Chapitre 29

LIAM

Le mois de décembre était arrivé. En fait non. Dire qu'il s'était fracassé sur New York avec une violence particulièrement belle serait plus correct. Les flocons virevoltaient sans cesse dans l'air, et les éternuements retentissaient à intervalles réguliers dans tout le campus. Les souffles projetaient de la buée, la neige envahissait les rues, et les gens commençaient à parler du Nouvel An. Le froid envahissait les maisons de courants d'airs glacés. Qui osait sortir prenait un risque immense de choper une grippe intestinale. Cependant, Liam avait eu la folie de le faire en ce samedi matin. Son bonnet enfoncé dans ses cheveux, il se dirigea tant bien que mal vers l'immeuble de Malia. Ses chaussures étaient deja trempées, et ses lèvres étaient sûrement mauves de froid. Ses bras étaient repliés sur sa poitrine, et des frissons l'agitaient. Il allait mourrir ici.
Alors que cette radicale évidence s'emparait de lui, l'immeuble surgit. Liam crut à une hallucination.
IL L'AVAIT FAIT !
Ses doigts gelés saisirent la poignée, et il monta les escaliers quatre à quatre. La porte était déjà ouverte.
Une vague de chaleur et de bruit l'enveloppa comme une couverture, et un sourire immense sur les lèvres, il pénétra dans l'appartement.
Malia et Louisa avaient organisés un brunch dans le but de faire diminuer le stress des étudiants. Les examens avaient lieu dans deux jours, et les pianistes étaient nerveux.
Liam se servit d'un croissant, et se mit dans un coin, silencieux. Il n'avait pas envie de parler à grand monde. Il attendait que Malia vienne lui parler.
Ce qui ne tarda pas d'arriver.
-LIAM ! Tu es venu !
Son cri enthousiaste lui déchira les tympan, mais son cœur se gonfla. Elle avait hâte que j'arrive !
-Évidemment !
-Alors, tu maîtrises ?
-Et toi ?
-Oui. Mais j'ai peur.
Liam lui saisit les épaules.
-Je m'en fiche. Tu vas réussir, un point c'est tout. Les gens vont t'applaudir si fort que la salle tremblera.
-Toi aussi.
Liam sourit franchement.
-Va t'occuper de tes invités.
-Tu es le plus important.
-Hugo n'est pas là ?
-Si.
Liam haussa un sourcil pendant que Malia disparaissait en un rire léger.
Elle a l'air vraiment en phase avec elle même.
Et encore et toujours, la même pensée tonna dans sa tête pour lui dire à quelle point elle était géniale. 

MALIA

Elle ne savait même pas pourquoi elle avait dit ça. Malia était très heureuse avec Hugo, ils s'entendaient tellement bien. C'était vraiment super. Mais quand elle vit une jolie fille à la chevelure noire bouclée et au teint de porcelaine s'approcher de Liam, son cœur se serra.

Tu n'as pas le droit de ressentir de la jalousie de cette manière ! Arrête tout de suite !
Ses sentiments étaient trop compliqués à démêler, mais elle ne pouvait pas faire autrement. Elle ne saurait le dire. Liam c'était vraiment...non. Personne y touchait, point barre. Malia!
Encore ce comportement possessif injustifié. Elle aimait Hugo, avait remballé Liam, maintenant elle devait le laisser vivre sa vie.
Elle ne parlait à personne de ce débat intérieur complètement débile, elle avait tellement honte.
De plus en plus souvent, des "Et si..." occupaient ses pensées.
"Et si je n'étais plus amoureuse d'Hugo?"
Cette pensée était aussitôt rejetée. Son cœur battait toujours aussi vite, et sa peau frissonnait au contact de sa peau.
Mais pour Liam, alors?
En général, elle tentait de rester impassible en sa présence. Ne pas analyser les moindres de ses réactions corporelles. Cela ne faisait que l'embrouiller.

LOUISA

Les regarder revenait à voir un mauvais film à l'eau de rose. Malia au milieu de deux garçons qui l'aiment, indécise face à ce choix cornélien. Louisa pouvait voir son tourment. Elle était sans cesse dans la lune, les sourcils froncés. Malia scannait la moindre de ces émotions, l'interprétait dans l'espoir de répondre à une question qui semblait essentielle.
"Pourquoi ai-je embrassé Liam ?"
Louisa n'aurait pas aimé être à sa place, c'était clair. Malia semblait la supplier du regard de choisir à sa place. Malheureusement pour elle, la rousse n'avait pas d'avis sur cette problématique. A vrai dire, elle n'y pensait pas vraiment. Son examen était dans une deux jours et son morceau n'était pas encore au point. Elle saisit un croissant sur la table, et alla s'asseoir près de Liam, qui avait l'air mal en point. Une jeune femme venait de le quitter pour aller parler à quelqu'un d'autre.
-Alors, ça va ?
Liam prit une grande inspiration.
-Je pense que ma vie part en vrille. Je sais pas, j'ai toujours eu de la chance, mais ces temps-ci, ma bonne étoile semble s'être lassée. Même au piano, ça marche plus.
-C'est le stress de l'examen qui approche.
-Non, c'est pas ça.
Louisa voyait bien que son regard était accroché à la chevelure de Malia.
-Arrête d'y penser.
-Je me sens coupable. Elle est tourmentée par ma faute.
-Arrête un peu. Elle ignorait juste ses sentiments, car ils étaient plus discrets.
-J'ai semé le doute dans son esprit. Je dois arrêter de l'embrasser tout le temps.
-Deux baisers, ce n'est pas la mort !
Il baissa les yeux, et ne répondît rien.
-Redeviens Liam! Une boule d'énergie, un soleil ! Répand ta bonne humeur, arrête de t'inquiéter ! Ta vie sera longue. Des filles, il y'en aura plein. Qu'est ce que Malia a de si spécial à tes yeux ?
Silence.
-Ne me regarde pas comme ça, j'essaie de t'aider.
-Pleins de chose font qu'elle est géniale.
-Précises ta pensée.
-Je ne ferai pas ma déclaration d'amour à toi, Louisa !
-Entraîne toi.
-Je ne lui dirai jamais pourquoi elle est belle à mes yeux, et dans tous les sens du terme.
-Pourquoi ? fit Louisa, exaspérée.
-Hugo est un mec bien.
-QUOI ? Je m'y retrouve plus, moi ! C'est pas censé être le méchant, dans ton histoire ?
-Non.
-Je pense que tu devrais arrêter de ruminer. Dis à Malia ce que tu penses d'elle, et tu verras!
-C'est pas si simple. Faut oser.
-Tu es le gars qui a le plus confiance en lui que je connaisse...fit Louisa, consciente qu'il était presque convaincu.
Peut être bien que Louisa avait un avis, tout compte fait. Liam était génial. Ce garçon était un rayon de soleil, il semait les rires partout où il passait. De l'extérieur, on aurait pu croire qu'il savait exactement ou il en était dans sa vie. Qu'il savait QUI il était.
Mais Louisa réalisait que non. Liam avait une faiblesse, et elle s'appelait Malia.
-TU VAS ARRÊTER DE FAIRE SEMBLANT! Arrête ! Tu ne fais que te torturer pour rien. C'est idiot. Vraiment. La vérité finit toujours pas ce savoir. Faire semblant que ton amour pour elle est passé ne va pas arranger les choses, au contraire. Montre un peu de que t'as dans le ventre! Tu es Liam Collins, le futur célèbre pianiste. Montre de quoi tu es capable,s'il te plaît. Pour toi, pour elle. Pour moi, aussi. Que je puisse enfin avoir des conversations avec elle.

Liam se leva.
-Je vais y réfléchir. Embrasse Malia de ma part.
-Fais le toi même.

LIAM

Le discours de Louisa avait remué pleins de choses en lui. Elle avait raison, et puis une seconde après, elle avait tort. Il ne voulait pas gâcher l'amitié que Malia et lui avait retrouvé. Mais il voulait plus. que cette relation. Quand il sortit, le froid lui fit du bien. Il était resté peu de temps à l'intérieur, mais étouffait déjà. L'air lui picota les narines, et sa gorge gratta. Il courut vers les salles mises à disposition sous un geste totalement impulsif. En cas de conflit intérieur, la musique était toujours utile.

Les instants qui suivirent furent magiques. Ses doigts avaient retrouvé leur dextérité qui semblait avoir disparu ces derniers jours. Il se sentait voler, voler, voler. Ses doigts étaient aussi délicats qu'un souffle de vent, et ses poignets s'assouplissaient au fur et à mesure du morceau. Ce sentiment de toute puissance monta en lui. Il le sentait dans son cœur, la musique le touchait au plus profond de lui. Ses yeux se fermaient, son dos se courbait, son pied martelait la pédale. Les notes s'envolaient, tantôt graves tantôt aigües. Il y'avait dans la mélodie un charme indéniable. Son monde volait en éclat pour mieux se réorganiser. Ses pensées étaient délicieusement bordéliques, il ne pensait à rien. Rien du tout. Le vide intersidéral. Seuls les accords résonnaient dans sa boîte crânienne. Il avait été réglé avec la musique. Son corps palpitait avec les notes, tandis que la salle noircissait toujours plus vite, jusqu'a ca que son monde ce résume à ces touches noires et blanches. Elles se flouaient devant ses yeux, et pourtant ses doigts fonctionnaient comme des machines. Quand le moment de grâce du morceau arriva, il lui sembla imploser. Encore une fois, il se sentait tellement petit. Tellement, tellement petit. Les émotions qui l'agitaient étaient trop fortes, trop puissantes, trop pures.

La note finale explosa dans l'air, pulvérisant la bulle que c'était formé Liam. Il allait le dire à Malia. Il le fallait, il le devait.

Quand Liam quitta la pièce, il adressa un merci à la musique.

-Merci d'être là pour me guider quand personne ne le peut. Vraiment.

Il devait paraître fou, mais...
Et alors ?

Un peu de retard pour ce chapitre, désolée ! J'espère qu'il vous plaira !

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