My I

Il était minuit, et comme tous les jours à la même heure, je fermai les yeux en souriant, sachant d'ores et déjà où j’allais me retrouver au cœur de cette nuit noire.

Après quelques secondes, quand la sensation de la couverture recouvrant mon corps eut disparue, je les rouvris doucement.

Et comme à chaque fois, tout avait changé autours de moi : je n'étais plus dans ma chambre, allongé bien au chaud dans mon lit, mais couché à même le sol au cœur d'une forêt envahie d'une brume froide extrêmement dense.

Je me relèvai alors, et dans le brouillard, apparaissant soudainement puis disparaissant tout aussi subitement, se dessina alors une silhouette.

Cette silhouette brumeuse m'était inconnue car je ne savais pas à qui elle appartenait, mais pourtant familière à force de la voir toutes les nuits à répétition.

Cette silhouette, c'était celle de ton gardien, je le savais.

Elles était imprévisible, flottant, s’évaporant et riant dans la brume.

Elle semblait tant me tenir à l’écart que me permettre d’approcher, agitant les bras comme pour le dire que quelque chose était là.

Quelque chose… Ou quelqu'un.

Toi en l'occurrence.

Ouvrant la bouche quand le brouillard se densifia comme pour m’empêcher de la voir, je m’adressai alors à elle.

« Parles-moi de ça… De cet endroit, de cette brume. »

Je regardai alors la silhouette qui soudainement s'immobilisait pour me regarder, et obtiens la même réponse qu’à chaque fois.

« Pourquoi ? »

Je refermai les yeux un bref instant, soupirant, avant de les rouvrir.

Et pour la toute première fois, je pris mon courage à deux mains et ouvris la bouche une seconde fois.

« Parce que cette brume me cache cet endroit où je sais qu’il réside. »

Je parles de toi, bien évidemment, parce que je t’avais déjà plus d'une fois aperçu à travers le brouillard.

La silhouette disparut alors un instant avant de réapparaître juste devant moi, me regardant droit dans les yeux, avant de se reculer pour disparaître une nouvelle fois au cœur de la brume.

Et je tendis le bras, pour la retenir, sans parvenir à toucher autre chose que la brume qui me passa entre les doigts, refusant elle aussi de se laisser attraper.

Mais alors que je perdais espoirs, et en moins de temps qu’il n’en faut pour cligner des yeux, la brume disparut.

Je me retrouvai alors au centre d’un immense jardin dont j'ignorait jusqu'alors l'existence.

Et au loin, à l’autre bout de ce jardin, je te vis enfin réellement, sans aucun brouillard pour te cacher à moi.

Peut-être étais-je uniquement dans un rêve, un rêve récurrent prenant sa source dans mes délires d’adolescent de quinze ans qui rêvait encore du prince charmant, ou peut-être que…

Si il y existait un autre monde, pourrais-tu être l’autre moi ?

Je fis alors un pas en avant, sans te quitter des yeux.

Petit à petit, pas à pas, je me rapprochai de toi.

Mais alors que je t'avais presque rejoint, alors qu’il ne restait que quelques pas entre nous, je me stoppa soudainement, voyant le sol devant moi se recouvrir d’épines.

Et alors que je cherchai un passage au milieu de ces épines, celles-ci se mirent soudainement à grandir pour former une sorte de mur infranchissable m’arrivant au niveau du buste.

Un mur de ronces recouvertes d’épines longues comme une main et à l’air extrêmement tranchantes.

Je voulu m'énerver.

Je voulu crier.

Je voulu pleurer.

Mais je gardai le silence, oubliant tout le reste en voyant quelque chose face à moi au dessus de ce mur de ronces.

En voyant ton visage.

C'était la première fois que je te voyais d'aussi près.

En même temps, vu que d'habitude je ne faisais que te distinguer à travers la prison de brouillard créé par ton gardien, ce n'était pas compliqué.

Tu semblais plus vieux que moi, mais pas de beaucoup, de deux ans, trois maximum.

Et tes yeux…

Ils exprimaient un mélange de joie et de désir qui me semblaient tellement immenses que j’en restai un instant perturbé.

Était-ce véritablement le fait de me voir qui te mettait dans cet état là ?

Mais alors que je voulu prendre la parole, que je voulu te dire de me tendre tes mains, que je voulu te dire que j'étais là en face de toi et qu’un rien pourrait nous permettre de nous toucher…

Tout vola soudainement en éclat.






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J'ouvris difficilement les yeux et me retrouvai allongé sur mon lit, mon réveil assourdissant retentissant dans toute ma chambre.

J’avais enfin pu te voir de près, mais j’en voulais plus…

Je voulais entendre le son de ta voix, je voulais te parler, je voulais te toucher, je voulais t’enlacer…

Mais je ne pourrais sans doute jamais réussir à le faire…

L’heure étant l’heure, je me levai alors et récupèrai des vêtements dans mon armoire avant de passer par la case salle de bain où je me lavai et m’habillai rapidement.

Une fois cela fait, je me dirigeai vers mon école de danse et chant ou je retrouvai mes deux seuls amis, Lu Han et Zhang YiXing.

On commencait avec deux heures de danse, alors dès le début des cours, je m’échauffai avant de me lancer, dansant comme si ma vie en dépendait.

Et là, alors que tel le brouillard mû par le vent j'ondulai sur la musique, je repensai soudainement à toi, et au désir brûlant que j'avais lu dans tes yeux en étant enfin près de toi.

Nous allions nous revoir cette nuit, je le savais, alors ne me désire pas à ce point là.

Parce que savoir que tu me désirais autant que je te désirai me faisait mal au cœur à un point imaginable…

Quand je t'aurais vu, je saurai alors si j'etais véritablement ton avenir comme je l'avais ressenti.

Un avenir que tu attendais avec impatience.

Et je saurai aussi quelle part de toi résidait dans mon passé et me donnait cette impression de familiarité que je ressentais dès que je te sentais proche de moi.

C’est sur cette pensée qu’il me sembla soudainement entendre une petite voix me parler.

Mais c'était une voix qui n’en était pas vraiment une, car si effectivement je distinguai des mots, je ne savais pas qui parlait, comme si les mots étaient directement adressés à mon cerveau sans passer par mes oreilles.

"Nous nous reverrons, alors oublie toi aussi ce désir de me voir. Je te protégerai envers et contre tout. Alors quand nous seront enfin réunis, je ne te demanderai qu’une chose : s’il te plaît ne me fuis pas."

Si c’etait véritablement toi qui me parlait par je-ne-sais quel moyen, alors je te le promettais.

Parce que tu es mon moi, mon alter égo.

Je me reconcentrai alors sur moi, sur mes mouvements et sur cette chorégraphie que je connaissais par cœur

Et de nouveau j'entendis les trop nombreux commentaires et les trop nombreuses voix disant que je ressemblais à un ange quand je dansais.

Mais c'était faux, je n’en étais pas un…

Et si j'en étais un, alors quand les ailes dans mon dos se déploieraient-elles enfin ?

Se déploieraient-elles seulement lorsque le vent soufflera ?

Et si oui, quel vent ?

Quand je fermai enfin les yeux, quand je respirai difficilement après m’être donné à fond dans ma chorégraphie, j’imaginai alors deux immenses ailes immaculées se déployer dans mon dos.

Et cette illusion réussit à m'arracher un sourire.

Mais je ne pouvaid échapper à ma propre ombre.

Je ne savais pas quoi faire pour être un véritable ange, même si je savais que si j’en devenais un je pourrais m’envoler à travers le temps et l’espace…

M'envoler pour te retrouver.

Je n'étais qu’un asocial enfermé dans sa tristesse quotidienne et n’ayant que deux amis, tous deux aussi asociaux que moi…

J'aurais pu être sociable, mais c'était une chose que je me refusai, parce que la seule et unique fois où je l'avais été, à part envers Luhan et Lay, je n'avais subi que l'abandon.

Je ne me souvenais même pas de son visage, ni même de son nom…

Je me souvenais seulement que j'avais cinq ans quand ce garçon que je considérais comme mon frère m'avait abandonné…

Ainsi que de cette douleur dans mon cœur qui m'avait tellement fait souffrir…






⊰᯽⊱┈──────⊰❂⊱──────┈⊰᯽⊱






Quand enfin vint le soir, quand enfin minuit sonna et que je fermai les yeux, j'eu le cœur emplit de l'espoir de peut-être te revoir.

Puis quand je les rouvris, je ne me retrouvai pas au cœur de ce brouillard que je côtoyais depuis des jours… Des mois… Des années…

Non, je me retrouvai dans ce même jardin où je t’avais vu la veille.

Mais mieux encore, tu étais là, face à moi à l'autre bout de ce jardin, et semblais m'attendre.

Alors je me rapprochai de toi pas à pas, une seconde fois…

Jusqu’à ce que ne nouveau le sol devant moi ne soit recouvert d’épines.

Et comme la veille, comme pour m’empêcher de t’atteindre, les épines grossirent, s’allongèrent et se transformèrent en un mur de ronces impénétrable.

Ce mur s’arrêtai une fois encore à hauteur de buste alors je fis les seules choses que je pouvais faire.

Je  plongeai mes yeux dans les tiens et tendant une main vers toi par dessus les épines, je t’adressai enfin la parole.

« Étends tes bras. Tends moi tes mains. Je suis là, en face de toi. »

Et toi, tu me regardas avant de tendre à ton tour ta main au dessus des ronces.

Et enfin je te touchai, me délectant de cette sensation.

« Ta main est douce… »

Ces quatre mots m'avaient échappés, te faisant aborder un petit sourire qui me coupa le souffle tellement il resplendissait.

Et alors, enfin, j’entendis le son de ta voix.

« La tienne l’est tout autant, Tao. »

Je froncai alors les sourcils et relevai mes yeux sur ton visage, les plongeant dans les tiens.

« Tu connais mon nom. »

Ce n'était qu'une simple constatation, mais elle sembla te décontenancer un instant.

« Tu… Ne te souviens pas de moi ?

— Je devrais me souvenir de toi, je le sais parce que tu me sembles si familier, mais je… Je n’y arrive pas…

—C’était il y a dix ans, et tu étais si jeune à l’époque, alors en un sens je comprends que tu ne te souvienne pas de moi… »

Une certitude m'envahit alors.

Tu étais ce garçon.

Ce garçon dont j'avais tant oublié le nom que le visage.

Ce garçon que j'avais aimé comme un frère et qui m'avait tout simplement abandonné quand ses parents avaient dû déménager si loin de chez moi…

« Je vois. Alors ne me dis pas qui tu es et laisse-moi chercher. Je finirai par me souvenir.

— Je suis persuadé que tu y arriveras un jour.

— Moi aussi… Mais est-ce que si j’y arrive je pourrais te rencontrer en vrai ? Sans être séparé de toi par ces… Ces ronces ? Je veux… Je veux être proche de toi… Vraiment proche de toi. »

Je te vis alors sourire une seconde fois, et sentis mon cœur s’accélérer.

Mais avant que je n’ai le temps de poursuivre, tu repris la parole.

« Mon Tao, je vais te faire une promesse, d’accord ? »

Je hochai alors doucement la tête, attentif.

« Un jour, nous nous rencontrons pour de vrai, alors ne me désire pas trop tôt. Quand ce jour arrivera, tu le sauras tout de suite.

— Je le saurai ?

— Oui, immédiatement. Et comme je suis ton avenir, je le saurai aussi quand ce jour arrivera.

— Comment ça ?

— Tu es mon passé, parce que que c’est là que nous nous sommes rencontrés et que depuis tu m'as oublié. Mais je suis ton avenir, celui que tu attends avec impatience et que tu reverras un jour. Je te promet que nous nous rencontrons, alors oublie ce désir de me revoir avant l’heure. Et quand arrivera le jour de nos retrouvailles, je te protégerai. Mais il est temps pour cette nuit de nous séparer, alors je te dis à demain.

— S’il te plaît, ne part pas…

— Je n’ai pas le choix… L'aube est arrivée, la nuit est finie. »

Et avant que je n’ai le temps de te dire quoi que ce soit, je me retrouvai à de nouveau ouvrir les yeux sur ma chambre, étant de nouveau allongé sur mon lit, mon réveil toujours aussi assourdissant retentissant dans toute la pièce.

Je ne savais peut-être toujours pas qui tu étais, mais plusieurs choses étaient maintenant sûres.

Nous nous connaissions.

Nous nous rencontrons de nouveau.

J'etais ton avenir.

Tu étais mon passé.

Nous nous rencontrons de nouveau.

Tu me protégeras.

Et j'avais interdiction de partir.






⊰᯽⊱┈──────⊰❂⊱──────┈⊰᯽⊱






Trois ans étaient maintenant passé.

Trois ans pendant lesquels je n'avais cessé de rêver de toi.

Et pourtant il m'était toujours impossible de me souvenir de ton nom.

Mais je continuai de te voir dans mes rêves, chaque nuit, même si j'avais maintenant quitté la Chine, mon pays natal, pour la Corée, accompagné de mes deux amis.

Nous avions auditionnés dans différentes agences pour entrer dans l’industrie de la Kpop et avions finalement tous les trois été acceptées par une même agence.

Cette agence prévoyait de créer un groupe appelé EXO qui serait divisée en deux sous unités, EXO-K qui serait la moitié coréenne et EXO-M qui serait la moitié chinoise.

Et c’est là que nous étions, face à celui qui sera notre producteur si tout se passe bien.

Avec lui se trouvaient neuf garçon si j'avais bien compté.

Le producteur nous regardai et nous demanda alors de nous présenter en coréen, en disant que nous étions les trois derniers EXO-M.

Ce fut Lu Han, le meilleur de nous trois en coréen, qui fit le premier pas.

« Bonjour, je m’appelle Lu Han, mais appelez-moi Luhan et non pas Han s’il vous plaît. Sinon, j’ai vingt-deux ans en âge d’ici. Et c’est tout. »

Suite à cela, il s’inclina respectueusement et je vis un des neuf garçon le regarder l’air émerveillé.

C'était l’effet Luhan ça.

« Bonjour, moi c’est Zhang YiXing, mais appelez moi Lay. J’ai… J’ai vingt-et-un ans. »

Il s’inclina lui aussi et je vis un autre des garçon le regarder en souriant, sourire que lui rendit doucement mon ami, le rouge aux joues.

Mais c'était à mon tour, alors j’inspirai profondément et pris la parole en essayant de ne pas bégayer… Mais uniquement en essayant.

« B-Bonjour. J-Je m’appelle Huang ZiTao, m-mais appelez moi Tao. Et je… J’ai dix-neuf ans… »

Je m’inclinai alors à mon tour et écoutai les autres se présenter, à commencer par les six EXO-K.

Tout d’abord il y eut Oh SeHun, qui etait le plus jeune, étant âgé de dix-huit ans… Et c'était aussi celui qui regardait Luhan avec émerveillement deux minutes plus tôt.

Ensuite ce fut à Kim Jongin, Do Kyungsoo, Byun Baekhyun et Park Chanyeol de se présenter, mais je ne retins pas grand-chose sur eux, concentré sur le dernier des K, celui qui avait échangé un regard et un sourire avec Lay.

« Bonjour, je suis Kim JunMyeon, le leader d'EXO-K, mais appelez moi Suho. Je suis aussi âgé de vingt-et-un ans et vous souhaite la bienvenu dans le groupe au nom de tous les membres d'EXO-K. »

Suho donc, je vois… Je t'informe donc que si un jour tu fais souffrir Lay, je te tuerais. Violemment. Lentement. Douloureusement. Et sans aucun semblant de remord.

Les présentations des EXO-M, notre sous unité, me sortit alors de mes pensées.

C'est Kim Jongdae qui commença, suivit de Kim Minseok qui dit être âgé de vingt-deux ans, ce qui me laissa pantelant car il fait vraiment plus jeune.

Vint alors le dernier membre du groupe qui jusque là regardait ses pieds, une capuche cachant sa tête.

Doucement, il enleva sa capuche, dévoilant un visage qui me figa littéralement sur place.

C'était impossible, et pourtant…

« Bonjour, je suis Wu YiFan, mais vous pouvez m’appeler Kris. J’ai vingt-deux ans et suis le leader d’EXO-M. »

Maintenant que je voyais son visage, maintenant que j'avais entendu le son de sa voix et son surnom…

Je le reconnu, en me demandant si cela était seulement possible.

Pourquoi ?

Parce qu'il n'était autre que toi.

Le producteur partit alors, disant nous laisser faire connaissance, et je m’approchai alors de toi, hésitant un bref instant avant d'ouvrir la bouche et de prendre la parole.

« Yi-YiFan… ? »

Tu me regardas alors et m’adressas un immense sourire avant de familièrement passer ton bras sur mes épaules et de me répondre à voix basse de façon à ce que seul moi t’entende.

« Oui mon petit panda préféré ? »

Et là, mon cœur fit un bond dans ma poitrine, parce que c'était ainsi que tu me surnommais dans mes "rêves".

« Est-ce que… C’est vraiment toi… ?

— Moi ?

— Le garçon que je connaissait il y a treize ans… Et celui que je rêve de revoir depuis des années ? »

Tu me souris alors tendrement avant de hocher doucement la tête.

« Oui, c'est bien moi mon Tao. Tu as arrêté de me désirer et nous nous rencontrons, comme je te l'avais promis. Alors à partir d’aujourd’hui je serais ton avenir.

— Mais tu es aussi mon passé. Celui que j'avais presque oublié…

— Oui. »

Tu changeas alors de position pour te placer face à moi, les mains sur mes épaules et la tête à quelques centimètres de la mienne, attirant les regards des autres sur nous deux.

Et puis tu parlais, sans qu'il n'y ait plus la moindre trace de discrétion dans ta voix.

« Tao, mon Tao, mon petit panda préféré… À partir d’aujourd’hui, je ferai tout ce que je ne pouvais plus faire après que je me sois vu obligé de déménager et de te quitter il y a maintenant si longtemps… Je te protégerai. »

Je posai alors mes mains sur les tiennes, en t'adressant mon plus beau sourire.

« Je sais, j’ai confiance en toi YiFan, alors je te fais une promesse, comme celle que tu m’avais fait. Je ne partirai pas, je ne t’abandonnerais pas, jamais. »

Tu me souris alors avant de déposer un doux baiser sur mon front et de dire la phrase qui finit de me faire tomber pour toi.

« Et moi je ne t'abandonnerai plus jamais, parce que tu es mon "je", que je suis ton "tu" et que nous sommes notre "nous". »

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