Chapitre 7
"C'était la première fois que je sentais le vent contre ma joue. La première fois depuis bien trop longtemps. J'avais oublié à quel point cela pouvait être agréable. Je n'ai peut-être pas le meilleur des vécus, mais contrairement aux gens je n'ai pas oublié ces petits plaisirs tels que la lumière du jour, la chaleur du soleil ou le froid de la pluie."
Le garçon fut tiré de son sommeil par une voix grave remplie de mépris ainsi qu'un violent coup de pied dans les côtes.
"Debout Sujet 13."
Il ouvrit alors les yeux, se redressant brusquement. Cet uniforme, ces armes et ces protections étranges... Ils étaient revenus le chercher, comment l'avaient-ils retrouvé ? Peut-être avait-il une puce leur permettant de le géolocaliser. Ce n'était pas le moment de penser à cela. Ils étaient une bonne dizaine à l'encercler, et se servir de son alter pour autant de personnes n'était vraiment pas une bonne idée. Qu'importe, il était sur-entraîné, grâce à l'entraînement militaire qu'il avait reçu, et il avait eut droit à une nuit réparatrice pour une fois. Le nombre d'adversaires ne devrait pas poser de problème, en revanche il était désarmé alors qu'eux étaient désarmés jusqu'aux dents. Ni une ni deux, il s'approcha en un éclair d'un des hommes, et subtilisa deux types différents de grenades de sa ceinture. Il en dégoupilla une première et la fit tomber contre le sol, libérant une pulsion bleutée.
"Tous nos systèmes électroniques sont hors d'usage, utilisez vos armes de poing"
Le blanc frappa la trachée de l'homme derrière lui du tranchant de la main, puis il lui attrapa le poignet afin de lui faire une clé de bras. Les hommes tirèrent sur le garçon, bien à couvert derrière le soldat qui prenait toutes les balles à sa place. L'homme ayant un gilet pare balle, il n'avait absolument rien. Le garçon dégoupilla l'autre grenade et la jeta au sol avant de tordre le cou du soldat qu'il retenait. Il se couvrit les yeux, tandis que petite bombe au sol explosa en un violent et puissant flash lumineux. Bien que certains avaient les yeux protégés, pour la plupart d'entre eux ce n'était pas le cas. Le jeune albinos observa ses adversaires en un clin d'œil, il décida de d'abord s'attaquer à ceux aveuglés. Il attrapa donc un couteau de combat sur l'homme qu'il avait tué, et trancha en un vif mouvement la gorge d'un des hommes aveuglés. Ses déplacements étaient vifs, fluides et imprévisible à la fois, ils en avaient fait une parfaite machine à tuer, et cela se retournait contre eux. La lame du garçon se dirigea rapidement vers la gorge de l'un d'entre eux, mais elle se stoppa net et recula brusquement. Un soldat avait approché Harumi par derrière et l'avait mit au sol, l'empêchant de faire couler à nouveau le sang d'un de ses collègues. À peine à terre, ils ne lui laissèrent pas le temps de réfléchir ou de riposter, l'un d'entre eux lui enfonça une seringue dans le bras, venant déverser un mystérieux produit dans les veines.
-Bande d'enflures... Je ne retournerai pas là-bas laissez-moi !
La dose de somnifère n'avait pas été assez puissante, mais au moins il n'avait plus la force de se débattre. Sa vue fut soudainement troublée par un voile en tissu noir, mais il ne semblait pas si surpris que cela. Ils lui avaient sans doute mis ce fameux sac noir sur la tête. Il tentait de se débattre mais ne parvenait qu'à faire de très légers mouvements, rien qui puisse l'aider à se libérer. Après un trajet étrangement court, l'adolescent sentit un choc comme si on l'avait jeté au sol.
"Il est à vous monsieur."
Avait-il entendu malgré le fait que les voix lui paraissaient comme étouffées à cause du sac sur sa tête. Une violente lumière vint alors lui agresser les pupilles, l'obligeant à fermer les yeux, on avait visiblement brutalement retiré le sac de sa tête. Difficilement, il pût reconnaitre la silhouette de Zao qui devenait plus nette au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient.
-Bon retour parmi nous, Sujet 13. J'espère que tu as apprécié ta petite balade.
Dit-il en fronçant les sourcils, un sourire amer, témoignant son mépris envers le garçon.
-Tu me déçois Sujet 13.
Lorsqu'il eut fini sa phrase, il infligea un puissant coup de pied dans la mâchoire de l'albinos, le mettant directement au sol. Le garçon toussa, tentant de se remettre tant bien que mal du coup de ranger qu'il venait de recevoir. Le sang glissait de sa bouche jusqu'à son menton avant de maculer le sol de son rouge écarlate.
-Je m'appelle Harumi.
Articula difficilement le blessé en toisant son tortionnaire de toujours d'un regard froid et menaçant. Zao tiqua, levant un sourcil de manière hautaine en réponse à la provocation de l'adolescent qui visiblement ne lui avait pas plu. Il sortit alors une arme à feu, un revolver de sa poche, et pointa le canon vers le crâne de Harumi.
-Quel dommage Sujet 13... Je vais devoir te tuer, c'est un tel gâchis...
Les yeux rouges du garçon s'écarquillèrent. C'était la fin ? Il repensait à la douce brise nocturne qui lui avait délicatement caressé la joue cette nuit là, il avait eu l'impression que la plus douce des soies s'était frotté contre lui. Il repensa aux lumières de la ville, aux bruits environnementaux, à sa promesse de libérer tous les détenus. Non, il ne pouvait pas mourir, pas comme ça. La balle fût pourtant propulsée du canon, transperçant son crâne qui tomba bien vite au sol tandis que son regard désespéré devint rapidement vide d'expression.
Le coeur battant la chamade, le garçon se releva en sursaut. Il avait sué à grosses gouttes, et ses mains tremblantes étaient la preuve qu'il était encore en vie. Il inspecta alors la pièce du regard. Il se trouvait toujours dans l'entrepôt abandonné, comme il y faisait jour on pouvait y voir les quelques tags et bouts de verres étalés un peu partout à l'intérieur grâce aux faisceaux de lumière orangé du levé de soleil. Il en était sûr maintenant qu'il avait les idées claires, bien que réaliste ce lugubre scénario n'était qu'un cauchemar.
Harumi colla son dos contre le mur, relevant la tête en direction du plafond. Il se plongeait dans ses pensées pour remettre un peu d'ordre dans son esprit, c'était important s'il voulait pouvoir rester en cavale sans se faire attraper. De l'argent, il lui fallait avant tout de l'argent si il voulait pouvoir survire. Il avait prévu de se rendre à la banque aujourd'hui, pour faire quelque chose de mal certes, mais qui lui permettrait de survivre. Il se leva alors et s'étira avant de marcher vers la sortie, il devait se méfier et ne pas se faire voir. Il sortit donc furtivement du bâtiment dans lequel il se trouvait et se mit en marche, prenant soin d'éviter les rues trop fréquentées tout en restant le plus naturel possible afin de ne pas attirer l'attention. Alors qu'il marchait, il sentit quelque chose appuyer sur son dos.
"Je t'ai enfin retrouvé. Avance et tourne à la prochaine ruelle, elle est en travaux."
Chuchota une voix grave et menaçante. Harumi se laissa alors guider jusqu'à cette ruelle sombre, étroite et à l'abri des regards. Trois hommes étaient déjà présents et regardaient le garçon avec une expression d'amusement teinté de sadisme.
-Ta petite balade t'a plu, Sujet 13 ? On a eu du mal à te retrouver, tu vas te rendre maintenant.
Il le savait, son rêve avait été un avertissement. Mais il avait tout prévu cette fois, il n'était pas prit par surprise comme dans son rêve. Il avait au préalable pis soin de dissimuler trois gros morceaux de verres dans sa poche, et un peu de sable qui était présent sur le sol de l'entrepôt. Tout pouvait servir à distraire ou aveugler l'ennemi, c'était la base de sa formation de super soldat. Cinq adversaires, trois devant, deux derrière. Ils n'étaient pas lourdement armés et leurs protections n'étaient que légères, ça allait être facile. L'adolescent ne leur laissa même pas le temps de parler, il ne prit même pas la peine de répondre et balança deux morceaux de verres derrière lui, touchant les deux personnes au bras avec lequel ils tenaient leurs armes, les faisant tomber au sol tout en se retenant de hurler de douleur.
Il attrapa ensuite une poignée de sable et la lança au visage des gens devant lui, les aveuglant temporairement. Il récupéra les deux pistolets au sol, ils étaient munis de silencieux. Tant mieux il ne voulait pas attirer l'attention. Il brandit ses pistolets dans la direction des deux groupes et tira dans la tête de deux hommes en même temps.
-Plus que trois.
Il pressa la détente mais était déjà à court de munitions, ils avaient visiblement prévu l'éventualité qu'il leur prendrait leurs armes. Il attrapa le bout de verre dans sa poche et vint égorger l'homme qu'il restait derrière lui. Puis il s'approcha des deux autres comme si la mort dansait en se répandant dans la ruelle et telle la foudre qui fendait l'air, se déplaçait rapidement vers eux. Il égorgea l'un des deux hommes restant et s'approcha du dernier lentement, tandis qu'il se frottait les yeux, n'ayant toujours pas recouvré la vue.
-Voilà ce qui arrive quand on est négligeant avec l'équipement et la main d'oeuvre déployée pour récupérer un adolescent qui a reçu un entrainement intensif de super soldat toute sa vie.
Déclara l'albinos en lui lançant le morceau de verre en plein coeur. Harumi soupira, il avait encore été poussé à tuer. Il détestait ça, enlever une vie était à ses yeux comme enlever la sucette d'un bébé, il n'avait rien demandé mais on lui retirait. Oui, il avait retiré la sucette de nombreux bébés par le passé, des bébés morts de l'intérieur qui voulaient eux aussi lui voler sa sucette. Mais il n'avait pas eu le choix, et tuer ces gens était moins désagréable que de tuer ses camarades comme il devait le faire deux fois par mois.
Le blanc fit craquer son cou et attrapa les morceaux de verre qui lui avaient servi. Il les lança bien plus loin juste au cas où. Bien qu'il n'était normalement pas fiché dans les fichiers de la police c'était de simples précautions. Il avait toujours été précautionneux, parfois trop même au point qu'il frôlait la paranoïa. Mais il valait mieux être trop prêt que pas assez. Il déploya sa capuche sur sa tête, cachant son visage d'un voile d'ombre qui le recouvrait.
L'adolescent se mis alors à marcher, se perdant dans l'insupportable mer agitée qu'était la foule aux heures de pointe. En effet, le soleil ne s'était pas levé depuis longtemps, tout le monde allait donc au travail. Il ne faisait pas vraiment attention à eux, bien trop occupé à tripoter son précieux collier de Yin et de Yang. Pourquoi vivait-il encore ? Pourquoi LUI en particulier avait-il eu la chance de pouvoir s'échapper et pas un autre ? Ces questions tournaient en boucle dans sa tête comme un lointain écho qu'on aurait hurlé depuis les hauteurs des montagnes. Il fût obligé de laisser ces pensées de côté lorsqu'il remarqua un bâtiment surélevé par plusieurs marches, avec écrit en gros "Bank'ing, la banque où les clients sont rois". Plus il montait les marches, moins il était décidé à braquer cette banque. Tandis qu'il se posait des questions sur la nature de son acte, une jeune femme dans la trentaine l'accueillit avec un faux sourire.
-Bonjour monsieur, en quoi puis-je vous aider ?
Et si l'argent qu'il allait dérober allait servir à sauver des vies ? Et s'il était précieux pour quelqu'un ? Il ne répondit pas, bien trop occupé à constater à quel point le sourire de la femme paraissait faux, un simple sourire de politesse. Visiblement elle n'excellait pas dans le mensonge pour qu'il le remarque aussi facilement. Lui on lui avait tout appris. On lui avait enseigné tout ce qu'il y avait à savoir, on lui avait appris à mentir pour les futures missions d'infiltration, on lui avait appris à faire une bombe artisanale à partir de rien, on lui avait bourré le crâne d'informations, de langues étrangères, de techniques de combat redoutables et bien plus encore... On l'avait transformé en une réelle machine à tuer, une machine qui s'était échappé loin de ses créateurs. Mais si ils ne voulaient pas coopérer ? Il devra les tuer ? Hors de question, pas question d'avoir encore du sang d'innocents sur les mains, pas question de continuer à faire ce pourquoi on l'avait créé. Faire le mal était au dessus de ses forces, il s'était échappé aussi pour arrêter d'être forcé à ça. Il n'allait pas braquer la banque, et rebrousser chemin.
-Non... Je pense que ça ira. Merci madame.
Il fit alors volte face et vit un homme au visage masqué entrer dans la banque armé d'un pistolet.
-Que personne ne bouge ! Je n'hésiterais pas à me servir de mon Alter et de ce flingue si jamais quelqu'un fait mine de jouer les héros !
Un homme coiffé d'une casquette de policier sortit son pistolet et le pointa en direction du braqueur, mais c'était trop tard. Le canon du pistolet détenu par l'homme fit retentir une puissante détonation. La balle fendait l'air à une vitesse phénoménale. Personne ne devait jouer aux héros, c'était maintenant clair pour Harumi. Mais lui, il était un héros de l'ombre. En une fraction de seconde, il tendit son bras vers le policier, la balle s'immobilisa en plein milieu de sa course. Le bras tendu et les yeux froids et sévères, il foudroya le braqueur du regard.
-Franchement tu me gonfles. Si tu veux tirer sur quelqu'un tires-toi dessus directement et arrête de faire chier les gens espèce de merdeux.
Pesta l'albinos d'une voix sèche et méprisante.
-Quoi ?! Attends toi, tu vas voir !
L'homme dirigea son canon vers le blanc, qui tendit sa paume de main vers le ciel et releva l'index. L'arme s'échappa des mains du masqué et vint lui claquer fortement le menton, l'assommant sur le coup. Le garçon mis ses mains dans ses poches.
-Le K.O du boxeur, tu connais ?
L'homme qui s'était fait tirer dessus attrapa la balle encore en suspension dans les airs et la rangea dans la poche de sa veste. Il accouru ensuite vers le braqueur en décrochant les menottes qui pendaient à la ceinture de son pantalon de fonction et se pencha pour attacher les mains du criminel. Il avait enfreint la loi qui interdisait les gens d'utiliser leur Alter sans permis. Ils allait peut-être se faire arrêter, et fiché, ils le remettront ensuite sans doute au C.R.D.M.A lorsqu'ils verront qu'il vient de là-bas, ils le renverront. Non, il ne se laissera pas faire. Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça, c'est comme si son corps ne lui avait pas obéi. Mais au moins, il avait fait une bonne action dans ce monde, ça lui prouvait bien qu'il n'était pas fait seulement pour ôter des vies.
- Et voici l'Héroïne interdite au moins de 18 ans, Midnight !
Fit une voix de femme à l'extérieur. Très vite, le propriétaire de la voix entra dans la salle, dévoilant de longs cheveux noirs et pointus. Elle était habillée comme une véritable amatrice dominatrice de SM. Elle constata alors le corps de l'individu allongé sur le sol.
-Ne vous faites pas de soucis Midnight, ce garçon est intervenu et il nous a tous sauvé.
Déclara un homme dans la foule en désignant Harumi.
-Oui c'est vrai, c'est un héros ! C'est votre apprenti ?
La jeune femme s'avança vers l'albinos et le dévora du regard.
-Comme tu es craquant toi avec ces cernes et ce regard sévère. Mais dis moi, tu as un permis pour avoir utilisé ton Alter ?
Elle avait bien pris soin de chuchoter la dernière réponse. Et voilà, elle lui avait posé la fameuse question. Il allait répondre que non, et allait se faire embarquer.
-Non. Je ne sais pas ce qui m'a pris... C'est inexplicable.
Les doigts vernissés en rouge de la jeune femme vint frotter affectueusement les cheveux du garçon.
-Ton corps a bougé seul c'est ça ? Tu es un vrai héros.
Déclara ladite Midnight avant de se tourner vers la foule.
-Oui, c'est mon apprenti mais il préfère ne pas se faire remarquer, je vous demanderai donc de ne pas parler de lui, pour sa propre sécurité.
Ces mots marquèrent à jamais Harumi, qui avait désormais la bouche entrouverte. S'il pouvait encore pleurer, il aurait pleuré de joie. Il avait trouvé quelqu'un qui se moquait des règles et faisait simplement ce qui lui semblait juste. Quelqu'un de confiance. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait bien.
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