Chapitre 27




LIAM

Aller en boite les soirs de semaine ne lui réussissait jamais. Mais alors JAMAIS. Il se réveillait en général à midi, avait gâché une partie de sa journée, et avait un mal de crâne incurable. Cette fois ne faisait pas exception. Il s'était levé à 12h06, à en croire son réveil. Son téléphone sonnait. Il éteignit l'alarme, et eut un sursautement de panique quand il vit les appels manqués de son professeur particulier. Il avait déconné sur ce coup là... Des milliers de lames lui déchiraient la cervelle, et ses yeux lui picotaient tellement qu'il s'était mis à pleurer. Il ricana de lui même. Il avait pris la décision de ne pas boire, et le voila, dans un état pitoyable, la rage au coeur, et une culpabilité sans nom lui noircissant les pensées. Fin novembre allait approcher pas à pas, ce qui voulait dire examen. Ce n'était en loupant des cours qu'il allait réussir ses études. Il n'allait pas donner cette satisfaction à sa mère, elle pouvait toujours rêver ! Liam pivota sur lui même et se jeta dans la cabine de douche. Il fallait absolument qu'il aille jouer, sinon le jeune homme allait exploser. Sa peau devint rouge, et la buée envahit toute la salle de bain. Une grande inspiration plus tard, il était sorti. Ses vêtements furent ramassés dans la pièce, et enfilés avec frénésie. Ses yeux étaient tout bouffis, et ses cheveux étaient bourrés d'épis. Il sourit en pensant à son état débraillé. Personne ne viendrait le déranger. Son classeur en main, il sortit de l'appartement, un immense sourire aux lèvres. Des qu'il mettrait ses mains sur les touches tout irait mieux. Tout ce cirque n'était qu'un de ses fantasmes, et il verrait Malia et Hugo piailler joyeusement. Leurs baisers enflammés n'étaient que des inventions. Ses pieds bondissaient sur les marches, et le claquement de ses chaussures résonnaient bruyamment dans la cage d'escalier. Il sauta hors du bâtiment. Une énergie immense jaillissait violemment dans ses veines, et il ne pouvait s'empêcher de sauter de temps à autres sur des petits piquets plantés au sol.
Quand soudainement, la personne qu'il avait le moins envie de voir surgir dans son champ de vision.
Deux yeux fatigués, une crinière chatin.
Le beau gosse en personne.
Génial.
-Tu n'aurais pas vu Malia?
-Non ! Désolé.
Il s'empressa de partir, sentant la situation gênante arriver à plein nez.
-Je dois y'aller, salut !
-Ouais. Salut.
Hugo disparut, et Liam se détendit d'un coup. Il n'avait absolument pas rêvé(il le savait depuis longtemps, mais ça lui frappait au visage maintenant).
Malia avait du mal avec les émotions, et Liam ne l'avait pas aidé, à lui déclarer sa flamme. Elle avait du se sentir coupable, ou avoir pitié de lui. Ou même pour blesser Hugo !
Comment pouvait-il savoir ? A cet instant, Malia devait sûrement s'interroger elle-même sur l'origine de son geste.
Animé soudainement d'une pulsion d'empathie et de bonne foi, il se retourna d'un coup sec, et rattrapa Hugo à l'aide d'une dizaine d'énorme enjambées.
-Si tu veux, je peux t'aider à la retrouver.
Dans les deux sens. Qu'Hugo retrouve sa place légitime dans son cœur, mais aussi qu'il la trouve, matériellement.
-J'aurais dû me douter qu'elle t'avait tout raconté.
L'amertume dans son regard surprit Liam.
-Quoi ?
-Je sais pas trop ce qui se passe dans sa tête, mais je sens qu'elle a un truc pour toi.
Liam était abasourdi.
-Quoi ? répéta-il, incrédule.
-Elle m'a dit qu'elle m'aimait, fit il.
-Et donc? Pourquoi elle n'est pas avec toi ?
-Je lui ai reproché des tas de trucs qui n'avait pas lieu d'être.
-VOILÀ !
Hugo sursauta. Il n'avait pas souvent discuté avec Liam, ça se voyait. Celui-ci s'exprimait toujours avec une intonation excessive. Tout le monde finissait par s'habituer, mais ca pouvait surprendre.
-C'est à mon avis pour ça qu'elle s'est éloignée de toi. Avouer ses émotions lui a demandé du courage, et ton manque de réaction combiné à ta suspicion n'ont pas aidé à garder Malia dans tes bras.
-Tu a fais des cours de psychologie ?
Liam rigola franchement.
-Non, mon pote. C'est l'instinct.
-J'ai toujours été nul avec les filles.
-Ton charme a bien marché, sur Malia.
Son ton était un peu plus froid que voulu.
-J'ai fait le con.
Ils s'étaient assis sur un banc, par chance pas mouillé.
-Tu vas trouver ça étrange, mais j'ai envie de t'aider.
-Pourquoi tu ferais ça ?
-Parce je sais qu'elle t'aime.
Son cœur se déchira tandis que le regard d'Hugo s'intensifiait. Ses iris brillaient, et les pigments bleus et verts luisaient. Pas étonnant que Malia soit tombée sous le charme. C'était des yeux magnifiques.
-Alors, tu acceptes l'aide de quelqu'un qui est fort avec les filles?

HUGO

Il n'avait jamais porté Liam dans son cœur, mais pour le coup, Hugo l'adorait. C'était une boule d'énergie, 70 kilos d'enthousiasme, un grain de folie et 100 % d'idées. Il listait des idées à la pelle, qui surgissaient de nulle part. Le jeune homme devait avouer que Liam possédait une imagination sans limites pour attendrir les filles. Ce mec devait sans aucun doutes avoir eu des centaines de copines, et ce juste en ouvrant la bouche pour parler. Chaque phrase qu'il prononçait était en général accompagnée d'un rictus ou d'une expression du visage qui le rendait fascinant.
Ils se quittèrent une heure plus tard en se promettant d'aller boire un verre. Hugo allait récupérer Malia le soir même, tout était prévu. Ils s'entendaient bien, et Liam voulait lui présenter un certain Albéric, son meilleur ami qui est Tunisien et qui déteste sa mère.
"Il a l'air très loufoque"était la conclusion-ou le résumé- que Hugo avait tiré d'une des tirades enflammés de Liam.
Il se dirigea vers son cours commun, les cheveux ébouriffés par le vent. Ses cheveux commençaient à former des boucles à base de son cou et à lui tomber dans les yeux. Un rendez-vous chez le coiffeur planait au dessus de lui comme un nuage de pluie. Il détestait aller chez le coiffeur depuis ln plus jeune âge. Il n'avait jamais compris pourquoi. Ces sortes de monstres armés de cisailles d'argent ne lui avaient jamais inspirés confiance, allez savoir pourquoi. Maintenant qu'il n'habitait plus chez sa mère, personne n'était là pour le forcer à y'aller. Hugo soupira en pensant à la réplique de sa mère.
"Tu ne ressembles à rien, avec ses cheveux longs ! Coupe les court, ça te va bien mieux! "
S'en suivait une longue séance où elle ressortait des albums photos de quand il avait 6 ans(et qu'il n'avait pas la force persuasive de refuser) qui servaient de supports visuels.
"Tu vois comme c'était beau chéri ?"
Et grimaça à l'idée d'entendre la phrase qu'il entendait tous les ans depuis sa naissance.
Hugo poussa la porte et entra dans la pièce ou les autres étudiants étaient déjà installés. Le professeur allait faire sa démonstration du jour.
Cette pratique démoniaque consistait en deux étapes :

1.Choisir un élève au hasard et lui donner une partition.
2. Lui laisse deux minutes de déchiffrage et jouer à deux avec lui-même.

Apparement c'était un super exercice, mais ils avaient surtout l'impression d'être de retour à leurs débuts en lecture à vue. Ils enchaînaient les erreurs, et au plus l'année avançait, au plus le professeur sélectionnait des morceaux compliqués. Parfois, ses propres compositions se retrouvaient sur le pupitre, et là ok pouvait dire adieu à la crédibilité. C'était très dur à lire, mais facile à jouer. Autant dire que l'exercice prenait des allures d'humiliation publique, surtout alors que l'ambiance amicale n'était pas vraiment présente.
-BONJOUR !
Hugo sursauta. Il soupira en fermant ses paupières. Les fenêtres qu'il avait trop fixé étaient comme imprimées dans sa rétine. Il bailla, et passa une main dans ses cheveux. Il avait le sentiment qu'il allait être choisi.

-Walker Hugo ?

Bingo!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top