(4.2) - DIA & TANIA

DIA & TANIA. 1 / (28/07/2022)
- En rapport avec EDV

Les bras croisés, Dia essayait de garder son calme. Il avait l'habitude de se disputer avec Sally, c'est même si il n'y avait pas un jour sans qu'ils ne se prennent la tête tous les deux. Souvent, ça ne durait que quelques minutes où Sally n'arrêtait pas de crier et de faire des mouvements brusques, allant même parfois jusqu'à mimer des attaques physiques comme un coup de poing, alors qu'à côté, Dia semblait rester tranquille, même si intérieurement, l'adrénaline montait. Mais aujourd'hui, c'était différent. Différent parce que cette fois, Sally contrôlait sa colère et ses gestes, qu'elle articulait et savait quoi dire ; différent parce que cette fois, c'était vraiment sérieux : le sujet concernait Tania. Et Sally n'hésitait pas à se montrer extrêmement blessante. Dia serrait les dents, il n'aimait clairement pas la façon dont Sally avait à référer Tania comme "la gamine", "la petite peste", ou encore le "le boulet". Et il espérait juste que la petite ne l'entende pas crier toutes ses injures depuis le salon : elle n'avait pas à entendre ça. C'était une pauvre enfant innocente qui devait subir la colère injustifiée d'une adulte. Alors que malgré les différentes tranches d'âge, tout le monde subissait la crise.

- On ne peut pas garder ce pesticide ici, Dia. C'est une bouche de plus à nourrir, et encore, si c'était une adulte elle aurait pu nous aider ! Mais non, c'est une gamine, inutile, pas serviable, et malade, qui plus est ! Tu ne sais même pas de quoi elle est malade. Est-ce que c'est traitable ? Est-ce que c'est dangereux ? Pire ! Est-ce que c'est contagieux ?

Dia prit une inspiration, et quelques minutes avant de répondre.

- Elle n'est pas inutile, Sally. Au contraire, elle nous a beaucoup aidé, toi et moi, même si tu considères que ça ne valait rien. Elle nous aide au ménage, à la cuisine...elle apprend vite. Ce n'est pas un boulet, et arrête de l'appeler par ces insultes, d'ailleurs ! Elle ne mérite pas ça. Surtout pas venant d'une personne bien plus grande qu'elle. Quant à sa maladie, tu vois bien qu'elle va mieux. Les antibiotiques marchent bien.

- Les antibiotiques marchent bien ? Tu te fous de moi ? Sally se rapprocha de Dia, furieuse.

- Sa santé, c'est comme des montagnes russes. Un jour elle va bien, le lendemain, on a l'impression qu'elle va mourir. Alors *non*, elle ne va pas bien. On ne sait pas ce qu'elle a, et on ne sait pas comment traiter sa maladie. Toi, tu la bourres avec plein de produits chimiques dans son corps en croisant les doigts pour que ça fonctionne. Tu la berces de promesses que tu ne vas jamais réussir à tenir en lui disant que ça ira, qu'elle est forte, et qu'elle va vivre. Eh bien je vais te dire quelque chose, Dia. Elle va crever la petite.

Soudainement, Dia se crispa à ses paroles. Il avait envie de lui hurler que c'était faux, qu'elle racontait des conneries - mais une partie de lui savait qu'il y avait une chance que Tania ne s'en sorte pas. De toute façon, Sally ne lui laissa pas le temps de répliquer.

- Elle va crever, et toi tu vas pleurer sur sa tombe à regretter et à te torturer de ne pas avoir pu la sauver. Tu l'aimes, tu l'aimes trop alors qu'elle va disparaître. Puis, tu vas juste lentement te laisser te noyer dans tes larmes au lieu de penser à notre survie, à ta survie. On ne vit plus dans le monde qu'on connaissait, rends toi à l'évidence...

Elle s'avançait de plus en plus, les pas résonnant sur le sol, allant même jusqu'à plaquer Dia contre le mur.

- ...L'Espoir c'est rien qu'une illusion pour faire croire aux faibles qu'ils ont encore une chance. C'est comme l'alcool pour les ivrognes.

- C'est faux.

Dia se redressa, les épaules levés, et le regard perçant, il confronta Sally. Celle-ci recula légèrement, et ne put s'empêcher de sourire, puis de laisser un rire moqueur s'échapper de sa gorge.

- Ah ouais, j'ai tort maintenant ?

- Ouais. T'as tort. C'est vrai que tu peux avoir de bons raisonnements. Mais tu as tort, sur ce coup, et sur tous les points.

Cette fois, ce fût à Dia de s'avancer vers Sally, l'air menaçant. - Peut-être que ouais, l'état de Tania est encore instable. Peut-être que ouais, les antibiotiques ne marchent pas aussi bien que prévus. Mais je ne peux pas te laisser me montrer comme une personne irresponsable qui ne sait pas ce qu'elle fait. *Je* fais des recherches pour comprendre ce qu'elle a. *Je* travaille tous les jours pour lui trouver les meilleurs médicaments pour elle. *Je* prends des risques pour essayer de la sauver. C'est vrai que pour toi, risquer sa vie pour quelqu'un d'autre, ça peut te paraître stupide. Mais pas pour moi. Je refuse de l'abandonner à son sort et seule simplement parce que d'après toi, elle est dangereuse et elle ne nous sert à rien. Les gens ont pas toujours besoin de servir à quelque chose pour qu'on puisse s'attacher à eux, et vouloir les sauver. On a jamais été d'accord sur cette question : Sauver ou pas sauver. Parce que moi je considère que tout le monde a droit à une chance, toi, tu penses que ça devrait se baser sur le mérite mais tu ne leur laisses jamais une seule chance pour prouver qu'ils valent quelque chose à tes yeux car tu te fais déjà des idées !

Dia s'imposait un peu plus dans la conversation : Hors de question de se faire encore marcher dessus par Sally. Il avançait, bombant son torse et serrant ses poings. Sally, quant à elle, reculait, mais ses yeux lançaient toujours des éclairs.

- Tu tiens peut-être moins à Tania que moi, mais c'est pas une raison pour la traiter comme si ce n'était qu'un animal. Elle a le droit de vivre, elle aussi, et je l'aiderais, quoi qu'il en coûte. Tu oses me reprocher de presque l'empoisonner de médicaments, pendant que toi ça ne te gêne pas de la laisser tomber dans des ruines à souffrir et à mourir seule sans être entourée. Mais moi, j'y crois. J'y crois qu'elle va vivre. J'y crois qu'elle va s'en sortir. J'y crois pour elle et pour tout le monde. Elle y a toujours une chance, et je compte la saisir. Je ferais en sorte qu'elle soit bien logée, au chaud, en sécurité, sans plus rien craindre. Tania est plus qu'une petite fille à mes yeux : c'est mon amie.

Il eut un petit silence pendant un moment. Sally semblait s'être plus adoucie, mais rapidement, une grimaça se dessina sur son visage.

- Et moi, je ne suis pas ton amie, peut-être ?

- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire, par là ?

- Rien. Tant pis, si tu comprends pas. Je vais y aller. Mais souviens toi, Dia, je l'oublierais pas, cette discussion. Si je pars d'ici, tu sais pourquoi. J'en ai marre de toi et de tes idéaux. À privilégier la survie des autres avant la notre, en risquant nos vies, même. On en a déjà parlé, mais plus les jours passent, plus j'ai envie de me casser définitivement de cette baraque.

Sally lança un dernier regard noir à Dia avant de saisir son manteau et de claquer la porte derrière elle. Dia poussa alors un long soupire en voyant son amie partir et il se laissa s'écrouler sur le sol, vidé de son énergie. Il repensa à la discussion jusqu'à ce que Tania frappe à la porte et l'ouvre lentement, les larmes aux yeux. Merde. Elle avait tout entendu.

- C'est de ma faute ?

Dia sentit son cœur se briser en milles morceaux en écoutant la voix tremblante de Tania. Il se leva alors précipitamment, et la prit dans ses bras, pour la réconforter.

- Non, non. Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas de ta faute. Ça va aller.

1315 mots

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