Ryo et moi entrons dans l'appartement plongé dans l'obscurité. L'odeur du vieux bois me prend immédiatement au ventre, comme un souvenir d'une époque révolue. C'est chez moi, chez nous. Mais ce sentiment de confort ne dure pas. Ryo risque de m'arracher la tête quand il saura ce que j'ai fait. J'ai merdé, je le sais, et ça me dévore de l'intérieur. Le pire dans tout ça, c'est que je sais qu'il va me suivre dans ce merdier. Il est tout pour moi. Je suis tout pour lui. Mais je l'ai encore embarqué dans une galère qu'il ne mérite pas. J'aimerais pouvoir lui épargner ça, mais je sais que je suis coincée.

Après avoir jeté les clés sur le plan de travail, il enlève son casque. Ses sourcils sont froncés, son regard brûle d'une colère qu'il peine à contenir. Il ne sourit pas. Il est clairement en colère... contre moi, contre lui-même, contre cette situation qui nous échappe tous les deux.

"Retire ton masque." Sa voix est dure, froide, mais je vois bien la trace d'inquiétude qu'il essaie de cacher.

Je m'exécute sans réfléchir. Ma main se pose sur le masque en bois qui recouvre mon visage, et je laisse échapper une bouffée d'air frais, enfin. Dieu, ce que ça fait du bien. Mais dès que l'air froid touche mes blessures, une douleur vive me parcourt le visage. Je grimace involontairement. Une douleur que je sens jusque dans mes os. J'ai un bleu monstrueux sous l'œil droit, quelques autres sur la joue, et je sens la brûlure d'une coupure à la lèvre, probablement ouverte pendant la bagarre. Le goût du sang est encore présent dans ma bouche, salé et métallique.

Ryo fronce encore plus les sourcils.

"C'est eux qui t'ont fait ça ?" Il me dévisage, les yeux injectés de colère et d'inquiétude. Je vois bien qu'il a du mal à avaler tout ça. Il est furieux, mais c'est aussi une peine cachée derrière sa frustration. Il s'en veut.

"Non, les potes du gars que j'ai défoncé ont voulu se venger," je réponds, essayant de maintenir une voix calme malgré la douleur. "Ils m'ont poursuivie, ils m'ont retrouvée, et ça a dégénéré."

"Et qu'est-ce que tu foutais avec le Toman, bordel ?!" Il hurle presque. La question lui brûle les lèvres, il n'arrive plus à se retenir.

Il est inquiet, je le vois, mais il est aussi hors de lui. Il s'en veut de ne pas être arrivée à temps, de ne pas avoir pu m'empêcher de sombrer dans cette merde.

"Ryo, ça va..."

"NON ! Merde, dans quoi tu t'es mise ?!" Il frappe le plan de travail, mais ça ne me fait même pas sursauter. Je me sens vide, épuisée par l'angoisse et la honte qui me bouffent.

Alors, je lui raconte tout, du début à la fin. J'essaie de peser chaque mot, mais rien n'a de sens. Dès qu'il comprend que j'ai joué avec le feu et que j'ai signé un pacte avec Mikey, je vois son visage se fermer. Il est choqué, il est dégoûté. Et j'ai l'impression que ça me cloue au sol. À la fin de mon récit, il s'assoit lourdement sur le canapé, les mains sur le visage, et un soupir échappé de ses lèvres.

« Putain, Mitsu... » Il prononce mon prénom comme une blessure, et c'est comme une claque en pleine gueule.

Je ne dis rien. Je n'ai plus rien à dire. Le silence qui tombe sur la pièce est lourd, presque suffocant. Je me déteste.

Je ferme les yeux un instant, puis je me souviens de lui. Sanzu. Qu'est-ce qu'il faisait là-bas ? Pourquoi maintenant ?

« Mitsuki... Mais merde, comment on va faire ? » Ryo me sort de mes pensées. Et voilà, ce fameux "on"... Il va me suivre dans cette merde.

« Je sais pas... » Je baisse la tête, honteuse. Je suis désolée. Ces mots me brûlent la gorge. C'est tout ce que j'ai à offrir. Je suis désolée.

Il semble réfléchir un moment, puis il lâche un profond soupir. Le silence entre nous me déchire.

« On va devoir reprendre le boulot au bar si on veut pouvoir manger en fin de mois alors... » Il essaie de retrouver une sorte de pragmatisme, de revenir à des préoccupations plus concrètes, mais ça ne fait que me rappeler à quel point je suis dans la merde.

Je hoche la tête, même si je n'ai pas vraiment de force pour réagir. Je suis à la fois soulagée et terrifiée à l'idée de retourner là-bas. Mais c'est une option. Une seule.

« On va devoir arrêter pour un temps notre job actuel. » Il prononce ça avec une sorte de lassitude dans la voix. Un rire amer m'étrangle alors que je repense à ce "job". Frapper des gens pour de l'argent. C'est à ça que ça se résume, maintenant.

« Mitsuki. » Il m'appelle, et son ton a changé. Pour la première fois depuis un moment, il est doux, presque tendre, mais je sais qu'il est aussi brisé. Il sait ce que j'ai fait, mais il sait aussi que je n'ai pas eu le choix.

Je laisse échapper un sanglot. « Là-bas... il y avait... » Ma gorge se serre comme un étau, et je m'effondre sous le poids de ce que je dois lui dire.

Ryo réagit immédiatement. Il m'enserre dans ses bras. Je sens sa chaleur, son pouvoir protecteur. Il ne sait pas quoi dire. Moi non plus. On reste là, sans mots, à se tenir l'un l'autre. Et c'est peut-être la seule chose qui reste de réelle.

"Il... Il était là..." J'ai à peine la force de continuer. Ryo, lui, le sait. Il sait de qui je parle. Mais il veut entendre mes mots, même s'il connait déjà la réponse.

« Sanzu... Ryo, Sanzu est avec eux... »

Ses yeux s'écarquillent. Son corps se tend, et il me serre encore plus fort, comme pour m'empêcher de sombrer encore plus bas. Je pleure à chaude larmes. C'est tout ce que j'ai maintenant, des larmes de frustration et de peur.

« ça va aller... Je... »Ses mots sont hésitants, pleins d'incertitude. Lui non plus ne sait pas comment sortir de cette spirale infernale.

Le silence s'étire, lourd et difficile. Finalement, après un moment qui semble durer une éternité, il propose de me désinfecter les plaies, de prendre une douche et de me coucher. Je n'ai même pas la force de refuser. Je le laisse m'accompagner dans cette routine, sans réfléchir, emportée par la fatigue.

Une fois sous la douche, la chaleur de l'eau sur ma peau me réconforte vaguement. Mais le froid dans mon cœur ne disparaît pas.

Quand je me couche, la couverture sur moi, je ferme les yeux et je me laisse sombrer dans le sommeil. Mais avant de m'endormir, une pensée me hante, inévitable et obsédante :

Sanzu... Pourquoi te revois-je maintenant ?

Ok les gens ! 😀😁

Mes biquettes ! 🐐

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Sinon...

Mieux vaut ne pas savoir. 😃

Au fait, vous en pensez quoi sincèrement ? 😊😶