immeuble à logement, je vais devoir rentrer à quatre pattes.

-       Tu devrais t'acheter une de ces petites balles antistress, me suggère l'agent. Ça t'aiderait à te détendre...

Son idée n'est pas mauvaise, parce que j'ai déjà essayé le yoga et, à l'exception d'une entorse lombaire, je n'ai vu aucun résultat.

Cette fois-ci, j'ai envie de déverser ma colère sur Darel, mais surtout, ma déception.

-       Et toi, si tu t'achetais une boussole, peut-être t'aiderait-elle à trouver ta sœur !

Je sais que ce n'est pas gentil, mais il m'énerve tellement à toujours rester imperturbable quoique je dise.

Il s'immobilise et je regrette immédiatement ce que j'ai dit. Je n'aurais pas dû utiliser cette histoire qu'il ma confiée afin de le faire réagir.

-       Rentre seule, me lance-t-il alors en tournant les talons.

-       Darel, je suis désolée, je m'excuse alors.

Il ne dit rien et part en me laissant seule sur le trottoir. Je me dis alors que si j'étais en danger, il ne partirait sans doute pas, alors je n'ai rien à craindre. À moins qu'il m'en veuille trop et se fiche que je me fasse tuer...

Je retourne donc dans notre petit studio et file immédiatement sous la douche afin de me débarrasser de toute cette sueur...ainsi que de ma culpabilité. J'espère qu'il va me pardonner de lui avoir jeté cette affreuse phrase à la gueule.

Cette gueule d'ange que je veux embrasser encore et encore.

Je sais que je l'ai blessé, même s'il n'a rien démontré. Je suis une immonde petite chipie.

Malheureusement, la culpabilité ne veut pas disparaître, alors je sors de la douche en espérant que mon colocataire soit revenu.

Aucun signe de lui dans l'appartement.

J'enfile un t-shirt propre et une paire de jeans, puis me dirige au salon où je poursuis ma composition. Elle se transforme peu à peu en une histoire d'amour impossible. Je me demande de qui je m'inspire....Notez l'ironie.

J'entends alors la porte claquer.

-       Darel ! m'écriai-je. C'est toi ?

-       Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il en venant me rejoindre. Tu compose une chanson ?

-       Oui. 

-       J'aimerais l'entendre.

-       Euh...je ne sais pas trop. Elle n'est pas terminée.

Et surtout parce qu'elle parle de lui.

-       S'il te plaît, insiste-t-il.

Impossible de lui refuser quoique ce soit.

Je commence donc à chanter et ma voix s'élève dans le petit studio. Je vis, je ressens, je ferme les yeux et laisse les émotions m'envahir. Je dois toutefois arrêter lorsque je sens qu'elles sont sur le point de me faire craquer.

Lorsque j'ouvre les yeux, ceux de Darel me fixe avec une drôle d'expression. Avant d'avoir pu interpréter ce regard, sa bouche fond sur la mienne. Elle m'intime de tout lui donner. Son baiser est plus brusque que la première fois, plus insistant, plus pressé. Ses doigts passent dans mes cheveux encore humides et il m'attire vers lui en tirant légèrement dessus. Je me retrouve plaquée contre son torse.

Sans plus de cérémonie, l'agent me soulève et m'emmène dans la chambre.

-       Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande. Je pensais que tu n'avais rien à me donner...

-       Je suis incapable de te résister. Nous ne pourrons jamais avoir une relation comme tu le désires, mais j'ai envie de toi depuis la première fois que nous nous sommes croisés. Juste pour une nuit...

Je devrais refuser, car je sais que je vais souffrir encore plus, mais j'en suis incapable. En guise de réponse, je l'embrasse à nouveau pendant qu'il me dépose sur le lit et m'allonge. Il se penche au-dessus de moi, glisse mon pantalon sur mes jambes, dévoilant une petite culotte de dentelle noire, et m'enlève ensuite mon haut. Ses gestes experts me font me demander combien il a pu avoir d'amantes avant moi. Cependant, je préfère ne pas savoir.

Sa main dégrafe habilement mon soutien-gorge et il me l'enlève, dévoilant ainsi ma poitrine. Je fixe son tatouage sur son avant-bras et les dizaines d'oiseaux qui prennent leur envol. Je sens que moi aussi je vais bientôt m'envoler s'il continue à me fixer comme si j'étais une perle rare.

-       Tu es parfaite, me dit-il avant de reprendre le contrôle de ma bouche.

Ses mains glissent dans mon cou et caressent mes seins, tout d'abord avec une lenteur exagérée. Puis, ses pouces font de petits cercles sur mes mamelons et je m'arque sous le plaisir. Je ne suis pas experte en relations charnelles, mais je peux affirmer que Darel s'y connait. Mon ex ne m'a jamais fait planer ainsi pendant nos ébats. Il se contentait de prendre et m'oubliait. Darel, lui s'attarde sur ma poitrine. Il l'embrasse, mordille mes pointes durcies et me fait gémir. Il baisse ensuite ma culotte et sa main longe ma cuisse pour s'attarder entre mes jambes. Il trouve immédiatement le point qui me fait basculer. Je lâche un cri sous la jouissance et j'entends à peine l'étui de la protection qu'il déchire.

Darel me retourne alors et je me retrouve à quatre pattes sur le lit. Je sens une caresse sur mon dos qui me fait me cambrer. Je ne le vois pas, mais je le sens se positionner derrière moi. En une poussée, il me pénètre jusqu'à la garde. Je pousse un cri de plaisir mélangé à la douleur d'être prise aussi profondément. C'est la première fois que j'essaie cette position. Habituellement, je préfère voir mon amant et le regarder dans les yeux et j'ai une petite pointe de déception en songeant que je ne pourrai pas contempler l'homme magnifique qui se tient derrière moi.

Sans plus tarder, il prend les rennes et me pilonne en me retenant pour ne pas que pas tête heurte le mur. Il prend possession de mon corps et j'en oublie les tueurs à gage qui me poursuivent, le mafieux qui me pourrit l'existence et le fait que je ne reverrai jamais plus mon frère. En cet instant, c'est seulement lui et moi. À l'inconfort du début se mélange bientôt le plaisir et je perds tous mes repères.   

Lorsque je reviens à la réalité, nous sommes couchés côte-à-côte et ma tête repose sur son torse. Il a été un peu plus fougueux que de ce à quoi je m'attendais, mais j'ai tout de même apprécié.

-       Tu es rempli de surprises, je lui dis en reprenant mon souffle.

Cet exercice me plaît beaucoup plus que le jogging.

-       Je sais, Trésor.

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