Chapitre 9: Crawl

Octobre 1957

Y a des matins où on a tout simplement envie de se pendre avec sa couette. Ça rendrait les choses tellement plus faciles après tout.
J'aurais pas besoin d'ouvrir les yeux et d'affronter la luminosité environnante qui je le sens sera des plus abominable.
Ne pas avoir à affronter ce mal de crâne atroce que je sens venir à des kilomètres et qui ne manquera pas de me ruiner la tête dès que j'aurais sorti un orteil de mon lit.
Se pendre avec sa couette, un solution des plus alléchante je pense.
J'hésite pourtant, il me faudrait bouger pour cela et je préfère encore jouer les cadavres dans mon lit douillé. J'aspire à la cessation totale d'activité. Seulement voilà, je suis bel et bien réveillée. Le mal de crâne fait surface et j'ai la gorge si sèche que j'ai l'impression qu'elle n'a jamais vu une goutte d'eau de sa vie.
J'ouvre un œil, dans un acte téméraire.
Mauvaise idée.

« Bordel de merde... » pestais-je alors que la clarté de la pièce me calcinait la rétine et amplifiait mon mal de crâne de façon abominable.

J'entendais ensuite quelqu'un grommeler. Je n'étais apparemment pas seule dans ma chambre.

« Y a quelqu'un ? » demandais-je ensuite d'une voix faible.

J'essayais de me ménager et sachant que ma propre voix réussissait à me vriller les tympans, je préférais garder le volume en sourdine.

« I don't speak french for christ sake Kat ! *Je parle pas français bon sang Kat !* » s'écrie alors la personne qui squatte apparemment le sol de ma chambre.

J'ouvre les yeux et bascule à moitié en dehors de mon lit histoire de savoir qui squatte mon parquet.

« McCaca ? »

Je me reçois alors une chaussette dans la tronche. Curieux.

« Why would you do that Paul ? *Pourquoi t'as fais ça Paul ?* » demandais-je alors, dans mon bon droit.

« Don't call me McCaca, I don't know what it means but I'm sure that's mean and I deserve respect after all the shit I went through yesterday because of you ! For fuck sake ! *Ne m'appelle pas McCaca, je sais pas ce que ça veut dire mais je suis certain que c'est méchant et je mérite le respect pour tout la merde que je me suis taper hier soir à cause de toi ! Putain de merde !* » monologue-t-il en hurlant.

JE VAIS LE FAIRE FRIRE !!!

J'ai un mal de crâne pas possible et ce con hurle comme un goret. Y a plus de respect, je vous jure.

Et puis, faut qu'il pète un coup. Ça réussit à personne d'être tendu comme un string comme ça !

« McCaca means McPoop, just so you know. *McCaca veut dire McExcréments, comme ça tu sais.* » rétorquais-je en serrant les dents de douleur.

Mais serrer les dents n'arrange rien, non non, la pression crânienne n'en est que plus forte. Du moins je crois, je suis pas médecin après tout.

Je me retrouve sans avoir le temps de dire canard sous un McCaca en pétard, celui-ci place ses mains au niveau de mon gracile petit cou. Je donne pas cher de ma peau.

« I swear to god, I'M GONNA MURDER YOU !! *Je le jure devant Dieu, JE VAIS T'ASSASSINER !!* » s'écrie-t-il.

Adieu chers tympans, et adieu la vie, accessoirement.

« Hey, calm done my little cupcake ! Why would you be so upset ? *Hé calme-toi mon petit cupcake ! Pourquoi tu prends la mouche comme ça ?* » me défendais-je d'une voix semblable à celle d'un présentateur de show pour enfants en bas âge.

C'est bizarre mais tout ça me semble familier. N'empêche, je comprend pas pourquoi ce con s'énerve pour si peu. C'est qu'un surnom après tout, pas de quoi égorger un mouton un soir de pleine lune à la gloire de Satan.

Celui-ci ne me répond pas, il se contente de me fixer avec un regard meurtrier.

« Are you actually planning on murdering me my dear ? *Tu comptes vraiment m'assassiner mon cher ?* » fais-je d'une petite voix.

En espérant que les autres soient rameutés par les cris déments qu'avait poussé McCaca, ou s'en est fini de moi.

En parlant des autres... Ils sont morts ou quoi ?

Bougez vos culs !!! Venez sauver mes miches bande de cancrelats !!!

Pendant que je compte les secondes qu'il me reste à vivre, McCaca me fixe toujours comme si il allait me faire écarteler. J'ai peur !

« Paul ? » tentais-je alors.

Je vois ses yeux s'humidifier et je me demande qu'elle en est la raison alors que celui-ci fond sur moi et me fait un câlin.

Kescécé ?

KESCECE ??

« I thought you were going to die yesterday, you were feeling so bad, and you passed out ! I was going to call the police but they told me not to ! I didn't wanted you to die even if I despise you Kat, don't you dare do this to me again ! *J'ai cru que t'allais mourir hier, tu allais tellement mal, et tu t'es évanouie ! J'allais appeler la police mais les autres m'ont dit de pas le faire ! Je voulais pas que tu meurs même si je te méprise Kat, me fais plus jamais ça !* » s'égosille-t-il tout en chialant dans mes bras.

Alors je suis pas sûre de tout comprendre là, le gars voulait me dépecer pour se tailler un slip avec ma peau et là il est dans mes bras inconsolable.

Je tapote son dos gentiment pour tenter de le consoler.

« There, there... *Allez, allez...* »

Qu'est-ce que putain de quoi ? Très sérieusement.

Après je vais pas me plaindre non plus, il semblerait que je vivrais pour voir le soleil se coucher demain donc bon.

Il se met dans des états quand même, j'étais juste bourrée, pas sur le point de décéder !

Enfin, il reste un moment dans mes bras alors que je suis au comble de l'inconfort. Puis il finit par s'endormir, toujours blotti dans mes bras comme un gosse de cinq ans au bout d'un heure environ.

Je fais quoi moi maintenant ?

Il a la tête sur ma poitrine en plus ce con, il a l'air bien installé malgré le peu qu'il y a, ça lui fait un coussin je suppose. Mais pourquoi je le laisse faire moi ?

Je ne saurais dire. La pitié je suppose. Oui c'est ça, la pitié.

Au bout d'environ une quinzaine de minutes, me faisant royalement chier, je me décidais à le pousser. Il se contente alors de rouler sur le côté, toujours profondément endormi comme la petite chose fragile qu'il était assurément.

Je me propulsais hors de mon lit puis hors de ma chambre, carrément soulagée.

Mon mal de crane se rappela gentiment à mon souvenir, achevant abruptement mon moment de grâce. Je décidais de retourner à l'intérieur, je récupérais mon sac et quittait non seulement la pièce, mais aussi la maison. J'avais comme besoin de prendre l'air.

Jusqu'ici je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de me promener dans Liverpool, non seulement par manque de temps mais aussi d'envie. L'extérieur, l'air frais, les pâquerettes voletant au grès du vent ? Pas mon truc. Aucunement. Rodriguette, une pièce obscure, moi, là ça me branchait. Mais marcher et voir des gens. Nope.

Enfin, j'étais tout de même à l'extérieur en ce moment-même, prise d'un accès de témérité. Aussi me décidais-je, et cela me ressemblais décidément plus, d'aller voir un film. M'enfermer dans une pièce obscure pour une heure ou deux, voilà qui semblait alléchant.

Je regardais le fronton du Cinéma quelque peu miteux du centre-ville, mais surtout je regardais les films affichés. C'était bien ma veine, le seul film à passer dans moins de dix minutes était une rediff de "Un Tramway Nommé Désir", je n'avais jamais pris la peine de voir ce film, ici par manque total d'envie. Mais aussi parce que le nom en lui-même me semblait tellement ridicule. Il semblerait que je me retrouvais forcée malgré moi à voir ce film pour filles en chaleur. Enfin, ça me ferait passer le temps.

Je me retrouvais alors devant le guichet du cinéma, guichet tenu par un rouquin à la peau tellement grasse que je pourrais me faire une tartine beurrée avec le résidu graisseux de son délicat visage.

« What is for ? *C'est pour quoi ?* » demande celui-ci avec une voix haut perchée peu avenante.

Ah bah je sais pas mon vieux, j'ai vu de la lumière alors j'ai décidé de passer dire coucou...

« I'm here for the Art Exhibition. *Je suis là pour l'exposition d'Art.* » répondais-je avec un grand sérieux.

« I'm afraid there's no such thing in here. *Il n'y rien tel ici malheureusement.* » répond-il interloqué.

Ah bon ?

« How odd... Well I guess that, since I'm already here, I may as well just watch a film then. *Que c'est étrange... Et bien, puisque je suis déjà là, je ferais mieux de regarder un film tant qu'à faire* » rétorquais-je.

« I guess you should. What would like to see then ? *Je suppose que ce serait une bonne idée. Qu'aimeriez-vous voir dans ce cas ?* »

« A Streetcar Named Desire. *Un Tramway Nommé Désir.*»

Il me darda d'un regard accusateur, comme si j'étais un suppôt de Satan ou un truc du genre.

« Why would you want to watch such a horrid film ? *Pourquoi voudriez-vous voir un film aussi abject ?* » m'interrogea-t-il avec suspicion.

Parce que là maintenant tout de suite dans l'immédiat, ben y a pas d'autres films ducon ! Puis tu vas me la vendre cette putain de place à la fin, tu commences à m'emmerder sévère avec tes question à la con !

Je commençais à perdre patience. Et puis de quoi je me mêle surtout ?

« How would I be able to know it's horrid if I haven't watched it yet ? As I only trust myself and would like to make my own opinion about the said film, I'd like to watch it , if you don't mind. So how much does it cost ? *Comment pourrais-je savoir qu'il est abject si je ne l'air moi-même pas vu ? Comme je n'ai confiance qu'en ma personne et que j'aimerais me forger ma propre opinion à propos du dit film, j'aimerais le voir si ça ne vous dérange pas. C'est combien ?* »

Il se contenta de m'indiquer le prix avec les doigts de sa main, comme si continuer à me parler souillerait son âme des plus pures. Enfin, qu'il aille se faire foutre se type, je lui donnais l'argent, il me donnait le ticket et je me barrais à l'intérieur. Je m'installais sur un siège au premier rang, au beau milieu de celui-ci, et après quelques dessins animés ma foi fort sympathiques, le film débuta.

De retour chez moi, je n'avais qu'un chose en tête, épouser Marlon FUCKING Brando ! Oui, j'étais tombée dans le piège de toutes filles possédant des ovaires. J'étais tombée pour le polack misogyne violent et violeur de ses dames mais pour ma défense, il était beau gosse ! Enfin, je plaisante en disant ça, Stanley pouvait tout aussi bien aller se faire foutre, c'était l'acteur qui m'attirait pas le connard qu'il interprétait. Même si le fait que le personnage soit d'origine polonaise soit une drôle de coïncidence ! Le film était quand même pas mal, je regrettais presque de ne pas l'avoir visionné avant. Enfin, je préférais l'avoir vu en version originale, même si des sous-titres se serait avérés fort utiles. Leur accent du Sud des États-Unis était carrément incompréhensible bordel !

Je passais le seuil de ma demeure et je fus accueillis comme un soldat rentrant de la guerre après plusieurs années de séparation.

« KAT !! For fuck sake, where were you ?? *KAT !! Bordel de merde, t'étais où ??* » s'écrie John en prenant dans les bras.

« Watching a film ? *Je regardais un film ?* » répondais-je hésitante.

Il se sépare de moi, me prend par les épaules et me fait les gros yeux. Les autres qui sont tous derrière pas loin de l'escalier font de même.

J'ai raté un épisode ?

« Anyway, we can all leave now, since Princess "I don't care about the others" has return to safety. *Bon, on peut tous partir maintenant, puisque Princesse "j'en ai rien à foutre des autres" est enfin de retour.* » lance-t-il en me contournant et en se cassant de chez moi, très vite suivit par les autres dont un McCaca quelque peu en rogne.

Ne restèrent que mon frère et ce très cher Richie qui avait semble-t-il décidé d'emménager ici.

Bon, qu'ils aillent se faire foutre.

Mon frère me darda d'un regard mauvais et se barra dans la cuisine quand Richard se contenta de me lancer une sorte de regard compatissant et de le suivre, en caleçon.

D'un coup, pour absolument aucune putain de raison j'étais devenue persona non grata !

J'avais plus qu'à me barrer aux Etats-Unis et épouser Marlon.

Chapitre très court, je suis franchement désolée, surtout que je suis incroyablement en retard. J'ai eu un grand manque d'inspiration ce dernier mois malheureusement. Enfin voilà. En espérant que ça vous ait plus. Je vais essayer de poster le prochain chapitre plus vite la prochaine fois.

Bisou bande de chou !! <3

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