Elle se tient debout au milieu de tous ces gens dans le hall du lycée. Il y a tant de monde. Ça l'oppresse. Elle ferme les yeux. Elle sert les poings. Si fort que ses ongles plantés dans sa peau la font souffrir. Elle compte en murmurant d'une voix à peine audible :

— Vingt-sept, vingt-six... vingt-cinq, vingt-trois, vingt-deux... vingt-et-un... vingt, dix-neuf... dix-huit.

Les larmes coulent sur ses joues. Elle les sens descendre sur sa peau. Soupirant elle déplie ses doigts lentement et, avec la même lenteur, elle lève ses mains devant sa tête tandis que ses paupières s'ouvrent. Elle constate alors les marques de ses ongles gravées sur ses paumes.

Mentalement, elle continue son décompte : dix-sept... seize... quinze, quatorze. En même temps, elle laisse retomber ses mains le long de son corps gelé. Ses yeux glissent sur tout ce qui se trouve autour d'elle. Il n'y a rien, le hall est désormais désert. Treize, douze... Elle se tourne face aux portes qui sont ouvertes. Mais de part et d'autre des baies vitrées, il n'y a personne. Tout est désert et silencieux. Le seul bruit était celui qu'elle produisait à chaque pas tandis qu'elle approchait de la porte. Onze... dix, neuf, huit... sept. Elle franchit la porte. Six. Elle avança dans la cour. Cinq... quatre, trois. Elle leva les yeux vers le ciel. De gros nuages grisâtres menaçaient d'exploser. Deux... Elle les regardait comme si elle attendait que l'eau se déverse sur elle. Un... La pluie commença à tomber d'abord doucement puis plus rapidement. L'eau dégoulina sur ses joues alors qu'elle murmurait.

— Zéro...

Elle sourit tristement car elle savait que la pluie effacerait ses larmes.

La pluie cessa. Les autres lycéens réapparurent. Le bruit s'intensifia.

Elle ferma de nouveau les yeux et lorsqu'elle les rouvrit, elle était allongée, seule, dans son lit.

Ce n'était qu'un cauchemar. Un simple cauchemar.

Et pourtant... c'était vrai...