2. Le Dernier Train - Thomas
LE DERNIER TRAIN | 17 novembre 2020 (date correspondant au rp Échos des Vengeances de Pashminou dans lequel Thomas, un de mes o.c's est inscrit, cet univers est d'ailleurs celui du rp en question) — (22/01/22)
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Thomas lança un regard à sa montre avec nervosité. Il était 19h28. Si tout allait bien, normalement, le dernier devrait arriver dans deux minutes. Thomas serra la poignée de sa valise entre ses mains, luttant avec force pour arrêter de trembler. Malgré l'heure tardive, la gare fourmillait de personnes enveloppées dans des tenues chaudes. Thomas lui même avait froid, il s'était couvert d'une écharpe, d'un manteau mais il avait malheureusement oublié ses gants chez lui. Ses doigts étaient gelés, cela faisait des heures qu'il attendait dans ce blizzard, alors il ne sentait plus ses membres. Parfois, il s'amusait à souffler, libérant de sa bouche un air chaud, qui, se mêlant avec l'atmosphère créait une sorte de brume froide. Ça l'aidait, ça lui permettait de détourner les pensées qui le tourmentaient, de mettre de côté durant quelques secondes, la culpabilité qui jouait dans son ventre, tordant son estomac dans tous les sens. Thomas cru voir et entendre au loin le train qui arrivait, son cri annonçant pour beaucoup la fin de ce calvaire. Thomas lança un coup d'œil autour de lui pour voir que du soulagement se dessinait sur leur visage, notamment sur celui des parents qui accompagnaient leurs enfants. Lui aussi sentait plus léger, mais en même temps, il était inquiet, et le sentiment de faire quelque chose de grave qu'il allait regretter se faisait de plus en plus fort alors que le train continuait de s'approcher. Mais il l'ignora, il ne devait pas penser à tout ça, il ne faisait pas le mauvais choix, il devait aussi penser à lui, s'il restait dans Haut, il allait mourir comme toutes les autres victimes, comme son ami.
Thomas observa, le cœur battant, le train ralentir alors qu'il s'avança prudemment plus proche du bord, suivit par toutes les personnes réunies dans la gare. Bientôt, il ira s'installer sur un des sièges du wagon. Bientôt, il verra le paysage défilé alors qu'il quittait Haut. Bientôt, il laissera ses yeux s'inonder de larmes tandis qu'il quittait sa maison, son foyer, ses camarades et sa famille. Emportant avec lui ses affaires et sa valise, ses souvenirs et ses regrets. Sans rien ne dire à personne. Thomas savait déjà où il irait, il rejoindrait une autre ville assez éloignée d'ici, ira s'installer dans un hôtel le temps de trouver un vrai logement, continuerait ses études en ayant à côté un petit job. C'était abstrait, incomplet, il n'était même pas sûr que son plan tienne longtemps la route...Mais au moins, il serait loin de Haut, loin des Spécials et du danger qu'ils représentaient, loin du chaos et des conflits. Il serait en sécurité. En pensant à David, son ami décédé dans la crise des Spécials, Thomas eut un frisson d'horreur et il sentit son coeur se serrer, il se souviendra toujours des cris et du sang quand cette affreuse bête était apparue, quand cet homme avait attaqué ce restaurant des mois plus tôt. Si Thomas avait réussi à survivre et à s'enfuir, ce ne fut pas le cas de David, transpercé par les crocs de ce lié enragé.
Ses pensées furent interrompues par l'ouverture des portes du train, Thomas eut à peine le temps de faire un pas en avant qu'il fut bousculé par la marée d'hommes qui tentaient tous d'entrer dans les wagons en premier, de peur de ne pas avoir de places. Évidemment, personne n'était sorti de ce train, qui viendrait dans Haut de toute façon avec tous les médias qui parlaient de la crise ?
A moitié écrasé dans cette foule, Thomas décida qu'il était plus raisonnable d'attendre et de monter en dernier, de toute façon, il connaissait ces trains, il y aurait assez de places pour tout le monde. Enfin vint son tour, Thomas replaça son sac à dos sur ses épaules, attrapa sa valise, se prépara à grimper, fouillant au passage ses poches pour retrouver son ticket...Quand soudainement, il cru entendre une jeune fille pleurer derrière lui.
- Comment ça tu as perdu ton ticket ?! C'est impossible, tu dois bien l'avoir mis quelque part ?! Lisa, tu sais à quel point ça a été dur de s'en procurer un ?! C'était notre dernière chance !
- Je sais, papa...Mais j'arrive pas à le retrouver...
Un père, complètement paniqué et désorienté, cherchait à ras le sol ce fameux ticket sous les yeux horrifiés de la mère qui essayait déjà de réconforter ses deux fils.
— C'est pas possible, c'est pas possible ! Qu'est-ce qu'on va faire ?! C'était notre dernière chance !
— Je suis désolée...
Thomas les observa un moment, en clignant des yeux, et impulsivement, il descendit du wagon pour les rejoindre. Pourquoi ? Thomas ne savait pas vraiment, il ne pouvait pas juste laisser cette famille en détresse sans rien faire. C'était sûrement à cause de sa bienveillance, ou de sa générosité. Il ne savait pas vraiment.
— Bonsoir, excusez-moi, vous avez besoin d'aide ?
— Oh mon dieu, oui ! Ma famille a perdu à son ticket et on arrive pas à le retrouver. On ne savait plus quoi faire. On ne peut pas rester ici. La crise nous à déjà fait trop de mal. On ne peut pas se risquer de rester là plus longtemps. Ce train est notre seul espoir.
Le père frotta son visage dans ses mains, dans une tentative vaine de se calmer. Il était désespéré, ça se lisait dans son regard. Tout comme le désarroi se lisait dans le regard de sa femme. Thomas chercha alors aux alentours, mais rien ne traînait par terre, le sol était seulement recouvert de traces de boue.
— Mon dieu, mon dieu, mon dieu, qu'allons nous faire ?!
Thomas se mordit la lèvre inférieure. Face à cette famille en détresse, il était perdu. Il repensa alors à sa propre famille, à lui, à celle qu'il allait laisser derrière. A Swann, à Zoya, à Yulie même bien qu'il ne l'ait pas revue depuis tant d'années. A sa fratrie, dont il était le seul encore humain, qu'il allait lâchement abandonner à leur sort dans cette ville sous crise. Sans les prévenir de son départ, en plus. A Swann et Zoya qui allaient devoir se débrouiller seuls dans cette ville où ils étaient coincés. Dans ce chaos qui pourrait les tuer. Et lui, lui, il fuyait. Comme un lâche. Tout ça parce qu'il avait peur. Peur de mourir. Peur de finir comme David. Peur de souffrir. Alors que ses frères et sœurs allaient devoir se battre pour survivre. Lui, il allait s'enfuir, égoïstement.
Face à cette famille, Thomas se sentit pathétique, coupable. Malgré les obstacles, malgré le chaos, malgré la crise, le père n'était pas décidé à abandonner sa fille derrière. Ils resteraient ensemble, jusqu'au bout.
Thomas eut comme un déclic.
Soudainement, il sortit son propre billet de sa poche, et le tendit à la jeune fille.
— Tiens, prends-le. Je n'ai pas besoin.
Lisa releva timidement sa tête, les yeux humides, confuse. Ce n'était pas la seule à être choquée, d'ailleurs.
— Mais...Monsieur, voyons...
— Prends-le, j'insiste.
Lisa se saisit doucement du billet, encore sous le choc. Sous le regard ébahi de sa mère qui avait les larmes aux yeux.
— Mais...Et vous... ?
— Ça ira pour moi. Ne t'inquiète pas.
La mère se précipita brusquement dans les bras de Thomas, en le serrant.
— Mon dieu, merci, merci, merci ! Merci mille fois, vous nous sauvez la vie !
Elle se mit à pleurer, ce qui mit les larmes aux yeux à Thomas à son tour. Il ne devait pas pleurer. Il ne devait pas pleurer.
—Non...Merci à vous, murmura-t-il entre ses lèvres, dépêchez-vous, avant que le train ne parte !
Thomas observa la petite famille s'éloigner, pour rejoindre le train et grimper dans un des wagons avant qu'il ne soit trop tard. En partant, la petite fille lança un dernier regard à Thomas, avant de lui faire un signe de la main. Il cru lire sur ses lèvres un nouveau « merci » avant que les portes ne se referment et que le train ne disparaisse dans la nuit.
Thomas se retourna alors, agrippant sa valise. Il prit une grande inspiration, jetant un coup d'œil à la gare, maintenant vide. Il était aussi le temps pour lui de rejoindre sa famille.
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