Chapitre 21


21

LIAM

La camus était vide à cette heure tardive. Les éclairages illuminaient les vélos d'une vive clarté, et les arbres formaient des ombres tortueuses sur le sol. La sève blanche décoraient leurs troncs, et la rosée de l'herbe scintillait comme des larmes.
Le temps était suspendu, avec comme seul témoin la lune. Un sac était posé sur un banc, sûrement oublié par un étudiant étourdi. Des feuilles ocre et vermeil parsemaient l'allée, et elles crissèrent quand Liam marcha dessus.
Le jeune homme était furieux. Il se dirigeait à grandes enjambées vers son appartement, les joues rouges de colère. Son professeur était un imbécile de première classe. Il faillit hurler. Il ne réussirait jamais le concours. Il monta les escaliers avec un vacarme épouvantable, et pénétra dans l'appartement, au bord de la crise de nerfs.
Il alla dans sa chambre, récupérera ses partitions de Rachmaninoff, et ressortit de la pièce.
Liam aperçut alors son meilleur ami sur le canapé. Il regardait la télé.
Il tourna la tête vers Liam.
-Qu'est ce qu'il y'a,man ? T'as un soucis? Viens parler à tonton Al.

Liam soupira, mais s'installa tout de même à côté de lui.

-C'est ce débile de Julian Muller.
-Un nom de tapette.
Liam ne fit pas attention à la remarque.
-Il m'a dit que mon concours de piano était en janvier.
-Jusque là je te suis.
-Mais en fait c'est en novembre!
-Pourquoi ?
-Le deuxième tour est en janvier. Le premier tour est le 15 novembre, donc dans un mois.
-Et alors?
-Al...
-Ouais?
-Je suis en première. TOUTE L'ÉCOLE PARTICIPE !
-Et...?
-Je serai jamais prêt dans un mois!
-Mais évidemment que si! Tu fais que ça de ta vie. Tu ne sors presque pas, tu ne vis que pour ton fichu piano. Et tu as du talent! Je n'ai jamais vu ça! Tu fais des tas de trucs avec tes mains, c'est génial ! Alors tu te fais confiance, merde ! Un mois c'est énorme !
-On n'a pas la même notion du mot "énorme".
-Si tu travailles tous les jours, tu vas y'arriver, je te dis.

Liam n'était pas convaincu.

-Je veux vraiment gagner.

-Tu n'auras qu'à t'entrainer tous les jours en plus ! 2 heures ça devrait suffire.

Liam sembla pensif. Si il carburait, il pouvait y'arriver.

-Vas-y maintenant! Allez ouste! Du balais! Du vent ! Je veux plus voir ta tête ! fit Albéric.
-Sympa.
-C'est pour ton bien.
Liam sortit.
-Je t'aime!
-Ta gueule.
Il l'entendit ricaner.

****

Son souffle commençait à devenir plus calme, et il était un peu soulagé. Il avait commencé le morceau, et donc il y' arriverait. Il avait noté tous les doigtés, et avait déjà déchiffré toute la partition. C'était un joli morceau, ça lui faisait penser à de l'eau qui coule. Il répétait pour l'instant sa main gauche. Bien que répétitive, la clé de fa ne lui paraissait pas aussi facile qu'elle en avait l'air. Aussi travaillera t'il bien les deux mains séparées. Il était déjà emporté par le morceau. C'était tellement beau que son cœur se pinça. Il adorait le piano. Il pensa un instant à qu'est ce qu'il ferait si il perdait l'usage de ses deux mains.
Il ne put s'empêcher de frémir d'horreur.
Il serait privé de son essence, de sa raison de vivre. Il n'arriva pas à imaginer quel cauchemar ce serait.
Soudain, il entendit une voix.
-Tu vas y'arriver, allez !
Une suite de note très rapide se fit entendre.
Un grognement retentit, suivi d'un bruit discordant. Quelqu'un venait de frapper sur les touches. Ce quelqu'un, c'était Malia.

-Merde! Pourquoi j'arrive pas?
-Tu vas trop vite.
Malia fit volte face, pour découvrir un Liam souriant.
Il s'assit à côté d'elle.
-Tu vas beaucoup trop vite. Regarde.
Il refit la suite de note.
-Tu vois? C'est mieux comme ça.
Elle ressaya, sans aucune fausse note.
-Merci, Liam.

Et c'est comme ça qu'ils se retrouvèrent souvent pour travailler, le soir. Pas tous les soirs, mais quand même. Liam était aux anges, il avait Malia pour lui tout seul, sans McThorn pour faire des commentaires, sans l'ombre d'Hugo, sans personne. Ils avaient développé une complicité très forte, et le jeune homme en était plus qu'heureux. Malia riait à toutes ses blagues, et elle était vraiment jolie. D'autant plus, c'était un plaisir de la voir prendre de l'assurance de jour en jour. Ils s'aidaient mutuellement, et Liam faisait des progrès. Avoir une autre vision que la sienne pour travailler était constructif.
Et Liam ne faisait que s'enfoncer de plus en plus profond dans un gros problème : l'amour.

MALIA


Hugo était installé en face d'elle, sur la table de la cuisine. Il ouvrit la bouche. La referma. Malia saisit sa main pour l'encourager.

-Ne te barque pas, Malia. (Il respira profondément) J'ai confiance en toi, mais je suis un peu jaloux.

-De qui ? fit-elle d'une petite voix.

Elle le savait,bien sûr.

-Liam.

-Je sais. Mais tu ne dois pas. Hugo, j'ai le droit d'avoir des amis, tu sais. Liam m'aide beaucoup pour les auditions et pour mon examen. On est juste amis.

-Malia, tu ne vois donc pas comment il te regarde ? Comment il te souris ? Il s'illumine quand tu entres dans la même pièce que lui. Vous êtes toutes aveugles, vous les filles. Quand un garçon aime, ça crève les yeux ! On ne sait pas vous cacher nos sentiments, c'est impossible. Je...

-Hugo, arrête tes bêtises ! Moi et Liam sommes amis ! Tu es parano ! Je serais complétement perdue sans lui...

Il afficha une tête sarcastique, tandis que Malia se rendit compte que la phrase avait peu-être été mal tournée.

- Tu serais "perdue sans lui" ! Toi aussi tu es amoureuse ? Mais tu sais cacher tes sentiments.

-Arrête un peu. (Elle sourit) Je parle de piano. Je serais aussi perdue sans toi. Je me suis habituée aux bisous le matin, aux petites attentions que tu me donnes, aux soirée pizzas-surprises !

Elle s'approcha de lui.

-Et on ne va quand même pas se disputer pour mon anniversaire ? Tu n'as pas oublié que c'est demain ?

-Bien sûr que non !

-Pour te pardonner de tes accusations complètement stupides, que dirais-tu d'une petite soirée tout les deux ? Louisa n'est pas là ce soir.

Hugo sourit en se levant de sa chaise.

-Très bonne idée.

Il l'embrassa. Malia ferma les yeux. Elle se sentait voler,voler,voler. Elle flottait parmi les étoiles. L'amour l'avait rendue légère. Alors, elle cria silencieusement les trois mots magiques :

Je t'aime

Aurait-elle le courage de lui dire de haute voix ? Malia en doutait. Elle chassa les interrogations de sa tête et profiter de la sensation de joie qu'elle ressentait en cet instant.


ANNIVERSAIRE DE MALIA

VENDREDI 20 OCTOBRE

MALIA

La jeune fille se réveilla le sourire aux lèvres, vers neuf heures du matin. Elle s'étira longuement, en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Son estomac gronda violemment. Elle se passa une main sur le ventre en se dirigeant vers la cuisine.

Je n'ai jamais eu aussi faim de ma vie!
-Surpriiiiiiiise!
Malia fit un bond en arrière, horrifiée. Un monstre roux lui bondit dessus.
Le champ de vision de Malia fut réduit au nez de Louisa, constellé de tâches de rousseur.
-Bon anniversaire !
Louisa eut enfin la bonne idée de se décoller de la jeune fille, qui put remarquer la présence de Jo, Pauline et Zia.
Les trois autres se jetèrent sur elle.
Je vais mourir étouffée le jour de mes 18 ans.
-Éloigniez vous de moi! Votre haleine est fétide! ricana t'elle.
-Pas plus sympa que d'habitude. Une vraie reine de gentillesse.
-C'est pas toi qui était la dessous, Louisa.
L'autre eut le culot de rire, tout en allumant les bougies du gâteau avec un briquet rouge. Elle prit une expression faussement sérieuse.

-18 ans est un cap, Malia. Tu entres dans la cour des grands. Nous te souhaitons bonne chance.

Elle poussa le gâteau vers Malia, et entama un "Joyeux Anniversaire", un immense sourire aux lèvres.

***
Elles avaient toutes décidé de sécher les cours, envoyant des SMS aux professeurs.

"Je suis très malade, je ne pourrai pas me présenter aux cours d'aujourd'hui..."

Cette invasion de gastro ne devrait semer aucun doute dans l'esprit des enseignants : Juilliard était trop grand, et Jo était dans une autre université.

Louisa lui avait offert la couverture la plus douce que Malia n'eut jamais vu. "Pour toutes nos soirées pizza à venir". En effet, la jeune fille se plaignait souvent de ne pas avoir de couverture pour s'emmitoufler dedans. Jo lui avait fabriqué une robe. Turquoise. "Tu en auras très vite besoin, j'en suis sûre. Quand tu décidera de la porter, viens me voir, j'ai prévu du maquillage et une coiffure." Pauline et Zia s'était cotisées pour lui acheter les partitions de Pirates de Caraïbes et Harry Potter. "On s'est dit que c'était sympa, on ne savait pas trop ce que tu aimais..." Elle les avait remercié chaleureusement, et Malia avait passé la meilleure matinée de sa vie. Les crampes à ses joues étaient insoutenables, et son ventre lui faisait un mal de chien. Elle n'avait fait que rire, et ça lui faisait du bien. L'audition pour le concours approchait à grands pas, et mine de rien, ça lui mettait une immense pression. Les cinq filles étaient en train de jouer au poker-Malia s'était laissée convaincre par Louisa de lui apprendre les règles, mais ce jeu était à ses yeux un casse tête complètement stupide et les trois autres étaient d'accord-quand on frappa à la porte. Aussitôt, le regard de Louisa se mit à flamboyer. Elle se tourna vers les autres filles.

-Notre boulot est fini, à présent. Sécher les cours sera inutile pour nous. Va ouvrir, Malia.

Elle se doutait bien de qui était derrière la porte. Ses doutes se confirmèrent quand la voix de Hugo cria:

-Habille-toi ! Ne prends pas de sac !

Elle ouvrit des yeux ronds et courut dans sa chambre, afin d'enfiler les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main. Son pull en cachemire rouge était un peu fin, mais ça ferait l'affaire. Elle salua ses amies à la hâte, et sortit dans le couloir. Deux bras l'emprisonnèrent. Les lèvres d'Hugo prirent possession des siennes. Le cœur de la pianiste battait vite et fort. Mettant brusquement fin au baiser, le jeune homme murmura tout contre son oreille "Joyeux anniversaire, jolie Malia..."

LIAM

Le jeune homme courait sur le campus, son cadeau à la main. Ses cheveux s'agitaient dans tous les sens, et ses yeux pétillaient de malice. Ses chaussures claquaient sur le sol, et les gens se retournaient sur son passage, étonnés. Il bouscula quelqu'un, qui laissa tomber son sandwich. Il s'excusa, mais il s'en fichait. Il devait absolument arriver à l'appartement de Malia avant Hugo. D'après ce qu'il avait pu observer, Hugo était un de ces sales romantiques à la con, et Liam savait que son cadeau ne pourrait pas rivaliser avec celui du Roméo. Il s'était alors décidé à donner son présent en premier, pour qu'aucune concurrence ne vienne gâcher le fruit de maintes heures de réflexion. Il souffla fort. Il n'avait plus fait de sport depuis un bail, et ces quelques minutes de courses effrénées lui vaudraient des courbatures le lendemain, il en était certain. Il arriva enfin aux portes du bâtiment B, monta les trois étages en courant, et s'arrêta devant le 2 A. Il sourit en frappant à la porte.

-J'arrive !

La voix de Louisa. Celle-ci ouvrit la porte d'un mouvement sec et précis.

-Malia est là ?

Ses yeux bleus se baissèrent.

-Non, Hugo est passé la prendre il y'a cinq minutes. Désolée.

Il acquiesça et recula vers l'escalier.

-Attends ! Si tu veux, tu peux nous aider à organiser une fête pour son anniversaire ? On lui a déjà fait une surprise en petit comité ce matin, on s'est dit qu'elle ne s'attendrait pas à une deuxième.

Liam se rapprocha.

-Ce serait quand ?

-Demain.

-Je suis partant !

Un sourire illumina son visage tandis qu'il rentrait dans l'appartement pour y découvrir Jo, Pauline et Zia. Ils discutèrent ensemble pendant toute la pause déjeuner. Le frigo s'était considérablement vidé. La soirée du lendemain avait été organisée minutieusement, et les cinq complices se quittèrent à 13h,le regard malicieux. Liam trouva le cours commun bien fade sans Malia, et son cœur se crispa à l'idée du batifolage auquel elle se livrait à coup sur en cet instant.

MALIA

Dans le restaurant mexicain, les deux étudiants avaient terminé leurs chili con carne depuis longtemps déjà, et la nappe était constellée de grains de riz et de taches de sauce. Une musique d'ambiance trop forte résonnait, et les cris des cuisines se faisaient entendre de temps à autres. Une décoration faite essentiellement de cactus colorait les lieux, ainsi que d'énormes drapeaux du Mexique. C'était un peu kitsch, mais Malia adorait. Elle regardait Hugo, la tête entres les deux paumes et un demi-sourire aux lèvres. Il parlait de son rêve de la nuit dernière. Malia avait toujours trouvé le sommeil très poétique. Les rêves étaient toujours improbables, et elle s'était déjà retrouvée à voler dans les étoiles en compagnie de Peter Pan. Quand on dort, on retrouve l'insouciance, l'innocence. Tout est possible, il suffit juste d'imaginer. Le cerveau la fascinait également. La force de créer de cette organe était tout simplement impressionnante. Quand elle lisait des livres, elle se demandait souvent d'où venaient toutes ces phrases, ces mots. Les idées s'allumaient-elles comme des ampoules ? Ou bien venaient-elles progressivement ?

-Malia ?

Elle secoua la tête pour sortir dans ce tourbillon de pensées dans lequel elle avait plongé.

-Tu avais les yeux un peu vagues.

Elle partagea avec lui ses pensées. Hugo paya l'addition, puis ils sortirent.

-Je pense que c'est un peu comme une maison. D'abord les fondations, puis les murs, puis les fenêtres, les sols,... Ensuite, il suffit de décorer. Les idées viennent au fur et à mesure. Ça me parait improbable que l'histoire arrive toute faite dans la tête de l'écrivain comme la misère sur le monde. C'est avant tout une histoire d'inspiration, d'idées. Bon, il faut quand même savoir comment ça va se terminer, mais pour le reste, il faut broder. Une fois qu'on a le fil rouge, c'est facile. Mais je n'écris rien, donc tu devrais demander à un vrai écrivain.

Hugo tourna à l'angle d'un rue. Malia le suivit.

-Je pense quand même qu'il faut avoir tout bien en tête. Sinon il y'a des incohérences !

-Moi, je comparerais ça avec la composition.

Ils continuèrent le débat jusqu'au moment ou le jeune homme pila net devant une boulangerie italienne. "Casa Della Donna"

-Una panna cotta per la bella ragazza !

Sans que Malia puisse réagir, il bondit à l'intérieur, excité comme un gamin. Il commanda à la vitesse éclair, et s'assit sur une petite table en bois, contre le mur jaune pâle. Un petit verre abritait du muguet, et une bougie blanc cassé-semblant indolore-se tenait contre le mur. Des petites miroirs colorés rendait l'endroit charmant. Un coin canapé était installé contre un mur, et une odeur de croissant flottait dans l'air. La moquette du sol était rouge rubis, et Malia trouvait la couleur vraiment belle. Le comptoir en bois croulait sous les bibelots, et la jeune fille reconnut même quelques coquillages dans la masse d'objets. Il était entouré de deux poutres, et de magnifiques fleurs pourpres grimpait tout le long. Surement des fausses, mais le résultat était magnifique. Malia embrassa doucement la joue d'Hugo.

-Tu es parfait. C'est parfait.

Il sourit, les yeux pétillants de bonheur. Une vieille dame souriante au teint halé leur apporta leurs panna cottas. Une bouchée de paradis. Les arômes de vanille et de fruit ravirent les papilles gustatives de Malia. Elle avait à peine fini que la dame surgit à ses côtés et déposa deux moelleux au chocolat devant elle. Malia leva la tête vers Hugo, un sourire aux lèvres.

HUGO

Les étincelles dans les yeux bleus de Malia ne mentaient pas. Elle était joyeuse. Ses pommettes étaient roses, et ses belles lèvres rouge, carmin. Qu'est ce qu'il avait envie de l'embrasser... Il secoua la tête, s'empressant de penser à autre chose.

-Tu vas partir quelque part, pendant les vacances ? demanda t'il, le cœur battant à mille à l'heure. Il avait envie tellement de passer son pouce sur sa joue que sa nervosité augmenta d'un cran. Malia ne sembla cependant rien remarquer.

-En Espagne, sans doute. On va voir mes cousines. Un an sur deux, elles viennent aux Etats-Unis, et l'année passée c'était le cas. J'ai hâte de les revoir. Il y'en a une qui a mon âge. Nous nous sommes toujours bien entendues, et elle passe son temps à danser.

Malia rigola, comme si elle repensait à un souvenir précis.

-Et toi ?

Elle se remit à le fixer, et Hugo déglutit.

-Je vais aller skier. A Aspen. Surement avec tous mes potes de Boston. On le fait chaque année, c'est génial ! J'adore skier. La vitesse est grisante. Et l'air pur ! A New York, c'est saturé de gaz. La bas, je suis un conquérant des pistes, aussi rapide que le vent. Tu vois de quoi je parle ?

-Je n'en sais rien, je n'ai jamais été au ski de ma vie, confia Malia.

Hugo ouvrit des yeux ronds.

-Jamais ?

-Jamais.

-Je t'emmènerai skier un jour, promis.

Malia sourit.

-Tu ne peux pas promettre une chose pareille, Hugo.

-Si, je peux.

Elle eut l'air tellement heureuse à cet instant qu'elle ressemblait à un soleil. Son petit soleil. Il se leva sans un mot et alla payer au comptoir. Sa main plongea dans sa poche, et son pousse effleura la chaîne couleur or. Il jeta un coup d'œil à Malia. Elle était dos à lui et ne le regardait pas. Ces yeux fixés étaient sur la vitrine de la boulangerie, qui exposait des pâtisseries décoratives. Des cupcakes en plastiques attendaient patiemment sur leurs présentoirs couleurs pastels. Des gâteaux somptueux étaient sous cloche, et des spéculoos était éparpillés un peu partout. l'ensemble donnait bien. Il se glissa derrière Malia avec la discrétion d'une petite souris. Il sortit le collier de sa poche aussi silencieusement que possible et le passa au cou de la jeune fille. Elle poussa un exclamation de surprise, et Hugo retourna à sa place en face d'elle.

-Sublime... murmura t'elle.

Elle continua d'observer la chaîne. C'était un collier doré. La pierre était turquoise toute petite, et de délicats fils dorés, comme des racines, recouvraient les côtés. Il allait à merveille avec ses yeux.

-Il est vraiment magnifique ! On aurait dit un collier enchanté ! Tu n'aurais pas du...

Hugo sentait la gêne émaner de la jeune fille, aussi se pencha t'il vers elle. Il était tellement près d'elle qu'il sentait son souffle chocolaté.

-Ça me fait plaisir de te l'offrir ! Il te va super bien ! Garde-le, vraiment.

Elle sourit à nouveau en chuchotant son accord, et ils sortirent. Hugo saisit la main de Malia, et il s'élança dans la rue.Elle avait toujours la tête baissée, et admirait son collier. Il marchait vite, pressé d'arriver. Il contourna un couple de personnes âgées, et traversa une rue. Ils longèrent Central Park sur une centaine de mètres. Le jeune homme sentait la curiosité de sa partenaire, aussi il augmenta la vitesse de sa foulée. Ils avaient surement l'air de cinglés, et c'était la dernière chose qui importait pour le moment. Ils s'engagèrent dans Broadway.

-On rentre déjà ? fit Malia, déçue.

Il était 5 heures, et le ciel commençait déjà à s'assombrir, lentement mais surement. Hugo ne répondit pas, et s'avança avec assurance vers le camus. Ses chaussures étaient trempées, mais quand on marche dans l'herbe alors qu'il a plu la nuit d'avant, il faut s'y attendre. Il se dirigea vers son immeuble. Il vit Malia fronçer les sourcils. Son sourire s'accentua encore plus. Ils montèrent les escaliers quatre à quatre. Quand ils arrivèrent devant l'appartement d'Hugo, celui-ci sortit un bandeau de sa poche, et le posa sur les yeux de la jeune fille.

-Que...?

-Attends. Tu l'enlèveras quand je te le dirai.

MALIA

Malia fut poussée sans ménagement à l'intérieur de l'appartement. Une main la força à s'asseoir sur le canapé. Elle entendait les pas d'Hugo faire des allez-retour sur le parquet pendant 5 minutes, puis le bruit s'arrêta. Le silence se fit dans la pièce. Hugo chuchota très vite, à l'évidence nerveux.

-Tu peux l'enlever.

Malia n'avait pas fait un geste qu'un son aigu atteignit ses tympans. Figée de stupeur, elle observa son petit ami au cœur de son art. Les yeux fermés, la bouche relâchée, le violon calé sous son menton, et son expression comblée sur le visage. Il tremblait légèrement. Malia frisonna. Elle pensait qu'il n'avait jamais reçu le violon qu'elle lui avait envoyé. Il ne lui en avait jamais reparlé. C'était tellement inattendu, tellement beau. Il lui livrait un morceau de lui même.

Il est magnifique...

HUGO

Quand il eut posé son menton contre la mentonnière, son cœur fit un bond d'impatience. Il fit glisser son archet sur les cordes, très doucement. Il détendit les épaules. Il ouvrit les yeux pour déchiffrer la partition. Il ne se risqua pas à regarder Malia. Son bras bougeait lentement, et un sourire s'épanouit sur ses lèvres. son cœur vibrait avec les cordes. Un brouillard l'enveloppa complètement. Ses yeux brillèrent. Ses poumons se compressèrent. Sa respiration s'accéléra en même temps que le morceau. Il s'imaginait courir après les notes, tel un enfant courant après des papillons. Il profita de chaque seconde du morceau. C'était une renaissance. La tension accumulée s'évapora peu à peu, pour laisser place à une plénitude intense. L'archet continuait à glisser sur les cordes. Il se mit à chantonner, automatiquement. Il se balança d'avant en arrière, avec un sentiment de liberté infinie. Il était maître de son destin. Il ferma les yeux à nouveau, laissant la musique l'envelopper comme un cocon. Hugo se sentait tellement bien. La fin approchait sournoisement. Il aurait voulu poursuivre ce moment toute sa vie. Impossible, pourtant. La note finale le tira de sa torpeur. Il secoua la tête, comme pour se réveiller.

Hugo tourna sa tête vers Malia, le regard anxieux.

Une larme perlait au coin de son œil droit.

MALIA

Jelaimejelaimejelaimejelaime

La jeune fille bondit du canapé. Elle se colla à son petit ami. Celui-ci déposa son violon, doucement, sur le sol. Malia posa deux main sur ses joues. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit.

-Je ne peux pas décrire comment je me sens pour l'instant, alors espérons que tu comprennes par ce geste, chuchota t'elle.

Elle se pencha en avant, et embrassa Hugo avec passion. Il répondit fiévreusement, les mains collées aux hanches de Malia. Celle-ci mourait de chaud. Chaque centimètre de sa peau était en feu. Son dos heurta un mur, et Hugo entreprit de lui déposer une traînée de baisers ardents dans le cou. Le cœur de Malia battait douloureusement, comme si le trop plein de sentiments l'empêchait d'effectuer son travail correctement. Le sang tambourinait dans ses veines. Elle était plus vivante que jamais.

HUGO

Un grognement s'échappa de ses lèvres quand Malia glissa sa main son son t-shirt. Un feu brûlait à l'intérieur de lui, littéralement. Il caressa le ventre de la jeune fille. Il sourit. Il se sentait tellement chanceux. Il ouvrit les yeux, et se sépara d'elle. Elle ouvrit deux yeux confus. Il prit une grande inspiration et prit de nouveau d'assaut les lèvres de la jolie brune. Hugo était dans un monde parallèle. Il avait perdu le contrôle. Il retira son pull. Malia se détacha une nouvelle fois de lui. Ils se fixèrent longuement. Enfin, Hugo enleva le T-Shirt de sa petite amie. Son souffle se coupa. Elle était tellement belle. Le désir l'embrasa en un instant. Il se jeta sur elle. Ils titubèrent jusqu'au canapé. Hugo enleva son jean au passage. Il se serra contre elle, son coeur battant plus fort que jamais.

MALIA

Son corps était parcourut de frissons. Elle avait cessé de réfléchir. Seul Hugo importait. Un sourire béat ne quittait pas ses lèvres. Malia se délecta de la sensation de sa peau contre la sienne. Les mains d'Hugo dégrafèrent le soutien gorge de la jeune fille. Un sourire taquin se plaça sur les lèvres de celle-ci. Elle se colla à lui, et sourit en le voyant déglutir. Elle l'entoura de ses bras, et reprit leurs échanges endiablés. Leurs cœurs battait à l'unisson. L'instant se brisa à la seconde d'après.

Un bruit mat résonna dans l'air. Une voix fusa.

-Putain, mec ! Pourquoi tu sais pas monter un escalier sans te pêter la gueule ?

-Ta gueule, Améo !

Un rire tonitura résonna. Le sang de Malia se glaça dans ses veines.

-On doit se grouiller, Hugo va venir avec sa meuf. Je pense que ses deux là vont se sauter dessus, donc on se dépêche de choper les bières, et on se casse.

Hugo bougea le premier. Il ramassa les vêtements dans la pièce, et se précipita dans sa chambre, Malia dans son sillage.

-Améo ?

-J'ai fini de prendre les bières !

-Parfait, j'ai pris de la vodka.

-J'ai hâte d'y être. Bon, on se casse avant qu'ils se ramènent.

Le claquement de porte ébranla tout l'appartement. Les deux amoureux échangèrent un regard. Hugo s'avança timidement vers elle, mais elle se camoufla la poitrine, rouge de honte. Malia se rendit compte de ce qu'ils auraient fait si ils n'avaient pas été interrompus. Les yeux d'Hugo furent traversé d'une lueur de déception.

-Désolée, désolée, désolée ! Je... je ne suis pas prête... Je sais pas ce que j'avais dans la tête, désolée, vraiment, Hugo.

Il sourit et la serra dans ses bras. Malia décolla ses bras de sa poitrine pour les enrouler autour du cou d'Hugo.

-J'attendrai, Malia, d'accord? Il n'y a pas de problème.

Il jeta un regard furtif au buste de Malia.

-Ne t'avise pas de reluquer ma poitrine, pervers !

Hugo rougit et lui tendit un T-Shirt qui traînait. Ils s'installèrent devant un film, blottis l'un contre l'autre. Les trois mots brûlaient les lèvres de Malia, mais elle avait tellement peur. Si il ne lui répondait rien, elle ne s'en remettrait pas. Alors, elle se contenta d'un petit bisou sur la joue. Elle cala sa tête dans le cou d'Hugo, et soupira de bonheur.

******

Les pieds de Louisa se balançaient dans le vide, chaussé de deux pantoufles différentes. Ses cheveux roux étaient plus en pétard que jamais, et sa bouche était arrondie comme celle d' un poisson.

-Malia, répète ce que tu viens de dire.

-Hugo et moi, on a failli faire l'amour.

Les mots sortirent à la vitesse d'un TGV.

-Ne m'oblige pas à répéter encore une fois.

Son amie sauta du canapé ou elle semblait avoir élu domicile depuis le matin, et se mit à danser en fredonnant "Malia et Hugo ont presque fait crac-crac". La concernée la fit taire d'un geste.

-Arrête un peu tes bêtises.

Louisa pouffa en enfournant un cookie.

-T'es libre ce soir?

Malia acquisea.

-Il y'a une soirée habillée au bar à jazz, et on voulait y'aller avec les autres. C'est vers 20h, je pense.

-Super. Je suis là.

-Tu iras avec Liam, parce que je suis chez Adrian, j'irai de mon côté.

Malia sourit en hochant la tête.

-Tu devrais mettre ta robe turquoise, si tu veux mon avis.

-Carrément ?

-Sors le grand jeu, ma belle ! Passe chez Jo, elle te fera un soin de beauté gratuit. Excuse moi, mais tes sourcils sont d'une laideur affligeante.

-Louisa, tu es affreuse.

Elle alla chercher la robe, et sortit de l'appartement.

-Je suis à côté, si tu as besoin.

Elle pénétra dans l'antre de mode de Jo. Celle-ci ne sembla pas surprise de sa venue.

-Ma belle, il me reste deux heures pour faire de toi une bombe atomique. Prépare-toi à ressembler à une déesse. Mais va d'abord te laver, s'il te plait. Ton odeur laisse à désirer;

-Vous vous lachez pour les critiques, aujourd'hui !

-On s'est retenues toute la journée de hier! Désolée...

Malia soupira en se dirigeant vers la douche, qui contenait des tonnes de gels gommants et lotions pour le corps. Elle était déjà exténuée à l'idée de devoir martyriser sa peau à l'aide de cailloux bizzares. Courage, Malia ! s'intima t'elle.

LIAM

Il jeta un regard au miroir de la salle de bain. Il passa une main dans ses cheveux, écartant une mèche blonde-rendue claire par le soleil-qui lui tombait dans les yeux. Le jeune homme ajusta son nœud papillon, et s'aspergea de parfum. Il inspira longuement, sourit de toutes ses dents, saisit son cadeau et sortit de l'appartement, le coeur battant à tout rompre.

-Bonne chance pour ton rencard, connard ! lui cria son meilleur ami.

-Albéric, ce n'est pas un rencard.

-Mon cul !

-Soit poli, s'il te plait.

L'autre eut le culot de rire en marmonnant "T'es pas ma mère". Liam secoua la tête d'un air affligé, puis descendit les escaliers en courant. En deux minutes, il était devant la porte de Malia. Il frappa, et cacha le cadeau derrière son dos.

-J'arrive, Liam !

La jeune brune ouvrit la porte. Liam ouvrit des yeux ronds. Malia était métamorphosée. Sa robe turquoise de style grec pinçait juste ou il fallait, son décolleté en V était bordé de perles, et sa poitrine était joliment mise en valeur. Le côté droit de son visage était maquillé de paillettes dorées. Ses cheveux était coiffés en chignon bas. Des torsades se mêlaient avec des tresses sur les deux côtés de sa têtes. Liam remarqua des fils d'or qui étaient entremêles dans la coiffure. Des fleurs blanches étaient piquetées dans le chignon.

Malia toussa, et Liam s'arracha à sa contemplation.

-Tu es sublime, princesse.

-Merci. On va être en retard, dépêchons nous. Les autres vont nous attendre.

-Je voulais d'abord t'offrir mon cadeau.

Elle fit une mine surprise.

MALIA

Il est adorable!

Malia déchira précautionneusement l'emballage, et découvrit une petite boite en carton. Elle souleva le couvercle, et aperçut une petite clé USB. A coté, une feuille pliée en quatre n'attendait qu'à être ouverte. Elle observa Liam, l'air intrigué. Elle déplia le papier.

¨Petite Malia,

Sur cette clé USB, tu pourras écouter en boucle tous les morceaux que nous avons écouté au club de jazz. J'ai remarqué à quel point tu semblais bouleversée quand tu entendais du jazz. Alors j'ai commencé à noter les morceaux. Ils ne sont pas tous dessus, tu excuseras mon manque de discipline, j'étais bien trop occupé à t'admirer(Ne rougis pas, tu sais que c'est une blague) Bref, j'espère que ça te plaira.

LIAM,STAR DU PIANO POUR VOUS SERVIR

Voila la liste :

1.Don't stop me now, QUEEN

2. I Got A Woman, Ray Charles

3. Mad about the boy, Dinah Washington

4. Bye Bye Black Bird, Nicole Atkins

Malia ne lut pas plus et se jeta au cou de Liam, un sourire gigantesque illuminant sa figure.

-C'EST VRAIMENT GÉNIAL !

-Je ne mérité pas autant d'enthousiaste, mais je suis content que ça te plaise. Allons-y. Sinon on sera vraiment en retard. Donnez moi votre bras, gente dame.

-Je t'ai pas dit, mais tu n'es pas mal dans ton smoking.

-Sans blague. Je suis le plus beau.

-On atteint des niveaux de narcissisme inpensables. Je suis déçue de toi.

Liam pouffa. Ils sortirent du campus. Au lieu de s'engager dans la 9ème Avenue, ils continuèrent sur Broadway, avant de dépoucher au coin de Central Park.

-Ou est-ce qu'on va, là ?

-C'est un raccourci, cocotte !

Malia se tut, intriguée. Une dizaine de minutes plus tard, Liam s'arrêta devant le théatre de Broadway. Malia, qui ne l'avait pas vu s'arreter, continua sa route. L'autre toussota. La jeune fille se retourna. Liam tenait deux billets de la comédie musicale "The Lion King" dans sa main gauche.

-Qu'est ce que c'est que ce cirque ? fit-elle, complètement ahurie.

-SURPRISE ! cria Liam,

Il souriait comme un gamin. L'excitation s'empara de Malia.

-C'est pas vrai ? C'est pas vrai ?

Elle poussa un hurlement de joie, avant de se jeter au cou de Liam pour la deuxième fois de la soirée.

-C'est génial ! Génial !

-Je t'avais dit que je t'y emmènerais.

Soudain, un détail lui turlupina l'esprit.

-Liam, tu n'as quand même pas payé les billets ?

-Je savais que tu allais poser cette question.

-Mais Liam ! C'est super cher ! Comment?

-J'espérais que tu ne poses pas la question, pour un peu de magie, mais je vais devoir te dire la vérité. Mes parents ont gagné ces places grâce à un concours à la radio. J'ai sauté sur l'occasion pour les obtenir.

-C'est vrai que c'est directement moins impressionnat, se moqua Malia.

En réalité, elle était soulagée. Un billet coûtait entre 100 et 110 euros, elle n'aurait pas pu accepter ça.

-J'ai du les racheter à mes parents pour un prix dérisoire. 20 euros chacun. L'affaire du siècle, je te dis.

Malia rigola, et elle pénétra dans le théatre. Submergée par l'atmosphère trépidante, elle sourit. elle était impatiente.

Quand elle s'assit sur son fauteuil rouge, elle ouvrit grand les yeux d'émerveillement. Elle voulait tout retenir, tout voir. Les 2 heures 30 suivantes resteraient gravées à jamais dans son cœur, elle souhaitait s'en rappeler toute sa vie.

-Liam, tu es génial.

Les lumières s'éteignirent, et les rideaux rouges s'ouvrirent sur le monde fascinant qu'est le théâtre.

Le cœur de Malia frissonna d'impatience.

****

Ils montaient les escaliers, en grande conversation.

-C'était vraiment incroyable, Liam ! répetait Malia depuis 10 minutes.

-C'était quoi ton moment préféré? fit-il innocement, tandis que la jeune fille insérait la clé dans la serrure de la porte.

La porte s'ouvrit, et elle ouvrit la bouche pour répondre.

La lumière s'alluma soudainement, et une vingtaine de personnes surgirent de nulle part.

-Surprise !

Malia laissa échappé un cri de supteur. Elle se tourna vers Liam.

-Tu savais ?

-Bien sur que oui, princesse ! J'ai tout organisé avec tes folles de copines.

La suite ne fut qu'embrassades bruyantes et chansons ringardes chantées à tue-tête. Malia était gênée par tant d'attention. Quand elle souffla ses bougies, elle cria :

-VOUS ETES LES MEILLEURS !

Les autres répondirent en se jetant sur elle pour un immense câlin. Elle finit par terre, écrasée par tout ces étudiants hilares. Elle éclata de rire en remerciant les étoiles.

Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie !

LIAM

Les cris retentirent une nouvelle fois. Malia venait de faire un coup en maître, et Liam venait de se prendre 8 cartes. Louisa ricana, tandis que Matteo se jetait en arrière.

- Tu es trop forte, j'abandonne.

Malia lui frappa l'épaule.

- Allez, sois pas mauvais perdant!

Il soupira exagérément en réajustant ses lunettes rondes.

- Ça fait une heure que tu gagnes. J'en ai marre.

Tout le monde rigola.

-Mauvais perdant !

Il avait de quoi. Malia gagnait toutes les parties de UNO depuis 1 heure. Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres. Elle était splendide. Liam commença à distribuer.

-Encore une partie, allez !

Tout le monde fut d'accord.

-Après on danse ! fit Jo, qui commençait à en avoir marre des vantardises de Malia et des jérémiades de son petit copain.

Sans grande surprise, Malia remporta la partie à nouveau. Les grommelements fusèrent, et ils poussèrent la table pour faire de la place. Louisa brancha son téléphone. La musique fusait des enceintes avec force. C'était assourdissant, et tout le monde s'en fichait. Les sourires illuminaient tous les visages. On pouvait presque sentir l'odeur de la joie. Les étudiants étaient vivants. Vraiment vivants. Comme une bulle c'était formée. Ils étaient seuls au monde dans cet appartement. Le reste n'était que brouillard épais. La pièce était presque noire, les seules points lumineux venaient des réverbères du campus, visibles de la fenêtre. Tous dansaient jusqu'à l'épuisement, leurs corps s'agitant en tous sens. Le sang de Liam pulsait dans ses tympans, et la musique résonnait dans tout son être. Des voix s'élevèrent pour chanter. Il en était persuadé, la musique créait des liens incomparables entre les gens. Qui n'aimait pas sentir les basses vibrer dans son corps? Qui n'aimait pas avoir les pieds endoloris après avoir sauté avec toute son énergie ? Qui n'aimait pas cette plénitude d'être perdu au milieu du désordre d'une foule ? Ses sensations pures et simples étaient la raison de vivre du jeune homme. Il ne vivait que pour ces instants volés et éphémères. Qu'est-ce qu'il se sentait libre... Il ferma les yeux très fort, s'imaginant sur le sommet d'une montagne, seul au monde. Un sourire immense couvrit son visage dès qu'il imagina le paysage, le ciel, et l'air pur qui s'infiltrait dans tous les pores de sa peau. Son cœur battait comme en décalage. Il était devenu lent, presque arrêté. Des gouttes de sueur perlaient sur son visage. Il avait chaud. Quelqu'un se colla à lui. Ce brusque contact le ramena dans la réalité. Il observa la fille. C'était une amie de Malia du bar à jazz. Une magnifique métisse, avec de longs cheveux noires tressés. Elle avait des yeux ambrés, et des cils interminables. Liam ne connaissait même pas son prénom. Pourtant, animé d'une soudaine folie, il plaça une main dans le dos de sa partenaire et la plaqua contre lui. Leurs bouches se frôlaient. L'alcool ingurgité un peu lus tôt dans la soirée sembla commencer à faire de l'effet, puisque le jeune homme n'arrivait plus à réfléchir. Les lèvres rosées à un centimètre de son visage n'aidaient pas. Il releva la tête. Grossière erreur. Le jeune homme se figea. Ses membres se crispèrent, et son estomac se noua. Il venait d'interrompre un moment tellement intime entre Malia et Hugo qu'il se recula, une boule dans la gorge. Reprends toi, ils ne font que s'embrasser!

-Je dois aller au toilette, souffla t'il dans le creux d'oreille de la fille.

Il recula dans le couloir. Personne ne pouvait plus le voir à présent. La scène se revivait sous ses yeux. Il voyait encore et encore les mains d'Hugo sur les joues de Malia, et celles de la jeune fille perdues dans les cheveux du Don Juan.Il revit leurs bouches. Il frissonna d'horreur.

Qu'est ce que j'ai fait pour être comme ça ?

Il se prit la tête entre les mains en retenant un cri. Il se sentait enfermé à l'intérieur de lui même. Le sentiment de liberté qui l'avait enivré quelques minutes plus tôt avait disparu. Il souffla très fort. Ferma les yeux. Il était conscient qu'il réagissait comme un imbécile, mais l'alcool avait toujours eut de mauvais effets sur le jeune homme. Il jeta un coup d'oeil autour de lui.

Personne. Je pourrais m'éclipser sans me faire remarquer !

Liam rejeta aussitôt l'idée à laquelle il venait de penser. Il s'efforça de penser à autre chose, et rejoint les autres. Malia dansait seule, à présent. Liam s'approcha d'elle, un sourire charmeur aux lèvres. Il adopta un ton nonchalant.

-M'accorderiez vous cette danse, mademoiselle ?

Malia rigola en hochant la tête.

Liam lui saisit la main, et dansa en rythme avec la musique. Ça lui faisait penser à la soirée ou lui et Malia avait aménagé une piste de danse, au bar à jazz. Il n'oublierait jamais l'expression de Malia ce jour là. Elle était gênée, mais souriait en même temps. Finalement ils s'étaient tellement amusés que Liam s'était senti dans un autre monde. En sortant dans la rue, les bruits extérieurs lui avaient parus incongrus. Il avait détesté les coups de klaxon incessants, qui brisait la magie un à un. Il fixa son regard sur celui de Malia. Elle le fixa droit dans les yeux, sans ciller.

Une note d'espoir retentit dans tout son être. Et il se posa LA question, celle qui lui serait fatale.

Et si... ?

Mais avec des si, on pourrait mettre Paris en bouteille.

Le jeune homme se mit à espérer si fort qu'il en eut la migraine.

Il tut ses pensées et profita de l'instant.

Profita de la jolie fille qui dansait pour lui.

Profita du bonheur qui s'emparait de lui comme du vent dans un moulin.

Profita du sourire de Malia.

Et surtout, il profita du regard d'Hugo, qu'il sentait dans son dos.

77~^

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