Chapitre 4

Keigo et Tenko vidèrent l'entièreté de leurs sacs dans une poubelle, à l'extérieur du lycée. Toya les toisa, envieux. Il devait garder ses affaires intactes, c'était une instruction de sa mère.

-La meilleure sensation au monde ! affirma Keigo.

Toya le regardait sourire du coin de l'œil, et sursauta lorsque Keigo se mit à lui parler.

-Tu le fais pas ? questionna Keigo.

-Pardon ?

-Tu vides pas ton sac ?

Toya soupira en haussant les sourcils, hasardeux.

-J'ai pas le droit. Ça pourrait toujours servir à Fuyumi ou Natsu.

Keigo baissa la tête, un peu sombre. Il aurait aimé avoir des frères et sœurs, et pas être fils unique. La situation devenait tendue entre lui et son père.

Le blond secoua violemment la tête. Il ne devait pas y penser. Le sujet ne devait pas être abordé, il devait se taire.

-Euh, ça va, mec ? lui demanda Tenko.

Keigo releva la tête et cligna des yeux, les sourcils froncés et sur la défensive.

-Oui, pourquoi ça n'irait pas ? aboya-t-il à moitié.

Tenko se recula et fronça les sourcils à son tour.

-Tu étais en train de secouer la tête comme un malade, je demandais juste, marmonna le brun en se grattant le cou.

-Eh bah je vais bien !

-Les gars, les interrompit Toya, y'a la mère de Megumi Anko.

Megumi Anko était une élève de seconde portée disparue depuis une semaine et demie, un peu après Shoto. Les deux garçons sentirent l'ambiance joyeuse tomber très bas, et fermèrent leur bouche le temps de quelques secondes pesantes.

-Elle espère vraiment la voir à la sortie de l'école ? ânonna Keigo, hésitant.

-Comme si elle était restée cachée dans une classe tout ce temps...déclara Tenko.

-Tu crois qu'on va finir par la retrouver ? lui demanda Keigo.

-Bien sûr ! Dans un fossé, en décomposition, recouverte de vers et dégageant la même odeur que des chiottes abandonnées depuis quinze ans !

-La ferme, c'est dégoutant ! glapit le blond.

-Elle est pas morte, coupa Toya. Elle est portée disparue. C'est différent.

Les deux garçons se figèrent. Tenko se rendit compte de sa bêtise, et tapota l'épaule de son ami, un peu penaud.

-Désolé, Toya. Tu sais que je réfléchis pas avant de parler, s'excusa-t-il.

-Le tact, Tenko, le tact ! gémit Keigo en lui frappant le haut du crâne.

Le brun se massa la tête, un peu gêné du blanc causé par sa plaisanterie de mauvais goût. Il tenta de rattraper son coup en changeant de sujet.

-Bon, et sinon, vous voulez faire quoi, pendant les vacances ?

Keigo voulut répondre, mais à peine avait il prononcé un mot que quelqu'un le tira violemment en arrière. Le garçon poussa un cri de surprise et s'étala sur le dos, sur la pelouse. Toya se retourna vivement au cri de son ami, et son visage se durcit à la seconde où son regard croisa celui de Kagami. Evidemment. Ça ne pouvait être que lui.

L'un des acolytes de Kagami émit un rot affreux à deux centimètres de l'oreille de Tenko, qui sursauta et grimaça d'écœurement.

-Bande de ratés ! cria Tetsuo, le pote de Kagami que Toya avait envoyé à l'hôpital.

S'il faisait le fier devant Kagami, il faisait attention à rester bien loin de Toya. Sauf que quand on s'en prenait à ses amis et plus précisément à Keigo Takami, même une centaine de kilomètres n'était pas une protection suffisante.

Toya se dressa devant Kagami, nullement intimidé. De son mètre soixante-treize, il dépassait Kagami de deux centimètres, pour être précis.

-Écoute moi bien, sac-à-merde, tu t'approches de mes amis et c'est pas à l'hôpital que je vais t'envoyer, c'est au cimetière.

Kagami se figea. Ses potes sifflèrent, à la fois impressionnés et indignés par le courage spontané de Toya. Kagami sourit, tremblant d'animosité difficilement contenue.

-Tu l'as eu cool, cette année, à cause de ton p'tit frère. Mais si tu continue à faire le con comme ça, c'est tes potes à toi que tu vas retrouver à l'hôpital. Tu sais que Tetsuo a eu deux dents pétées ? Et son nez est déformé à vie.

Il s'avança lentement vers Toya, jusqu'à ce que leurs torses respectifs se frôlent.

-Je me demande quel tête tu ferais si c'était ton meilleur pote à toi que tu retrouvais dans cet état. 

Toya l'empoigna brutalement par le col de son tee-shirt, fumant littéralement de rage. Une lueur inconnue brillait dans le fond de ses yeux saphir. Cette lueur effraya Kagami, mais ce dernier fit comme si de n'était.

-Oses le toucher et je te cogne tellement que même ta mère pourra pas te reconnaître, fils de pute.

L'insulte fit frémir Tetsuo, qui n'avait soudainement plus du tout envie de s'en prendre à Keigo ou Tenko. Kagami, par contre, prépara son poing pour frapper son rival, excédé, lorsque son regard croisa celui de son père, dans son uniforme de policier. Kagami se figea. S'il s'en prenait à Toya Todoroki, le fils du chef de la police de Derry, et par conséquent le patron de son père, juste sous le nez de ce dernier, il était fini. Son cher papounet allait encore jouer de sa ceinture.

Finalement, mâchoire serrée, Kagami lâcha Toya, et Toya fit de même, tout en continuant de le défier du regard.

-Ça va être un été d'enfer. Pour toi et ta bande de tapettes.

Il passa devant Toya en le bousculant violemment, dans le but de le faire tomber, mais Toya ne bougea pas d'un centimètre, ce qui finit d'énerver Kagami. Son honneur était ébréché. Ce sale gosse allait le payer très cher.

Comme il l'avait dit, ça allait être un été d'enfer pour lui et ses potes. Il en faisait le serment, il allait leur pourrir leurs vacances.

Kagami et sa troupe loin derrière, Keigo infligea à son ami son éternel tape sur la bas du crâne. Toya grogna plus de confusion que de douleur, les sourcils froncés.

-Crétin ! Qu'est ce qui t'as pris, de les provoquer comme ça ?! s'exclama Keigo.

-Je viens de défendre tes fesses, connard, lui cria à moitié Toya à la figure.

-Eh bah mes fesses peuvent très se défendre toutes seules, merci ! s'écria le blond, les joues rosies en comprenant que c'était lui et juste lui que Toya avait défendu contre Kagami.

Et puis il se rendit compte que si Toya l'avait défendu, c'était parce que Kagami l'avait menacé très sérieusement. Et vu le caractère de cet enfoiré, il était tout-à-fait capable de lui faire subir encore pire que ce que Tetsuo avait lui même subi.

-Tu parles, tu tremblais comme une feuille, il t'aurait mis une pichenette, tu serais tombé sur le cul !

-On peut arrêté de parler de mon cul s'il te plait ?! cria Keigo, ne sachant pas quoi répondre.

Toya fit de grands yeux, et les gens autour d'eux les regardèrent bizarrement, dont Tenko, qui les fixait en haussant les sourcils, avec un petit sourire en coin.

-Bon aller, ça suffit tous les deux, et Toya calmes tes ardeurs, on est dehors, je te signale, railla Tenko.

-C'est lui qui a commencé ! l'attaqua Keigo.

Le blond repartit dans un monologue contant les abus verbaux de Toya, son innocence, à quel point Kagami était un bâtard, que leur été allait être gâché, qu'il allait probablement se faire tuer par Kagami à cause de Toya...

Ce dernier administra une chiquette à son meilleur ami en souriant doucement. Keigo l'insulta, et Tenko râla, comme quoi il ne fallait dire de gros mots. Keigo s'enflamma, et se lança dans une récitation des insultes les plus vulgaires qu'il connaissait. Tenko s'indigna gentiment, et répliqua aussitôt.

Toya les regardait, en souriant légèrement, pensif. Il aimait énormément ses amis, et ça, tout le monde le savait, y compris Kagami. Rien qu'à voir la façon dont il avait réagit aujourd'hui, en crachant quasiment au visage de son ennemi, qui avait menacé de les blesser.

Kagami allait se servir de ça contre lui. Toya en était certain. Mais après ce qui était arrivé à Shoto, il ne laisserait plus personne s'en prendre à ses êtres chers.

Tout comme Kagami avait juré de les envoyer en enfer, il jura de les protéger quoi qu'il arrive.

Ce que Toya ne savait pas, c'était que ce n'était pas de Kagami qu'il allait devoir les protéger, mais de quelque chose de pire, bien pire.






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Merci d'avoir lu !

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