Chapitre 1: Wake me up when September Ends
Septembre 1957
Ouvrir les yeux, si difficile à faire de bon matin. Alors que j'émergeais lentement de ce sommeil si amèrement regretté désormais, j'entendais un miaulement venant de derrière ma porte. Je sortais précipitamment de mon lit, manquant de me rétamer au sol et courais jusqu'à la dite porte, l'ouvrant brutalement et je le voyais. Mon chat !
On avait dû nous l'apporter tard dans la soirée (mes parents devaient s'en occuper, ce qu'ils avaient apparemment fait) puisqu'il avait dû subir une inspection avant de pouvoir rester avec nous. Étrange coutume que l'inspection des animaux... D'un côté je pouvais comprendre leur inquiétude en ce qui concernait mon chat : il était en piteux état. Pas que nous ne prenions pas soin de lui mais 6 mois auparavant il s'était fait percuté par une voiture ce qui lui avait cassé la mâchoire en plusieurs partie et causé un traumatisme crânien. Depuis il avait la pupille de son œil gauche qui était constamment rétractée et la bouche perpétuellement entrouverte avec sa langue qui pendait dehors de temps en temps. Bref il avait l'air d'un chat de gouttière mais je l'aimais quand même. Il n'avait pas demandé à se faire renverser à ce que je sache alors à mes yeux il demeurait un éternel beau-gosse de l'ultime. Il s'appelait Chaussette, nom qui n'était certes pas des plus original mais qui... Ah non, j'ai pas d'arguments en fait.
Je me rasseyais sur mon lit alors que mon chat prenait place sur mes genoux pour son câlin quotidien. Il ronronnait fort et cela me mit instantanément de bonne humeur malgré le destin funeste qui m'attendais aujourd'hui : la rentrée des classes.
Au bout de dix minutes Chaussette se lassa et quitta ma chambre, me laissant seule assise sur mon matelas. C'est là que je me décidais à me mettre en quête de mes précieuses lunettes. Je les avait rangé quelque part avant le déménagement mais il m'était bizarrement impossible de me souvenir où... Je décidais d'aller quémander l'aide précieuse de mon cher frère qui dormais à l'étage en dessous mais il me surprit car j'eus à peine le temps de pénétrer dans le couloir de mon étage que celui-ci m'intercepta. Je le regardais avec des yeux ronds, m'interrogeant sur le but de sa présence et celui-ci me présenta simplement mes lunettes dont je m'emparais immédiatement.
Il fit alors demi-tour mais prit le temps de m'indiquer où il les avait trouvé.
« Tu les avais rangé dans MON sac de voyage, tête en l'air. » se moqua-t-il tout en continuant son chemin.
Je lui faisais une grimace rapide alors qu'il avait le dos tourné et retournais dans ma chambre. Je posais mes lunettes à l'épaisse monture noire et carrée sur le lit puis préparait mes affaires d'aujourd'hui. Un pull, un short et des converses. Parfait.
Je faisais un rapide détour pas la salle de bain pour me laver le visage et les dents (je les brossais maintenant pour la raison évidente que j'étais bien trop flemmarde pour me retaper deux étages après avoir pris le petit déjeuner) ainsi que pour me coiffer rapidement les cheveux. Ils étaient plutôt facile à coiffer puisqu'ils m'arrivaient à peine aux épaules mais avait la nette tendance à s'ébouriffer rapidement. Je les coiffais donc ainsi que ma frange avant de me dire que c'était trop lisse et de les secouer légèrement pour leur donner un peu de volume. Voilà comment j'aimais mes cheveux : sauvages.
Une fois de retour dans ma chambre, j'enfilais rapidement mes habits (décidément la rapidité était mon fort ce matin), empoignais mon sac à dos et en ressortais pour descendre les deux étages qui me séparaient de mon petit-déjeuner à toute vitesse.
Ma mère s'y trouvais déjà bien que mon père lui brille par son absence. Elle me sourit brièvement avant de retourner à la lecture de son journal. Je filais dans la cuisine tout en posant mon sac par-terre et y retrouvais Roman en train de s'empiffrer de cornichons.
« Tu m'expliques pourquoi tu bouffes des cornichons à sept heures du matin ? » l'interrogeais-je tout en rigolant légèrement.
« Pourquoi ? T'es la police du petit-déjeuner ? Y aucune loi qui me l'interdise à ce que je sache... » répondit-il un peu bougon et la bouche pleine.
J'éclatais d'un rire sonore et il en fit autant, postillonnant des petits bouts de cornichon un peu par tout. La classe incarnée mon frère je vous dit !
J'ouvrais un placard à proximité et me mit en quête de quelque chose à grignoter. Si j'aimais manger le matin, je détestais me préparer quelque chose alors je m'emparais à contre cœur d'une boite de céréales et en versais le contenu dans un bol préalablement posé sur la table. Je prenais un verre et y versais du lait.
« Tu sais que t'es censé mettre les deux ensembles ? Pas les manger séparément. » me fit remarquer mon frère.
Je le regardais avec un demi-sourire et rétorquais.
« Pourquoi ? T'es la police du petit-déjeuner ? Y a aucune loi qui en fasse état à ce que je sache. »
Il me tira la langue et continua à ingurgiter ses infâmes cornichons. Pas que je n'aimais pas les cornichons mais disons que mon estomac ne les appréciaient pas à une heure pareille. Je dégustais lentement mes céréales et une fois ceux-ci fini, je buvais mon verre de lait cul-sec.
« Une vraie descente de polonais » ironisa Roman.
Je lui tirait la langue à mon tour et me dirigeais vers la table de la salle à manger où se trouvait encore ma mère.
« Si tu es réveillée, je suppose que c'est toi qui nous amène en cours ce matin ? » demandais-je avec espoir, la perspective d'y aller à pieds (où que ce maudit lycée se trouve) ne m'enchantant pas des masses.
« Oui » répondit-elle, laconique. « Mais c'est juste pour cette fois, ensuite vous vous y rendrez tout seuls. » continua-t-elle avec un sourire presque désolé.
« Oh.... » fîmes-nous Roman et moi en même temps.
Elle nous adressa de nouveau un sourire avant de prendre ses clefs et de se diriger vers la porte d'entrée. Ma mère n'était pas très bavarde mais elle était de loin le parent que je préférais.
Nous la suivîmes et montâmes rapidement à l'intérieur du véhicule familial.
Au fur et à mesure que le paysage défilais je désespérais et en jetant un regard à mon frère je vis que lui aussi. Plus le trajet se prolongeait plus notre chemin retour se prolongeait lui aussi. J'aperçus rapidement Slow Guy par la fenêtre et voyait que lui n'avait même eu le droit à un trajet en voiture pour la rentrée.
« Hey ! » m'écriais-je alors qu'on commençait à le dépasser. « C'est notre voisin de gauche ! »
« Oh . » fit ma mère alors qu'elle ralentissait pour se mettre à son niveau .
Elle s'adressa alors à lui qui s'était arrêté, ne comprenant sûrement pourquoi cette voiture s'arrêtait à son niveau avant de nous remarquer mon frère et moi. Il nous fit alors un sourire poli avant de reporter son attention sur ma mère.
« Hello, we are your new neighbours. Are you heading to High School? Because if so we'd love to take you there as it is there we're going too. *Bonjour, nous sommes vos nouveaux voisins. Vous rendez vous au lycée? Parce si tel est le cas, nous serions ravis de vous y conduire étant donné que c'est là que nous nous rendons également* » lui proposa -t-elle avec un sourire aimable mais un accent atroce. Elle parlait avec des phrases très formelles puisque c'était la seule manière de s'exprimer dans cette langue qu'elle avait appris.
On est français ou on l'est pas hein !
Il sembla considérer la question un moment avant de sourire et de simplement embarquer à l'arrière à mes côtés puisque mon frère se trouvait devant à côté de ma mère. Il s'installa en silence et demeura silencieux tout le reste du trajet alors que je réalisais que quand nous l'avions intercepté, il n'était qu'à la moitié du chemin. Mais j'allais mettre des plombes à rentrer moi !
Slow guy sembla brièvement reporter son attention sur moi, détaillant mon accoutrement. Je lui faisais alors un grand sourire auquel il répondit...de son mieux je suppose et il regarda de nouveau ailleurs. Il était pas très sociable ou c'était moi ? Il s'agissait peut-être de moi, peut-être que le fait que je possède deux chromosome X le dérangeais, qui sait.
Nous finîmes quand même par arriver au lycée au grand soulagement de mon frère et moi qui voyions avec peine notre trajet s'éterniser. Slow Guy descendit rapidement de la voiture (quelle ironie) et salua d'un bref signe de tête ma mère avant de partir en direction du bâtiment.
Et nous on pu ?! Je vous jure qu'on s'est lavé, arrêtons avec ces stéréotypes !
Mon frère et moi échangions un regard avant de partir d'un pas assuré dans la même direction que Slow Guy. Nous étions venus en avance puisque nous devions nous rendre au secrétariat pour prendre une carte du bâtiment, le seul problème étant que nous ne savions pas où se trouvait le secrétariat et que nous avions donc rien pour nous indiquer comment s'y rendre (quelle ironie).
Nous nous stoppions à l'entrée, du moins je m'y stoppais puisque mon frère dans un accès de témérité avait apparemment décidé de se débrouiller sans la dite-carte (les hommes et les cartes...).
Je repérais rapidement Slow Guy qui n'était pas allé bien loin (trop lent je suppose...) et l'interceptais pour lui demander où se trouvait ce foutu secrétariat.
« Um ... Far be it from me to bother you but can I ask you a question ? * Loin de moi l'idée de te déranger mais est-ce que je peux te poser une question?* » l'interrogeais-je.
« You just did love .* Tu viens de le faire.* » répondit-il avec un semblant de sourire.
Alors Slow Guy avait de l'humour... Je ferais mieux de le noter quelque part avant que j'oublie cet événement. Je souriais à l'entente de sa légère pique alors que son sourire à lui s'agrandissait.
« Haha yes indeed, silly me! I would like to know where the secretariat is, as you see they are supposed to give me a map so I could orientate myself, the thing being that I did not, and I still do not know where that bloody Secretariat is located. *Haha en effet, quelle idiote je fais! Je voulais juste savoir où se trouvait le secrétariat, comme ils sont supposés me donner un plan de l'établissement pour que je puisse m'orienter. Le truc c'est que je sais pas où il se trouve ce foutu secrétariat.* » lui dis-je alors toujours souriante.
Il sourit de plus belle.
« I can show you if you want, I quite don't know how to describe it to you, you know. *Je peux te montrer si tu veux, je sais pas trop comment t'indiquer le chemin à vrai dire.* » répondit-il.
J'hôchais la tête et le suivit en silence, la conversation ayant pris fin. Il était de profil et je pouvais voir son nez ressortant assurément du paysage. Il avait un grand nez, c'était certain. Mais je trouvais ça cool, je trouvais le mien ennuyeux par exemple. Il semblait tout petit et ratatiné lorsque je portais mes lunettes sans compter mes yeux qui avaient l'air ridiculement petits eux aussi, semblable à deux fentes. Tristesse infinie.
Lui ses yeux étaient bleus, d'un bleu presque surnaturel et ils étaient grands bien que non comparable à son renifloir. Et ses lèvres... Presque comparables aux miennes ! Et pourtant j'avais des lèvres de compète ! Elles étaient épaisses et presque figées dans une moue perpétuelle, voilà pourquoi je souriais autant même si cela accentuait l'aspect fente de mes yeux. Les siennes étaient bien remplies je dois dire. Pourtant il n'était pas vraiment beau, mais il avait un charme. Malgré tout il demeurait Slow Guy.
« Why are you staring at me ? *Pourquoi tu me fixes?* » demanda-t-il.
« I don't really know, I was staring at your nose and I thought it was nice . *Je sais pas vraiment, je regardais ton nez et je me suis dit qu'il était sympathique.* » je répondais l'air absente et ayant reporté mon attention devant moi.
Il haussa les épaules confus, et nous arrivâmes enfin devant le secrétariat. Il me laissa sans un mot, repartant vaquer à ses occupations.
Après la case Secrétariat qui fut des plus fastidieuse, je me dirigeais dans la cour où les professeurs faisaient l'appel tout en formant les classes.
La triste réalité des choses me frappa alors : puisqu'ils allaient nous amener jusqu'à notre salle, ma carte était des plus superflue...
Bon sang ! Je reportais alors mon attention sur un professeur assez trapu qui venait de commencer à faire l'appel. Il allait y avoir trois classes de premières années, restait à savoir dans laquelle j'allais être.
Pas dans la première apparemment.... Je continuais quand même à écouter le bonhomme, logique sachant que je n'avais pas encore était répartie.
« ...Tate ! » énonça-t-il.
Celui-ci se précipita vers les élèves déjà appelés tout en levant la main, comique.
« McCartney ! » continua-t-il.
L'autre élève par contre pris son temps, il ne leva pas la main et se dirigea à son rythme vers les autres élèves. Il avait l'air sûr de lui, c'était un fait.
« Wo...Wotchhhh... Well.... Woii ? Wotchec ? » fit-il avec hésitation.
« Woczek sir ! *Woczek monsieur!* » je lui criais.
Il me regarda soulagé, et je me dirigeais plus ou moins vite vers les autres alors qu'il continuait l'appel. Alors que je rejoignais leur rang plus ou moins organisé, je surprenais le gars sûr de lui me regardant avec un rictus. Grand bien lui fasse, je ne saurais pas prononcer son nom de famille non plus... Si je m'en souvenais.
Cette matinée me semblait déjà affreusement longue, sachant que les cours n'avaient même pas encore commencé.
Et voilà pour le deuxième chapitre, en espèrant qu'il vous ait plus chers lecteurs fantôme ;)
On se revoit pour le prochain chapitre et n'oubliez pas, les commentaires sont très appréciés dans ce bas monde :3
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