Chapitre 5


Jin Bubaigawara, 15 ans et demi, était accroupi au milieu du mini parking à vélo, tentant de décrocher le sien. Ce qui était plutôt difficile, vu qu'il avait déjà une maquette de château fort dans une main, qui menaçait de tomber. Il arriva enfin à le sortir de sa place, et recula, son casque hurlant de la musique dans ses oreilles. Il fredonnait gaiement et prenait tout son temps, heureux d'être enfin libéré du lycée. Il ne vit pas qu'il bloquait le passage à quelqu'un, et plus précisément à une fille blonde, déjà de mauvaise humeur, qui commençait à s'impatienter.

-C'est bon, j'peux passer ? À moins qu'il y ait un mot de passe, cingla Himiko Toga.

Jin se retourna, ayant vaguement entendu quelque chose, et se crispa à la vue de la jeune fille. Il bégaya deux trois mots d'excuses, en se dandinant nerveusement, mais en bougeant, il fit tomber sa maquette au sol, et son château fort perdit son toit en papier.

Oups.

En voulant la rattraper, il lâcha son vélo, qui lui aussi s'écroula au sol pitoyablement. Jin s'affaira dans tout les sens, en émettant de minuscules glapissements.

Himiko eut un sourire désabusé. De toute évidence, ce garçon n'était pas méchant, il lui faisait même un peu pitié. Sa mauvaise humeur s'envola en le voyant se démener vainement, et son sourire désabusé se changea en un sourire amusé.

-Kagami et ses ami sont devant l'entrée Ouest, donc la voie est libre, si tu veux partir.

Jin leva les yeux vers elle, un peu gêné.

-Oh, euh, je cherche pas...

-Je sais qu'ils te cherchent, le coupa Himiko. Tout le monde le sait.

Jin baissa les yeux, trouvant ses chaussures soudainement très intéressantes. Il ne voulait pas qu'elle le considère comme une faible petite proie. Oui, il se cachait de Kagami et sa bande. Oui, il avait peur d'eux. Mais pour rien au monde il ne l'admettrait devant Himiko.

-Qu'est ce que t'écoutes ? demanda Himiko en lui prenant furtivement son casque.

Le garçon retint sa respiration et continua de fixer le sol. Cette fois, elle allait vraiment le mépriser, si ce n'était pas déjà le cas.

Himiko sourit en reconnaissant le groupe de musique. Elle aimait écouter leurs chansons, de temps en temps.

-New Kids on the Block, proclama-t-elle.

-Je les aimes pas trop... C'est juste que...

-T'es un new kid, toi aussi. T'es nouveau, nan ? l'interrompit Himiko une seconde fois.

Jin chuchota un petit "ouais", nerveux. 

-Je t'embête, c'est tout. Moi, c'est Himiko Toga, dévoila la jeune fille.

-Je sais. 

Himiko haussa un sourcil, un peu surprise. Et puis elle se rappela toutes les rumeurs qui couraient à son sujet, et son visage s'assombrit. Évidemment qu'il savait qui elle était.

Jin sembla remarquer son malaise soudain, et tenta de se rattraper maladroitement.

-Je veux dire, on est dans la même classe... En sciences sociales, et euh... Enfin, moi, c'est Jin, mais presque tout le monde ici m'appelle-

-Le nouveau, finit Himiko. T'inquiètes pas, y'a pire comme surnoms. Et je parle en connaissances de cause.

Il y eut un léger blanc, durant lequel les deux adolescents se regardèrent les yeux dans les yeux. Himiko frissonna en souriant. Ce garçon était l'un des seuls élèves de sa classe qu'elle n'avait pas envie de poignarder en plein coeur. Et c'était plutôt agréable, en fin de compte.

-Je te signe ton album, décida-t-elle sur un coup de tête.

Avant que Jin ait le temps de répondre, Himiko saisit son album de fin d'année, et l'ouvrit à la première page. Il n'y avait aucune signature. Himiko jeta un coup d'œil à son camarade, qui se mordait la lèvre, appréhendant sa réaction. 

Himiko sourit. 

L'adolescente s'arma d'un stylo, le décapuchonna, et inscrivit son prénom en s'appliquant soigneusement. Elle l'entoura de petits cœurs, les yeux rivés sur le cahier. Jin la dévisageait intensément, un peu intimidé, et ne voulant briser leur "moment". Une fois sa signature terminée, Himiko ferma l'album et le tendit au garçon qui l'attrapa en tremblant légèrement. Il le fourra dans son sac, un peu fébrile.

-Reste cool, Jin des sciences sociales, conclut Himiko avec un sourire.

Elle passa devant lui, et Jin put sentir l'odeur de ses cheveux. Bizarrement, ils ne sentaient pas aussi bon qu'il s'y attendait, mais en cet instant présent, il s'en fichait. Le coeur battant, il lui cria un "à plus !", avec un sourire jusqu'aux oreilles.



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De leurs côtés, Toya et Keigo avait "abandonné" Tenko, qui devait prendre un chemin différent du leur pour rentrer chez lui. Les deux amis bavardaient et riaient ensemble, enfin, c'était plutôt Keigo qui jacassait tout seul et Toya qui ricanait gentiment. 

Les deux compères durent se séparer lorsqu'ils furent arrivé devant la maison de Toya, à contre coeur. Ce dernier devina que quelque chose n'allait pas, quand Keigo lui dit au revoir en riant. Oui, il riait, mais ses mains tremblaient légèrement, et son regard fuyait le sien.  Toya supposa que c'était parce qu'il n'avait pas envie de partir, mais il n'y croyait pas vraiment. Il ne posa aucune question à Keigo, de toute façon il était déjà parti, mais garda ses détails dans un coin de sa mémoire.

Toya passa le portillon de son jardin, et fonça directement vers son garage. C'était là qu'il effectuait toutes ses recherches sur comment et où avait disparu son petit frère. Récemment, il avait mis au point un système à base de vieux tuyaux en plastique pour prouver que Shoto se trouvait peut-être aux friches mortes.

Il sentit la merde arriver en voyant que la lumière était déjà allumée. Et effectivement, son père, Enji Todoroki, s'y trouvait, assis sur un petit tabouret en bois. À la seconde où leurs regards se croisèrent, Toya sut que leur entrevue n'allait pas bien se dérouler. Aucun mot n'avait encore été prononcé, mais la tension était déjà palpable.

Et Toya savait très bien pourquoi.

-Je croyais qu'on s'était entendu.

Le brun leva les yeux vers son père, prêt à en découdre si cela était nécessaire.

-Avant que tu dises quoi que ce soit, laisse moi te montrer un truc, commença-t-il en s'avançant vers son système.

-Toya.

Le garçon ignora l'appel de son père, et plaça un petit personnage dans le trou d'un des tuyaux. Ce dernier était orienté à la vertical, relié à l'aide de scotch à d'autres tuyaux. Cet enchaînement de tuyaux attachés les uns aux autres conduisait à une bassine remplie d'eau, qui représentait les friches mortes. Toya laissa tomber le petit personnage dans le tuyau, et ajouta de l'eau. La figurine passa par des dizaines d'autres tuyaux, et finit par atterrir dans la bassine.

Tout cela dans un silence tendu. Très tendu.

-Les friches mortes, poursuivit Toya, c'est le seul endroit où Shoto a pu aller, il. . .

-Il n'est plus là, Toya, le coupa son père.

Son regard brûlant tétanisa l'adolescent, qui s'entêta cependant à continuer.

-Mais si la tempête a emporté Shoto, il devrait être là, c'est-

-Il n'est plus là. Il est mort ! s'exclama Enji en se levant brusquement. On ne peut rien y changer, juste accepter. Pourquoi tu t'entêtes à faire tout ça ?

Enji se calma en voyant le corps de son fils trembler. Il ne voulait pas lui crier dessus, surtout à propos de ça. C'était injuste. Il était injuste. Mais il ne supportait pas de voir son fils trimer et s'épuiser à retrouver quelqu'un déjà perdu d'avance. La seule chose qu'il pourrait retrouver, c'était un cadavre en décomposition. Le cadavre en décomposition d'un petit frère qu'il aimait et chérissait de tout son coeur. Il fallait pas avoir le QI d'Albert Einstein pour savoir à quel point ce serait destructeur pour Toya. Déjà que la disparition l'avait à moitié anéanti, le voir mort l'achèverait.

Et Enji ne voulait pas perdre un deuxième fils. Quitte à être dur comme de la pierre.

-Maintenant, tu vas me démonter ça avant que ta mère ne le voit, rajouta-t-il. 

Toya ne bougea pas d'un pouce, les poings serrés et fumant très légèrement. Le regard vissé au sol, le garçon se mordait violemment les joues pour empêcher les larmes de couler.

-Je vais partir pour des affaires, demain. Je reviendrais la semaine prochaine. Et à mon retour, je ne veux plus voir tes espèces clous et cette teinture. Compris ?

À présent, c'était des larmes de rages que Toya retenait. Il garda ses lèvres closes, insultant mentalement son père de toutes les insultes les plus grossières qu'il connaissait. Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit de lui interdire de rechercher son frère. C'était si méchant et injuste. Était-ce réellement une mauvaise chose de s'évertuer à retrouver son petit frère ? C'était à cause de lui si Shoto n'était pas là aujourd'hui. S'il était sorti jouer avec lui, rien de tout cela ne serait arriver. Tout irait bien.

Lorsque Toya sortit de son mutisme, son père était parti depuis longtemps.

Et il s'autorisa enfin à pleurer.




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Yoyoyo

Honnêtement, j'aime pas du tout ce chapitre. J'ai ramé pour la rencontre entre Twice et Toga, et copié les dialogues du film. J'espère que ça se voit pas trop gomen gomen ><

Je poste ce chapitre et je commence le suivant, qui sortira sûrement demain !

Ça sera du point de vue de Kai Chisaki (Overhole) !

keur keur les enfants <3

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