Chapitre 15


Keigo Takami poussa délicatement la porte de sa chambre en prenant soin de ne faire aucun bruit en la fermant. Son père dormait dans son fauteuil d'après les ronflements sourds qu'il avait entendu, alors que la télévision était toujours allumée.

Le blond posa son sac sur son lit, soulagé. Il ignorait quelle aurait été la réaction de son géniteur à la vue de ses vêtements humides, sans parler de sa nouvelle coupe. Probablement mauvaise. Keigo n'en doutait pas une seule seconde.

L'adolescent s'allongea sur son lit, bras et jambes étendus en X. Il écarta une mèche blonde de son visage en soufflant dessus, pensif. Aujourd'hui, tout comme la veille, avait été une journée chargée en émotions. Et encore, ce n'était que la matinée. Keigo se demanda si ces vacances lui réservaient encore d'autres surprises, rêveur. Jin et Himiko en constituaient une, et une bonne. Sa quasi-noyade, elle, pas vraiment.

Sa mèche blonde et mouillée lui retomba sur le visage. Agacé, Keigo la chassa du revers de la main, avant de se rappeler qu'il était lui même tout mouillé.

Je ferais mieux de prendre une douche.

Keigo se leva de son lit, se dirigea vers son placard, y piocha des sous vêtements propres, un t-shirt et un short. Ceci fait, il ouvrit la porte de sa chambre, lentement, pour ne pas la faire grincer. Le blondinet trottina dans le couloir à pas de loup, et entra dans la salle de bain. Il ferma la porte avec tout autant de précautions et posa ses affaires sur la cuvette des toilettes fermée au préalable.

Il commença tranquillement à se déshabiller, tout en fredonnant une chanson en anglais, que sa mère lui chantait souvent étant enfant. Il déboutonna sa chemise, la jeta dans un coin, mais s'arrêta brusquement en entendant un gargouillis métallique. Perplexe, Keigo pivota la tête, cherchant l'origine de ce bruit. Il finit par se rendre compte que ça ne pouvait venir que du lavabo, et s'avança vers l'engin, intrigué et ennuyé. Il espérait vraiment qu'il n'était pas bouché, il avait horreur d'appeler le plombier.

- Keigo. . . souffla une voix enfantine. Aide moi !

Le concerné fronça les sourcils. C'était lui, ou bien une voix d'enfant se cachait dans son lavabo et avait murmuré son nom ?

Keigo s'approcha de l'évier, méfiant. Il plaça ses deux mains en travers de la céramique et avança son œil, frémissant à chaque chuchotement étouffé. La voix enfantine vira à une voix grave, beaucoup trop grave pour être naturelle. Comme hypnotisé, Keigo raccourcit la distance déjà courte séparant son œil de l'orifice. Une odeur infecte s'en dégageait, et d'immondes saletés l'entravait, si bien que le blond ne put rien distinguer.

Keigo redressa la tête, absorbé par ses pensées. Il réfléchit quelques secondes, avant de faire son choix et de se diriger vers la porte.

Sur la pointe des pieds, le blondinet s'avança vers son salon, et plus précisément vers un tiroir dans le buffet. Avec mille précautions, il l'entrouvrit en forçant légèrement, lançant très régulièrement des coups d'œil anxieux à son père qui dormait profondément. Keigo saisit un mètre, referma rapidement et silencieusement le tiroir et retourna vers la salle de bain. 

Keigo replaça une mèche blonde derrière son oreille, en proie à un stresse suffoquant sans en connaitre la raison. Il se positionna devant le lavabo, et étira le mètre. Il l'incrusta dans l'étroite ouverture et l'allongea, attendant que celui-ci touche le fond et se bloque.

Sauf que le mètre ne s'arrêta pas. Interloqué, Keigo continua de l'étirer anxieusement, de plus en plus vite.

Toujours pas. Le mètre s'enfonçait dans l'orifice, sans jamais toucher le fond, jusqu'à arriver à sa limite. Keigo tenta de forcer, mais le mètre ne s'étirait plus. Le jeune garçon ferma les yeux et inspira un bonne bouffée d'oxygène, essayant en vain de calmer son coeur qui tambourinait dans sa poitrine.

L'adolescent commença alors à remonter le mètre. Les premières secondes se passèrent sans encombre. 

Ce fut après que tout se gâta.

Keigo remarqua que la bande métallique était emmêlée de. . . Cheveux ? immondes, rouges, collées les uns aux autres. À mis chemin entre le dégoût et la peur, le blond tira plus fort et plus vite. Le mètre était cassé. La bandelette métallique était entravée de cheveux rêches et poisseux, enfoncés dans la bonde du lavabo.

Une grimace écœurée se dessina sur le visage blafard du blondinet.

Putain de dégueulasse. 

Il n'eut pas le temps de formuler une autre pensée. Les cheveux avaient soudainement pris vie et lui agrippèrent violemment le poignet, l'enserrant si fort que Keigo poussa un gémissement de douleur et de surprise. D'autres cheveux, semblables à des lianes solides et gluantes, vinrent lui saisir l'autre poignet, le faisant basculer en avant et s'accouder sur la céramique. Keigo se retint de crier.

Des cheveux sortirent de la bondes en masse, bruns et englués tous ensemble. Ils lui lièrent les genoux, s'accrochèrent à son cou en lui comprimant la gorge. Keigo toussa et hurla sans retenue, terrorisé et horrifié. Les cheveux humides le rapprochèrent péniblement de l'orifice malgré la résistance paniquée de Keigo, en larmes et appelant son père à grands cris étouffés.

Son œil doré à deux centimètres de la bonde, Keigo crut mourir en voyant du sang, noir et épais, s'échappa de l'ouverture. Il hallucinait. C'était impossible.

Et pourtant si. Le sang explosa littéralement, éclaboussant le visage du blond au bord de la crise de nerfs, et aspergea les murs de la salle de bain. Les cheveux lâchèrent Keigo qui bondit en arrière, tremblant et hurlant. Le blond recouvert de liquide rouge qui lui collait à la peau trébucha sur sa baignoire, et se réfugia à l'intérieur, ses genoux striés de coupures repliés contre son torse nu, dégoulinant de sang, pleurant pour que tout ça ne soit qu'un cauchemar et non l'affreuse réalité qu'il était en train de vivre. 

Le sang cessa brusquement de gicler, alors que les murs de la salle de bain ruisselaient, entièrement recouvert de rouge nauséabond. La même voix écorchée qui avait intrigué Keigo quelques minutes plus tôt retentit, l'appelant, le hélant, le suppliant de le rejoindre flotter. Mais Keigo se boucha les oreilles, couvrant les grognements rauques de ses propres gémissements d'agonie.

Pitié, que tout ça s'arrête

Je vous en supplie

Arrêtez

S'il vous plait

- Keigo !

Le blond redressa la tête en tremblotant. Jamais il n'avait été aussi heureux de voir son paternel. 

Son père parcouru la pièce du regard, puis s'avança vers son fils.

- Qu'est ce qui se passe, ici ? 

Le blondinet trembla un peu plus fort, à deux doigts de piquer une crise. Devait il vraiment lui expliquer alors que la pièce était rouge de sang ?

- L-le lavabo, murmura-t-il d'une voix chevrotante. Il, il. . . Le sang ! Il. . . 

Parler lui coûtait un effort harassant. Sa gorge lui semblait bouillante, comme si des pics acérés lui tailladaient la peau à chaque mot prononcé. Horrible sensation, mais ce lui dit son père fut encore pire.

- Quel sang ? De quoi tu me parles, Keigo ? 

Le jeune garçon lui fit les yeux ronds. De quoi il parlait ? Quel sang ?

- Le s-sang dd-dans le lavabo, il, il y avait. . . 

Son père le regarda comme s'il était fou. Mais il n'était pas fou, il y avait du sang, il y en avait partout. Il en était recouvert, poisseux, collant. 

- I-il y av-vait des voix, et, et. . . et. . . 

Son géniteur s'approcha de lui, et s'accroupit pour se retrouver à la même hauteur que son fils. Instinctivement, Keigo voulut reculer, mais son dos était déjà plaqué contre le mur.

- T-u le v-vois pas ? Tu l-le vois p-pas ? 

- Je m'inquiète pour toi, Keigo, l'interrompit son père, soucieux. Je m'inquiète beaucoup. 

- Mais tu ne le vois pas. . . ? craqua le blond.

Des larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues tachées de sang. Son géniteur avança sa main vers son front, et déplaça une mèche blonde désormais rouge écarlate.

- Pourquoi tu as fait ça à tes cheveux ? gronda-t-il. On dirait un garçon, maintenant. 

Keigo le fixa d'une mine épouvantée. Insensible, son père se releva, le toisa froidement, puis quitta la pièce en claquant la porte. "Ne me laisse pas tout seul" cria le plus jeune, apeuré. Il se rendit compte qu'il avait pensé cette phrase, qu'il n'avait pas pu parler.

Keigo se mit à pleurer.




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J'ai la haine contre le daron de Keigo. Genre, vraiment.

La prochaine victime sera Toya ! Ensuite, les ratés vont nettoyer la salle de bain de Keigo (présence de DabiHawks dans ce chapitre !) et enfin (enfin) ils vont rencontrer Kai ! Il m'avait manqué ☆

Merci d'avoir lu ! 

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