Chapitre 13
Lorsque je sors de la douche, Darel est au téléphone. Il raccroche au moment où j'entre dans le salon. Mes cheveux sont encore mouillés puisque je n'ai pas trouvé de séchoir à cheveux, mais je les ai attachés en une queue de cheval haute. J'ai revêtu un jeans et un t-shirt ample. L'agencement est douteux, mais je n'ai rien d'autre à mettre pour l'instant. Je devrai vérifier s'il n'y a pas une buanderie dans le coin.
- Les gars sont arrivés et logent dans un hôtel, m'informe l'agent avec son air impénétrable habituel.
Terminé cette étrange lueur dans son regard ! Il a repris son rôle d'émissaire strict.
- Ils viennent nous rejoindre, ajoute-t-il.
Je remarque sa satisfaction d'avoir la compagnie de ses collègues, ce qui me déçoit un peu. Suis-je si pesante ?
Au moment où je m'apprête à lui poser la question, son portable sonne à nouveau. Son regard change instantanément et devient aussi sombre qu'une nuit sans étoile.
- Oui, dit-il en décrochant. Bien, nous arrivons.
Inutile de lui demander qui est à l'autre bout de la ligne ; son regard parle pour lui.
- Mickael t'attend dans son penthouse, m'informe-t-il. Apporte ta guitare.
Il n'a pas perdu de temps, celui-là ! Je me doutais qu'il réclamerait son dû rapidement, mais je croyais que j'aurais le temps de me pratiquer avant.
Nous sortons donc de l'appartement et prenons l'ascenseur jusqu'au sommet de l'immeuble.
- Il voulait que tu y ailles seule, mais ce n'est pas discutable, tranche Darel.
Il est vraiment protecteur. J'ai l'impression d'avoir un garde du corps juste pour moi.
Lorsque nous sortons de l'ascenseur, un bruit assourdissant retentit dans mes oreilles. Je réalise que nous arrivons pendant une petite fête qui bat son plein et que la musique est vraiment forte. Pourquoi le parrain de la mafia a-t-il besoin de ma présence ? Il a déjà de la musique.
Puis, je me rends compte que ce n'est pas une « petite » fête. Il y a un monde fou ! Et lorsque je réalise que les femmes sont toutes vêtues de mini bikinis et de maillots de bain décolletés jusqu'au nombril, je me pose des questions.
Tandis qu'on avance dans le superbe penthouse du mafieux, j'aperçois une piscine creusée sur la terrasse par la grande fenêtre.
C'est un pool party !
Toutefois, les hommes sont vêtus de chics costards. Les femmes, elles, sont exposées comme des poules de luxe.
J'aurais dû me douter que Mickael m'inviterait à ce genre de rassemblement.
Darel remarque mon trouble et prend ma main pour calmer ma nervosité. Je n'ai jamais aimé les fêtes, que ce soit au lycée ou ailleurs. J'y suis allée une seule fois en compagnie de mes amies et je n'ai tenu qu'une demi-heure avant de m'en aller. Les jeux de « beer pong » ou autres ne m'ont jamais intéressée.
Nous nous dirigeons vers notre hôte, qui vient de remarquer notre présence.
- Trésor, tu es enfin arrivée, me dit Mickael avec son faux sourire. J'avais hâte de te présenter aux miens.
Il se tourne alors vers ses potes qui l'entourent et leur dit :
- Je vous présente Sarah, ma nouvelle petite protégée. Elle est sous ma protection.
C'est un avertissement. Ses copains me fixent comme si j'étais un morceau de viande appartenant au Roi Lion ; avec envie, mais tout en sachant que je suis chasse gardée.
- Elle va nous faire l'honneur de chanter pour nous.
Mickael arrête alors de parler et me regarde de la tête aux pieds.
- Mandy ! appelle-t-il et une grande brunette à la taille de mannequin arrive à ses côtés.
Il la prend par la taille et me désigne du menton.
- Trouve-lui quelque chose de plus approprié à mettre. Je ne voudrais pas qu'elle fasse tache parmi nous.
- Bien, patron.
Elle s'en va tandis que Darel et moi restons debout.
- Et voici mon frère jumeau, Darel, ajoute Mickael. J'ai une plus belle gueule que lui, c'est évident.
Sa petite blague en fait rire quelques-uns, mais pas le concerné, qui reste aussi stoïque qu'à son habitude. Après tout, les deux frères se distinguent uniquement par leur habillement et leur personnalité.
Mandy revient au même moment avec deux minuscules morceaux de tissu dans les mains. Je réalise avec horreur que c'est ce que Mickael veut que je porte.
- Je ne suis pas une des tes putes que tu peux exhiber à ta guise, lui dis-je en plissant les yeux. Hors de question que je porte ça pour chanter.
- Trésor, ça fait partie du marché.
- Rien ne stipulait que tu devais choisir ma façon de me vêtir...
- C'est à moi de décider, me coupe le mafieux avec un air mauvais.
Je regarde Darel, cherchant de l'aide de sa part, mais il hausse les épaules.
- C'est toi qui as décidé de traiter avec lui, me dit-il seulement. Accepte les conséquences.
Merci pour le soutien !
Je pousse un long soupir, saisis cette chose que je ne peux appeler un vêtement et part me changer dans la salle de bain du penthouse.
Horreur ! Scandale ! Tuez-moi quelqu'un !
La culotte tanga est tellement échancrée qu'on voit presque toutes mes fesses. Un string n'en aurait pas plus dévoilé ! Le haut, lui, contient deux petits triangles qui découvrent la moitié de mes seins. Ceux-ci ne sont pas immenses, mais je les ai toujours portés hauts et ça frôle l'indécence. Le tissu noir est orné de petites perles dorées qui décorent le maillot et qui accrochent encore plus l'œil.
Il me faut un verre, sinon jamais je ne pourrai affronter le regard des pervers de la mafia.
On frappe à la porte de la salle de bain et une voix que je reconnais crie :
- Tout va bien, là-dedans !
- Non, réponds-je. Ça ne fait absolument pas !
- Ce ne doit pas être si horrible que tu le dis, répond Darel. Plus vite tu sortiras et plus vite nous pourrons repartir.
Le pire, c'est qu'il a raison.
- Promets-moi de ne pas rire, lui lançai-je à travers la porte.
- C'est juré et je n'ai qu'une parole.
Je prends une longue inspiration et sort enfin de la pièce. Je tombe sur le regard de Darel qui me détaille de la tête aux pieds. Je ne peux m'empêcher de rougir comme une tomate.
- Je suis ridicule, dis-je d'une petite voix.
- Tu es magnifique, rétorque l'agent. Tu fais concurrence à toutes les mannequins qui se pavanent devant Mickael.
Et ça n'a pas l'air de lui plaire.
Je suis si nerveuse que j'ai de la difficulté à avancer.
Lorsque j'arrive aux côtés du parrain de la mafia, celui-ci me contemple avec un sifflement ravi.
- Splendide ! s'exclame-t-il avec ravissement. Tu es d'une beauté époustouflante, ma chère.
Son regard vorace me détaille comme s'il voulait faire de moi son quatre heures. Je me rapproche davantage de Darel, intimidée par tous ces regards dotés d'une lueur de convoitise qui se posent sur moi.
- C'est maintenant l'heure de chanter pour moi...ainsi que tous les invités ici présents, Trésor, me dit Mickael.
Je regrette à présent d'avoir passer un marché avec lui. Jamais je n'aurais cru qu'il oserait me demander de chanter devant tous ces gens. J'aurais dû y songer à deux fois avant de proposer un tel gage.
Je prends ma guitare et m'assis sur un fauteuil libre. Puis, je débute par une petite mélodie toute simple pour me réchauffer, suivi par la chanson « I fell in love with the devil » de Avril Lavigne.
Shot guns and roses
Make a deadly potion
Heartbreak explosions
In reckless motion
Teddy bears and "I'm sorry" letters
Don't seem to make things better
Don't bury me alive
Sweet talk and lullaby
But I-I-I-I-I can't stop the rush
And I-I-I-I-I can't give you up
No I-I-I-I-I, know you're no good for me
You're no good for me
Tout le monde m'écoute religieusement.
Les invités semblent oublier le fait que je sois en bikini devant eux. Ma voix glisse dans tous le penthouse, qui est devenu hyper silencieux.
Je vois Darel me fixer avec un regard brillant que je suis incapable d'interpréter. Mickael, lui, me regarde comme s'il avait gagné le Jack Pot. Je devine qu'il devait penser que je chantais comme un pied. Son air concupiscent me fait frémir de peur, mais je poursuis ma chanson en essayant de l'ignorer.
Lorsque je termine, on m'applaudit avec fébrilité.
- Magnifique ! s'exclame Mickael en empoignant mes épaules, à mon grand déplaisir. Si j'avais un cœur, je serais tombé à l'instant raide dingue amoureux de toi.
Il me sert contre lui en déposant un baiser sur ma tête.
- Tu es un prodige, Trésor.
- Merci, je réponds d'une petite voix embarrassée.
Durant tout le reste de la fête, il me garde à ses côtés mais, au moins, il ne me touche pas. Darel a l'air très mécontent, mais ne pipe mot. Je sens qu'il va me tomber dessus en revenant au studio.
On me sert à boire et je commence à me détendre. Toutefois, lorsque je prends de l'alcool, je dois souvent aller aux toilettes, alors je me lève et me rends à la salle de bain. Heureusement, celle-ci est libre, alors je fais ma petite affaire, me lave les mains et ressort quelques minutes plus tard.
Avant que je ne réalise ce qui se passe, on m'a plaquée contre le mur. Je sens immédiatement l'haleine imbibée de whisky de l'individu qui m'empêche de partir. Ensuite, j'aperçois ses yeux rouges et je réalise qu'il a pris des substances illicites. Je ne pourrais dire quoi exactement puisque je ne connais rien à la drogue.
- Alors, petite allumeuse, où croyais-tu aller comme ça ? me dit-il d'une voix pâteuse.
- Laissez-moi, je vais rejoindre Mickael.
J'ose espérer que le nom à lui seul saura avertir l'inconnu, mais le contraire se produit. Il colle son corps dégueulasse contre le mien et me chuchote à l'oreille :
- Ce qu'il ne sait pas ne lui fera pas de mal.
Je déglutis péniblement et m'apprête à crier lorsque le corps de l'abruti est violemment propulsé en arrière.
Un Darel furieux me fait face. D'un coup de poing, il envoie valser mon agresseur dans le couloir. Whaouh ! Ce qu'il frappe fort !
De telles pensées me prouvent que j'ai un peu trop bu et l'agent s'en rend compte puisque je ne réagis presque pas.
Il relève l'homme aisément et le tire par l'oreille jusqu'au salon.
Curieuse de savoir ce que Darel compte faire, je les suis et, lorsque l'agent pousse le drogué par terre juste devant Mickael, je sursaute.
- Tu diras à ce fils de pute de ne plus jamais poser ses sales pattes sur Sarah, dit Darel d'une voix menaçante. Si je n'étais pas arrivé à temps, il lui aurait sauté dessus..
Je vois que le chef de la mafia n'est vraiment pas content. Il se lève et fixe avec dégoût l'autre mafieux qui m'a foutu la trouille.
- Oliver, Oliver, dit-il de la même façon qu'on réprimande un enfant, il faut toujours que tu enfreignes les règles. Tu mérites une sanction dont tu te rappelleras.
Darel l'a déjà amoché, mais son jumeau semble sort une longue dague que je fixe avec horreur.
- On rentre, annonce alors Darel. Vas te changer.
Je m'exécute en vitesse avant de voir quelque chose qui me fera encore faire des cauchemars.
- Tu vas regretter d'avoir posé le regard sur elle, salaud ! j'entends Mickael hurler alors que je sors de la salle de bain.
J'entends au même moment un long hurlement d'agonie à vous glacer le sang.
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