Chapitre 26


Rien à voir mais écoutez le chanson No More de The Alley, elle est trop bien ! <3

HUGO

Se creuser les méninges pour trouver une idée de génie lui avait filé un mal de tête atroce. Il avait pensé à tous les moyens possibles et imaginables. Les plus niais, les plus originaux, les plus débiles. Il ne trouvait rien. Le violon ne marcherait pas. Un bouquet de fleurs, encore moins ! Il avait pensé à faire un discours incroyable, ponctué de mots dégoulinants d'amour. Mais elle refuserait de l'écouter, et trouverait ça complètement faux. Il avait également pensé l'inviter au restaurant, mais il l'avait déjà fait.
Ses lacunes pour gérer les filles lui faisaient défaut à présent, et il le déplorait. Lui qui avait toujours été plein d'idées, il se voyait complètement démuni. Sa colère se raviva un instant quand il se mit à penser que les filles étaient des sortes de démons maléfiques impossibles à satisfaire. Les femmes se plaignent toujours des hommes, mais est-ce qu'elles ne devraient pas se remettre en question, de temps à autres? Histoire qu'Hugo ne passe pas sa fichue après-midi à essayer de recoller les morceaux d'un vase que IL avait cassé.

En fait, ses pensées se divisaient en deux chemins bien distincts:

Celui ou Malia était la fautive parce qu'elle l'a complètement ignoré pendant trois semaines,

et celui ou il se disait que c'est un vrai connard d'avoir fait ça.

Inutile de le mentionner, il se sentait coupable de ne serait-ce que de songer au fait que Malia était fautive. Mais n'empêche, Hugo ne pouvait pas s'empêcher d' y penser. Il finit son café d'une traite, et partit prendre une douche. Allez savoir pourquoi, l'eau lui éclairait les pensées a un tel point que quand il sortait de la cabine, il savait exactement quoi faire.

Le jet lui meurtrit les épaules, ça oui, mais aucune révélation philosophique. Il murmura un juron devant son miroir. Il n'avait l'air que d'un imbécile qui parlait tout seul. Hugo saisit sa brosse à dents, déposa du dentifrice sur les poils, et s'empressa de se récurer la bouche. Il devenait frénétique, un peu fou, comme un lion en cage. Le jeune homme ne savait que faire pour tout réparer, et il voulait juste arrêter de se prendre la tête pendant un temps. Il s'affala dans le canapé, et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles. La musique allait tellement fort qu'elle l'empêchait de penser. Les basses faisaient vibrer ses tympans, et il se sentit enfin en paix. Ses pieds tapaient contre le sol, et sa tête bougeait en rythme. C'était un moment perdu dans le temps, juste un instant ou il ne faisait rien, strictement rien. Et c'était incroyable. Il ne pensait pas au piano, ni à sa mère, ni à Malia, ni au violon, ni à Liam. En fait, il imaginait comme des filaments de couleurs très vives sous ses paupières. C'était beau comme image, ne put-il s'empêcher de penser. Les minutes passèrent, et le temps avait commencé à s'assombrir peu à peu, sans qu'il le remarque. Il pensait même s'être endormi. Il avait un peu mal à la nuque, et ses pensées étaient un peu brouillées. Mais l'étudiant se sentait déjà mieux. Il se leva, et ses genoux craquèrent. Il grimaça en entendant le bruit, et se dirigea à pas lents vers la cuisine. Il fallait nourrir son pauvre estomac, qui se contractait misérablement, laissant échapper d'affreux gargouillements qui résonnaient dans tout l'appartement.





MALIA

Le paysage était flou devant elle. Sa vitesse l'empêchait de voir les détails, ou alors c'était les larmes ? Des images de Liam défilaient dans sa tête. Liam qui sourit. Liam qui lui tape dans la main. Liam qui l'invite à danser. Liam qui danse de joie. Ses cheveux qui brillent dans le soleil. Ses yeux, comme deux pépites d'or, qui l'encourage à jouer devant les autres. Leurs petites séances de piano du soir.

Malia hurla. Un corbeau s'envola. Elle ne comprenait rien. Elle se prit la tête entre les mains. Elle était essoufflée. Ses pensées étaient embrouillées, et son souffle était court. Des questions nouvelles surgissaient dans son esprit, ses pensées tempêtaient, et sa tête menaçait d'exploser. Ses cheveux virevoltaient autour d'elle, s'emmêlant toujours plus.

Espèce de lâche.

Malia venait de s'enfuir. Il n'avait jamais été facile pour elle de se confronter aux gens après leur avoir fait du mal. Mais qu'est-ce qu'elle aurait pu dire ? Elle ne savait pas elle même pourquoi diable ses lèvres s'étaient posées sur celles de Liam. Avant de lui dire quoique ce soit, la jeune fille devait mettre les choses au clair en elle même. Sinon elle ferait plus de dégâts.
Malia était sûrement perturbée. Ou fatiguée. Mais malgré les arguments qu'elle construisait consciencieusement dans son cerveau, une petite voix lui murmurait qu'elle avait fait une bonne chose, en fin de compte. Elle effleura ses lèvres, en se rendant compte qu'elle aurait aimé être encore assise près de lui. Son cœur battait encore si vite. Quelle délicieuse sensation...

Pourquoi tu es partie, alors ?

Ses yeux se fixèrent sur un arbre. Ses feuilles étaient d'un rouge magnifique. Elle s'approcha, et effleura de son pouce les petites veinures d'une des feuilles. Elle poussa un petit soupir, et s'éloigna de l'arbre. Il y'avait toujours Hugo qui faisait partie de l'équation. Ils s'étaient disputés, d'accord, mais ils sortaient encore ensemble, non? Elle lui avait avoué qu'elle l'aimait il y avait de cela même pas cinq heures !
Elle repensa à tous les instants où elle avait été en colère contre Liam. La fois où il avait flirté avec la caissière au Viand Café. La fois où il avait embrassé Britanny.
Les mêmes pensées avaient tant de fois tourné dans sa tête qu'elle se sentait dans une impasse. Il n'y avait plus rien à dire, plus rien à faire.
Alors quoi?
Laisser le "destin" décider ?
Non.
Elle devrait trouver un moyen de décortiquer la vérité. Pourquoi elle avait répondu au baiser de Liam, si elle aimait Hugo ?

Cela n'avait absolument aucun sens!

Comment une paumée comme moi a pu se retrouver dans une telle situation ?

LE LENDEMAIN, COURS INDIVIDUEL, 11 HEURES

-Malia tu fais n'importe quoi aujourd'hui.

La jeune fille soupira pour la millième fois tandis que Cornélia replaçait ses lunettes sur son nez. Un courant d'air glaçé soufflait dans la pièce, et les chevilles découvertes de Malia étaient à la limite de passer en mode GEL.

-Désolée, je ne me sens pas en forme.

-Je vois ça. Tes cernes font peur.

Malia décida de ne pas relever, et posa sa main avec délicatesse sur le clavier. Ses yeux se concentrèrent sur la partition, et son pied se souleva du sol, prêt à appuyer sur la pédale. L'enchaînement était dur, elle ne pensait pas pouvoir y arriver dans un tel état. Elle avait passé une nuit blanche. Elle avait fait du thé, parce que quand Malia n'arrivait pas à dormir, elle faisait du thé. Ensuite, sa vessie avait été beaucoup trop sollicitée à son gout. Une fois que ses allé-retours aux toilettes se sont enfin arrêtés, ses pensées n'avaient pas cessé de tourner, encore et encore dans sa tête. Résultat : sa seule envie pour le moment était de rattraper tout ce sommeil.

-Mais ce que tu fais la nuit ne doit pas empiéter sur ton travail, tu le sais.

-Oui mademoiselle, je sais.

-Tu vas me faire une composition pour demain, ça te fera le plus grand bien. Je suis clémente, tu peux me la rendre le soir, si tu veux.

-Je vous la rendrai demain matin.

Cornélia parut agréablement surprise.

-Bonne initiative. Je retiens. En attendant, on va faire un exercice de lecture à vue, pour te remettre un peu sur les rails.

Malia avait déjà mal à la tête, mais elle acquiesça de bonne grâce. Elle lut le nom en dessous du titre. Rachmaninoff.

Cette prof ne vivait que pour la torturer !

COURS COMMUN, 14 HEURES

-Bonjour chers élèves ! Comment s'est passé votre concours ? Je suppose que vous avez tous fait de magnifiques prestations !

McThorn et son énergie débordante surgirent dans la pièce, rendant tous les élèves directement plus gai.
Il tape dans ses mains, puis distribue les partirions du jour. Encore une de ses compositions. Le professeur passa devant Malia, ne lui tendit pas les feuilles. Elle avança sa main, et il la regarda étrangement.
-Liam n'est pas là aujourd'hui, il est malade. Tu ne le savais pas ?
Malia fit semblant.
-J'avais oublié.
-Tu peux travailler sur n'importe quel morceau, d'accord ?
Elle acquiesça, et se dirigea vers sa propre salle.
Il me déteste...
Ce jour là, elle composa un morceau très triste et bouleversant. Sans doute une de ses meilleures compositions. Elle ne fit presque pas d'erreur de style, et le tout était fluide. Quand elle quitta la salle, elle se sentait déjà mieux. Le bruit d'un nouveau message se fit entendre. Elle tira son téléphone de sa poche.
On sort ce soir ? Enfin libre de ce concours ! Viens ! ^^^^^ (Il y'aura tout le monde!)
Le message provenait de Louisa. Le "tout le monde" incluait-il Liam ou pas ? Mais ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas été boire un verre, ça lui ferait pas de mal.
Je viens !! On se rejoint à l'apport dans cinq minutes^^
Malia se dirigea vers la sortie du bâtiment, ses partions en main. Elle hésita à les rendre à Cornélia, mais elle n'avait pas envie de marcher.

****

-Tu avais dit sortir, mais j'avais pas compris EN BOÎTE ! hurla Malia.
La musique se déchaîna juste à ce moment là.
-J'ENTENDS RIEN !
Malia songea très sérieusement à se bourrer la gueule. Elle n'en pouvait plus. Tous les autres étaient déjà bien éméchés, et elle ne faisait que guetter l'arrivée de Liam. Elle avait bu deux bières, et il lui en fallait encore.
Elle se dirigea vers le bar de la boite. Elle commanda un cocktail quelconque, et le barman partit le préparer. Quand il revint, la boisson à la main, il indiqua l'autre côté du bar avec son menton.
-C'est offert par le jeune homme là bas.
Malia tourna la tête brusquement. C'était comme une vision de rêve.
Liam était là, ses cheveux en petard, ses yeux fixés sur elle. Il était comme illuminé par un spot. Son petit pull bleu était bien trop froid pour l'hiver, mais il avait les joues rouges de chaud.
Le jeune homme tenait un verre à la main. Il semblait l'inviter à approcher. Elle se leva de son tabouret, et se dirigea à pas lents vers lui.

LIAM

Elle était tellement belle. Ses cheveux étaient emmêlés, et son pull lui faisait des formes bizarres. Mais elle était tellement belle.
Elle s'était enfuie quand il s'était embrassé. Mais qu'importe, elle était si belle.
Elle ne sera jamais ta copine. Oublie ce baiser. Stop.
Il fit une tête approximativement maussade. C'était une expression qui n'existait pas, aussi s'empressa t'il d'afficher un sourire, comme si tout allait parfaitement bien.
-Salut ma belle.
Elle sourit tristement.
-Je suis désolée.
-N'en parlons pas. Buvons ce cocktail, d'accord?
Elle parut soulagée, et finit son cocktail en deux secondes chrono. Elle en commanda un autre, tandis que Liam sirotait le sien. Si il buvait trop, il finirait pas lui dire des tas de choses que personne ne souhaiterais entendre.
La musique les berça un instant. Leurs cocktail s'enchaînèrent, malgré la résolution de Liam. Ils s'étaient rapprochés peu à peu. Malia s'était un peu expliquée. Elle ne savait pas ce qu'elle ressentait. Un besoin de faire le point. Liam n'avait pas vraiment écouté. Ses lèvres roses lui en avaient empêchées. Dans sa tête, elles bougeaient au ralenti, dans des mouvements hypnotisants. Ca en devenait impossible de se concentrer. Liam sentait son esprit planer, tout à coup. Il avait envie de jeter à la figure de Malia de millions de reproche, ou bien de l'embrasser. Mais il ne pouvait faire aucun des deux, aussi se contenta t'il d'un pitoyable :
-On va danser ?
Elle répondit par l'affirmative, toute contente. Leurs mains s'assemblèrent, leurs corps se reprochèrent, leurs peaux de frôlèrent. Le cœur de Liam battait un peu trop fort.
Des qu'il voyait cette fille, il retombait amoureux d'elle un peu plus.

Ils dansaient l'un contre l'autre, à présent. Leurs regards soudés. Leurs soufflés qui se mélangent. Leurs mains dans l'air.
Il aurait dû le voir venir.
Il aurait dû l'arrêter.
Mais il était humain.
Alors il n'a pensé qu'à lui.

MALIA

Les soupirs se multipliaient. Les frissons parcouraient son corps. Son cœur battait irrégulièrement, ses mains tremblaient. Leurs souffles se mêlaient, les passions s'éveillaient.
Elle savait qu'elle n'aurait pas du faire ça. Mais elle n'arrivait plus à réfléchir, alors autant se laisser guider par son instinct. Qui sait? Ca résoudrait peut être quelque chose?
Malia s'affirma encore plus fort à Liam. Elle savait qu'elle allait le regretter.
Mais qu'est-ce qu'elle s'en fichait !

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