Novembre 1957

De retour à la case paria, voilà ce qu'il était advenu de moi en un court laps de temps. Okay, un mois n'était peut-être pas un si court laps de temps que ça mais quand même, c'était pas beaucoup quoi. C'était triste, triste à en chialer à vrai dire.

Comment ma vie avait-elle basculé de la sorte en moins de 3 mois ? Je vous le demande !

Mon frère avec lequel je m'entendais jusqu'ici parfaitement c'était transformé en connard misogyne sans crier gare. Enfin, heureusement cela dit parce qu'à moins d'être contrôleur de train ça aurait sûrement était incongru de sa part mais cela n'excusait rien !

Mon mois de solitude sordide m'avait cela dit permis d'approfondir mes connaissances sur ce cher Marlon que j'étais désormais motivée à épouser plus que tout. J'avais vu en tout 3 de ces films (difficile en même temps quand les rediffs de ces films au cinéma étaient quand même rare) et j'avais hâte d'en voir un qui devrait sortir d'ici Décembre.

Quand on était seul fallait bien s'occuper, et j'avais trouvé en ce beaugosse d'Amerloque une distraction des plus passionnante, en plus de cette chère Rodriguette bien sûr que je ne saurais oublier. Tout ça bien sûr, je n'y avais le droit qu'une fois chez moi, au lycée c'était tout autre.

Je me retrouvais isolée parmi la foule, John et McCaca ne m'adressant plus la parole pour une raison des plus stupides. Je n'étais pas une enfant enfin ! Je n'allais pas m'excuser tout ça pour m'être absentée une heure de ma propre maison quand même !

Je n'appréciais pas avoir des comptes à rendre, je n'avais de compte à rendre à personne bon sang ! J'étais un esprit libre, une âme indépendante et je ne saurais vivre tout en me bridant tout ça pour faire plaisir à deux trois connards. C'était à eux de s'excuser, point barre.

Roman aussi devait s'excuser. Il n'avait pas digérer que je l'envoi se faire foutre la dernière fois et depuis ne me calculait plus non plus. Le pire c'est qu'il me manquait ce con !

Et ce cher Richard...c'était bien le seul qui n'avait rien à se reprocher, il me disait même bonjour. Par pitié, par gentillesse ? Je ne saurais dire, aucune des deux options ne me satisfaisaient, je préférerais savoir qu'il me dit bonjour parce qu'il m'apprécie, ni plus ni moins. Mais ça m'étonnerais.

Me voilà qui était en route pour le lycée en plein monologue intérieur. Cocasse.

J'arrivais et entrais à l'intérieur de l'établissement, livrée à mes pensées et j'apercevais pour la énième fois le groupe de John se la jouer Johnny Strabler dans l'Équipée Sauvage. Il n'aurait jamais autant la classe que mon futur mari mais ça valait quand même la peine d'essayer je suppose.

J'avais vu le film hier, belle journée de Dimanche soit dit en passant.

Je m'arrêtais devant eux, devant John pour être plus précise. Celui-ci avait un regard qui aurait pu faire fuir un troupeau de rhinocéros en furie mais pas moi, un instinct de survie plus que douteux je suppose.

« Come on Johnny, man you are too square ! *Allez Johnny, fais pas ton ringard !* » lui lançais-je.

Je le voyais alors me regarder avec étonnement. Enfin il me souriait alors que McCaca relevait un sourcil dédaigneux.

« That's better Johnny. You know I miss you. Ever since the club split up, I miss you. We all missed ya... you miss 'im? yea. The Beetles missed ya. All the Beetles missed ya. Come on Johnny, let's you and me go inside and have a beer and I'll beat the Christmas living out of you. *C'est mieux Johnny. Tu sais, tu m'as manqué. Depuis que le club s'est divisé, tu m'as manqué. Tu nous as tous manqué ! Il vous a manqué ? Oui. Les Scarabées t'ont manqué. Tout les Scarabées t'ont manqué. Allez Johnny, allons prendre un pot et ensuite je te casserais la gueule.* » continuais-je sur ma lancée alors que John éclatait ici carrément de rire.

Il s'avançait ensuite vers moi, bloquais ma tête sous son bras et me frottait le crâne avec mesquinerie.

« No ! Not my beautiful hair ! *Non ! Pas mes beaux cheveux !* » m'écriais-je.

« You naughty girl ! *Vilaine fille !* » réplique-t-il espiègle avant de me lâcher.

« So... What have you guys been up to lately? *Alors... Qu'est-ce que vous avez fait des vos vies ces derniers temps ?* » enchaînais-je.

« Not much... Been there, done that. The usual stuff you know. *Bof... Pas grand chose. Les conneries habituelles.* » répond John avec son habituel sourire enjôleur. « How come you know this film by the way ? *Comment ça se fait que tu connaisses ce film en fait ?* » demande-t-il ensuite.

« Well I'm in love. I can say no more. *Et bien, je suis amoureuse. Je n'en dirais pas plus.* »

« Please say no more. *N'en dis pas plus.* » intervient alors McCaca soudainement plus avenant.

Bon, un mois de silence et tout ce que j'avais à faire pour m'intégrer de nouveau c'était citer un film de façon intempestive. Curieux.

La cloche sonne, annonçant le début des cours.

Je m'installais à ma place habituelle quand Paul vint s'installer à mes côtés à ma grande surprise. Il m'adresse un sourire chaleureux et sort ses affaires. D'accord... Qui est cette personne et qu'a-t-elle fait de ma redoutable Némésis ?

Le cours a commencé depuis dix minutes quand il me donne un petit coup de coude pour attirer mon attention. Je me tourne vers lui, interrogative. Qu'est-ce qu'il me voudra ?

« So... Who's the lucky one ? *Alors... Qui est l'heureux élu ?* » lâche-t-il alors sans se départir de son magnifique sourire.

J'ai dit magnifique ? Je voulais dire moche à souhait, autant pour moi. Oui, je suis de mauvaise foi, faudra s'y habituer.

« I thought you didn't wanted to know. *Je pensais que tu ne voulais pas savoir.* » répondais-je en souriant à mon tour.

Pour une raison inconnue...

« Come on, I was messing with you. Tell me, I want to know ! *Allez, je plaisantais. Dis-moi, je veux savoir !* » répond-il taquin.

Je ne pensais pas le voir me taquiner de mon vivant, je vous assure.

« Marlon Brando. »

Il parut me jauger une seconde, le temps de savoir si j'étais sérieuse ou non. Seulement j'étais très sérieuse. Il éclata alors bruyamment de rire. Sale caca va.

« HAHAHAHAHA ! For fuck sake Kat, that's hilarious ! *HAHAHAHAHA ! Putain Kat, c'est hilarant ! * » continue-t-il de s'esclaffer.

Seulement nous sommes dans une salle de classe, c'est pour cela qu'il se prend un regard sévère presque meurtrier à vrai dire du prof qui s'est fait rudement interrompre.

« Sorry... *Désolé...*» fait-il penaud.

Le prof reprend son cours sans se départir de son air sévère. Je vois Paul gribouiller un truc sur sa feuille, j'apprends à l'occasion que celui-ci est gaucher. Il me tend alors la dite feuille.

'Wait for me after school. *Attends-moi après les cours.*'

Je lui lance un regard interrogatif.

« Okay ? » mime-t-il avec ses lèvres.

Je hochai de la tête avec hésitation. Tant qu'il prévoyait pas de m'assassiner, pourquoi je dirais non.

Tout le reste du cours se passa dans le calme et le respect des saintes écritures. Le reste de la journée également. Je commençais à me demander où était passé ce cher Olaf en y repensant, ça faisait un moment que j'avais pas vu sa tronche de coincé du cul.

Me voilà qui attendais Paul à la fin des cours, comme prévu. A croire que j'avais perdu ma fougue d'antan.

« Oy Kat! How's it goin'? *Hey Kat! Comment ça va? *» m'interpelle Paul en arrivant fashionably late, cheveux au vent.

« Fine actually, ever since I last saw you earlier in the day Macca *Aussi bien que depuis la dernière qu'on s'est vu, c'est-à-dire plus tôt dans la journée.*» fis-je alors, sarcastique.

« Oh, no McCaca anymore?* Tu m'appelles plus McCaca? *» répond-il surpris.

« As you already know what it means, it's no fun anymore matie mate. * Comme tu sais désormais ce que ça signifie, ça a disons le perdu de sa drôlerie. * »

« Okay okay, not that it bothers me or anything, I'm actually quite glad you stopped with the silly Nickname. * Okay d'accord, pas que ça me dérange cela dit, je suis à vrai dire pas mal satisfait que tu arrêtes avec ce surnom débile.*»

« Still calling you that in my head though. * Je t'appellerai toujours comme ça dans ma tête cela dit. * » ajoutais-je alors.

McCaca.

« As long as it's in your head... * Tant que c'est dans ta tête...* » commente-t-il le sourire crispé. « Let's get on our way. *Mettons-nous en route.* »

Et il se met en route dans la direction opposée à ma maison.

« Hum...If you wanted me to walk with you on the way home I'm gonna have to object as my house is on the other side actually... * Euh... Si tu voulais que je te raccompagne chez toi ça va pas être possible parce que chez moi c'est de l'autre côté en fait...* » commençais-je hésitante.

« No, you're coming with me, we're going to my place and then we're gonna meet Lennon a bit later. And I won't take no for an answer. * Non tu viens avec moi chez moi et ensuite un peu plus tard on ira voir Lennon. Et je ne prendrai pas non pour réponse. *» s'obstine-t-il.

Ça c'est une réplique de violeur, je dis ça je dis rien hein.

« But...It's only Monday?! We have school and everything tomorrow Paul! * Mais on est Lundi?! On a école demain et tout ça Paul! *» objectais-je alors.

Sans parler du fait que mes parents vont m'étriper et que Roman sera même pas là pour m'épauler.

« C'mon, don't be such a pussy Kat. * Fais pas ton bébé Kat. * » répliqua-t-il faisant appel à mon Orgueil.

« Okay... But let me tell you that you're a pain in the ass Paul. * Okay... Mais laisses-moi te dire que t'es bien chiant Paul. *» abdiquais-je donc, n'ayant visiblement pas le choix.

Touché.

« I know, you too by the way. * Je sais, toi aussi soit dit en passant.*» répond-il avec un clin d'œil ironique.

Je vous le ferais rôtir à la broche ce petit empaffé!
Le trajet se poursuit alors dans le calme. Ce qui me laisse pas mal de temps pour m'interroger. Déjà ses motivations me semblent louches.
On peut pas se piffer pour commencer alors pourquoi m'invite-t-il chez lui, c'est à ni rien comprendre! Ensuite, pourquoi m'invite-t-il chez lui? C'est à ni rien comprendre bordel de cul! Excusez ma vulgarité et oui je me répète, mais y a de quoi être sceptique enfin!

On arrive alors enfin chez l'autre hurluberlu, un quarantenaire fort charismatique, les cheveux gominés et le sourcil charmeur nous ouvre la porte. McCaca Senior. C'est qu'on en mangerait !

« Hello young lady, you're a friend of James I suppose ? Feel more than welcome to come inside ! *Bien le bonjour jeune fille, je suppose que tu es une amie de James ? Je t'en prie, rentres !* » me salue-t-il avec le sourire.

Qui que c'est que James d'abord ?

« Yes dad, she's a friend of mine. *Oui papa, c'est une amie à moi.* » répond McCaca avant de me tirer par le bras pour que je rentre à sa suite.

Désolée, vous savez la voix suave du paternel m'avait envoutée le temps d'un instant, du coup j'étais resté plantée comme une pintade sur le pas de la porte, buvant ses paroles. J'aime les hommes plus vieux ! Et je ne m'en cache pas !

Faudra qu'il m'invite plus souvent le cloporte.

Il continue de me tirer jusqu'à ce qu'on arrive à l'étage. Parce que oui, sa maison a un étage, et trois chambres à cet étage d'ailleurs. Enfin bref, on rentre dans sa chambre et je pose mon délicat petit derrière sur son futal.

Un blanc se fait ensuite alors qu'il pose ses miches à côté de moi. Il me regarde, je le regarde, bref on se regarde puis il ouvre la bouche comme pour dire quelque chose mais se ravise et fixe ses pieds.

Okay ?

Il me lance à nouveau un regard puis part chercher sa guitare, très belle guitare par ailleurs avant de commencer à l'accorder. Fort bien.

Il fait sonner aléatoirement les cordes puis se met à jouer quelque chose, c'est qu'il joue bien le con. Il se sourit tout seul, on voit qu'il aime la musique. On les reconnait ces gens-là, j'en fais partie donc je m'y connais on va dire. On continue comme ça pendant au moins dix minutes. Lui qui joue moi qui observe, lui qui joue quand il consent enfin à l'ouvrir.

« So... Kat, would you have sex with me ? *Du coup... Kat, tu ferais l'amour avec moi ?* » lâche-t-il.

Il continue de jouer comme si de rien était alors que je m'étrangle avec ma propre salive.

Fin du chapitre.

Salutation ! Et oui je suis de retour et en plus je vous laisse sur un cliffanger de folie, elle est pas belle la vie ? Bisous et à la prochaine !!