Chapitre 12
Nous sortons de l'entrepôt et Mickael nous fait monter dans son gros Jeep noir. Ses hommes de main, quant à eux, montent à bord de leurs voitures sport et conduisent derrière le véhicule du parrain de la mafia. Je jette un coup d'œil surpris par la fenêtre. C'est vraiment étrange ; on dirait presque nous sommes des gens importants.
- C'est par simple mesure de précaution, Trésor, me dit Mickael.
Darel, lui, ne desserre pas les dents. Son dos est si crispé que je me demande s'il ne va pas se transformer en statue.
- Voilà le building qui m'appartient, annonce son jumeau alors que nous arrivons dans une rue remplie d'édifices immobiliers. J'ai un petit loft de libre actuellement, alors vous pourrez vous y installer. Toutefois, il n'y a qu'une chambre...
- C'est n'est pas grave, dit Darel. Je prendrai le fauteuil.
- Il est chez le nettoyeur.
Ce con fait exprès ou quoi ?
- Si la demoiselle veut bien, j'ai d'autres chambres vacantes dans ma suite. Elle se situe au dernier étage de l'édifice.
- Non, elle ne veut pas, le coupe Darel en descendant de la voiture.
Mickael me fixe comme s'il attendait ma réponse et se fichait bien de celle de son frère.
- Merci pour la proposition, mais nous allons nous arranger, dis-je en remarquant ses prunelles qui me fixent avec un air de fauve.
« Je suis sa proie. »
C'est la première pensée qui me vient en tête.
- C'est toi qui décide, Trésor. Si tu changes d'avis, ma porte t'est grande ouverte.
La porte de sa chambre, ouais !
Darel prend mon bras aussitôt que je mets un pied sur le trottoir et m'emmène avec empressement vers l'entrée de l'édifice.
- C'est l'appartement numéro 345, nous lance Mickael. Il y a un ascenseur.
- Merci, lui dis-je.
- Sois prête, Trésor, parce que je vais bientôt venir revendiquer mon gage.
Sur ce, nous entrons dans la bâtisse et prenons l'ascenseur avec nos bagages. Un silence pesant envahit la petite cabine jusqu'au troisième étage. Au Ding, nous nous engouffrons dans le long corridor jusqu'à la porte que nous recherchons. Elle est déverrouillée, alors Darel l'ouvre et entre à l'intérieur, la main sur son pistolet. Il est toujours sur ses gardes, celui-là !
Il fait rapidement le tour des lieux et me fait signe d'entrer.
L'appartement est assez luxueux, les planchers sont en bois exotiques vernis, tout est meublé dans des tons de gris taupe, les murs clairs comportent des toiles abstraites aux couleurs vives et de grandes fenêtres éclairent le loft.
Le salon semble spacieux, probablement parce qu'il n'y a pas de fauteuil. Toutefois, la moquette à poils longs est moelleuse et quelques gros coussins y sont déposés. Il y a une grande télé à écran plat et le luminaire rutilant miroite dedans.
- C'est...chaleureux, remarquai-je.
Darel se tourne enfin vers moi. Sa mâchoire est contractée et ses yeux couleur glacier me transpercent.
- Ce salaud a jeté son dévolu sur toi, me dit-il comme si c'était une évidence.
Je ne sais pas quoi répondre. J'en m'en doute tout de même un peu depuis qu'il m'a proposé d'habiter chez lui. En d'autres mots, il aurait pu me proposer à voix haute de baiser avec moi, ça aurait voulu dire la même chose.
- Je sais, je réponds.
- Et ça ne te choque pas ? Tu sais ce qu'il fait aux femmes, non ?
Je lui jette un regard interrogatif.
- Tu n'as pas vu ce qu'il faisait au fond de l'entrepôt ? me lance Darel d'un ton découragé.
- Euh...non. Je ne vois pas bien dans l'obscurité.
- Il y avait deux filles nues avec lui. As-tu besoin que je te fasse un dessin ? Il les prenait devant tout le monde.
- Et alors ? Je ne suis pas prude non plus. Il fait ce qu'il veut. C'est sa vie.
- Ce type baise sauvagement les femmes. Il n'a aucun respect pour elles, alors je te conseille de rester loin de lui.
Silence.
- Sauf que l'idiote que tu es lui a proposé un gage stupide, grince-t-il. Où avais-tu la tête ? Tu viens de lui donner l'occasion de mettre la main sur toi.
Si je ne le connaissais pas, je pourrais penser qu'il est jaloux. Sauf que je sais qu'il essaie seulement de me protéger. Cependant, je suis capable de le faire seule. Je ne suis pas une petite fille naïve sans défense. Okay, je ne sais pas me battre, mais je ne tombe pas dans les bras de n'importe qui. Et surtout pas dans ceux de ce mafieux pervers et tordu.
- Je ne tomberai pas sous son charme, lui assurai-je. Je sors d'une relation et je sais le mal que l'amour peut faire.
Darel me dévisage.
- Je ne te parle pas d'amour, mais de sexe, me dit-il sèchement.
Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il peut être rabat-joie !
- Je vais juste jouer de la guitare et chanter, précisai-je. Il n'a jamais été question d'autre chose avec ton frère. D'ailleurs, pourquoi ne m'as-tu pas dit que vous étiez jumeaux ?
J'essaie de détourner la conversation pour qu'il cesse de me rabrouer comme une petite collégienne.
- Je t'ai mentionné que, pour moi, ce type ne faisait pas partie de ma famille.
- Sauf que vous êtes identiques !
Darel s'approche en me fixant avec intensité. Il s'arrête à quelques centimètres de moi et je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux.
- Tu trouves ? me demande-t-il.
J'observe la gueule d'ange de l'émissaire.
Si on regarde rapidement, la ressemblance entre eux est flagrante. Cependant, j'ai tout de suite remarqué une lueur sadique dans le regard de Mickael, comparativement à Darel. Ce dernier a cet éclat bienveillant que je n'avais jamais remarqué au fond de ses prunelles. Est-ce parce qu'il n'existait pas auparavant ? Darel me considère-t-il autrement que juste une mission ?
J'ai peine à le croire.
- Non, avouai-je finalement. Tu n'es pas comme lui.
- Donc, je ne suis pas un tueur immoral ?
- Non.
Darel a gagné. Il y a bien pire que lui. Il tue, certes, mais pas par plaisir.
- Bien, répond-il. Je vais me doucher.
Sur ce, il me laisse debout au milieu du salon pendant qu'il se rend à la salle de bain. Quant à moi, je vais découvrir la chambre. Celle-ci est assez grande, contient un lit gigantesque dont la housse de couette semble confectionnée en satin et l'endroit possède même un walk-in comme j'en rêve depuis petite. Malheureusement, avec les trois paires de pantalons que je me suis achetées et les quelques débardeurs que je possède, je ne pourrai jamais le remplir. Dire que des tonnes de vêtements m'attendent chez moi et que je dois me contenter de ceux-ci ! Avoir su que Darel débarquerait pour m'enlever, j'aurais préparé une valise !
Je me laisse tomber sur le lit moelleux et j'ai l'impression de rebondir sur un nuage. Je pourrais rester couchée toute ma vie sur ce lit !
Je somnole lorsque Darel entre dans la chambre. Il porte un pantalon molletonné et aucun t-shirt. Je ne peux m'empêcher de lorgner sur ses abdominaux. Ce n'est pas un six pack, mais bien un dix pack qu'il possède. J'ignorais même que ça se pouvait. Mon regard effleure ses pectoraux, puis monte jusqu'à ses bras nus. Ses biceps ne sont ni trop gros, ni trop petits. J'ai soudain envie de les palper. Sont-ils aussi durs qu'ils le paraissent ? Je ne le saurai sans doute jamais.
- Je vais dormir sur la moquette sur salon, m'informe-t-il, me sortant de mon rêve éveillé.
Je trouve injuste le fait qu'il doive se coucher par terre tandis que le lit est bien trop grand pour une seule personne.
- Tu peux dormir ici, lui dis-je, gênée.
Je ne veux pas qu'il pense que je veux coucher avec lui. Pas que ça me dérangerait, mais je ne veux pas qu'il y ait de malaise entre nous par la suite.
- Le lit est tellement grand qu'il faudrait être dix pour le remplir, ajoutai-je avec humour.
Il me fixe de ses yeux océan, puis finit par accepter.
- Tu vas dormir habillée ainsi ? me demande Darel.
Je suis tellement fatiguée que je le pourrais, mais me redresse, glisse sous les draps et enlève mon pantalon. Je me laverai demain matin. Puis, je retire mon soutien-gorge avec difficulté en me tortillant comme un vers de terre. Darel ricane, ce qui lui vaut un regard noir de ma part.
Je finis par réussir mon exploit et brandit fièrement mon sous-vêtement, puis le lance par terre. Le regard de Darel suit sa trajectoire et se pose sur ma lingerie, qui n'a rien de sexy. Je préfère opter pour le confort. C'est un soutien-gorge à balconnet rose pâle et très simple.
L'agent se racle la gorge et se glisse à son tour sous les draps égyptiens. Il éteint la lumière et me souhaite bonne nuit. C'est étrange de dormir ainsi, chacun de son côté du lit, mais je suis tout de même rassurée qu'il soit là.
Je finis par m'endormir et, cette fois-ci, mes rêves sont aussi paisibles que lorsque ma vie n'était pas un enfer.
...
J'ai chaud.
Qui a allumé le chauffage ?
Je finis par ouvrir les yeux, qui sont encore lourds de sommeil. C'est alors que je me rends compte que je ne suis plus au même endroit que la veille. Mon corps s'est déplacé et se trouve désormais collé contre celui de Darel. Ce dernier dort toujours, ce qui est assez surprenant puisque mes jambes nues entourent les siennes et que ma joue est collée sur son torse aussi chaud qu'une fournaise.
Oh mon Dieu !
Ma respiration s'accélère lorsque je réalise dans quelle position je me trouve. J'essaie de récupérer subtilement mes jambes, mes les siennes les recouvrent et sont trop lourdes. Je suis emprisonnée ! Quoiqu'il y a pire comme prison !
Je pourrais en profiter encore un peu, mais j'ai peur de la réaction de l'émissaire à la gueule d'ange s'il se rend compte de notre...rapprochement.
J'observe la position de nos jambes enchevêtrées avec un naturel déconcertant. C'est comme si nos membres s'acceptaient et ne voulaient plus se détacher. Les pieds de l'agent sont chauds, tout comme son torse imberbe. Il n'est pas énormément bronzé, mais son teint n'est pas pâle non plus.
Et dire qu'un être d'une sublime perfection se trouve tout contre moi et que je ne peux même pas en profiter ! J'ai envie de glisser ma main sur ses côtes pour voir s'il est chatouilleux, mais ce serait déplacé. Je ne veux pas qu'il croit que je l'agresse dans son sommeil.
Je fais une énième tentative pour me dépêtrer de ses membres, mais je ne veux pas le réveiller, don j'abandonne. C'est la deuxième fois que je l'observe dormir et je suis fascinée par son allure aussi sereine. Darel n'est pas le même homme lorsqu'il dort.
Une mèche de cheveux un peu plus longue tombe devant son œil. D'un geste irréfléchi, je la replace sur son front mais, au moment où je retire ma main, la sienne l'empoigne, ce qui me fait sursauter.
Je remarque au même moment que sa respiration est erratique. Lui aussi a conscience de notre position un peu trop intime.
- Je...bafouillai-je. Je ne peux pas bouger.
Il dépêtre aussi ses jambes des miennes et je recule jusqu'à l'autre bout du lit, les joues en feu. J'ai envie de me cacher sous les draps et de ne plus jamais en ressortir. Les yeux outremer de l'agent considèrent mon embarras. Je remarque une lueur d'amusement qui disparait aussi vite qu'elle est arrivée. L'homme imperturbable est de retour.
Avant qu'il ne dise quelque chose, je me lève du lit en vitesse et son raclement de gorge me fait réaliser que je suis vêtue seulement d'une petite culotte noire et d'un débardeur crème dévoilant mon corps un peu trop en détails.
Je me rue vers la salle de bain, consciente qu'il a une vue imprenable de mes fesses.
Une fois sous la douche, j'essaie de respirer normalement. Mon ex petit-copain ne m'a jamais fait cet effet. Il était mignon, mais sans plus. Darel, lui, est juste...sublime. Son côté mystérieux me plaît plus que de raison. Pourtant, je sais que je ne peux rien envisager avec lui. Lorsque sa mission sera terminée, il partira et je ne le reverrai plus jamais. Je dois protéger mon cœur car je ne survivrais pas à la perte d'un autre être cher.
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