Chapitre 40
Chapitre 40 Bis
Il pleuvait encore aujourd'hui, ce qui me fit grogner. Je voulais voir du soleil !
Alejandro était retourné à son bureau, et depuis quelques jours déjà, j'avais retrouvé la forme. Mes règles étaient passées, et un léger froid s'était installé entre la mère d'Alejandro et moi. Quant au père, j'avais pu discuter un moment avec lui, avant qu'il ne parte avec sa femme.
J'avais également réussi à rééduquer mon bras gauche, et je pouvais à présent faire des mouvements. Mais il me fallait de l'entrainement pour qu'ils soient plus fluides.
Descendant les marches d'escalier, je fis le tour de la résidence, avant d'aller dans une autre résidence où se trouvaient les femmes qui cuisinaient. Comme à mon habitude, je m'étais mise à les aider, en faisant de petites tâches, avec mon bras droit. Après cela, je sortis pour voir des enfants jouer dans la boue.
Je fus assez surprise de voir qu'il n'y avait personne pour les surveiller, ce qui me fit marcher jusqu'à eux.
- Les enfants ? Où sont vos parents ?
Ils étaient cinq, et tous se retournèrent en me voyant. Ils eurent un petit hoquet, avant de me saluer rapidement. L'un d'eux pourtant se mit à pleurer, et je voulus me rapprocher de lui pour voir ce qu'il n'allait pas, mais il semblait apeuré.
"Certains enfants peuvent voir ce que les adultes ne voient plus, sans pour autant avoir leurs âmes fauchées"
Il était apparu à côté du groupe d'enfants, et le petit garçon qui s'était mis à pleurer le remarqua. Il se mit à crier, et je fis signe à la Mort de partir. Ce dernier ne se fit pas prier, et je tentais de me rapprocher de ce petit qui pleurait maintenant à grandes larmes. Les autres ne comprenaient pas pourquoi il agissait de cette manière, et le regardaient sans comprendre. Je m'abaissai à sa hauteur, en sentant la pluie tomber sur moi, mais je m'en fichais.
- Chhh, tout va bien...
Je voulus poser ma main sur son épaule mais il s'écarta vivement. Je rétractai ma main lentement en voyant que je ne faisais que le terrifier encore plus.
Si j'avais moi-même un enfant... et qu'il était en mesure de voir ma vraie nature comme ce petit garçon... cela voudrait dire que je ne serais pas en mesure de le consoler.
Car je serai celle qui le terrifiait.
- Alan !
Une mère apparut paniquée, et accourut pour prendre le garçon qui pleurait, dans ses bras.
- Alan ?! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?!
Elle me regarda, avant d'écarquiller des yeux.
- L-Luna ! J-je suis désolée, je ne vous avais pas vu.
Je secouai la tête de gauche à droite en me redressant.
- Tout va bien. Inutile de me saluer. Je m'inquiétais seulement pour les enfants. Pourquoi n'y a-t-il personne qui les surveille ?
- Ils sont seulement sortis quelques minutes. Ils n'allaient pas tarder à rentrer.
Elle souleva son petit qui pleurait toujours, et fit signe aux autres de rentrer. Ils la suivirent, certains me faisant un sourire hésitant. Je les vis partir, alors que je restais sous la pluie, me rappelant la façon dont le petit garçon m'avait rejetée.
- Luna ! Qu'est-ce que vous faites là ?!
Un groupe de Warriors dont Jared faisait parti apparut à l'entrée de la forêt. Leur tour de garde devait être terminé. Ils me saluèrent, alors que Jared se rapprochait.
- Vous devriez aller vous mettre à l'abri, Luna.
Je secouai la tête de gauche à droite.
- Rentrez vous reposer, je vais juste me dégourdir les jambes.
Et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autres, je m'éloignai de lui. Bougeant doucement mes doigts de la main gauche, je marchai en slalomant entre les arbres. La boue se collait à mes chaussures, et la pluie trempait mes cheveux ainsi que mes vêtements. La scène où le petit pleurait à cause de moi tournait en boucle dans ma tête, alors que je ne savais pas comment faire. Si les enfants se mettaient à pleurer comme lui, comment pouvais-je faire pour les calmer à part m'en aller ?
Une masse apparue devant moi, sans que je m'y attende, et par réflexe, je fis apparaitre un filet noir. La masse voltigea et tomba lourdement sur le sol dans un gémissement de douleur. J'écarquillai des yeux en reconnaissant le loup que je venais d'attaquer. Un noeud apparut dans mon ventre, alors que j'accourai vers lui rapidement. Je retirai le filet en regardant partout.
- Dro' ?! Tu vas bien ?! Je suis désolée ! C'était un réflexe !
Inquiète, je l'observai de la tête aux pieds, posant mes mains sur ses poils, à la recherche d'une quelconque blessure. Surprise qu'il ne fasse rien pour me répondre, je croisai son regard ambre. Il me fixait sans rien faire, ce qui me fit arquer un sourcil.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
Il secoua la tête de gauche à droite, avant de me faire signe de continuer ce que je faisais. Je compris alors qu'il en profitait pour que je le caresse, alors qu'il était sous sa forme de loup. Je ris avant de me redresser.
- J'ai cru que je t'avais blessé !
Il se remit sur pattes à son tour, et se secoua pour se débarrasser de la boue qui s'était accrochée à ses poils. Je me protégeai la face avec ma main, et je me mis à rouspéter contre lui. Il montra les crocs comme s'il souriait, avant de se mettre à marcher en direction de la résidence. Comprenant qu'il voulait que je le suive, je ne dis rien et obéis.
J'entrai dans la résidence avant lui, le temps qu'il se transforme, et je me rendis compte à quel point il faisait froid avec des habits trempés.
- Que faisais-tu dehors sans aucune protection ?
Je sursautai en sentant sa main se poser sur mon épaule. Puis il s'abaissa en retirant mes chaussures boueuses. Il les laissa sur le côté, et il me poussa en direction de notre chambre.
- Je réfléchissais...
- Il s'est passé quelque chose ? Jared a trouvé ton comportement étrange.
Je frissonnai, et je serrai mon poing droit.
- Il ne s'est rien passé.
Il n'ajouta rien, se contentant de me pousser jusqu'à la chambre. Il me fit ensuite entrer dans la salle de bain, et entreprit de me déshabiller.
- Je peux me débrouiller pour la suite. Merci.
Je m'écartai de lui, et il soupira avant de sortir de la salle de bain. Je laissai tomber mes vêtements trempés sur le sol, et me mit dans la cabine. L'eau tiède tomba sur ma peau, me réchauffant. Je me lavai rapidement, avant de m'envelopper dans la serviette, faisant de même pour mes cheveux. Je sortis de la salle de bain, et me dirigeai vers l'armoire pour prendre de nouveaux vêtements. Mais Alejandro m'en tendit avant, me regardant avec inquiétude. Je les pris en le remerciant, et je partis me changer. J'en ressortis avec la serviette sur la tête.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?
Je me contentai de m'asseoir sur le canapé, les jambes repliées contre moi. Alejandro persista en se mettant devant moi, et se mit à me sécher les cheveux.
- Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il y a ?
Ses yeux ambres me fixaient en attendant une réponse, et je posai ma main sur la sienne.
- Je suis juste fatiguée, d'accord ?
Voyant que je ne voulais pas développer, il se contenta de sécher mes cheveux, avant de se redresser pour aller ranger la serviette. Je me levai à mon tour pour retourner au lit, où je m'allongeai sur le lit. Je me couvris de la couverture en fermant les yeux. Je n'avais pas envie de discuter de ce qu'il s'était passé.
Un moment plus tard, je sentis le lit s'affaisser, signe qu'Alejandro était revenu. Il me caressa doucement les cheveux sans rien dire. C'était rassurant, et me faisait du bien.
Petit à petit, je m'endormis, pour oublier cette scène qui me hantait l'esprit.
Je me réveillai alors qu'il faisait nuit à l'extérieur. La petite lampe qui se trouvait sur le bureau d'Alejandro était allumée, et ce dernier travaillait encore. Je frottai mes yeux en m'asseyant, ce qui attira son attention. Il leva la tête et lâcha le stylo qu'il tenait, avant de venir près de moi. Il s'assit à mes côtés, et passa son pouce ma joue, caressant ma peau.
- Tu vas mieux ?
Si je continuais à agir de cette manière, il continuerait sans cesse de s'inquiéter à cause de moi. Je lui souris en prenant sa main.
- Oui, merci, et désolée de t'avoir inquiété.
Il me fixa intensément, avant de tirer ma joue avec ses doigts.
- Aie, aiiiie, du bais goi ?!
- Et ce sourire forcé, c'était quoi ?
Il était même en mesure de le remarquer. J'attrapai sa main pour le stopper.
- Ca fait mal, grognai-je.
- Dis-moi ce qui ne va pas.
Sa voix était ferme, et montrait son sérieux.
- C'est rien, Alejandro...
- Ce n'est pas rien ! Si tu as le moindre problème, parles-en. Je suis là pour ça, Flolène. T'écouter, te protéger, te rendre heureuse. Alors je t'écoute.
Je réfléchis un instant, avant de me tourner vers lui.
- J-je suis juste frustrée, et vexée.
- Par quoi ?
Je lâchai sa main pour jouer avec mes doigts, prenant cette occasion pour faire bouger ceux de ma main gauche.
- Tu savais que les enfants étaient en mesure de voir certaines choses que les adultes n'étaient plus capables de voir ?
- Que veux tu dire par là ?
- ...J'ai croisé des enfants à l'extérieur, qui jouaient sans aucune surveillance. Je me suis approchée d'eux, et ils m'ont salué, mais l'un d'eux s'est mis à pleurer en me voyant...
Je soupirai profondément.
- La Mort est apparue, et j'ai compris que le petit garçon était en mesure de voir ma vraie nature, comme il était en mesure de voir la silhouette noire qui était apparue. J-j'ai voulu le consoler, lui dire que tout allait bien, mais il a eu un mouvement de recul.
Je levai les yeux pour jeter un coup d'oeil à Alejandro qui avait un visage impassible.
- Je me suis alors demandée... si jamais je venais à avoir des enfants... est-ce qu'ils réagiraient aussi de cette manière ? Est-ce que je serais seulement celle qui les terrifiait, au lieu d'être en mesure de les consoler ?
Alejandro me fit une pichenette sur le front, avant de pincer mon nez.
- Tu t'en fais trop, Flolène. Tout ira bien.
- Tu dis ça, parce que tu n'as pas vu à quel point il était terrifié...
Il secoua la tête négativement.
- Si nous venons à avoir des enfants, nous leur expliquerons que tu ne leur veux aucun mal.
- Tout parait si simple avec toi.
Il rit doucement.
- Parce que c'est simple justement. Tu n'as pas besoin de penser à ça, nous verrons bien au moment voulu.
Il déposa un baiser sur mon front, avant de passer sa main sur mes cheveux.
- Tu dois avoir faim. Tu veux que l'on descende en cuisine ?
- Tu n'as pas mangé ?
- Pas encore. J'attendais que tu te réveilles.
- Tu dois mourir de faim !
- Non, ça va.
Je le regardai d'un air perplexe, ce qui le fit rire.
- Les loups sont pourtant réputés pour avoir un gros appétit.
Il se rapprocha de moi de manière suggestive, en posant ses lèvres lentement sur les miennes.
- Un très gros appétit...
Je me sentis rougir violemment, avant de poser ma main sur son torse.
- Je ne parlais pas de ça !
Il s'esclaffa, avant de frotter son nez au mien doucement.
- Allons manger.
Il déposa un petit baiser sur le bout de mon nez, avant de se relever, et de retourner à son bureau. Je me levai du lit, en passant ma main dans les cheveux, histoire de les recoiffer rapidement. A cette heure-ci, il devait y avoir peu de monde en cuisine, ce qui me permettait de descendre dans cette tenue. Alejandro ferma la lumière de la petite lampe, avant de se tourner. Je lui attrapai alors la main et l'entrainai hors de la chambre. Allumant la lumière du couloir, je marchai en direction de la cuisine, sans dire quoi que ce soit à Alejandro.
Quelques Warriors étaient là, à discuter l'air de rien. Avant qu'ils ne se lèvent, Alejandro leur fit signe de rester tels qu'ils étaient, alors qu'il se dirigeait vers le frigo. Je voulais l'aider également, mais il m'avait fait signe d'aller m'asseoir. Je soupirai avant d'obéir.
Je m'installai à la table qui était au milieu de la pièce, et je vis Alejandro revenir avec des assiettes et des couverts. Il posa le tout sur la table, alors que je regardai le contenu qui me faisait déjà saliver.
Alejandro avait raison. Je ne devais pas m'en faire pour le moment. Je verrai au moment voulu pour cette histoire. Après tout, il me restait du temps devant moi.
Je me mis à manger, contente de pouvoir remplir mon estomac, pendant qu'Alejandro en faisait de même. Entendant des voix discuter, je fronçai les sourcils en reportant mon attention sur les nouveaux venus.
Un groupe de Warriors dont Tom faisait partie, nous salua, avant de saluer l'autre groupe qui était là. Ils échangèrent alors leur tour de garde.
- Ces tours de garde doivent être exténuant pour eux.
- Nous n'avons pas vraiment le choix.
- Mais s'ils continuent, ils seront fatigués, et n'auront pas assez d'énergie pour combattre.
- Je sais, Flo'. Mais nous ne pouvons pas faire autrement. Nous avons assez de Warriors pour couvrir tout le territoire, et être en mesure de changer de groupe à chaque tour de garde est déjà un miracle en soit. Certaines meutes n'ont pas ce privilège, et doivent se contenter de quelques Warriors pour surveilleur les bordures, sans personne pour les remplacer.
J'arrêtai Alejandro qui allait prendre mon assiette vide, et je me levai pour prendre la sienne et la mienne. Je les apportai alors au lavabo, où j'en profitai pour les laver rapidement, et les poser à l'égouttoir. Alejandro s'adossa contre le frigo à côté de moi, en attendant que je termine. Je me séchai les mains, et lui fit signe de partir.
Alors que nous étions dans le couloir, je m'arrêtai pour m'étirer un coup, en baillant. Alejandro attrapa ma taille, et déposa ses lèvres sur ma nuque, me faisant frissonner.
- Que dirais-tu de bruler ce petit surplus d'énergie en faisant un peu d'exercice physique ?
- Hein ?!
Il me souleva d'un coup en riant, et m'entraina dans la chambre rapidement.
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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil', le 28.07.2020 à 21:29
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