Chapitre 34


HUGO


Aussitôt la performance finie, Hugo courut dehors, animé d'une énergie propre à la musique. Il se dirigea vers les coulisses, les cheveux en bataille et sa veste volant derrière lui. Il fallait tenter une dernière fois. Il bouscula une demi-douzaine de personne, l'esprit concentré sur ce qu'il allait lui dire. Ses talons claquèrent une dernière fois dans les coulisses avant qu'il ne la voie. Malia se retrourna vers lui. Elle était encore rouge d'émotion. Hugo avait envie de l'embrasser, mais il pensait qu'elle n'en avait pas vraiment envie. Il s'approcha d'elle à pas doux. 

-Tu as été super, jolie Malia. 

Elle sourit franchement. 

-Merci Hugo. Tu voulais me dire quelque chose de spécial ? 

Elle avait deviné, bien sûr. Pas très compliqué à comprendre, il tremblait un peu, et avait les mains qui se tortillaient nerveusement.

-Oui. Tu peux venir à l'extérieur ? 

Malia ne parut pas surprise, mais rougit tout de même. 

-D'accord...

Hugo lui prit la main pour l'entraîner vers la sortie. Après tout, il était encore son petit ami, il pouvait bien faire ce genre de choses ? La main de Malia était également tremblantes, mais Hugo mettait ça sur le compte de l'effort que ses doigts avaient effectués pendant son morceau. 

L'air glacial les heurta de pleins fouet quand ils ouvrirent la porte menant vers l'extérieur. 

-Putain ! lâcha Hugo, surpris par la gifle du vent. 

Malia partit dans un grand rire. Qu'est-ce qu'elle pouvait être jolie! 

-Bon, je me dépêche, fit-il. 

Il savait bien qu'il ne se dépêcherait pas. 

-Je pense que tu n'as plus de sentiments pour moi, dit-il. 

Autant commencer par l'évident.

-Avant de protester, laisse-moi parler, d'accord ? 

Hugo inspira doucement. 

-Je sais pas pourquoi, je sens le détachement. Je te comprends sans doute moins bien que Liam, je suis sans doute trop différent de tes idéaux. Je ne sais pas vraiment, j'ai toujours eu des problèmes à sociabiliser avec les filles. Mais j'aimerais juste essayer de te convaincre de me laisser, de nous laisser une chance. Je peux devenir quelqu'un d'autre, si tu veux ? Je sais pas. Une relation se construit, il y'a des doutes, des fois, tu sais. Alors je voudrais te dire que je t'aime. C'est con, ça signifie rien là comme ça, mais c'est vrai. J'ai bien te voir sourire, te voir rire, te voir jouer, te voir parler. Je me sens heureux quand tu es là, tu me fais oublier que de temps en temps je suis mélancolique et un peu trop solitaire. Je me sens normal et léger avec toi. C'est dingue, comment ça me tombe dessus à chaque fois. Mes sentiments pour toi se sont insinué en moi sans que je ne m'en rende vraiment compte, et tu sais quoi ? Même si tu me rejettes, j'aurai connu les soirées pizza, les soirées jazz, les baisers volés entre les cours. Et ce sont de baux souvenirs, mi-doux mi-amer. Tu es géniale Malia, tu m'as forcé la main pour jouer au violon, tu m'as tenu par la main dans les rues de New-York, tu m'as même dit je t'aime ! Et c'était tellement beau à entendre, ça m'a transcendé l'âme. Tu me rends heureux, tout simplement. Et je reprends la réplique d'un film romantique débile mais qui s'applique à la situation : "Après tout, je suis juste un homme, debout devant une femme, qui lui demande de l'aimer. "


MALIA


Elle aurait voulu s'enfuir en courant. Une déclaration d'amour, c'était trop pour son petit coeur fatigué, alors deux ! Elle se sentait mal, mal envers Hugo, mal envers Liam. Elle était infâme, de jouer avec les sentiments des autres comme ça. Son souffle fit de la fumée, qui s'envola dans l'air avec une douceur grâcile. 

-Je ne sais pas quo te dire, balbutia-t'elle, confuse. 

Hugo la sasit par les épaules. 

-Malia, il faut que tu regardes en toi même. Quelles sont tes envies, avec qui veux-tu partager des moments de tendresse ? 

Malia le regarda dans les yeux. 

-Réfléchis. Tu as envie de m'embraser, la, maintenant ? 

-Cette question est une question piège ! Tu es super beau ! 

Elle rougit si fort qu'elle en eu une bouffée de chaleur. Comment avait-elle pu oser dire ça ? Comment ? 

Hugo rigola, les yeux plissés. 

-Qu'est-ce que ça te fait, quand je te dit "Je t'aime" ? Malia, achève mon supplice. S'il te plait. 

Malia ouvrit la bouche. 

-J'aimerais ressentir quelque chose. J'ai eu un coup de foudre pour toi, ce jour là, à l'audition. Tes yeux semblaient lire mon âme, on se comprennait, on se ressemblait. Je ne comprend pas...

Hugo sembla anéanti. L'espoir dans ses yeux s'était éteints. 

-Malia. C'est ça, l'amour. C'est incompréhensible. Mais je ne te dirai jamais de te forcer à m'aimer, ça jamais ! Tu dois penser à toi, Malia. Tu blesseras beaucoup de gens, si tu veux être heureuse. Mais chaque personne sur terre a déjà fait un choix par pur égoïsme et a blessé une personne. Mais je me relèverai, comme tout ceux qui ont été déçu. Ca prendra du temps, evidemment. Mais...

-Je suis vraiment une horrible personne avec toi ! Vraiment !

Les larmes lui venaient aux yeux. 

-Je...j'ai honte de moi. 

-Tu ne dois pas. 

Il avait l'air tellement dépité, tellement déçu, qu'elle en eut le coeur brisé. 

-Je peux faire quelqu chose pour toi ? N'importe quoi, aide-moi a ne pas me sentir comme un monstre ! 

-Tu n'es pas un monstre, juste humaine ! Malia, retiens bien ce que je vais te dire. Il faut toujours suivre son cœur, dans la vie. La raison, c'est pas marrant ! Suis ton cœur, et les meilleures choses t'arriveront ! Peut-être les pires aussi, mais ce sera malgré tout des souvenirs inoubliables et empreints d'émotions.

Il reflechit un instant. 

-J'ai quand même droit à un baiser d'adieu ? 

Malia lui sourit doucement en hochant la tête. Ses lèvres touchèrent celles de Malia l'instant d'après. Il avait un gout de mélancolie, d'adieu. Un peu salé. Peut-être que c'était Hugo qui pleurait. Peut-être elle. Après tout, Hugo avait été son premier réel amour. Hugo posa ses deux mains sur les joues de Malia, pressa ses lèvres plus fort sur les siennes et se détacha d'elle. Il la regarda plus intensément qu'il ne l'avait jamais fait.

-J'imprime ce moment dans ma mémoire. Je te le dis une dernière fois, mais tu es splendide. Va rejoindre Liam, maintenant. Tu dois lui dire quelque chose, je crois. 

-Hugo, tu es parfait. 

-Ne me dis pas ça, s'il te plait. 

-Tu es quand même parfait. On peut rester amis ? 

-Tu sais bien que je vais te dire non. Dans quelque temps, peut-être ? Mais là, je peux pas trop rester avec toi sans...enfin bref, j'espère que tu ne m'en voudras pas. 

Malia fut peinée, mais elle estimait qu'Hugo avait raison. Elle ne voulait pas le rendre plus triste qu'il ne l'était déjà. 

-Tu en as le droit. Le jour ou tu te sentiras mal, ou tu auras besoin de conseils, je serai toujours là, d'accord ? Et travaille ton violon. Je te répète ce que tu viens de me dire : Suis tes émotions. Ne sois pas malheureux. 

Il sourit tristement.

-D'accord, jolie Malia.

Il s'en alla, le dos légèrement voûté et les mains dans les poches. 

Malia le regarda partir, frissonant dans sa robe qui virevoltait autour d'elle. 

Tout cela avait des allures de tragédie romantique. 

Depuis quand sa  vie était compliquée ? 

Elle soupira en retournant à l'intérieur. 

Elle était un peu soulagée d'avoir cessé d'être entre deux feux. Elle était amoureuse de Liam, du moins elle le pensait. Il fallait le lui dire, et rapidement.


LIAM


Un sourire aux lèvres, il se dirigea lentement vers les coulisses. Il tenait absolument à féliciter Malia. Il n'avait pas de mots, il était trop envoûté pour réfléchir. Liam chantonnait encore les notes du morceau, des étoiles pleins les yeux. 

Il poussa une porte, puis une autre. Malia n'était pas dans les coulisses, elle devait déjà être dehors, à chercher sa mère. Liam s'apprêtait à repartir dans l'autre sens lorsqu'il entendit la voix de Malia. 

Il se figea quand il entendit celle d'Hugo. 

Un mauvais pressentiment fit naître un malaise profond chez le jeune homme. Il ne devrait pas regarder derrière ce mur, il ne devrait pas. Il allait être blessé, il le savait. 

Mais sa curiosité insatiable lui fit défaut, et il s'avança prudemment, marchant aussi doucement qu'un souris. 

Leurs deux bouches. Collées. 

Il réprima un haut le cœur en s'insultant de tous les noms. Il savait qu'i n'aurait pas du tourner la tête, et pourtant il l'avait fait ! Quel imbécile. Maintenant, il s'en allait, le cœur en vrac, le moral dégringolant vers le bas, et un accablement sans noms lui s'abattant sur lui. 

Malia avait choisi Hugo. Mais avait-elle un moment eu a choisir ? Avait-elle hésité, au moins ? Ou alors Liam n'avait été qu'un jouet, qu'une distraction ? Il était malheureux comme des pierres quand il rentra dans son appart'. Heureusement qu'Albéric n'était pas là, ça aurait été déprimant de lui annoncer que sa super idée n'avait en fait pas si bien marché. Il mit du rock sur son baffle. Pas de musique dépressives quand il était triste. Seulement du rock. Tellement fort qu'il s'arrêtait de penser. Tellement fort qu'il s'en perça les tympans. Tellement fort qu'il en oublia qui il était. Et il resta ainsi de heures, accoudé au comptoir, les yeux fermés, le visage détendu. 

Liam avait l'air d'un fou, et il s'en fichait. C'était comme ça u'il décompressait. La glace, les films, l'alcool, la drogue, la nicotine. Très peu pour lui. Le rock lui inhibait les sens comme rien d'autre. Un remède magique. Un remède contre le fléau incroyable qu'est le rejet. La non-réciprocité des sentiments. Il ne l'avait que très peu de fis expérimenté. Mais là, c'était un sentiment horripilant. Comme si ses entrailles étaient broyées de l'intérieur. 

Albéric finit par rentrer, et, étant son ami depuis toujours, associa son air dépité et le rock à fond comme une immense détresse. 

-Toi, mon pote, t'as besoin de ne pas être seul ! Viens, je t'emmène au bar à jazz. On va danser, Liam. On va entendre les trompettes, taper des pieds aux son des contrebasses, vibrer sous les notes du piano. S'enfiévrer avec les musiciens. Ne te laisses pas abattre, poussin. Allez, c'est parti. Ce soir, tu vas vivre, et demain, tu pourras végéter comme un légume comme il te plaira. Mais ne restes pas là. Le rock c'est bien un temps, mais après, il génère de mauvaises pensées dans ta petite âme perdue. Je te connais. Allez, viens.

Liam l'écouta comme un zombie. Il avait une réplique cinglante sur le bout de la langue, mais la cracher au nez d'Albéric n'était assurément pas une bonne idée. Il lui en voulait de l'avoir forcé à se mettre à nu, mais étais-ce de sa faute si Liam n'était pas aussi parfait qu'Hugo ? Il se contenta donc d'enfiler un k-way bien trop fin pour cette époque de l'année, et suivit Albéric, mains dans les poches. 

Quand il rentra dans le bar à jazz, il se sentit un peu mieux. Liam voyait Malia partout, rire, parler, danser, mais la musique lui faisait tout oublier.  Il commanda une chope de bière, et s'assit sur une table, subjugé. Qu'est-ce qu'il aimait la musique. 

Chaque style était propre à un état d'esprit, à une certaine émotion. 

Et le jazz, ça générait chez Liam une sorte de transe. Il ressentait tout et rien à la fois. La mélancolie, la joie intense, une pointe de colère, une louche de tristesse, un pincée de peur, peut-être ? Mais surtout, il ressentait son amour pour la musique. 

Sa vie serait tellement ennuyeuse sans la musique ! 

Malia ne serait plus à ses côtés, mais la musique, elle, est éternelle. 

Sur cette affirmation, il avala une lampée de bière, un sourire timide sur les lèvres. 

Malia était ancrée dans son âme, et il allait oublier tout ça le temps d'une soirée. 

Le temps d'un battement, d'une note, d'une mélodie soufflée dans une jolie trompette. 


Coucouuu ! Oui je sais, deux chapitre publiés aussi vites l'un après l'autre ! 

Eh bien il semble que j'ai trouvé la potion magique pour avoir de l'inspiration : Je m'assied sur mon toit, dans le froid, avec une playlist Spotify qui se répand dans l'air. 

C'est bientôt la fin, les amis !! <3 <3 


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