Chapitre 12: One Track Lover

Ondulation du sourcil, sourire lubrique. Le Lennon de base comme nous le connaissons avait fait son entrée dans la chambre (sa chambre plus précisément). Avec mon frère et Richard, nous étions toujours emmêlés dans un câlin collectif. C'est dubitatif que nous le regardions alors.

« What have I missed you naughty boys ?! Is there an orgy goin' on that I wasn't invited to ? If so, I will be very pissed off to hear such a thing. *Qu'est-ce que j'ai manqué bande de petits coquins ?! On fait une orgie et on m'invite pas ? Si c'est le cas j'en serai très contrarié.* » S'exclama-t-il avec son habituel sens de l'humour de l'espace.

Au lieu de mettre fin à notre câlin, comme les personnes sensées que nous aurions dû être, nous restions là, toujours dans les bras les uns des autres, la bouche grande ouverte tel un poisson hors de l'eau. Quelle glorieuse vue.

« Are you high or somethin' ? *Vous êtes défoncés ?* » continua-t-il alors devant notre manque total de réaction mais sans s'inquiéter pour autant.

Il en fallait pour inquiéter le Lennon. Il restait là à nous observer, un poing fermement posé sur sa hanche dans l'attente de... Dans l'attente qu'on se réveille un jour je suppose. Ce que nous fîmes.

« Hum hey ! No ! We're not high, Roman's a bit drunk that's for sure, I can't speak for Richard but I'm totally sober your highness. *Hum hey ! Non ! On est pas défoncés, Roman est légèrement bourré et pour Richard je ne saurais dire mais en ce qui me concerne je suis on ne plus opérationnelle votre altesse.* » Répliquais-je plus vite que les autres.

A croire qu'on avait mis leur cerveau sur pause sérieux. Les hommes je vous jure. John braqua naturellement son regard sur moi.

« Follow me love, I've got somethin' to show you. Actually, I would've asked you to come to my room so I'm gonna ask your lovers here to leave pronto. *Suis moi mon chou, je dois te montrer un truc. A vrai dire, je comptais t'inviter à me suivre dans ma chambre donc je vais devoir demander à tes amants de partir pronto.*  »

Pourquoi donc ? Je n'en avais aucune idée mais ne pipais mots, puis c'est pas en regardant ce vieux caca que j'aurais pu deviner. Il était aussi indéchiffrable qu'une huître c'est dire. Avec son sourcil en vrille.

Roman me fit un rapide bisou sur le front, Richard l'imita dans la plus totale incompréhension (quel mouton ce type) et ils furent vite partis hors de la chambre.

J'ai pas bougé mon cul du lit et Johnny boy s'installe donc à mes côtés. Toujours aussi cryptique.

« Soooo, what is it then ? *Dooonc, c'est à quel sujet ?* » lui demandais-je alors curieuse.

Et quelque peu inquiète je dois dire, dois-je vous rappeler la demande de sexy sex intempestive que l'on m'a faite il y a de cela une heure mes petits ? C'est bien ce que je pensais.

« Just bought a new Buddy Holly LP, thought you might enjoy it love. *Je viens d'acheter un nouvel album de Buddy Holly, j'ai pensé que tu pourrais apprécier mon chou.* » fit-il.

S'en suivit un clin d'oeil puis il me montra le dit vinyl. Vous voyez, le McCaca m'aurait montré ça avant de me faire sa demande que je lui aurais ouvert les portes du Pussy Palace immédiatement. Oui il en faut peu pour s'emparer de mon cœur.

« Are you for real man ! *Tu te fous de ma gueule !* » m'excitais-je alors que je m'emparais du vinyl avec admiration. « *I could kiss you for fuck sake ! I love this guy ! I'm not kidding. *Je pourrais te rouler une pelle putain ! Je kiffe ce type ! Sans déconner.* »

Ondulation du sourcil, sourire lubrique, air cryptique, enfin vous connaissez la chanson.

« Don't say things you could regret later little thing. Anyway, shall we play it ? *Ne dis pas des choses que tu pourrais regretter par la suite petite chose. Enfin bref, devrions nous le lancer ?*»

«Do you ask a blind man if he wants to see ? *Tu demandes à un aveugle si il veut voir ?* »

Il éclate de rire, c'est qu'il est facile de le faire rire à ce petit.

« Touché. »

Sur ces mots il le met en route, et quel album ! Nous l'écoutons dans un silence quasi religieux le temps que l'album se termine, nous nous regardons comme deux personnes qui viennent de partager une expérience inouïe.

« Whaddya think of it ? *T'en as pensé quoi ?* »

Qu'est-ce que j'en avais pensé ? Et bien ceci : un véritable plaisir pour les oreilles. Buddy Holly ne m'avait pas déçue pour changer. Il y avait toujours eu un certain panache à ses chansons qui ne manquait pas de déchaîner en moi un certain tourbillon d'énergie et un sentiment ultime de rébellion. Il me donnait envie de dire ce que je pensais et de faire ce que je voulais. Peut-être était-ce la raison pour laquelle les adultes avaient aussi peur du phénomène du Rock'n'Roll. La passion qui en découlait et qui restait malgré tout accessible aux gens d'une classe sociale inférieure. Il avait le Jazz qui découlait d'un profond sentiment de marginalité qui en faisait un phénomène des plus intéressant également mais c'était l'instrument de rébellion des classes supérieures. Qui avait les instruments qui leur permettait en un sens de comprendre. Nous avions le Rock. Bien que vu ma situation financière je suppose que j'aurais dû écouter du Jazz.

Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples qu'elles n'y paraissent. Et puis il y a toujours une exception à la règle n'est-ce pas ?

Si il ne s'agissait pas d'un phénomène de classe sociale, peut-être était-ce simplement un phénomène de générations ? Le rock aux adolescents et le jazz aux jeunes adultes ?

Ici aussi il était impossible de se prononcer avec certitude. Pure spéculation.

« Eargasm. Fucking eargasm man ! I could listen to it all day and the beat sure as hell didn't disappoint! *Orgasme des oreilles. Putain d'orgasme des oreilles mon gars ! Je pourrais l'écouter toute la journée et le tempo ne m'a foutrement pas déçue ! * »

Il me regarda avec ce que je définirais comme une pointe de fierté.

« That's my girl ! I'm glad to see that you have taste little one. *Ça c'est ma fille ! Heureux de constater que tu as du goût petite chose. * » s'exclame-t-il alors.

Il entreprend ensuite de m'ébourrifer les cheveux malgré une forte opposition de ma part. Après quoi il se leva, se saisit de mon bras et m'entraîna vers sa vaste collection de vinyles.

« I have some other stuff that I would like to have yer opinion about. *J'ai d'autres choses sur lesquelles j'aimerais avoir ton opinion.

Et pour le reste de la soirée nous restions dans sa chambre à écouter de la musique puis échanger nos différentes opinions par la suite. 

Si la soirée avait été plaisante, mon retour à la maison le fut d'autant moins.

« Tu n'apprendras décidément jamais. »

Comme je le disais, retour pour le moins déplaisant.

Mon paternel, vous connaissez le bonhomme. Procédurier, aucune pitié, sexiste à souhait. Il se trouve que nous sommes un soir de semaine. Et à ne pas pouvoir passer pour une couille molle (malgré le fait que je sois dépourvue de testicules de base) et bien, je me suis foutue dans la merde.
Bien entendu Roman lui n'a rien à craindre, rien à se reprocher aux yeux de mon si charmant géniteur, parce que lui justement est pourvu de testicules.
Cela dit c'est pas à moi de balancer ce petit collabo, qui bouffe des tartines en ce moment même, profitant du spectacle passablement bourré.

Je suis tout à fait sobre mais croyez vous que ça jouera en ma faveur ? Que nenni !

« Tu n'es pas attentive à ce que je te dis semblerait-il.» avance t'il soudainement.

Il est vrai que je ne lui prêtais aucune attention, je connaissais le refrain par cœur. Je savais pertinemment qu'aucune défense aussi solide soit-elle ne parviendrait à me sauver les miches alors je demeurais silencieuse en l'attente d'un verdict. Puis c'est vrai que je l'avais cherché pour le coup. Bien que niveau double standard on était servi.

« Je sais que je suis en faute. Je ne vois pas l'intérêt de répliquer.»

À ces mots il parut momentanément surpris avant de se reprendre. Et de reprendre sa tyrade.

« Peut être n'es-tu pas aussi sotte que ça après tout. Toutefois...»

Et blablabla, putain ! Mais merde. D'habitude le gars l'ouvre jamais et là il se prend pour Hamlet sa mère.

Environ une éternité plus tard, il en a fini avec moi et monte se coucher, nous laissant mon frère et moi dans le living room.

« Et bien... Il semblerait qu'on se soit faite bien allumée.» me lance mon bien-aimé fraternel.

« Oh toi ta gueule, t'aurais pu essayé de me défendre au moins !»

« Tu rigoles j'espère, c'était déjà un miracle que je me sois pas fait engueuler alors j'allais pas risquer mon cul pour sauver tes fesses ma chérie. »

Je vois comment on est.

« Tu sais quoi, j'aime pas trop les égoïstes. Et les fils de putes.»

No offense mom.

« Allez je vais me coucher, amuses toi bien mon chou.»

Sur ces mots il va se coucher.
Du coup je vais me coucher aussi, parce que rester seule planter dans le salon, très peu pour moi.

J'ai écopé d'un mois de privation de sortie soit dit en passant. Et bien entendu plus de Rodriguette non plus. Chienne de vie.

Le lendemain matin, je me réveille passablement énervée. Je suis fatiguée et je suis punie donc bon, j'ai les nerfs.  Pendant le trajet jusqu'au lycée, je me retrouve en tête de file de notre petite troupe de trois.
En même temps avec l'autre lanterne fallait pas s'attendre à y être rapidement.
Je ne leur adresse pas la parole.
Tout d'abord parce que je ne cautionne pas le nazisme dans le cas de ce cher Roman et dans le cas du Slow Guy c'est pas association. Tu traînes avec un nazi, tu es donc également un nazi. Niques toi bien.

Nous finissons donc par arriver, enfin. Je me fais intercepter par gros nez et gros cul. Oui j'innove avec les surnoms alors pour les deux du fond qui ont pas trop suivis l'affaire parce que ce sont des cons, il s'agit de Johnny boy et de McCaca.

«Oy oy !» s'écrit gros nez.

« Hello Kat. *Salut Kat. *» fais gros cul à l'unisson.

Par ailleurs oui McCaca a un gros cul. Ce petit mange bien à la cantine rien n'est moins sûr. Après Johnny est pas mal non plus dans son genre mais son pif vole la vedette à son cul si vous voyez ce que je veux dire. Même si Slow Guy le bat à plat de couture niveau tarin mais sa lenteur le caractérise bien plus que son nez.
Comment ça je suis méchante ce matin ?

« Hi. *Salut. *» que je répond donc.

Parce que faut bien répondre, autrement on passe pour un sagouin. Ce que je ne suis pas à l'évidence.

«Ye sure look gloomy this fine morn' luv. *Tu m'as bien l'air sinistre en cette si belle matinée très chère. *» constate John.

«No shit Sherlock. I'm grounded. Fucking again cause I went to this little party if yours yesterday *Sans déconner. Je suis punie. Encore putain parce que je suis allée à ta petite fête hier.

John a la présence d'esprit de ne rien dire. McCaca ne possédant apparemment pas de cerveau croit bon de commenter.

« Well, you should've known better I guess... *Fallait s'en douter aussi...

Euuuh il est sérieux là face de pet ? Genre le mec me force à venir et genre c'est ma faute maintenant.

Il esquisse alors un rictus de sale race. Il sait très bien ce qu'il fait. Ce qu'il fait c'est qu'il se fout de ma gueule. Heureusement que j'ai promis de mettre mon passé de violence derrière moi autrement je te l'aurais fracassé à l'autre débile. Ou du moins je serais morte bravement en essayant. Vieux caca.

Je lui assène mon regard le plus noir. Il se contente de me sourire innocemment et John ondule alors des sourcils. Je crois que c'est son mode par défaut en fait. Autrement je ne comprend pas cette ondulation des sourcils intempestive. Bien que ça demande des compétences remarquables ça s'est sûr.

Nous allons ensuite en cours. Parce qu'au lycée c'est une action commune, une action que nous dicte le bon sens.

En même temps je vois pas l'intérêt d'aller au lycée, surtout qu'il est à perpète si c'est pour bouffer des fajitas.

Même si je dois avouer que les fajitas c'est exquis. Mais on s'éloigne du sujet.

Le lycée, les cours, en bref l'ennui.

Fin du chapitre.

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