Chapitre 34

Chapitre 34 Bis

Je tombai lourdement sur le lit, alors qu'Alejandro se trouvait à la table non loin de là.

- Flolène ?

Il s'était levé de sa chaise et s'était rapproché du lit, alors que mon visage était enfoncé dans le coussin. Je m'appuyai sur ma main droite pour me mettre sur le dos et je tournai la tête pour voir mon âme soeur me regarder avec inquiétude.

- Tu te sens mal ?

Je secouai la tête de gauche à droite.

- Juste fatiguée.
- Pas de contre coups ?
- Pour le moment, non.

Il s'assit sur le lit d'un air soulagé, avant de passer sa main sur mon visage.

- Tu es partie pendant deux heures.
- J'ai l'impression d'être partie depuis des jours.

La faux que j'avais avait une soif d'âme incroyable. En plus de cela, j'avais eu quelques soucis pour changer de dimensions et également pour me retrouver aux endroits où il fallait faucher des âmes.

La galère totale.

- Ce que j'aurais pu faire en une demi-heure, je l'ai fait en deux heures..., soupirai-je en passant ma main dans mes cheveux.

En plus de ça, en redevenant la Mort, je n'avais pas réussi à bouger mon bras gauche non plus. Les doigts d'Alejandro me caressèrent la peau et je reportai mon attention sur lui.

- Tu as déjà mangé ?
- Non, je t'attendais.
- Allons-y alors.

Il m'aida à me redresser en passant un bras autour de ma taille.

- Ta mère est encore là ?
- Elle discute avec les femmes de la meute.
- Elle t'a demandé pour mon bras ?
- Je n'ai pas eu l'occasion de me retrouver seul avec elle.

Je me remis sur pieds en soupirant.

- Mes pouvoirs ne sont pas encore stables. Je me suis retrouvée coincée dans un endroit et j'ai du attendre que la Mort vienne m'aider. Je n'aurais jamais eu ce problème si j'avais tenu ma faux à ce moment là.
- Pourquoi as-tu une autre faux ?
- Je dois remplacer quelqu'un qui est venu dans le monde humain.
- Pourquoi est-ce qu'il n'alterne pas comme tu le fais ?
- Ma faux est en pause pour le moment, ce qui me laisse de la liberté. Lorsque j'alternais entre le monde des morts et le monde vivant, aucun Faucheur n'était en mesure de prendre ma faux pour faucher des âmes puisqu'ils avaient déjà tous la leur. Si un faucheur était libre d'une faux, il aurait hérité de la mienne pendant quelques temps.

Ce qui m'aurait épargné toute cette douleur.

- L'ennui, c'est que plus aucun faucheur ne prend de disciple. Justin a été le seul pour le moment.
- Je lui dois beaucoup, commenta l'Alpha.

Je arquai un sourcil en le regardant.

- Sans lui, tu ne serais pas présente devant moi à l'heure qu'il est, continua-t-il.

Ses yeux ambres me fixaient avec intensité. Il avait raison. Sans Justin, je ne serais pas devenue la Mort, j'aurais fini parmi les âmes récoltées et recyclées, et la malédiction se serait répandue pour toucher quelqu'un d'autre.

Quelqu'un frappa à la porte et Alejandro fronça les sourcils, avant de me jeter un coup d'oeil alerté.

- Qu'est-ce qu'il y a ? m'inquiétai-je.

Il semblait hésiter.

- Un problème ?
- Comment dire... mon père est là.

Mes yeux s'écarquillèrent.

- Je croyais qu'il ne devait y avoir que ta mère !
- Je le pensais aussi, mais elle l'a sûrement appelé.

Il passa sa main dans sa nuque.

- Il est avec ma mère dans le séjour.
- Tu me laisses m'évanouir ?

Il rit doucement avant de prendre mon visage avec ses deux mains.

- Il ne va pas te mordre.
- Tu ne fuiras pas comme tu l'as fait avec ta mère ?
- Je reste à tes côtés.
- Vous ne parlerez pas d'enfants ?

Il s'esclaffa avant de déposer un instant ses lèvres sur les miennes.

- Tout dépend du sujet de conversation.

Il me prit dans ses bras en me serrant contre lui.

- Fais pas cette tête, Flo'.

Je passai mon bras droit autour d'Alejandro en posant ma tête contre son torse.

- Je t'aime, Alejandro... c'est juste que... parler d'enfants... c'est encore un peu trop tôt pour moi. Mais sache que je n'aie rien contre.

Je sentis ses lèvres se poser dans mon cou et s'étirer en un sourire.

- C'est bon à savoir.

Une pluie de petits baisers s'abattit sur mon cou, me faisant frissonner de la tête aux pieds. Il grogna doucement lorsque je mis ma main dans ses cheveux.

TOC TOC

Un grondement s'éleva de la poitrine d'Alejandro, alors que je m'étais mise à rire.

- Je me retiens depuis que je t'ai rencontré de ne pas te sauter dessus, et maintenant, tout le monde se ligue pour nous déranger.
- Alpha, votre père s'impatiente.

Alejandro releva la tête et m'embrassa rapidement. Je vis par la suite ses yeux sombres reprendre sa couleur ambre habituelle.

- Ce n'est pas terminé, me dit l'Alpha d'un air sérieux.

Je ne pus m'empêcher d'en rire.

- Allons-y. Ton père ne risque pas d'apprécier que l'on mette encore plus de temps.

Il soupira avant de replacer une mèche de mes cheveux et de me prendre la main. Il me fit quitter la chambre et me guida jusqu'au séjour. Je me sentis tout à coup anxieuse à l'idée de me retrouver seule avec la famille d'Alejandro.

- Ca va aller, me souffla-t-il.

Entrant dans le séjour, je vis Alice se lever, ainsi qu'un homme d'une grande carrure, avec des cheveux poivrés. Ses yeux bruns croisèrent les miens et je déglutis péniblement.

- Vous voilà enfin ! s'exclama la mère.

L'homme était aussi grand qu'Alejandro et ses yeux m'observaient de la tête aux pieds. Il portait des lunettes, une chemise blanche et un pantalon noir. Il allait parfaitement avec sa femme. Tous deux étaient d'une élegance, ce qui me donnait clairement l'impression de faire tâche en ce moment même.

- Flolène se reposait.

Si seulement.

- Papa, voici Flolène. Flolène, voici Alaric.
- Enchantée.

Il me tendit sa main et je lâchai celle d'Alejandro pour serrer celle de l'homme. Le contact fut bref, mais j'avais l'impression d'avoir touché une pile électrique.

- Enchanté également de te rencontrer, Flolène.

Le couple se rassit sur le canapé et Alejandro en fit de même en m'emportant avec lui. Nous étions à présent face à face. Je pris la peine de mettre mon bras gauche contre mon corps, afin d'éviter qu'il ne pende dans le vide, devant les parents de mon âme soeur.

Ce serait un peu beaucoup glauque.

Le geste ne passa pourtant pas inaperçu, par rapport au couple que j'avais rencontré auparavant.

- Que nous vaut ta présence ? demanda Alejandro, qui détourna l'attention.
- Ta mère m'a appelé et demandé de quitter ma visite sur un territoire, pour rencontrer ma belle-fille.

J'avais l'impression que les yeux de cet homme me transperçait, ce qui me rendait inconfortable.

- Mais je me demande vraiment ce qui a pu se passer pour que Flolène soit dans cet état.

Je jetai un coup d'oeil à Alejandro qui avait également tourné la tête pour me regarder. Je hochai alors la tête.

- Flolène a été enlevée sur le territoire de l'Alpha Jaxon, alors que j'étais en mission pour détruire un repère avec d'autres Alphas. Après l'avoir sauvé, des Abandonnés, ainsi que des vampires ont attaqué le territoire et Flolène a été blessée d'où le besoin de rééduquer son bras gauche immobile. Il lui faudra un certain temps pour guérir et reprendre des couleurs.
- Oh mon dieu ! Mais c'est terrible !

Alice avait mis ses mains sur son visage, d'un air horrifié.

- Tout ce qu'il me faut à présent, c'est du repos.
- Et de la nourriture, continua Alejandro.
- Et de la nourriture, confirmai-je.
- Et tes parents ont été prévenus ? demanda Alaric.
- Mmh... je ne m'entends plus avec ma mère et... euh... mon père est mort bien avant que je ne le rencontre.

Alaric et Alice se jetèrent un coup d'oeil.

- Es-tu humaine ?
- Ma mère est une sorcière et d'après ce que l'on m'a dit, mon père était un loup garou. J'ai donc hérité des deux côtés, mais mon côté sorcière était bien plus dominant. Je n'ai développé mon côté de louve que lorsque j'ai rencontré Alejandro...
- Mais les événements ont fait que Flolène est devenue humaine.
- Comment ça ?
- Pour une certaine raison... j'ai fui Alejandro pendant un certain temps. Durant ce laps de temps, je me suis fait attaquer par des vampires. J'ai eu bien trop d'argent dans mon organisme.
- Tu as encore tes pouvoirs de sorcière ?
- Non plus. Lors d'un combat, j'ai été drainée de mon énergie, l'essence même de mon pouvoir.
- Tu as mené une bien triste vie jusqu'à présent, commenta le père de l'Alpha.

Alejandro posa sa main gauche sur la mienne et je lui souris pauvrement.

- Mais maintenant, je peux être près d'Alejandro. Ca me suffit.
- Comme ils sont mignons, roucoula Alice en se penchant vers son mari.

Mes joues se mirent à chauffer et Alejandro rit doucement.

- Ton père... était un Beta, n'est-ce pas ?

Je fronçai les sourcils face à ce qu'Alaric venait de dire.

- O-oui... comment est-ce que vous savez ?
- Tu as le même visage que lui.
- Comment ça ?
- Explique nous, s'impatienta Alice.
- Tu ne trouves pas qu'elle ressemble à Beta Gabin ?

Alice se mit alors à me fixer. Elle écarquilla des yeux, avant de regarder son mari d'un air choqué.

- Tu veux dire que...
- Oui.
- Non !
- Flolène...

Je ne comprenais décidément pas ce qu'il se passait. Alejandro semblait lui-même perdu.

- Ton père était le beta de ma meute.

Je n'aurais jamais cru un jour que je pourrais entendre parler de mon père, ailleurs que par la bouche de ma mère. A présent que je faisais face à l'Alpha qui avait été avec mon père, je sentis l'espoir au fond de moi naitre.

L'espoir d'en apprendre un peu plus sur l'homme qui était à l'origine de ma naissance et qui avait pris tous les risques, quitte à en mourir, pour se retrouver auprès de son âme soeur.

- Vous en êtes sûr ? Peut-être que vous vous trompez...

Il secoua la tête d'un air décidé.

- Tu as le même visage, ton odeur est presque identique à la sienne, et je me souviens avoir discuté avec lui, pour en savoir plus sur ce qu'il se passait, après qu'il ait rencontré cette femme. Tu ne peux être que sa fille. Je n'ai aucun doute dessus.

S'il disait vrai, j'allais enfin en savoir plus sur lui. Mais comment être sûr que nous parlions vraiment de la même personne ? Peut-être se trompait-il avec quelqu'un d'autre ?

- Je pense que tu as beaucoup de questions à son sujet. Tu pourras venir me voir. Je reste encore quelques jours sur le territoire.

J'acquiesçai.

- Merci.
- C'est tout à fait normal, tu n'as pas à me remercier pour ça.
- Comment se fait-il que je n'aie aucun souvenir de lui ? intervint Alejandro.
- Tu étais bien trop petit. Il est resté quelques années seulement. Après avoir rencontré cette femme, il a décidé de la suivre.

Comment ma mère avait-elle pu convaincre mon père de quitter sa meute pour la suivre ? Je n'arrivais pas à m'imaginer faire cela pour Alejandro. Je le voyais mal vivre sans sa meute. Il n'en serait que malheureux. Peut-être était-ce différent entre Alpha et Beta ? Un Beta avait probablement moins de réticence à partir pour son âme soeur qu'un Alpha qui devait vraiment s'occuper d'une meute. Un Beta pouvait être remplacé, mais pas un Alpha.

- Si c'est tout pour le moment, Flolène a besoin d'aller se nourrir.

Alejandro s'était levé en m'entrainant avec lui et ses parents l'imitèrent.

- Nous pourrons continuer à discuter plus tard, confirma le père.

Ils me firent un signe de la tête, un sourire le visage et je suivis mon âme soeur qui me guida jusqu'à la cuisine. Des gens étaient encore présents et ils nous saluèrent. Alejandro ne s'y attarda pas bien longtemps, les saluant rapidement puis il lâcha ma main pour prendre des assiettes couvertes. Il me fit alors signe d'aller m'asseoir. Je ne me fis pas prier, et allai m'installer à la première table. Il déposa les assiettes sur le meuble, puis découvrit les plats. Je vis alors avec joie un plat de lasagne. Mon ventre gargouilla et je vis Alejandro rire. Je le fusillai du regard, avant d'attraper ma fourchette.

- Allez mange.

Il suffit de ces deux mots pour que je plonge la fourchette dans le plat, pour manger avec déléctation. Mes papilles étaient ravies. Je vis Alejandro en face de moi, réprimer un rire et je fis la moue.

- Tu devrais te concentrer sur ton assiette au lieu de me regarder manger.

Il sourit de toutes ses dents.

- Je suis content de voir que tu as de l'appétit.
- Ces deux heures à faucher des âmes m'ont bien épuisé.
- J'imagine.
- Et ce que je trouve étonnant, c'est que tu ais déja rencontré mon père.

Il hocha la tête.

- Le destin tire décidément bien les ficelles.
- ...Si ma mère ne portait pas la malédiction à ce moment-là, elle serait restée dans la meute de ton père et nous aurions grandi ensembles.

J'aurais été avec lui dès ma naissance.

- Je ne suis pas sûr que ta mère aurait apprécié.
- Ma mère n'était pas comme elle était lorsque tu l'as rencontrée... Les sorciers du clan Van Der Sand m'ont dit qu'elle avait changé de comportement suite à la mort de mon père et qu'ils avaient du lui lancer un sort pour qu'elle ne se suicide pas. Après ma naissance, ils n'ont pas eu le coeur à lever le sort et l'ont laissé. Cette manière d'agir n'est là que pour la protéger de la douleur après avoir perdu son âme soeur.
- Tu as du être blessée par son comportement.

Je souris pauvrement.

- On s'y fait. Grandir entourée de gardiens, au lieu d'être élevée par sa propre mère, sans savoir quoi que ce soit à propos du père. Au début, je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas le droit de la voir, mais plus je grandissais et moins j'y prêtais attention. Ce n'est que lorsque j'ai eu 18 ans, qu'elle s'est mise à me parler comme si de rien n'était pour me parler de marriage.

Je compris ce que je venais de dire et je vis les yeux d'Alejandro qui s'étaient assombris.

- Mienne, grommela-t-il.

Je réprimai un petit rire en me souvenant qu'il n'avait fait que dire ça lorsque j'étais vivante. Je lâchai la fourchette pour poser ma main sur la sienne.

- Désolée, mais c'est du passé, Alejandro. A cette époque, les Van Der Sand voulaient seulement que je continue ma lignée afin que la malédiction soit transmise à ma descendance... A présent que la malédiction est brisée, je peux être à tes côtés.
- Et tu resteras à mes côtés.

Je lui adressai un grand sourire.

- Et je resterai toujours à tes côtés.


__________________________________

Re

- Votez
- Commentez
- Rendez vous au prochain chapitre !

© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil', le 12.05.2020 à 17:52

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top