Je l'avais fait.
Mon cœur battait la chamade, la douleur me traversait le corps à chaque mouvement. Mais il fallait que je garde le contrôle. Ne rien laisser paraître. Tout n'était pas encore gagné. Je savais ce que Mikey attendait de moi. Il m'avait laissé en vie, me laissant battre ces connards pour sauver ma peau, mais ce pacte... il ne resterait pas sans conséquences. Je devais jouer intelligemment.

Je descendis les marches du temple, une à une. Mon corps criait, mes muscles étaient en feu, mais je ne pouvais pas fléchir. C'était trop important. Je devais montrer que j'étais plus qu'une simple proie, plus qu'une fille qui se cachait derrière un masque. La pression des regards sur moi était palpable. Chaque pas me rapprochait d'une décision que je n'avais pas encore prise.

En bas, je me figeai, me tenant face à Mikey. Son regard m'observait, implacable. Il avait vu ce dont j'étais capable, et il semblait plutôt impressionné. J'avais réussi à le surprendre, et cette pensée me donna un peu de fierté. Mais tout était loin d'être terminé.

« Alors, comme ça, tu sais te battre... » murmura Mikey, avec un petit sourire amusé, presque moqueur.
Je déglutis lentement, forçant ma voix à rester ferme. « Oui. »

Mikey tourna alors son regard vers les membres de Toman, comme pour leur faire passer un message. Ses yeux glissèrent sur chacun d'eux, et il parla d'une voix qui ne laissait pas place à l'objection.
« Bien. Il me semble que cette fille sait se battre et qu'elle a conclu un accord fort intéressant avec moi. Que pensez-vous si je vous dis que j'aimerais l'inclure dans notre gang ? »

Un murmure parcourut l'assistance. Certains étaient intrigués, d'autres sceptiques. Mais une question revenait :
« Une fille ? Dans un gang ? Elle se bat bien, mais elle ne pourra jamais nous suivre. C'est ridicule. »

Je sentis mon estomac se serrer, mais je n'avais pas le droit de montrer ma vulnérabilité. Je devais rester calme, même si mon esprit tournait à toute vitesse.
« Je suis entièrement d'accord ! Je ne veux surtout pas entrer dans ce gang ! »

Je m'exprimai rapidement, mais intérieurement, c'était une façade. Je n'avais pas l'intention de rejoindre leur gang, du moins pas maintenant. Mais comment leur faire comprendre ça sans risquer de me faire écraser ?

« Mikey, » murmurais-je, essayant de ne pas trembler, « je ne peux pas intégrer ton gang. C'est impossible. »

Un silence pesant s'installa. Mikey ne répondit pas tout de suite, ses yeux fixés sur moi avec intensité. Puis, d'une voix tranchante, il répondit :
« Pardon ? »

Je me redressai, les mains tremblantes mais mes yeux ancrés dans les siens.
« Je... Je ne peux pas intégrer ton gang. »

Il laissa échapper un léger soupir, et ses lèvres se pincèrent. Puis, avec une froideur qui me glaça, il dit :
« Tu m'as promis de faire ce que je voulais, maintenant tu tiens parole. »

Je savais qu'il ne me laisserait pas m'échapper. Et pourtant, je ne pouvais pas accepter. Je voulais bien tenir ma parole, mais il y avait des limites.
« Je t'accorde une faveur. Une seule. Pas plus, pas moins. »

Il fronça les sourcils, l'air toujours aussi impassible. « Et tu fais déjà partie d'un gang ? »

Je pris une profonde inspiration. Cette question, je l'avais anticipée. « Non. Pas tout à fait... » Je laissai la réponse en suspens, consciente que ça ne ferait qu'attiser sa curiosité. Je n'étais pas une stratège, mais je devais trouver une issue.

« Je peux... t'accorder autre chose... »
Je laissai mes mots flotter dans l'air, un espoir mince mais tenace. C'était risqué, mais je n'avais pas d'autre choix.

Il haussait un sourcil, intéressé. « Autre chose ? »

Je n'avais pas le luxe de leur révéler mes cartes tout de suite. Pas devant tout ce monde.
« Pas ici. Je peux vous expliquer à un autre moment. »
Je sortis mon carnet de ma poche, griffonnai mon adresse rapidement et tendis la feuille vers Mikey. « Prenez mon adresse. Venez samedi à 17 heures, je vous expliquerai tout. »

Les regards s'échangèrent. Ils étaient intrigués mais prudemment suspicieux. Mikey ne répondit pas tout de suite. Il prit la feuille, la roula et la fourra dans sa poche, le sourire à peine perceptible.
« Si cette adresse est fausse, sache que je te retrouverai, et je demanderai à mes gars de te démolir. Compris ? »

Je déglutis, ma gorge sèche. « Compris. » Je hochai la tête, essayant de garder une apparence calme. Mais le poids de ses mots m'écrasait.

Alors que je pensais que l'échange était terminé, un bruit de moteur se fit entendre, grimpant les marches du temple. Tout le monde se tourna vers l'entrée. Une moto. Et cette silhouette familière...

C'était Ryo.

Enfin, il était là. Mais quelque chose m'étrangla dans ma poitrine. J'avais à peine eu le temps de me détendre que je le vis. Sanzu, parmi le groupe, sa silhouette imposante se détachant du reste. Ses longs cheveux blancs. Son masque. Il se tenait là, à quelques mètres de moi, et je savais que, lui aussi, me reconnaîtrait tôt ou tard.

Je pris une grande inspiration, essayant de repousser cette montée d'angoisse. La moto de Ryo s'arrêta. Je grimpai à l'arrière, jetant un dernier coup d'œil à Mikey, à ses hommes... et à Sanzu.

Ryo ne perdit pas de temps. Il me lança un regard noir à travers son casque. « T'en as mis du temps ! » dis-je d'un ton faussement enjoué, en essayant de masquer la panique qui grandissait en moi.

« Qu'est-ce que tu fous ici, merde ? » Sa voix, enragée, était difficile à ignorer, mais je savais que je n'avais pas le choix.

« Je t'expliquerai en chemin. » Je me tournais vers Mikey une dernière fois. Je n'avais pas le temps d'avoir des regrets. Mais, alors que la moto démarrait, je sentis une vague de peur m'envahir à nouveau. Que faisait-il ici ? Sanzu... Pourquoi était-il ici avec eux ? Que faisait-il avec ce gang ?

La moto descendit les marches du temple à toute vitesse, et je me permis enfin de respirer. Ryo va me tuer ce soir, mais à l'instant, c'était surtout l'idée que Sanzu fasse parti de ce gang qui me terrifiait. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ?