Chapitre 10

Il était peu avant 21 heures lorsque Aizawa toqua à la porte de Mami. Alors qu'il ouvrait la porte, il la retrouva assise sur son lit, tenant dans ses mains un oreiller.

- Oh, Aizawa, c'est vous, dit-elle en se concentrant à nouveau sur le coussin.
- Etonnant, vu que je vous ai dit que je viendrais vous chercher, lui répondit-il en s'appuyant sur le chambranle de la porte.

Elle lâcha un petit rire et redressa le regard vers lui.

- Vous êtes toujours aussi cynique ou c'est juste pour vous donner un genre ?

Il esquissa un petit rictus avant de répondre.

- Non, c'est juste avec vous. Et vous, vous êtes toujours autant désagréable ?
-Non, lâcha t'elle avec un sourire. Juste avec vous.

Elle releva les yeux vers lui et pris à cet instant seulement le temps de le regarder. Il était en tenue civile, un pantalon cargo et un t-shirt manches longues ample, et les cheveux attachés en une queue de cheval. Le léger sourire qu'il arborait illuminait son visage, et elle se rendit compte à quel point il avait du charme. Elle se racla la gorge et baissa de nouveau les yeux vers l'oreiller qu'elle malaxait entre ses mains, avant de soupirer.

- Qu'est ce qu'il y a ?
-C'est juste que...

Elle poussa un nouveau soupir.

- Je n'ai jamais fait de soirées entres filles comme ce soir. Et le fait que les élèves me font assez confiance pour m'inviter, et même d'avoir envie que je vienne... C'est bien plus que ce que je n'ai jamais eu de toute mon existence.

Aizawa lui offrit un sourire, avant d'avancer vers elle et de lui tendre la main.

-Nos élèves sont très courageux pour leur âge. Ils ont déjà affronté plusieurs fois la ligue des Villains, et s'en sont toujours sortis. Si jamais vous devriez vous en prendre a elles, elles sauraient parfaitement se défendre. Et, ces derniers jours, il me semble que vous êtes montrés à la hauteur de leur confiance.

Elle lui rendit son sourire avant d'attraper sa main. Il la tira vers lui pour l'aider à se relever, et lui fit face.

- Alors maintenant, vous allez aller rejoindre les filles qui sont en train de vous attendre, et passer une bonne soirée jusqu'à ce que je vienne vous chercher.

Elle ne sut pas répondre, et sa main toujours dans celle du professeur n'aidait pas. Il finit par s'en rendre compte, et retira vivement sa main de la sienne avant de se frotter l'arrière du crâne

- Allons-y.

Il se racla la gorge et fit volteface pour lui tourner le dos et l'inviter à sortir de la chambre. Sans un mot de plus, elle le suivit, les yeux baissés sur le sol, cachant la rougeur de ses joues. Ils firent le trajet en silence, jusqu'à ce qu'il s'arrête devant la porte de Jiro.

—Bon, commença t'il en lui faisant face. Je reviens vous chercher à minuit. Ne vous avisez même pas à tenter de vous enfuir, parce qu'aucune des filles à l'intérieur de cette chambre ne vous laissera ne serait-ce qu'un pas de travers. Est-ce qu'on s'est bien compris ?

Aomatsu releva un sourcil et fit un pas en avant vers lui.

-Oh, non, je n'oserai pas, il n'y a qu'avec vous que j'essaye de m'enfuir. Puisqu'il n'y a que vous qui m'avez menacée de m'attacher si je tentais quoi que ce soit.

Il déglutit et ouvrit la bouche pour répondre, mais la porte de la chambre s'ouvrit en grand et Jiro apparu dans l'encadrement. Presque immédiatement, Ao fit un pas en arrière et fit mine de rien, alors qu'un ouragan faisait rage dans son estomac.

- Ah, Aomatsu, je me disais que j'avais entendu du bruit.

Elle se tourna vers le professeur.

-Merci de l'avoir permise de venir ce soir, Monsieur Aizawa.
-Je viendrais la chercher vers minuit.

Il hocha la tête et disparut au détour du couloir sans un regard en plus vers les deux jeunes femmes.

-Tu viens ? Lui dit Jiro avec un sourire aimable. Il ne manquait plus que toi.

Elle l'invita à la suivre dans la chambre et elle salua les autres filles. Toutes les futures héroïnes de la classe A étaient présentes et lui souriaient.

-En revanche, désolée, il n'y a plus trop de place sur les coussins.
-Attends, lui dit Ochaco en se décalant un peu de sur son coussin. Tu peux t'installer avec moisi tu veux.
-Merci, mais attends, j'ai une idée.

Alors qu'elle s'approchait, elle se pencha pour poser ses deux mains sur la couverture sous la jeune femme, et celle-ci se mit à grandir, juste assez pour que les deux jeunes femmes puissent s'installer ensemble.

-Oh, super pratique ! Lança Mina. Tu pourrais faire pareil pour mon coussin ?

Son enthousiasme fit rire la jeune femme qui se pencha sur elle afin de transformer son oreiller jusqu'à lui donner la taille d'un petit pouf.

-Génial ! 

La jeune fille se laisse tomber sur l'oreiller en lâchant un petit rire et Ao ne pu retenir un sourire. La vie des élèves de UA avait l'air si simples : alors même qu'ils s'étaient retrouvés en danger de nombreuses fois, qu'ils risquaient leur vie dès qu'ils affrontaient des ennemis, ils gardaient toujours le sourire et semblaient se réjouir de choses simples.

-  Au fait, commença Ochaco en penchant la tête sur le coté pour regarder la nouvelle arrivée. Merci de m'avoir ouvert les yeux sur mes sentiments pour Izuku. Ça avance bien.
- Ah, eh bien de rien. Je suis contente que ça fonctionne pour toi.
- Comment tu as pu remarquer ça si rapidement ? Demanda Momo en s'appuyant sur son bras. Il ne t'a fallu que quelques minutes pour te rendre compte ce qu'on à vu en plusieurs jours
- Oh, je ne sais pas trop.

Elle se gratta l'arrière du crâne.

- J'ai appris à beaucoup observer les gens, c'est surement grâce à ça.
- En tout cas, c'est top. Tu as l'air plus cool que ce que l'on pensait. C'est pour ça qu'on t'a invitée ce soir.
- J'imagine que je dois le prendre pour un compliment, dit-elle en riant.

Les filles répondirent à son rire, avant que Jiro ne plonge son regard dans le siens.

- Mais continuons de parler d'amour. Il se passe quelque chose entre toi et le professeur Aizawa ?

Aomatsu sentit ses joues la bruler presque immédiatement.

- Quoi ? N'importe quoi ! Bien sûr que non !

Jiro haussa un sourcil alors que les autres lâchèrent un petit rire.

- J'ai entendu votre conversation, devant la porte. J'ai une très bonne ouïe je te rappelle.
- C'est... vraiment pas ce que tu crois !
- Mais tu as le droit, tu sais ! Surtout que Monsieur Aizawa à l'air beaucoup plus détendu depuis que tu es là.

Elle s'apprêtait à démentir une nouvelle fois, mais ne le fit pas. Les filles acquiescèrent. Comment ça, il semblait plus détendu ?

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Eh bien, commença Momo, il n'a jamais été trop stressé, mais depuis que tu es là il est beaucoup plus attentif aux cours qu'il donne, il ne fait plus de siestes, comme avant, et est beaucoup plus présent en classe.
- C'est normal, c'est parce qu'il doit me surveiller.
- Non, vraiment, son comportement à vraiment changé, je ne sais pas comment je pourrais l'expliquer.

Les filles échangèrent des exemples entres elles, semblant d'accord dès que l'une ou l'autre ouvraient la bouche. Aomatsu secoua la tête. Elle ne pouvait pas y penser. Elle faisait partie de l'ennemi et elle savait que le choses ne pourraient pas changer. Même si tout le monde s'appliquait à lui dire le contraire. Elle soupira, qui qui attira de nouveau l'attention sur elle.

- Tu as déjà été amoureuse ? Demanda soudainement Mina.
- C'est quoi cette question ?
- C'est simple, pourtant.

Elle sembla réfléchir, avant de se laisser tomber sur l'espace libre sur la couverture.

- Non. Je n'ai jamais été amoureuse. J'ai bien rencontré des gens, mais je n'ai jamais eu de sentiments assez forts pour me dire amoureuse.
- C'est dommage que tu ne saches pas ce que ça fait... lança Tsuyu.
- J'ai rencontré pas mal de gens ces dernières années, et certaines personnes ont su attirer mon attention.

Elle pensait notamment à Dabi, avec qui elle avait entretenu une brève relation uniquement basée sur le sexe, mais qui avait été vite interrompue quand Shigaraki avait commencé à se douter de quelque chose. Il était ce qui s'approchait d'un grand frère, et ils étaient ensemble depuis si longtemps, qu'elle ne tenait pas à le contrarié ; Alors s'il ne voulait pas qu'elle ait cette relation avec Dabi, alors elle n'aurait pas de relation. Et il y avait bien eu ce garçon, lorsqu'elle avait 15 ou 16 ans, qu'elle avait rencontré par hasard. Ils s'étaient fréquentés quelques mois, il avait été sa première fois. Tout avait stoppé du jour au lendemain, lorsqu'elle avait appris qu'il souhaitait devenir un héros.

- Mais je n'ai jamais passé le cap d'une relation amoureuse. De toute façon, je pense que Shi...

Elle s'interrompit, baissa les yeux avant de reprendre en faisant la moue :
- Une relation au sein de la ligue n'aurait jamais été acceptée.
- Par Shigaraki, pas vrai ? demanda Ochako d'une voix douce.
- C'est ça.

Les filles échangèrent un regard, avant que Jiro se penche vers Ao et lui demande d'une voix douce, comme pour ne pas la brusquer :

- Et avec Shigaraki, c'est quoi ta relation ? Tu n'as pas été amoureuse de lui ?
- Shigaraki ? Non !

Aomatsu lâcha un rire, mais ses yeux étaient voilés de tristesse.

- Shigaraki est...mon grand frère, on va dire. On a été recueillis par All for One a seulement quelques mois d'intervalles. On a vécu sensiblement la même chose, alors on n'était pas si différents.

Un silence s'en suivi dans la pièce avant qu'Ao ne sente la main de Momo se poser sur la sienne.

- Au contraire, je pense que vous êtes différents. Sinon, tu ne serais pas avec nous ce soir.
- Vous ne me connaissez que depuis une semaine, s'exclama t'elle soudainement en retirant vivement sa main.
- Aomatsu. Nous ne sommes pas aveugles. On voit très bien que tu prends plus de bon temps ici, a UA, que ce que tu ne veux l'avouer.

Elle soupira. Elle savait que les files avaient raison, mais elle refusait de l'avouer. Surtout pas devant elles. Les filles se turent, guettant la moindre réaction de la part de la jeune femme. Ce fut Ochako qui repris la parole, avec un sourire encourageant.

- Pourquoi tu ne nous raconterais pas comment tu as fini là-bas ?
- C'est vrai ça, ajouta Tsuyu. On ne t'a jamais vu lors des attaques, et Bakugo disait que tu étais contre son enlèvement, alors comment tu t'es retrouvée avec les Villains ?
- En plus, rajouta Ochako, Izuku m'a dit que tu n'aimais pas du tout All For One, alors pourquoi tu es restée là-bas ?

Tous les regards se tournèrent vers elle, mais elle se contenta d'hausser les épaules.

- Il a entendu ta conversation avec All Might quand vous étiez à l'infirmerie.
- Je croyais qu'il dormait ?
- Apparemment, non.

Aomatsu lâcha un léger rire.

- En effet, je n'ai jamais aimé All for One, mais... Il m'a sauvé la vie.

Elle s'interrompit, soupira et regarda les filles à tour de rôle.

- Je vous préviens que mon histoire n'a rien de joyeux. Vous voulez vraiment savoir comment j'ai atterri là-bas ?

Les filles hochèrent la tête. Elles étaient des futures héroïnes, elles savaient qu'elles devaient faire face à des choses horribles. Aomatsu respira un grand coup. Elle ne pouvait pas tout leur avouer. Mais elle pouvait n'en dire qu'une partie :

- Mes parents sont morts quand j'avais 6 ans. Ils... Ils ont été assassinés. J'étais dans la maison au même moment. J'ai essayé de réveiller ma mère, en vain. Je me suis enfuie de la maison, la robe, les mains et les bras pleins de son sang. Certains passants ont essayé de m'attraper, mais j'étais si effrayée que je n'ai cessé de fuir que lorsque je suis arrivée dans une petite ruelle, derrière un centre commercial. J'y suis restée cloitrée pendant deux jours.

Elle n'osa pas relever le regard, de peur de croiser le regard effaré des jeunes femmes.

- C'est All For One qui m'a trouvée, affamée et assoiffée. J'était en train de me laisser mourir, et il m'a emmenée avec lui. Je n'avais pas assez de force pour tenter de m'enfuir à nouveau, et je me rappelle avoir perdu connaissance. Quand je suis revenue à moi, j'étais dans un grand lit, lavée et dans des vêtements propres, et sous perfusion. C'est ce qui m'a sauvée. Au début, je refusais de lui parler, jusqu'au jour où il est revenu avec Shigaraki. Il avait vécu la même chose que moi, ses parents étaient morts, et aucun adulte dans la rue n'a voulu lui venir en aide. Aucun, sauf All For One. C'est à partir de ce moment qu'il a développé une haine profonde pour les héros. Mais moi ça n'a jamais été mon cas.

« All For One nous a entrainé tous les deux, pour qu'on puisse savoir se battre, mais comme j'ai toujours eu du mal à utiliser mon alter, il était un peu plus difficile avec moi qu'avec Shigaraki. Il a fini par abandonner l'idée vers mes 12 ou 13 ans, quand il a fini par comprendre que je n'étais pas aussi maniable que Tomura.

Elle reprit son souffle et baissa les yeux sur le sol.

- Je pense que c'est Shigaraki qui l'a convaincu de ne pas se débarrasser de moi. All For One ne pas presque plus adressé la parole depuis, mais au moins, j'ai été relativement tranquille.

Alors qu'elle releva les yeux vers les jeunes filles, elle remarqua qu'Ochako et Tsuyu avaient les larmes aux yeux, et c'est alors que Mina se jeta à son cou pour l'enlacer. Aomatsu se figea immédiatement, et Mina finit par la relâcher.

- Je vous avais dit que ce n'était pas une histoire très joyeuse.
- Comment tu as pu supporter ça si longtemps !
- Je n'avais pas réellement le choix, où voulez-vous que j'aille ? Je n'avais nulle part où aller, ni parents, ni famille. Je n'avais que Shigaraki et All For One. Et plus tard, les autres membres de la Ligue m'ont bien intégrée, même si je ne participais jamais aux attaques.
- Pourquoi tu n'y participais jamais ? Demanda Momo.
- Je n'étais pas forcément d'accord avec le fait de s'attaquer à des personnes aussi jeunes, même si ce sont de futurs héros.

Les jeunes filles restèrent silencieuses jusqu'à ce que Jiro reprenne la parole.

- Tu vois, finalement, tu n'es peut-être pas si mal lotie, ici, avec nous.

Elle lui offrit un sourire sincère, et pour la première fois depuis longtemps, Aomatsu se sentait à sa place.

- Et du coup, repris Mina, Monsieur Aizawa t'a vraiment menacée de t'attacher si tu t'enfuies ?
- Mina ! S'écrièrent les jeunes filles alors qu'Aomatsu manqua de s'étouffer.

Elle sentit instantanément ses joues la brûler et elle baissa les yeux.

- C'est juste une blague entre nous, rien de sérieux !
- Ah mais vous faites ce que vous voulez, du moment où vous êtes tous les deux consentants !

La jeune fille continuait de rire aux éclats et Ao se retrouva à rire avec elles. Ce que c'était agréable de pouvoir enfin parler à cœur ouvert. Elle jeta un regard vers la fenêtre de chambre, et regarda les étoiles à travers la vitre. Si l'air frais et la liberté lui manquait, elle n'avait envie de quitter cet endroit pour rien au monde.  

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