Chapitre 7
Jin termina sa quatrième rime sur le coup de deux heures de l'après midi. Il plaça la carte postale juste devant ses yeux, et sourit fièrement. Il avait passé deux heures à réfléchir et écrire ce mini poème pour l'élue de son coeur, et il en était plutôt fier, pour ne pas se mentir.
Il récita à voix basse sa petite poésie, dans le silence polie de la bibliothèque dans laquelle il se trouvait.
-Feu d'hiver, braise de janvier, ta chevelure ici brûle aussi mon coeur.
Jin sourit doucement, puis redressa la tête en entendant des cris venant de l'extérieur. Il s'agissait de trois garçons à vélo qui braillaient des paroles que Jin ne comprenait pas. Le sourire du garçon s'effrita légèrement, et il poussa un soupir envieux. Il aurait aimé avoir des amis et sortir avec eux, au lieu de rester le nez dans des bouquins tout l'été.
La bibliothécaire flanqua un livre sur la table où se trouvait Jin, qui sursauta, surpris.
-Le voilà, annonça-t-elle. N'es tu pas censé être en vacances ?
Jin détourna les yeux, peu désireux de faire part de ses malheurs à une femme qu'il connaissait à peine, et qui en plus avait l'air peu gentille.
-Ça ne te ferait pas de mal, une petite pause. Quand on est jeune, on passe l'été dehors, avec ses amis. N'as tu donc pas d'ami pour jouer avec toi ? demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté.
-Est ce que je peux lire ? S'il vous plaît ? la coupa Jin, irrité par son manque de délicatesse.
La bibliothécaire lui fit les gros yeux, tapota le livre et le laissa enfin seul. Une fois qu'elle fut retournée à ses étagères, Jin positionna le livre en face de lui.
"L'Histoire du vieux Derry"
C'était le titre du livre.
Jin l'ouvrit à la première page, et commença sa lecture, qui fut de suite stoppée. La bibliothécaire s'était trompé de livre, celui ne contenait que des images et des articles de journaux légendés. Jin poussa un nouveau soupir, exaspéré. Cependant, il ne rappela pas la bibliothécaire, n'ayant pas envie de la confronter une deuxième fois. L'adolescent réfléchit quelques secondes, avant de décider de quand même continuer sa lecture.
Ce n'était pas si intéressant que ça, en fait. Il y avait une photographie d'un bucheron posant fièrement, sa hache à la main, à côté d'un énorme tronc d'arbre, datée de 1891. Une autre qui avait immortalisé les réparations d'un bateau, en 1905. Une autre encore, de la chasse au œufs de pâques à la fonderie de Derry, le 3 avril 1908. Encore une autre photo montrait les enfants avec les paniers pleins. Un article de journal sur la page suivante indiquait que ladite fonderie avait explosée, tuant ainsi 88 enfants, et faisant 102 victimes au total. Jin se sentit triste pour les pauvres enfants tués dans cet accident, qui voulaient simplement s'amuser. Une photographie montrait les cadavres déchiquetés des gens tués lors de l'explosion de la fonderie. Jin passa vite à la page suivante, et comprit pourquoi ce livre n'était normalement pas disponible. Sauf que la page suivante fut encore pire : une photo d'un arbre, intitulée "une découverte terrible après l'explosion de la fonderie, 1908". Jin eut beau examiner attentivement l'arbre sous toutes les coutures, il ne remarqua rien d'anormal. Il tourna la page, et fut surpris de voir la même image, légèrement grossie. Jin ne s'étonna pas plus que ça, et passa à la page suivante. Encore la même image. Jin haussa un sourcil, et passa à la page suivante une nouvelle fois. Toujours la même image, grossie. Jin écarquilla les yeux, et tourna le page, fébrile. Même image, grossie. Cette fois, Jin pouvait discerner quelque chose dans les branches mortes de l'arbre, mais était incapable de dire de quoi il s'agissait. Jin recommença, et tourna les pages du livres, jusqu'à tomber sur un gros plan d'une partie de l'arbre.
Le quelque chose dans les branches mortes, c'était une tête d'enfant brûlée, la bouche ouverte.
Jin ferma violemment le livre et se leva d'un coup, haletant.
Qu'est ce qui venait de se passer ?
Le garçon se frotta les yeux, et décida de partir. Il avait assez lu comme ça.
Jin rangea sa chaise, tout les livres posés sur la table, y compris celui qu'il n'était pas censé lire.
C'est alors que Jin entendit un rire d'enfant, et la mélodie très reconnaissable d'une boite à musique. L'adolescent se retourna lentement, et s'étonna en voyant un ballon rouge. Il eut presque envie de rire tellement cela lui paru stupide, tellement il se trouvait stupide d'avoir été effrayé à cause d'un vulgaire ballon.
Ce même ballon flottait lentement vers la réserve, guidé par la mélodie de la boite à musique. Jin, intrigué et un peu hypnotisé, suivit le ballon du regard, et marcha en direction de la réserve. Il descendit les escaliers, et découvrit au pieds de ces derniers un œuf de pâque fumant littéralement, et dégageant une odeur immonde.
Jin retint sa respiration. Cet œuf était brûlé.
L'image de la tête décapité et calcinée de l'enfant pendue à un arbre lui revint brusquement en mémoire. Impossible que ça soit une coïncidence. Quelqu'un lui faisait une mauvaise blague, une très mauvaise blague, de mauvais goût qui-plus-est.
Jin redressa la tête, et aperçu un autre œuf carbonisé, et devant lui, encore un autre. Le garçon trouvait cette plaisanterie ridiculement irrespectueuse et sinistre. Il s'avança rapidement, et atteignit le troisième œuf, si brûlé que des morceaux de peinture, qui avait servi à décorer, se détachait. Jin se baissa et ramassa l'œuf. Il était bizarrement froid.
La lumière se mit à grésiller, et il y eut soudainement plusieurs coupures de courant très rapides. Jin se releva immédiatement, et lâcha l'œuf, qui s'écrasa au sol dans un bruit écœurant. Le garçon ne vit malheureusement pas que quelque chose s'était mis à courir dans les rayons de livres, trop occupé à observer les néons clignotant, qui s'éteignirent finalement, au grand dam de Jin, qui commençait sérieusement à flipper. Puis il se retourna vivement en entendant des bruits distincts venant de l'escalier d'où il était venu.
Quelqu'un descendait. Et descendait bizarrement, comme si ce quelqu'un sautait sur les marches.
Ce n'était sûrement pas la bibliothécaire, même si Jin aurait aimé que ça soit elle et pas quelqu'un d'autre. La vieille femme était beaucoup trop sérieuse pour sauter sur des marches d'escalier, seul un enfant ferait ça.
Au fur et à mesure que l'inconnu descendait les marches et que Jin pensait à toutes les identités possibles de cet inconnu, la respiration du jeune homme s'envolait et son coeur battait comme un malade.
Finalement, l'inconnu arriva à un niveau suffisamment proche pour que Jin puisse percevoir qu'il portait des vêtements anciens, ainsi que des dizaines d'œufs de Pâques dans ses bras.
L'adolescent pensa que la blague allait vraiment très loin, il était à deux doigts de se chier dessus.
Sa terreur atteignit un record lorsque Jin s'aperçu que le garçon n'avait pas de tête.
Putain
Les deux garçons restèrent immobiles quelques secondes, jusqu'à ce que le décapité marche rapidement, en imitant un crabe, vers Jin. Ce dernier poussa un hurlement, et piqua le sprint de sa vie. Jin courut vers le labyrinthe d'étagères, en hyperventilation, et criant des appels à l'aide.
Des gloussements enfantins lui répondirent, ce qui lui glaça le sang. Il se retourna, pour voir comment le guillotiné pouvait rire sans avoir une putain de tête, et découvrit un clown à la place.
Mais c'est quoi ce-
Jin percuta de plein fouet la bibliothécaire, qui émis un cri de souris, surprise.
-Mais qu'est ce que tu fais ici ? s'exclama-t-elle, mécontente.
Jin ne répondit pas, et la poussa brutalement pour atteindre l'escalier. Il grimpa les marches quatre à quatre, arriva dans la bibliothèque, et fonça vers la sortie.
Ce n'est qu'une fois dehors que le garçon s'autorisa à respirer.
Mais qu'est ce qu'il vient de se passer ?
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Il faut savoir que je me repasse des bouts du film, pour garder les scènes en tête. Et donc je me suis repassé la scène où Ben rencontre Ça.
Je me suis limite pissée dessus.
Sinon, le prochain chapitre sera toujours du point de vue de Jin, qui va avoir une petite altercation avec Kagami.
Merci d'avoir lu !
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