Épilogue
DUNCAN
Quatre mois sont passés. C'est-à-dire, cent vingt-deux jours ou deux-mille neuf cent vingt-huit heures, sans entendre sa voix, son rire.
Tout ce temps passé à me reconstruire. Je crois que je la reconstruction n'est pas terminée. Je ne pleure plus des journées entières. J'arrive à rester dans mon appartement hanté par mes souvenirs plus de cinq minutes. Où que j'aille, des souvenirs m'assaillaient. Des souvenirs de Charlie. J'entendais encore sa voix, son rire. Je voyais encore son regard joueur, son sourire attirant.
Aujourd'hui, je pleure encore. Le soir en m'endormant, le matin en me réveillant seul. Tous les jours en voyant mon tatouage. Elle avait raison. Elle avait toujours raison. J'ai continué de l'aimer, je crois que je l'aime encore plus. Il n'y a pas une seule journée qui passe sans que je ne pense à elle, sans que je ne me souvienne d'elle.
Parfois, je rends visite à ses parents et à Flynn. Au début, c'était compliqué car nous étions tous dévastés. Au fur et à mesure du temps, nous nous sommes serrés les coudes. Flynn comprend beaucoup de choses pour son jeune âge. Il est triste, lui aussi. Parfois, je vais le voir et nous parlons de Charlie, nous nous racontons les choses les plus drôles qu'elle ait faites. Je ne vous cache pas que durant ces moments, j'ai sacrément morflé, mais je suis resté fort pour Flynn, ce petit garçon trop jeune pour ce drame.
Passer du moment avec eux peut avoir deux impacts sur moi, selon mon humeur. Parfois, ça m'insupporte ; il y a des jours où je vais particulièrement mal et où je ne veux pas entendre parler d'eux, voir des gens tristes et réconforter un enfant alors que je vais trop mal pour ça. Mais les meilleurs jours, ceux où je vais mieux, j'aime passer du temps avec eux, c'est comme passer du temps avec un petit bout de Charlie.
Et puis il y a ces fois, comme aujourd'hui, où je vais me recueillir sur sa tombe. J'entre dans le cimetière, je marche sans précipitation. Je déambule parmi les tombes. Ici, reposent plein de personnes qui ont aussi causé un vide intersidéral dans le cœur de leurs proches. Tous ceux qui reposent ici ont involontairement fait du mal à quelqu'un.
Je connais par cœur l'emplacement de sa tombe, j'y viens tous les jours. Au début, je pleurais énormément, je m'énervais contre cette vie injuste. Maintenant, il m'arrive de rire. Je lui raconte des choses qui se passent au drugstore - dans lequel j'ai eu énormément de mal à remettre les pieds, étant donné que c'est notre lieu de rencontre - ou je lui raconte mes journées de surf à Newport. Elle a rythmé pendant un mois ma vie, toutes les activités que je faisais n'avaient plus aucun sens sans elle. J'ai mis du temps à remettre les pieds à Newport. Heureusement que Miles était là pour moi quand j'étais au plus bas. Il m'a supporté quand je me mettais en colère pour rien, il a supporté ces fois où je ne voulais pas sortir de chez moi. Je ne sais pas si je vais mieux aujourd'hui. Je dirais juste que je me soigne. Il n'y a que le temps qui pourra me guérir, de toute façon.
Je m'agenouille dans la terre, devant sa tombe. Le froid de l'hiver me glace le visage mais c'est pas grave, je suis près d'elle et c'est tout ce qui compte. Je lui parle. Pendant une heure, deux heures, trois heures. Je reste quelques temps sans rien dire, je veux juste être là. Ma peine est toujours présente, mon amour aussi. Quand il commence à faire nuit, je me lève et dépose un nouveau bouquet de fleurs sur sa tombe, remplaçant le dernier.
- Charlie, je t'aime. Et même si tu n'es plus là, sache que tu vivras toujours dans mon cœur et à travers mes pensées.
Je tourne les talons et m'en vais, la laissant paisible, la laissant dormir.
FIN
Média - Happyland, Måns Zelmerlöw
Publié le 28/02/18
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