Chapitre 10

Jin se cramponna au dos du blond, réalisant tant bien que mal ce qui venait tout juste de se passer. 

Il s'était fait courser par un garçon décapité, puis par Kagami et ses extras, qui lui avaient gravé une lettre sur son ventre, avait réussi à s'enfuir, pour finalement se faire aider par la bande des ratés. C'était comme ça que tout le monde les appelait, au lycée, même si Jin trouvait les trouvaient plutôt cools, et pas du tout ratés. Il ne leur avait jamais adressé la parole, sauf à Keigo, et encore, c'était juste parce qu'ils avaient dû se mettre ensemble pour rendre un devoir de mathématiques. Et mis à part la nullité légendaire de son camarade, ils n'avaient eu aucun problème. Au contraire, le blond avait été plus gentil avec lui que tout ses camarades de classe réunis. En revanche, en ce qui concernait les deux autres membres, il les avait toujours trouvé effrayants. Badasses, mais effrayants. Surtout le Todoroki.

Une secousse brutale l'interrompit dans sa rêverie, et Jin s'accrocha un peu plus fort aux vêtements du conducteur.

-Ça va ? T'inquiète, on est bientôt arrivé, lui assura Keigo, un sourire rassurant aux lèvres.

Les trois vélos venaient en effet d'arriver en ville, et s'engagèrent dans une ruelle dépourvue de passant. Ils descendirent de leurs vélos respectifs, et Jin s'écroula au sol, éreinté et le ventre douloureux. 

-Vous savez qu'il y a plein de seringues infectées par le sida dans les ruelles ? Vous le savez hein ? pépia Tenko. Une amie de ma mère l'a attrapé en touchant un poteau contaminé dans le métro de New-York ! Le sida s'est propagé dans tout son corps, à partir de ses doigts ! De ses doigts ! Et, on peut amputer une jambe, un bras, mais le ventre ? Comment amputer le ventre ?!

-C'est pas le moment, 'Ko, le stoppa Toya en s'agenouillant près de Jin.

Il examina la blessure quelques secondes, puis se releva comme une flèche. Fuyumi l'avait déjà soigné lui et Keigo des tonnes et des tonnes de fois lorsqu'ils étaient enfants, et  il savait donc à peu près comment s'occuper d'une plaie.

-Tenko, tu restes avec lui. Kei', tu viens avec moi, on va acheter des trucs à la pharmacie, déclama-t-il, très calme.

Tenko le regarda avec des gros yeux, la bouche ouverte, tandis que Keigo obéit sans discuter et accouru vers son ami. Les deux compères filèrent vers la pharmacie la plus proche sans laisser le temps à Tenko de contester les décisions de Toya. Ce dernier leva les bras au ciel et soupira, agacé. Puis il se tourna vers Jin, assis au sol. Il lui faisait quand même un peu de peine, avec son tee-shirt sanglant et son visage barbouillé de terre.

-Content de t'avoir connu avant qu'tu meurs, déclara-t-il, les bras ballants.

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Keigo s'empara d'une boîte de cotons, de bandages, de compresses, et d'une bouteille de désinfectant, tenant le tout dans ses bras. Il pivota alors vers Toya, qui comptait le montant de l'argent qu'ils avaient sur eux.

-On a assez pour tout ça ? demanda Keigo.

-C'est tout ce qu'on a, lui annonça le brun en lui montrant les trois billets qui, de toute évidence, n'étaient pas suffisants.

-T'es pas sérieux ! Comment on fait ?

Toya réfléchit quelques instants.

-Tenko a pas un compte, ici ?

-C'est celui de sa mère, et au cas où tu l'aurais pas remarqué, Tenko est pas là ! cingla le blond.

-Excuse moi de chercher une solution ! répondit Toya, agacé.

Keigo s'apprêtait à répliquer lorsqu'une jeune fille blonde débarqua sans prévenir dans leur rangée. Le blond la reconnut au premier coup d'œil, c'était Himiko Toga, une fille de leur lycée. Un silence s'installa dans la rangée, durant lequel les trois adolescents se regardèrent dans le blanc des yeux.

-Euh, ça va ? hasarda Keigo, mal à l'aise.

Himiko se racla la gorge, et baissa les yeux au sol.

-Oui, ça va. Euh. . . Qu'est ce que vous faites ? essaya-t-elle.

-Rien, c'est pas tes affaires, rétorqua Toya.

Ce dernier se prit un coup de coude dans les côtes, et poussa un grognement de douleur.

-Y'a un garçon dehors qui a faillit se faire tuer, avoua Keigo. Il nous faut des pansements, mais on n'a pas de quoi payer. Tu peux nous aider ?

Cette fois, ce fut Keigo qui reçut un coup de coude, mais il n'y fit pas attention, et garda ses yeux fixés sur son interlocutrice. Himiko réfléchit quelques secondes, puis hocha la tête, à la plus grande surprise des deux amis.

-Bougez pas, ordonna-t-elle. Je vais distraire le pharmacien. 

Elle passa devant eux sans leur laisser le temps de dire un mot, et s'avança vers la caisse, décidée. Puis elle réalisa ce qu'elle avait accepté, et paniqua intérieurement. Distraire le pharmacien ? Rien que d'y penser, elle avait envie de vomir. Mais elle n'avait pas le choix, elle avait consentit de son propre chef d'aider ces garçons. Elle ne pouvait plus reculer.

Himiko étouffa un juron, et posa son paquet de tampons sur le comptoir. Parce que oui, elle n'était pas venue ici pour acheter des pastilles pour la gorge, mais bien des tampons. Elle n'avait pas honte, mais qu'est ce qu'elle pouvait être gênée !

Le pharmacien lui adressa un sourire, qui fit apparaître ses dents jaunâtres. Himiko se força à lui sourire elle aussi, et prit une grande inspiration.

-J'aime beaucoup vos lunettes, Mr Huroko. Vous ressemblez à Clark Kent, avec.

Le pharmacien eut un petit rire rauque, et remonta lesdites lunettes sur son nez.

-Oh, je n'en suis pas si sûr ! 

-Est ce que vous croyez qu'elles m'iraient ? demanda Himiko en se penchant légèrement en avant.

-Tu peux les essayer, si tu veux, lui dit-il en lui tendant ses lunettes.

Himiko prit soin de ne pas toucher les mains de l'homme qui se tenait en face d'elle lorsqu'elle attrapa les lunettes, et les posa sur le bout de son nez.

-Qu'est ce que vous en dites ? 

-Voyons voir, dit le pharmacien en se penchant un peu trop en avant. Tu ressembles à Lois Lane !

Il conclu son affirmation d'un grand sourire, que Himiko trouva tordu. Son sourire à elle se figea, et elle retira les lunettes, pressée d'en finir.

-Merce de m'avoir laissée les porter, minauda-t-elle.

En lui tendant ces lunettes, elle poussa consciencieusement un réceptacle en plastique contenant des prospectus, qui vint s'écraser par terre. 

-Oh, pardon ! s'excusa-t-elle, pas le moins du monde désolée.

Le pharmacien lui jeta un regard noir, avant de se reprendre.

-Ce n'est pas grave, ça arrive.

Il se baissa pour ramasser les prospectus, et Himiko tourna la tête vers les deux garçons qui attendaient. Elle leur adressa un signe de tête, et les deux amis filèrent sans un bruit. Himiko eut un réel sourire amusé. Même si séduire un homme d'une quarantaine d'années ne lui avaient pas plu du tout, elle était contente d'avoir aider ces deux garçons.

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-Suce la plaie ! ordonna Keigo.

-Laisse moi me concentrer ! glapit Tenko. Et tais toi un peu !

-T'es sûr qu'il faut pas sucer la plaie ?

-Arrête avec ça, c'est dégoûtant ! Et je m'y connais mieux que toi, je te signale !

-Qu'est ce que ça peut faire ?

Jin se massa les tempes, fatigué du bruit que faisaient les deux amis. Tenko, c'était comme ça que Keigo l'avait appelé, lui faisait tant bien que mal un bandage, alors que Keigo lui-même ne cessait de gazouiller comme quoi il fallait sucer la plaie.

Une seconde.

Sa plaie ?

-Hors de question ! s'écria Jin, se redressant brusquement contre le mur.

Les deux adolescents levèrent la tête vers lui, surpris.

-Jin ? fit une voix féminine.

Ledit Jin tourna la tête, et crut qu'il allait s'évanouir.

C'était Himiko.

Sérieusement, il fallait vraiment qu'elle le voit dans cet état ? Dieu était vraiment contre lui, aujourd'hui.

-Ça va ? Ça a l'air de faire mal, s'inquiéta-t-elle en s'avançant vers lui.

Jin rougit, et se força à sourire, gêné.

-Oh, euh, non, ça fait pas mal, je suis tombé ! bafouilla-t-il en se tordant les mains.

-Ouais, dans les mains de Kagami ! corrigea Tenko.

Himiko fronça les sourcils, de plus en plus inquiète. Kagami était vraiment allé très loin, le tee-shirt de Jin était en sang et couvert de terre. Lui et sa bande l'avaient trainé dans la boue ?

-T'inquiète, il va bien, maintenant ! On s'est bien occupé de lui ! affirma Keigo. Merci encore, pour la pharmacie !

-De rien. On pourrait. . . peut-être se revoir ? risqua-t-elle.

Himiko se mordit la joue. Comme si ils pouvaient avoir envie de revoir quelqu'un comme elle !

-Ouais, pourquoi pas ! Demain, on pensait aller à la Carrière, si ça te dit ! accepta Keigo en souriant.

Tenko parut surpris de l'initiative du blond, mais Himiko n'y fit pas attention. 

-D'accord. Je verrais ! Merci ! conclut-elle.

Elle jeta un dernier regard à Jin, puis laissa les garçons dans la ruelle d'un pas léger.

-Sérieusement, Keigo ? Himiko Toga ? railla Tenko une fois que la jeune fille eut disparue.

-Bah quoi ? Qu'est ce qu'elle a fait ? demanda Keigo, surpris.

-T'es pas au courant ? A ce qui parait, elle s'est tapée la moitié du lycée ! affirma Tenko.

-Ça prouve pas grand chose, intervint Toya.

-Ce ne sont que des rumeurs ! rajouta le blond.

-Oui, mais quand même !

-C'est pas vrai, coupa Jin. Je lui ai déjà parlé. Elle est pas comme ça.

Tenko ferma son clapet, dépassé par le nombre. Il avait une fois de plus manqué de tact. Cette fille les avait aidé, que les rumeurs soient vraies ou pas. C'était bête et méchant de s'en prendre à elle après ça, encore plus dans son dos.

-Ouais, bon, peut-être. Mais, Keigo, depuis quand on va à la Carrière ?

-Depuis aujourd'hui, déclara le blond. Pourquoi, tu voudrais aller où ? Dans les égouts ?

-Sûrement pas ! 

-Alors bouge toi le cul et remet le nouveau sur pieds ! s'exclama le blond en poussant son ami vers le blessé. 

-Arrête de faire ton numéro, je sais ce que je fais ! assura Tenko en s'agenouillant à nouveau.

-Suce la plaie, qu'est ce que t'attends !





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Merci d'avoir lu !

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