Chapitre 18




Le même soir

SPENCER ET JODIE MCTHORN

-Salut chérie! Je suis rentré!

Il attendit la reproche en souriant.

-Enfin! Que faisait-tu? Il est déjà 9 heures...

McThorn soupira exagérément, et entra dans la cuisine tout en retirant son manteau.

-Je suis là maintenant.Les enfants sont au lit? fit-il en enlaçant sa femme, qui faisait la moue.

-Oui, tu crois quoi ?

McThorn mit un plat au micro-ondes,tandis que sa femme engageait la discussion.

-Alors, comment va la petite dont tu m'as parlé ?

-Malia? C'est difficile à dire.

Ils s'installèrent à la petite table en bois, et Spencer déboucha une bouteille de vin rouge. Un italien. Il huma les arômes de la boisson, et ses papilles gustatives s'éveillèrent sous l'explosion de goût. Il poussa un soupir de contentement en se félicitant de cet achat.  Il en oublia Malia pendant un instant, puis retourna à la conversation.

-Elle est tellement changeante, instable. C'est vraiment très étrange. J'ai confiance en elle, mais ce midi, sa professeur, Cornélia Garnier...

-La Française?interrompit Jodie.

-Oui. Elle est venue me voir, et a insisté pour que je la force à composer. Qu'en penses-tu? Devrais-je la forcer? Tu sais que je suis contre ce principe. Mais comment peut elle continuer à Juilliard de cette façon? Je...

Les questions fusaient de sa bouche, trahissant que ces pensées tournaient depuis un bout de temps dans sa tête. Jodie l'interrompit à nouveau.

-Je ne sais pas. Je suis comptable, moi. J'y connais rien. Laissez la petite s'habituer.

McThorn passa une main dans ses cheveux.

-Elle a rendu une composition, ce matin.

-Ah oui? Alors quel est le problème? S'étonna sa femme.

McThorn s'arrêta de manger.

-Le problème, Jodie, c'est qu'elle l'a fait hier soir, très tard. Elle ne peut pas commencer à faire ses devoirs la veille! Pas en première année! Je n'ai fait que lire la partition 2 fois, et j'ai commencé à l'interpréter, mais il y'a beaucoup de fautes de rythme, des notes un peu maladroites, qu'elle aurait pu améliorer si elle s'y était prise plus tôt. Je pense qu'elle se bloque elle-même, c'est très intriguant. Mais elle ne semble pas faire exprès. Elle a un talent qu'elle ne parait pas gérer.

Jodie était perdue. Aussi déclara t'elle: "Tu ne voudrais pas me le jouer?Je jugerai moi même, si ça ne te dérange pas. En plus, je ne comprends rien à ce que tu racontes. C'est du charabia. Comment on peut ne pas...? Laisse tomber, joue moi ce morceau. "

ll hocha la tête, et alla au salon, tandis que sa femme resta là, sur sa chaise. La mélodie commença. Jodie resta perplexe au début, car il y'avait quelque chose derrière la musique qu'elle n'arrivait pas à détecter. C'était un peu comme des mots, et Jodie fut un peu perturbée quand le morceau ralentit, en devenant très triste. Il n'y avait quasi aucun lien avec l'autre partie. Quand ça devint agressif et brutal, Jodie eut l'impression que de la colère émanait du morceau. Mais quel rapport avec le début, si joyeux? Elle fronça les sourcils, mais resta tout de même ébahie et impressionnée. La musique était très belle, et dégageait des émotions fortes et pures. Quand son mari finit, elle lança:

-Comment ça s'appelle?

-Tributo as los padres, autrement dit "hommage à mon père". Elle m'a expliqué tout à l'heure que le début représentait son innocence, avant la mort de son père. La tristesse, la colère ensuite. Et le plus brillant, je trouve, c'est qu'il n'y ait pas de fin. Je ne lui ai pas demandé, mais je crois qu'elle veut dire que nous ne faisons jamais vraiment le deuil.

Une lumière s'alluma dans la tête de Jodie.

-Je crois plutôt qu'elle ne savait pas comment finir. Elle le finira peut être quand elle aura estimé avoir fait le deuil?

-Drôlement perspicace. C'est sûrement un des deux. Ou alors elle ne l'a pas finie.

Jodie haussa les épaules.

-La beauté de l'art, ce n'est pas ça? Chacun son interprétation, point barre.

Spencer était impressionné.

-Tu as raison, chérie. Sinon, ta journée à toi?

Jodie parla de son boulot. Josianne qui est grand mère(A 50 ans en plus! Sa fille a 18 ans!) ou encore, le patron qui organise son anniversaire(gênant, si tu veux mon avis! a commenté Jodie) le petit stagiaire victime de cette même Josianne( parait même qu'il on couché ensemble, non mais tu le crois! )

Ses mots n'arrivaient pas à la tête de son mari. Malgré ses efforts, Malia tourmentait ses pensées. Comment pouvait-il l'aider, sans la surcharger comme Cornélia le voulait? Comment ? Comment ? Comment ? 

Il trouverait, ça c'est sur. En attendant, il se tourna vers sa merveilleuse femme, qui racontait ses ennuis avec la machine à café en agitant ses bras comme une forcenée.


MALIA

La jeune fille cassa sa tasse de café, l'air rêveur. Depuis quelques jours, elle revivait la scène du baiser, l'examinant sous tous les angles, se rappelant des sensations fortes qui l'avaient envahie aussitôt les lèvres d'Hugo posées sur les siennes. Elle n'en revenait toujours pas.
C'était comme irréel.
Un moment volé au temps.Lequel avait vraisemblablement repris son cours, étant donné que le jeune homme n'avait pas recontacté Malia depuis le baiser.

Ce qui d'ailleurs n'était pas plus mal, car Malia, aussi jolie soit-elle, n'avait jamais eu beaucoup de prétendants.
Elle ne savait donc pas comment réagir face à ce genre situation, et elle attendait un mot d'Hugo, tout en se remémorant leur échange amoureux.
Dans le même temps, elle avait senti une détermination nouvelle la posséder. Elle jouait au piano comme une déesse, et sa timidité semblait d'être recroquevillée au fond d'elle.
Malia avait donc décidé d'aller parler à Louisa. Elle obtiendrait la vérité, et ce, aujourd'hui !
Souriant de toutes ses dents, elle alla frapper à la porte de sa colocataire. Personne ne lui répondît. Elle allait entrer sans permission, quand un gémissement plus qu'explicite parvînt aux oreilles de Malia.
Choquée, elle recula dans le couloir, se cognant à un tabouret qui était posté-par pur hasard- juste en face de la porte de Louisa. Le bruit sembla avoir plus d'effet, puisque un homme passa la tête dans l'entrebâillement de la porte.
Tout était sombre chez lui : Cheveux noirs, yeux bruns. Il avait comme une aura noire, qui aurait attiré Malia si elle avait 14 ans.
Qu'est ce que ce type fabrique dans notre appart ? fut la première pensée de Malia.
Est-ce que c'est lui le "connard" ? fut la deuxième.
Sa tête me dit quelque chose ! La troisième.
Malia fronça les sourcils quand elle le reconnut.
- Vous ne seriez pas, pas le plus grand des hasards, un professeur de Juilliard ? Je pense vous avoir déjà vu ici, fit elle, le plus poliment possible.
Malia aperçut Louisa, qui était assise sur le lit,paraissant soudain effarée.
-Effictivement. Je suis le professeur de cours collectif de Louisa.
Celle-ci dit un mouvement pour le faire taire, trop tard. Malia resta calme, du moins en surface. L'inquiétude serra son cœur.
- Pouvez vous partir, dans ce cas ? Je dois absolument parler à Louisa...
Une tempête s'agita dans ses iris foncés, mais il finit par acquiescer, prenant sur lui.
-Adrian Dowell, Enchanté, fit t'il sur le pas de la porte.
Il disparut dans un nuage de parfum masculin sans attendre de réponse , tandis que Louisa, déconfite, s'asseyait dans le canapé.
- Je ne te jugerai pas si tu me racontes tout. Mais alors, tout, tout, tout. TOUT!
Elle prit une couverture, s'enroula dedans, et s'installa à côté de Louisa. Celle-ci, les yeux dans le vague, commença son histoire.
-J'ai rencontré Adrian en sortant de l'aéroport. Il y conduisait sa petite sœur, pour qu'elle décolle le jour même en partance du Pérou. Il se trouve que je le trouvais vraiment beau, mais du genre magnifique, sublime, enfin bref, je le matais, pour faire court. Malheureusement pour moi, il eut vite fait de me remarquer. Je n'étais pas ce qu'on pouvait appeler discrète. Donc, il me proposa de se donner rendez-vous dans un Costa Coffee du coin une fois qu'il aurait déposé sa sœur aux contrôles de sécurité. Crois moi, j'ai pensé dire non. Je me disais : C'est un inconnu, tu as tes bagages, tu es fatiguée même si c'est le matin, tu es pas coiffée, tu sens mauvais, dis non!

Malia étouffa un rire

- Pas la peine de préciser que ma bouche n'en fit qu'à sa tête, et je me surpris à dire oui. Donc, on est allé prendre un café, avec deux parts de gâteaux. Il a pris un scone aux cerises, je m'en rappelle. Je sais c'est pathétique, mais ma mémoire retient ce qu'elle veut. On n'a pas vraiment parlé, on se regardait juste, mais c'était vraiment génial comme moment. Bizzare, mais génial.En sortant du café, il m'a attiré à lui , et il m'a embrassé. C'était tellement incroyable! J'ai pas hésité plus longtemps, je lui ai rendu son baiser. On a fini chez lui, et c'était vraiment A-M-A-Z-I-N-G ! Et...

Malia camoufla sa gêne par un petit rire, mais Louisa n'était pas dupe, donc elle cessa aussitôt de tenter de qualifier ses ébats au lit.

-Donc, on s'est échangé nos numéros, et puis je suis arrivée ici. Pendant toute la semaine suivante, c'était parfait. On allait au resto, on s'embrassait,... L'idylle! Seul petit bémol, on n'avait pas du tout évoqué études, ambitions et talents. Quelle fut donc ma surprise quand je le vis arriver sur scène ce jour là ! Son tatouage caché sous un pull longue manches, sinon ça aurait fait mauvais genre chez tous les BCBG de mon groupe d'imbéciles.

Elle inspira longuement.
-A partir de ce jour , il commença à changer. Il avait deux faces. L'une était agressive, violente, hargneuse et cruelle. C'était celle pendant les cours, réservée - ô joie !- seulement à moi. Ensuite, il y' avait celle de la semaine d'avant: douce, attentionnée, tendre. C'était pendant la nuit, ou au restaurant. Il prétendait que c'était pour bien couper les deux mondes : Études et Plaisir. Enfin, bref, je me suis habituée. Il avait certains accès de violence, mais jamais vraiment fort, tu vois. Il me poussait contre les murs, ce genre de choses. Il s'excusait après, donc on était bien. C'était bien. (Elle soupira) Aveugle, je le croyait fidèle. Erreur fatale. Un soir où je suis rentrée dans son appart, impatiente de retrouver ses lèvres, je le retrouvai dans le lit avec une blondasse, tout deux endormis, nus comme des vers.Pas très intelligent, le gars! Il m'avait passé une clé ! J'ai eu tout le loisir d'observer le corps de déesse que possédait la blonde. Il faut dire que la couette n'était pas très bien mise. C'est ce soir la que je suis rentrée à l'appartement en pleurs. Tu te rappelles ? Tu avais organisé un truc, et en fait je t'avais lâchée... Quand tu m'as demandé pourquoi je pleurais, je n'ai rien pu faire d'autre que de te mentir ! J'avais tellement honte. Le lendemain, au cours particulier, je l'ignorai comme je pouvais. Si bien qu'il finit par m'attirer hors de la salle, dans un coin discret du couloir. Il m'avait plaquée contre un mur, et s'était mis à m'embrasser avec furie. J'étais bien tentée de me laisser aller, mais je le repoussai en disant un truc du genre "Va retrouver ta blondasse, moi j'en ai fini avec toi! "Il me colla une gifle. Mais ensuite, il a complètement changé, Il était tendre, me promettait de belles choses, me murmurait des mots doux, m'offrait des fleurs. C'était vraiment génial. Il était parfait. Mais il rechutait toujours dans sa violence,  et j'en payais le prix. Certains jours étaient  plus difficile que d'autres et je n'arrivais pas à supporter cette relation. Tu m'entendais sûrement pleurer comme une idiote. J'étais sur les nerfs, et j'ai atteint ma limite quand je t'ai insultée et dénigrée. Je t'ai engeulée pour rien! Tes questionnements étaient justifiés.Mais je m'étais rendu compte que je l'aimais.

Le ventre de Malia se compressa tandis que la rousse planta son regard bleu dans les siens.
-Je suis sûre  qu'au fond de lui, il a du bon. Même si c'est plus souvent le mauvais Adrian que je vois, j'essaye de l'aider. Je me défends verbalement, et ça marche la plupart du temps.  Je veux le rendre meilleur, tu comprends ?

-Oui, d'accord. Mais la prochaine fois, ne me cache pas des choses. Raconte moi tout! Ne me dis pas avoir été faire les courses alors que non, que ton patron veut pas te payer,ou autres mensonges de ce type! Je ne t'aurais pas jugée ! Je t'aurais aidé ! Si tu pensés contrôler la situation, alors tout à ton honneur, tu décides de ta vie ! Mais si jamais je le vois te faire du mal, sans que tu te défendes tu peux dire adieu à mon soutien ! Je le dénoncerai, que tu l'aimes ou non ! Compris?
Sa voix déterminée percuta Louisa en plein fouet. La rousse acquiesça.

-Et toi, avec le p'tit Hugo? Il t'a appelée?

-Non. C'est pas plus mal, tu sais. Je préfère comme ça, pour le moment en tout cas. Imagine il m'appelle, et me dit que c'était une erreur! La magie s'envolera, et je suis pas prête à abandonner ce souvenir.

Louisa s'apprêta à répondre quand son telephone vibra.

"On se voit à Central Park dans 10 minutes? "

Louisa rigola en voyant la tête de Malia.

-Cours voir ton prince! File!

La jeune fille virevoltait dans l'appartement, s'habillant correctement tout en se coiffant les cheveux. Elle courait dans tous les sens, et sa colocataire s'en amusa.

-Pas la peine de faire un caca nerveux, poulette!

La tornade brune lui passa devant, un flacon de parfum à la main, et une brosse à dent dans l'autre. Elle tentait de remplir tant bien que mal son sac de mouchoirs et de bics.

-Malia, arrête un peu ton cirque. Tu n'as pas besoin de bic!

L'autre rigola.

-Tu as raison, j'y vais!





HUGO


Pourquoi je lui envoyé un message?

La question lui turlupinait l'esprit, tandis qu'il était installé sur un banc mouillé de Central Park. Il aurait une trace sur son pantalon, mais il s'en fichait.

Que vais-je lui dire?

Il commençait à se sentir bien idiot, là, tout seul, à se tortiller les mains. Il s'ébouriffa les cheveux, essuya ses mains moites sur son jean, et se mit à chantonner une chanson des Red Hot Chilli Peppers. Il ferma les yeux, s'imaginant tantôt à la batterie, tantôt à la guitare. Un sourire illumina son visage tandis qu'il mimait des accords imaginaires.

-Tu joues quoi comme ça?

Hugo ouvrit brusquement les yeux en entendant une voix féminine.

-Monarchy of Roses.

-Je connais pas.

Hugo écarquilla les yeux, surpris.

-Quelle inculte! Ce groupe est génial, c'est toute mon adolescence! Les soirées à écouter ces chansons dans ma chambre à minuit, reclus de la société tel un criminel, pestant contre le monde entier de son terrible malheur! Infâme prof de math, pourquoi m'as tu donné une interro pour demain?

Malia pouffa en s'asseyant à côté de lui.

-Non, désolée. Je n'ai jamais été ce genre d'ado. Moi c'était piano, piano, piano. je me suis même essayée au violon, mais après deux cours, j'ai abandonné. Je préférais de loin le son mélodieux de mon piano à ceux, discordants, de mon violon.

Hugo fut indigné.

-Tu as tort! Le violon, bien joué, est tellement magnifique...

Il se plongea dans de vieux souvenirs, mélancolique.

- C'était mon premier instrument. Quand mon père est mort, j'ai repris le flambeau du piano. je voulais avoir un contact avec lui, tu vois? Je ne regrette pas ce changement d'instrument, le piano est un instrument merveilleux. Mais j'ai toujours eu un faible pour les violons et leur sensibilité particulière. Quand je glissais mon archet sur les cordes, mon cœur gonflait. C'était plus facile de m'exprimer avec ce petit instrument.

Il se tut d'un coup. Il avait gardé ce secret en lui pendant si longtemps, ça lui tenait à cœur. Il adorait le piano, oui. Hugo pouvait s'exprimer via ces jolies touches nacrées. Il savait composer des morceaux spectaculaires, mais avec un violon, c'était comme une partie de son âme. C'était ancré si profondément en lui qu'il ne pourrait jamais vraiment oublier la sensation du violon sous son menton, les bras douloureux après des heures d'exercices, l'odeur du colophane, la couleur brun vieilli de mon violon... Mais sa mère était si fière de lui, de son parcours de pianiste... Il avait appris à renoncer au violon. Il n'empêche que...

- Pourquoi continues-tu le piano, dans ce cas? Je vois bien dans tes yeux la différence quand tu parles de violon, ou de piano. ce ne sont pas les même étoiles qui brillent dans tes yeux. Prenons une métaphore débile. Le piano est une petite amie, ok?

Hugo hocha la tête, perplexe.

-Mais c'est une petite amie que tu apprécies, tu sais blaguer avec elle, dialoguer, mais il n'y a pas une compréhension entre vous deux... Tu me suis?

Hugo lâcha un "oui" amusé.

-Mais le violon, c'est LA FEMME DE TA VIE !

Cette fois, le jeune homme ne put se retenir. Il explosa d'un rire tonitruant. Pourtant, ce qu'elle disait était fondamentalement vrai... N'empêche que c'était bizarre. Malia finit par rire également, et ils continuèrent de s'esclaffer jusqu'à ce que tous les pigeons soient partis-de peur, présuma le jeune homme.

-Sinon, dit moi, ce serait quoi, ton rêve?

La question, sortie de nulle part, ne sembla pas surprendre la pianiste, puisqu'elle embraya.

-J'aimerais visiter Viennes, et aller au concert du nouvel an.

Elle réfléchit une demi seconde.

-J'aimerais jouer le Concerto pour piano n°3. Visiter le Macchu Picchu. Réeussir ma vie.

-Qu'entends tu par là?

-Je sais pas. Un enfant, deux, trois? Un mari. Habiter à New York, dans un appart. Ou alors habiter en Californie? Palo alto, j'aime bien. Ou encore en Europe? Etre une pianiste renommée! C'est une question vaste, que tu me demandes, tu sais. Etre humain, c'est toujours souhaiter ce qu'on a pas. Si j'ai toutes les choses que je viens de te citer, qui sait si je n'aurai pas envie, je sais pas moi... Faire le tour du monde en voilier? Ouvrir un restaurant indien? Voyager au Kenya? On est jamais satisfait. C'est tellement triste.

Hugo était subjugué. Cette fille était incroyable!

-Alors, on va faire des questions plus simples... Ta couleur préférée?

-Turquoise.

-Ton plat préféré?

-Chili con carne.

-Bon choix! Ton dessert ?

-Panna cotta, égalité avec le moelleux au chocolat!

-Ton animal préféré?

-Le lion, je crois. J'aime bien leur crinière, et j'adore le Roi Lion.

-Ton film préféré?

-Il y'en a plein... J'adore Ocean Eleven.

-Pas mal. Ton livre?

-Alors là, non... Je peux pas! Mais j'aurais tendance à dire que Les Thanatonautes , de Bernard Werber, est devenu un classique à mes yeux.

-Connais pas.

-Tu devrais.

Hugo pouffa.

-Ton peintre?

-Cédric Klimt.

-Je suis inculte, excuse moi.

Il s'approcha d'elle.

-Ce n'est rien. Je te montrerai, j'ai des posters dans mon appart.

Leurs front se touchaient.

-Ah oui?

Malia hocha la tête doucement, et Hugo ne put plus résister plus longtemps. Il fondit sur ses lèvres. Le soulagement s'empara de lui. La tension qui régnait dans son corps depuis le début de la discussion s'évanouit, et il la serra dans ses bras. Il se délecta du moment. Profita du contact des cils de Malia sur sa joue, du parfum qu'elle dégageait, de la douceur de ses lèvres. Il avait chaud. Leurs bouches dansaient ensemble, et Malia poussa un soupir. Le jeune homme sourit, et des frisons le parcoururent de haut en bas. Des sensations exquises coulaient dans ses veines, son cœur tambourinait, cognait,sautait, frétillait en tous sens, et le jeune était tout étourdi. Sa tête semblait palpiter, et il comprit que c'était dû au manque d'oxygène. Il plaça ses deux mains sur les joues brûlantes de la brunette, et se détacha d'elle pour respirer longuement. Malia parut déçue, mais ses yeux brillèrent quand le jeune homme se rapprocha d'elle à nouveau. Qu'est ce qu'elle est belle, comme ça... Sa timidité envolée, elle le fixait d'un regard farouche et taquin à la fois.

-Je vais pas résister plus longtemps.

Malia sourit encore, et cette fois, c'est elle qui s'avança en premier.

Ce baiser fut encore plus intense, plus passionné, plus ardent que le précédent. L'embrasser était devenu un besoin, une nécessité.

Comment ai-je fait pour devenir autant accro?


LIAM

Une semaine qu'ils sortent ensemble, les deux autres. UNE PUTAIN DE SEMAINE ! Liam n'en pouvait plus. Il était blessé. Il souffrait plus qu'il ne voulait se l'avouer. Voir cet imbécile embrasser Malia à chaque heure de le journée (et ne parlons surtout pas de la nuit) lui filait une nausée précoce, si bien qu'il songeait à aller voir un docteur pour se faire prescrire des médicaments. il fréquentait assidûment les salles de piano à midi, et se noyait dans la musique jusqu'à en crever. Il avait toujours été sentimental, mais dès qu'il était question de Malia, son coeur, sa tête et son corps n'en faisait qu'à leurs têtes. Jusqu'à ce jour, ce n'a pas été bien gênant, à part pour leur petite dispute de la semaine passée.

Il s'était réconcilié avec Malia, bien sûr, mais il se traitait chaque jour d'idiot pour lui avoir reprocher de pas se confier à lui. Depuis le début elle a un faible pour Hugo, c'était clair.

-Elle n'est pas obligée de tout me dire!

-C'est clair.

-La ferme.

Un ricanement retentit.

-Pas la peine d'être agressif, Liam.

-Albéric, vraiment, la ferme, ou je t'envoie en Tunisie par le premier avion.

L'autre ne releva pas l'allusion à son pays natal, car Liam savait qu'entre lui et sa mère, c'était explosif, d'ou son déménagement aux USA il y'a 5 ans avec son paternel. La prochaine fois qu'il irait en Tunisie, ce sera pas demain la veille.

-Ecoute, ça fait maintenant deux heures que tu rumines dans ton coin. J'ai réussi à amener dans mon lit une putain de bombe, mais je ne peux pas conclure avec tes commentaires ! C'est des véritables tue- l'amour... Va un peu te défouler sur un piano, ou alors rejoint nous, mais fait quelque chose!

-Al?

-Ouep.

-Je rêve, ou tu viens de me proposer un plan à trois?

Albéric fit une tête faussement choquée.

-Ecoute, man.Je te l'ai jamais dit, mais...

-Non c'est bon, épargne moi ton discours sur l'homosexualité que tu couves depuis ta plus jeune enfance. Je me casse.

-Au cas ou tu ne le saurais pas, c'était mon but.

-Sans blague. Amuses toi bien.

-T'inquiète pas pour ça.

Liam referma la porte en souriant. Son imbécile de meilleur ami était vraiment à un ami de merde. De toute façon, il avait cours particulier dans dix minutes, ça ne le dérangeait pas de laisser l'appart à Al.

Cinq minutes plus tard, il poussa la porte pour découvrir Jullian Muller, son prof.

Encore cinq minutes, et ils entamaient Waldstein Sonata. Tant mieux pour Liam, Muller avait décidé de taire son admiration pour son élève, et de donner des conseils. A la fin du cours, Liam était d'excellente humeur. Il sourit à Muller, sortit dans le couloir, et se dirigea vers la cafèt, tout seul. Il ne tarda pas à voir Albéric à leur table habituelle du jeudi.

-Alors?

-Alors mon pote, c'était la meilleur partie de jambe en l'air de ma vie ENTIERE!

Liam se crispa en voyant Malia et Hugo entrer en plein éclat de rire dans la cafèt. Il ne se risqua pas à lui faire un signe, sachant bien que la pianiste n'a d'yeux que pour son Roméo. Il se força à regarder ses frites, mais trop tard.

- Mais voilà un petit poussin qui sort du nid! D'après le regard que tu viens de lançer à la jolie brune là-bàs et à son copain, mes détecteurs super-sensoriels me disent à l'oreillette que tu es JALOUX! Serait tu in love, petit poussin égaré?

-Non, pas du tout.

Albéric prit un air mystérieux et agita ses mains en l'air.

-C'est là que tu te trompes, mon ami. Conquiert là avant qu'il ne soit trop tard! (Il avala une frite)Tu le regretteras toute ta vie! Et tu finiras comme ma mère. Seule.

-Je suis un mec.

-C'est justement ce que j'insinue.

Liam rigola. Son meilleur ami était timbré, et c'est pour ça qu'il l'adorait.

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