Le monde s'étend, immense, infini, d'une beauté unique, éternelle et fragile, éphémère. C'est dans ce monde que chacun vit, seul et entouré, à l'affut de ce que chaque détail peut lui apporter. C'est dans ce monde, observé par des nuages paresseux et poussés par le vent, que chaque être, semblables à des illusions, avance, grandit, prospère et fane peu à peu. Le paroxysme ne dure qu'un instant, une fraction de seconde. Dans ce monde, tout est voué à l'extinction, à l'oubli.

Il le sait.

Et il sait que ce monde est régi par une autre loi bien souvent trompeuse. C'est l'espoir, qui, suivant le courant d'une vie tumultueuse aux rives inondées, grandit chaque jour un peu plus. C'est l'espoir, qui, guidant le petit radeau des rêves, s'oublie et se cache à ceux qui le cherche.

Il pense à l'espoir comme à une montgolfière, gros ballon qui s'élève dans le ciel pour atteindre les nuages, objets de convoitise, mais parfois redescend. Il pense à l'espoir comme aux fils d'une marionnette, soutien inestimable qui guident les esprits le plus loin possible, mais parfois se rompent. Il pense à l'espoir avec l'espoir inusable qu'il ne peut s'éteindre, lueur pérenne d'un phare dans la nuit.

Pourtant, en ce monde périssable, toute chose à une fin, toute fin arrive quand on ne l'attend pas. Il se demande parfois si l'espoir a raison d'être. N'est-ce pas se fourvoyer qu'affirmer sans relâche qu'un beau jour enfin, il quittera le royaume du rêve pour se matérialiser dans cet immense monde aux possibilités infimes et infinies.

Il espère, tout en se perdant dans l'étrange univers de ses pensées. A chaque instant, créer un détail de ce monde virtuel et nouveau. Il s'y perd et le sait. Il admire son illusion, il admire les nuages dans le ciel, qu'il délaisse si souvent dans le vrai monde, il les regarde passer loin dans le ciel, il les regarde l'observer.

Et parfois... il finit par oublier d'exister