Chapitre 22
JUILLIARD : AUDITIONS ET EXAMENS
RECAPITULATIF
15 NOVEMBRE: Audition ( premier tour ) dans le cadre d'une collaboration avec l'Académie de Ballet de New York. PUBLIC NON ADMIS.
17,18,19 et 20 DECEMBRE : Examen individuel. PUBLIC ADMIS. *
12 JANVIER : Audition (Deuxième tour) dans le cadre d'une collaboration avec l'Académie de Ballet de New York. PUBLIC ADMIS.*
MORCEAUX DE TOUTES LONGUEURS AUTORISES. Cependant, si les morceaux durent entre 30 et 40 minutes(ou plus), veuillez nous avertir avant le 27 octobre(au plus tard) afin de s'organiser au mieux.
L'ENSEMBLE DES CONCERTS SE DÉROULERONT DANS L'ALICE TULLY HALL.
APPELEZ AU +1 212-265-9725 POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS.
*Réservez les billets sur le site. https://www.juilliard.edu/music.Le prix est de 19 euros pour tous.
Ce papier était déjà affiché partout depuis un bout de temps sur le campus. Mais comme l'échéance approchait, les boites aux lettres en étaient pleines. Ces petits fascicules verts n'avaient fait qu'augmenter le stress de Malia. Dès qu'elle en voyait un, ses mains s'aggripaient au papier, le chiffonnait, puis le jetait dans une poubelle. Elle se vouait corps et âme au piano. Elle travaillait tous les jours, jusqu'à pas d'heure. Elle était noyée dans la musique, ne voyait plus rien, plus personne. Les notes l'obsédaient jusqu'à ce qu'elle en rêve. Elle avait l'impression de devenir folle. Ses mains tremblaient sans cesse à cause du café, et d'immenses cernes mangeaient son visage. Elle n'avait pas vu Hugo depuis plus d'une semaine, et avait sans cesse le regard vide. Elle était très raide, et ça ne l'aidait pas à s'améliorer, au contraire. Les trois semaines qui séparaient son anniversaire du concours avaient filé à la vitesse de la lumière, et elle était désespérée. Son morceau ne serait jamais assez maîtrisé pour être exceptionnel. Il y'avait tellement de concurrence que ça en devenait dérisoire.
Malia marcha d'un pas vif vers la petite salle. Elle souffla d'un bon coup, pour tenter de se détendre avant de commencer la répétition. Liam n'était pas encore arrivé. Elle commença par échauffer ses doigts. Les gammes sonnaient dans l'air comme une alerte. La jeune fille stoppa aussitôt. Elle entama son morceau. Malgré son stress, elle arriva à se détendre et se surprit à apprécier le morceau, qui était devenu presque une torture pour elle.
-Tu es déjà là ? fit la voix de Liam.
Malia se retourna. Le jeune homme était tout rouge, et ses cheveux étaient tout ébouriffés. Elle s'approcha de lui.
-Tu as du rouge à lèvres sur la joue.
Son cœur se pinça. Elle ne savait même pas pourquoi. Elle n'avait absolument aucun droit sur Liam, alors elle se mit à rire quand le jeune homme fit une tête horrifiée.
-C'était une blague, détend-toi.
Liam était gêné.
-Comment as-tu deviné?
-Tu es tout débraillé, lâcha t'elle en s'asseyant sur son tabouret. Qui était l'heureuse élue?
Son ton était glacial. Elle ne le faisait même pas exprès.Dans les yeux de Liam, une lueur étrange brilla.
-Tu ne préféres pas savoir.
La tension montait. Elle pouvait presque voir des étincelles.
-Tu as piqué ma curiosité.
-Vraiment, Malia.
-Liam, qu'est ce que ça peut me faire, de qui c'est ?
Il soupira.
-Britanny.
Malia faillit tomber de son tabouret. Elle lâcha un rire nerveux.
-Celle qui ne fait que me rabaisser pendant les cours ? Tu me fais une blague là ? Tu sais bien que ma confiance en moi en prends un coup dès qu'elle est là ! Comment as-tu ...
-J'embrasse qui je veux ! On as discuté, elle était désolée de ce qu'elle te faisait subir, et je sais pas, j'ai voulu l'embrasser, alors je l'ai fait ! Pas besoin de faire une crise.
-Je ne fais pas une crise, je pensais que tu étais mon ami !
Liam s'avança.
-Ca n'a rien à voir, Malia !
-Tu es censé me soutenir, pas comploter derrière mon dos !
Malia ne réfléchissait même plus à ce qu'elle disait.
-COMPLOTER ? explosa Liam. ON N'A FAIT QUE S'EMBRASSER, POUR L'AMOUR DE DIEU !
-QUE s'embrasser ?
-Tu n'es pas ma petite amie, qu'est ce que ça peut te foutre ?
-Ouais, t'as raison. Je m'en fous completement.
Elle saisit son classeur et sortit de la salle, les larmes aux yeux.
-Bonne soirée ! lança t'elle, pleine de rancœur.
Liam ne s'était jamais emporté contre elle de cette manière. Elle était profondément ébranlée. Ses sentiments étaient tellement compliqués! La jeune fille aimait Hugo. De tout son cœur. Mais ça ne l'empêchait pas de trouver Liam super craquant. Elle secoua la tête. Elle devait aller chez Hugo, maintenant. Et avec ces pensées, elle ne profiterait pas du tout du moment.
Malia se promena un peu en rodant entre les bancs, puis elle alla frapper chez Hugo. Il l'accueillit avec un baiser profond. Ça m'avait manqué... La douceur et la tendresse du baiser émurent la jeune fille au plus profond d'elle. Hugo avait un gout de chocolat. Cette fois-ci, Malia ne murmura pas Je t'aime Hugo dans sa tête. Elle ne savait pas vraiment pourquoi.
Aujourd'hui, elle ne le sentait pas, c'est tout.
LIAM
Il aurait du se sentir mal. Il avait manipulé Britanny, et surtout, il avait blessé Malia. Liam devrait être en colère contre lui même. Mais à l'inverse, il jubilait. Il sautillait partout comme un gamin, les pensées en vrac. Malia était JALOUSE.
Liam faillit hurler de joie. La flamme d'espoir dans son ventre venait de recevoir une lampée d'alcool. Le feu le consumait. Il tournoya dans la pièce, fou de joie. Ce n'était rien du tout, cette dispute. Mais ça prouvait quelque chose. Son cœur faillit éclater. Il devait avoir l'air timbré. Mais qu'est ce qu'il s'en fichait. Personne ne le voyait, personne ne le jugeait. Il n'y avait que le piano à queue. Liam s'assit, les doigts déjà sur le clavier. Il réfléchit cinq secondes, avant d'entamer un morceau énergique et bondissant. Sa tête se secouait légèrement, et ses cheveux sautaient. L'euphorie qu'il dégageait se transféra dans la musique comme un torrent. Le morceau, qu'il jouait depuis plus d'un an, venait de prendre une toute autre signification. Comme quoi, l'interprétation définit vraiment l'émotion. Liam avait chaud. La sueur dégoulinait dans son dos, sur ses joues, sur son front. Ses doigts ne faiblirent pas, martelant encore et encore le piano. C'était t'il écoulé une heure, ou un siècle ? Une seconde, ou un an ? Une minute, ou une décennie? La notion du temps s'effaça complètement de l'esprit de Liam. Sa poitrine se soulevait avec frénésie, et son cœur battait douloureusement. Sa main gauche protestait. Ses muscles lui faisaient mal. Il finit par ralentir, et le morceau prit fin. Le jeune homme était exténué. Son énergie avait disparu.
Il se félicita lui même que son plan ait si bien marché. C'était perfide. C'était méchant. C'était indigne de lui.
Mais des fois, il faut forcer le destin, sinon on n' avance pas.
HUGO
Son esprit avait de plus de plus de mal à se concentrer. Comment penser, alors qu'il serrait Malia contre lui ? Comment lui reprocher son absence, alors qu'elle était dans ces bras ? Mais ces pensées sombres lui noircissaient l'esprit depuis quelque temps. Il devait lui en parler.Hugo s'éloigna d'elle, et elle eut l'air vraiment triste. Son réflexe du de lui demander ce qui n'allait pas. Mais il sentait que ça concernait Liam, alors son visage se ferma. Il s'assit sur le canapé, et la jeune fille le suivit.
-Je dois te parler de quelque chose.
Malia eut l'air anxieuse. Elle n'avait visiblement aucune idée de ce qu'il allait lui dire, et il en eut assez de son petit manège.
-J'ai l'impression...
Il se dégonflait. NON ! Déglutissement. Il reprit du courage en repensant aux trois semaines écoulées.
-J'ai l'impression que tu préfères la compagnie du piano que la mienne.
Un immense soulagement s'empara de lui. Il l'avait dit, il s'était libéré. Le jeune homme savait que c'était débile, mais il était tellement obsédé par ça que ça en devenait inquiétant. Il observa le visage de sa petite amie. Il affichait une immense surprise, doublé d'un regard d'incompréhension totale. Hugo embraya.
-Tu passes ton temps entre ton appart, ta petite salle, et tes cours. Je n'ai pas le droit à un SMS, un regard, un baiser. Rien. Du tout. Le temps que tu passes à travailler est considérable, et je me sens totalement délaissé. Je suis seul la plupart du temps, et mes pensées deviennent aigres. Je...
Malia le coupa d'un geste brusque de la main. Elle se pencha, une lueur dangereuse dans le regard. Hugo se pencha vers elle, provocateur, la bouche crispée.
-Est-tu en pianiste, Hugo ?
-Oui.
-Mauvaise réponse. Tu t'en fiches royalement du concours. Tu aimes le piano, mais tu n'adores pas. Ta passion, c'est le violon ! Moi, c'est le piano ! Et j'ai l'occasion de mes rêves de me présenter en public, d'exposer mon travail. J'ai envie que les gens me félicitent avec un sourire radieux. J'ai envie d'être fière, de saluer une salle de spectacle. J'ai envie de rendre les gens heureux, pendant 10 minutes de leurs vies. Leur montrer le pouvoir de la musique. Et toi, au lieu de me soutenir, tu fais ton grincheux.
Elle était levée, à présent.
-Tu devrais me féliciter, m'encourager, me comprendre ! Mais tu restes borné, tu crois que je t'abandonne! Mais c'est complètement faux ! Je n'ai juste pas le temps ! TU NE PEUX PAS COMPRENDRE ?
-Si ton temps est si précieux, pourquoi tu le passes avec Liam ? lâcha t'il avec mépris.
-PARCE QU'IL M'AIDE !
Hugo ricana.
-Comment est-ce qu'il t'aide ? Avec sa bouche ?
Il allait continuer, mais Malia l'interrompit. Les mots sortaient de sa bouche avec frénésie, comme si elle avait peur qu'on l'empêche de parler.
-Mais qu'est ce qu'il te prend? Tu es complètement sourd ! Je te dis sans cesse qu'il n'y rien entre nous, et tu ne fais que répéter, encore et encore, qu'il m'aime. Mais ce n'est pas vrai ! Du tout! Tu es parano. Tu... Pourquoi tu penses ça ? Je suis toujours là pour toi, je t'ai aidée avec ton violon, je t'embrasse, je viens vers toi quand je suis libre, et qu'est ce que tu me dis ? Que je ne suis pas sincère ! Tu crois que je fais semblant de ne pas avoir le temps de te voir ? Tu crois que je ne répète pas le concours, mais que je baise avec Liam en secret ? C'est ça ? hurla t'elle
-EXACTEMENT ! tonna t'il.
Malia se calma d'un coup. Ses yeux se mirent à larmoyer.
-Je pensais que tu me faisais confiance.
-Je veux passer du temps avec toi !
-Je t'en ai donné, du temps, fit-elle, toujours calmement. Et tu n'as réussi qu'à me cracher des horreurs. Le piano, c'est ma vie, Hugo. Si tu n'es pas capable de comprendre ça, alors je crois que je n'ai rien à faire avec toi.
Les mots résonnèrent dans tous son être. Il sentait qu'il devait se taire. Pourtant, il ouvrit sa bouche.
-J'en ai rien à faire, de ton concours de piano. Si tu rates, je m'en fiche.
Ce n'était pas vrai, mais il voulait la blesser. Le regard de Malia s'assombrit encore plus, si c'était possible. Il se sentit minable.
Elle sortit de l'appartement sans un mot.
Hugo s'effondra sur le canapé.
Pourquoi je dois toujours tout faire foirer ?
MALIA
-Quel égoïste ! cria t'elle, au beau milieu de la pelouse.
Elle détestait les larmes qui dévalaient ses joues. Elle détestait Hugo. Elle détestait Liam. Elle était crevée, ses pensées n'étaient pas claires. La jeune fille était sure qu'elle piquait une crise pour rien, mais dans son pauvre petit cerveau malmené, toute cette histoire prenait des allures de tragédie. Malia soupira de sa propre bêtise. Elle aurait du mieux réagir. Elle aurait pu comprendre. C'était peut-être elle, l'égoïste ? Ou alors c'était lui ? Elle ne savait plus.
-J'ai besoin d'une nuit de sommeil.
-Arrête de parler tout haut, ça fait flipper.
Malia se retourna si vite que son cou craqua.
-C'est ma journée, aujourd'hui ! fit-elle, quand elle aperçut Liam.
-Je te cherchais.
-Ah.
-Assieds toi sur ce banc, tu vas en avoir besoin.
Elle fronça les sourcils et s'exécuta, tandis que Liam se mettait à faire les cent pas, juste devant elle.
-Je sais pas trop comment te dire ça, c'est un peu inattendu, comme décision. Tu vas être un peu surprise, mais bon, passons.
Sa voix tremblait, et Malia crut comprendre qu'il était stressé. Elle paniqua.
-Je suis pas super fort pour les révélations, donc je vais y'aller direct, sans grand discours, sans détour. (Il inspira)J'ai embrassé Britanny pour te rendre jalouse.
Malia tomba des nues. L'univers semblait avoir developpé une dimension parralèle. Le paysage est devenus flou. Le seul point net, c'était Liam, avec son pull bleu, sa chemise, et son pantalon beige. Ses DocMartens claquaient contre le bitume. Une brume confuse envahit l'esprit de Malia. Elle ne saisissait pas. Trop fatiguée.
-Je voulais voir si tu avais une réaction.
-Pourquoi ? réussit-elle à dire d'une toute petite voix.
L'ampoule dans sa tête s'alluma au moment ou il ouvrit la bouche.
-Parce que je suis amoureux de toi.
LIAM
La bombe était lancée.
Son cœur battait tellement fort.
Ses mains tremblaient tellement fort.
Ce qu'il ressentait était tellement fort.
Malia papillona des yeux. Liam se prépara mentalement à essuyer un rateau. Il n'était pas prêt.
-Attends un peu avant de dire que tu ne ressens pas la même chose pour moi, s'il te plait. J'ai besoin d'un temps d'acceptation.
Il s'assit.
-Je n'ai rien dit, se défendit mollement Malia.
-Je devais juste te le dire, tu comprends? Je peux plus faire semblant de trouver ça génial qu'Hugo t'ait embrassée. Je ne peux plus. Désolé.
-Tu ne dois pas.
La jeune fille hésita avant de le toucher. Liam la voyait qui avançait sa main. Elle finit pas caresser sa joue, avec une tendresse infinie. On aurait dit une maman qui réconfortait un enfant.
-Mais quand tu t'es énervée tout à l'heure, j'ai cru que...
-Non. N'espère pas. On se dispute avec Hugo, mais...(Elle marqua une pause)je l'aime.
C'était dur, quand même.
-Je sais, il n'est pas parfait. Il a des millions de défauts, mais, je ne sais pas...
-Tu ressens des tas de frissons partout ? fit-il d'une voix haut-perché, dans le but de la faire rire. Elle rigola franchement. Le cœur de Liam manqua un battement.
-C'est à peu près ça. Mais je n'ose pas lui dire.
-Je viens de te déclarer ma flamme, et tu me parles de ton amant. Pas très délicat, si tu veux mon avis, fit-il sur le ton de la plaisanterie. En réalité, ça le blessait plus que ça. Elle manquait de tact.
Elle fit une tête horrifiée.
-Je suis une affreuse amie! Je suis vraiment désolée ! Je suis vraiment débile ! Pardon !
-Pas grave.
Mensonge. Mais il n'allait pas la mettre encore plus mal à l'aise, si ?
-On peut continuer à être amis sans gêne?
-Bien sûr.
Elle faisait de son mieux pour ne pas le regarder avec pitié.
-J'ai tout gâché, désolé...dit-il.
Malia lui prit les épaules.
-Non ! Allez viens, on va jouer un peu. Les mots, c'est pas notre truc. On s'expliquera avec les notes.
Liam lui sourit et lui tendit son bras.
-Gente dame ?
Elle rit, et glissa son bras sous le sien. Liam respira une immense goulée d'air. Et il s'en voulut énormément.
La flamme d'espoir avait certes diminué, mais elle était toujours là, au creux de son âme.
On éteignait pas l'amour par de simples mots. C'était un sentiment trop puissant, trop pur, trop ancré.
Mais Liam se contenta de l'oublier, juste le temps d'une soirée.
Même si ça lui faisait mal, il étouffa sa flamme, juste le temps d'une chanson.
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