Introducing... Kat!
Été 1957 (touchant à sa fin à vrai dire)
Déménager, c'était jamais facile. Mais déménager d'un pays à un autre, c'était carrément galère.
Je sais pas comment on avait réussi à se débrouiller mais au final on y était, garés devant notre nouvelle maison qui faisait tâche dans le paysage par rapport à la différence de taille entre celle-ci et celles du voisinage. Mes parents n'aimaient pas faire dans la discrétion et appréciaient leur petit confort. Ainsi ils avaient fait rénover et bien évidemment agrandir cette maison pour que notre immense famille qui se composait d'eux deux et de nous deux (mon frère et moi) ne nous sentions pas à l'étroit.
L'on pouvait apercevoir que quelques personnes du voisinage avaient fait le voyage jusqu'à leur perron pour observer cette petite famille d'étrangers qui s'étaient payer le luxe de s'offrir une maisonnée aussi tape à l'œil. Certains nous firent un signe de la main doublé d'un sourire hypocrite alors que d'autres se contentèrent de nous dévisager comme la nouvelle attraction que nous représentions sûrement à leur yeux.
Le camion qui nous avait suivit (parce que qui dit grande maison dit un tas de possessions plus inutiles et extravagantes les unes que les autres) se gara également et les déménageurs se mirent aussitôt au travail, c'est-à-dire qu'ils amenèrent tout les cartons à l'intérieur en un temps record alors que nous attendions paresseusement appuyés sur la voiture. Ma mère tourna la tête vers moi et me sourit brièvement, sourire que je lui rendit. Mon frère Roman (parce qu'il a un nom au final) se contenta de fixer ses chaussures avec ennui alors que mon père jetait continuellement un regard à sa montre, estimant sûrement que les pauvres hommes étaient trop lents à son goût. Facile de se faire une opinion lorsque l'on observe de loin...
Mon père était un homme exigeant, sûrement trop pour son propre bien. Il n'avait jamais eu à exercer de travail éprouvant et venait d'une famille plutôt (très) aisée, il ne comprenait pas vraiment les préoccupations des petites gens de ce fait.
Une fois nos meubles et autres fournitures entassés à l'intérieur, nous nous décidâmes finalement à entrer dans la bâtisse. Alors que ma mère nous faisait visiter et me montrait ma chambre au dernier étage (ce qui n'était pas pour me déplaire puisque je serais la seule à cet étage), je lui faisait faux bond et redescendait pour monter les cartons remplis de mes affaires dans ma nouvelle pièce personnelle.
Au bout du troisième et dernier carton, je m'écroulais sur le sol de ma chambre en soufflant comme un bœuf. Le sport et moi, on était pas vraiment pote.
Après ces cinq minutes de repos bien méritées, je commençais à installer mes affaires. Je commençais par les vêtements puisque la penderie était le seul meuble que cette chambre possédait (pour le moment). Je regardais affectueusement chaque morceau de tissus alors que je les roulais en boule et les stockais hâtivement dans le placard. Je faisais de même avec mes jeans, mes vestes, mes sous-vêtements et enfin mes chaussures que je poussais au fin fond de celui-ci. Rangement façon Kat effectué !
Ah oui, je m'appelle Kat en fait. Mon prénom en entier est Katarzyna mais disons que j'en suis pas vraiment fan et personne (à part les membres triés sur le volet de ma merveilleuse famille) n'arrivant à le prononcer je me suis faite à ce petit diminutif qu'est Kat, petit comme moi d'ailleurs...
Physiquement je suis petite et grassouillette, je suis pas énorme certes mais si l'on devait comparer mon corps à une forme en particulier je dirais que la poire me correspondrait bien. Une poire de 1m49. J'augmenterais bien le chiffre en disant 1m50 mais ce serait mentir et je suis une personne ma foi très honnête. Trop pour mon propre bien et possédant un humour plutôt particulier.
Mon frère Roman se trouve être mon jumeau bien que la ressemblance soit tout sauf frappante. Lui fait 1m70 ce qui est plutôt correct pour un garçon. Il est blond foncé, je suis châtain. Il est maigrichon et je suis une poire. Il est intéressant et je suis bizarre. La seule ressemblance résidant dans nos yeux, tellement marrons foncés qu'on les penserait noirs. D'où ils nous viennent, je ne saurais le dire. Mon père possédant des yeux bleus-gris (le fourbe) et ma mère ayant les yeux noisettes.
Nous sommes d'ailleurs le fruit d'une union atypique ! Mon père étant polonais et ma mère berbère ! Je ne parle aucune de leurs langues maternelles m'étant contentée du français alors que mon frère parlait couramment polonais. Nous étions nés dans le sud de la France où nous avions grandit jusqu'à ce que l'idée farfelue de migrer vers Liverpool ait germé dans la tête de mon père et comme il fut impossible de lui faire changer d'avis, nous voilà ici. Dans un pays dont je parle avec difficulté la langue et où je ne connais personne. Déjà que j'avais mis pas mal de temps à me faire des amis dans mon ancienne ville (10 ans pour être exacte), je savais d'avance que j'allais bien galérer ici où personne ne me connaissait de la primaire pour comprendre lorsque je plaisantais ou non.
Mon frère fit soudainement irruption dans ma chambre et s'installa à côté de moi qui depuis mon interlude rangement avait migré pour me poser sur mon lit.
« Que faites-vous donc de votre précieux temps à ce moment précis gente dame ? » demanda-t-il avec un demi-sourire.
« J'inspire et j'expire, j'observe silencieusement mon environnement. Je pense et j'expérimente, je m'évade de façon fictive vers des cieux plus cléments mon bon monsieur ! » répondis-je de façon dramatique.
« Rien en gros » conclut-il moqueur.
« Bonne déduction mon cher, mais voyons ! Que me vaut votre plaisante visite ? »
« Je voulais savoir si tu voulais descendre dans la salle de musique avec moi, histoire qu'on se fasse un jam mais d'abord je voulais t'avertir que nous devions aller nous présenter rapidement à nos voisins de gauche. »
« Et pourquoi de gauche précisément ?! Je sais bien que l'on fait tout à gauche dans ce pays mais il y des limites enfin ! » m'indignai-je en plaisantant.
« Et bien tout simplement parce que la maison de droite demeure inoccupée et nous ne pouvons décemment pas aller rendre visite aux cafard l'habitant ma chère sœur » répondit-il toujours moqueur.
« Ainsi soit-il dans ce cas ! Allons rendre visite à ces manants dans les plus brefs délais. Nos chers parents nous accompagnent-t-ils ou sommes nous livrés à nous-même ? »
« On se débrouille comme d'habitude. Monsieur notre père et madame notre mère sont bien trop occupés à ne rien faire voyons ! » fit-il semblant de s'indigner.
« Autant pour moi ! Ce sont des gens fort occupés, je l'avais oublié. »achevais-je alors que je le suivais hors de la chambre.
Nous descendîmes lentement les deux étages jusqu'au rez-de-chaussée jusqu'à ce que le blond se mette soudainement au milieu de ma route.
« Avant que j'oublie, tu vas y aller comme ça ? » m'interrogea-t-il avec sérieux.
J'examinais un instant ma tenue. Des bottes en caoutchouc confortables (oui il ne pleuvait pas, et alors ? ), un large jean et un gros pull. Je ne voyais pas vraiment le problème.
« Oui pourquoi ? Tu veux que je me découpe vite-fait une toge dans les rideau pour l'enfiler ? » répondais-je ironique.
Il se contenta alors de simplement souffler bruyamment et m'ouvrit galamment la porte (un gentleman que mon frère). Il me suivait dehors alors que nous nous dirigions vers la maison de gauche. Elle était blanche et petite, j'avais pas grand chose d'autre à notifier. On dépassait rapidement le grillage qui entourait le jardin (bizarre ces anglais à enfermer leur fleurs, elles allaient pas s'envoler...) et on atteignait enfin la porte d'entrée. Et un jeune homme un peu plus âgé que nous nous ouvrit, semblant étonné.
« Hello... What is it for ? *Bonjour... C'est pour quoi ?*» il demanda avec lenteur.
Il avait l'air d'un gars plutôt lent et il avait un gros nez. Je m'avançais légèrement, un sourire aux lèvres.
« Hello my dear lad ! We came here to talk to you about our Lord Jesus-Christ, and ... * Bonjour mon cher monsieur ! Nous sommes venu dans le but de vous parler de notre Seigneur Jesus Christ et...*»
Mais je fus interrompus par le coude de mon frère qui ne trouvait apparemment pas cette petite blague amusante.
« Aïe ! » me plaignais-je en le regardant de travers.
« Don't you worry about her ! *Ne faites pas attention à elle ! *» fit-il en m'ignorant. « It was a joke, she is the funny kind of girl you know... *Elle est du genre à faire des blagues voyez-vous...*»
Mais le garçon continua de nous regarder d'un air neutre jusqu'à ce qu'un semblant de sourire semble tressauter sur la commissure de ses lèvres. Toutefois, il ne dit pas mot.
« Enfin bref... » reprit mon cher frère en toussotant pour se redonner contenance. « We came here because as you may already know we're your new neighbours and we would like to present ourselves. *Nous sommes venus ici parce que comme vous le savez peut-être déjà nous sommes vos nouveaux voisins et nous voudrions nous présenter. *»
L'autre gars continua de le dévisager avec un air assez ennuyé... Mais peut-être que c'était sa tête après tout, qui sait !
« Me parents are not there yet. * Mes parents ne sont pas encore rentrés. * » répondit-il simplement.
Mon frère tourna la tête vers moi et je lui répondais en haussant les épaules. Si ses parents étaient pas encore là... En fait je voyais pas vraiment le problème mais peut-être était-ce juste moi.
« Oh... » fit alors ce cher Roman. « Well we'll come back later then. * Et bien, nous reviendrons plus tard dans ce cas. * »
« Okay » répondit le sympathique voisin.
Peut-être avait-il un stock limité de mots et ne pouvait pas en utiliser trop d'affiler, qui sait.
Il ferma la porte histoire de sûrement retourner à ses occupations alors que nous faisions le chemin inverse jusqu'à notre nouvelle maison.
Une fois arrivés à destinations, nous nous dirigions (précipitions) directement dans la salle à manger , parce que marcher et se faire rembarrer par un voisin plutôt taciturne, ça creuse !
« Dis-moi » interrogeais-je mon frère. « On compte pas " revenir plus tard " hein ? »
« C'est pas dans nos plans. » répondit-il avec flegme.
« Tu sais que je t'aime toi ! » m'écriais-je.
« Tu n'es probablement pas la seule dans cas ! » rétorqua-t-il avec fausse-prétention.
Je lui donnais un coup de coude sans rien ajouter de plus alors que nous prenions place à table où nos parents étaient déjà installés.
« Et vos mains dîtes-moi ? » nous reprocha ma mère.
« Toujours pendantes sur nos poignets » rétorquais-je avec un grand sourire.
Elle leva un sourcil en faisant un simple geste de bras nous indiquant la cuisine et plus précisément le lavabo où nous pourrions laver ces mains si sales...
Nous nous levions comme un seul homme histoire de faire ce que la dame demandait et une fois notre besogne faite, nous retournâmes nous asseoir en silence.
Apparemment notre excursion chez le voisin ne les intéressaient pas puisqu'il ne s'embêtèrent pas à nous demander comment diable cela s'était-il passé. Grand bien leur fassent, il n'y avait rien de bien passionnant à raconter de toute façon.
Après le dîner qui fut quelque peu ennuyant, je montais directement dans ma chambre. Du moins j'affrontais la ribambelle de marche séparant le rez-de-chaussée du deuxième étage ce qui eut le mérite de me faire faire un peu de sport. Une fois arrivée à destination, je préparais mon pyjama avant d'aller de me doucher dans la salle de bain se trouvant à mon étage. C'est qu'il faisait bon vivre au dernier étage !
Après l'étape douche (qui a dit que les français ne se lavaient pas, je vous le demande!), j'enfilais mon pyjama et filait me coucher. Demain la journée commencerait tôt. Demain c'était la rentrée et j'allais devoir faire dans le social avec tout mes nouveaux petits camarades... Ciel !
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Et voilà la fin de ce premier chapitre mes petits choux, en espèrant qu'il vous aura plus! Les commentaires sont fortement appréciés, à vrai ils font réchauffer mon petit coeur :3
Je vous retrouve très vite pour le prochain chapitre ;)
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